Il est né à Lyon le 19 décembre 1770, baptisé le lendemain paroisse Saint-Nizier, fils de Claude Grobon (ca 1731-Lyon Saint-Nizier 17 juillet 1786), marchand de rubans, et de Jeanne Chapard, fille d’un marchand de cannes. Parrain : Jean Michel Chapard, maître fabricant de bas de soie ; marraine : Claudine Cotelut, épouse de Bonaventure Chapard, bourgeois.
Il passe sa jeunesse à la pension Toussaint à Crémieu (Isère). Entré à 14 ans à l’école centrale de dessin de Lyon, il travaille sous la direction d’Alexis Grognard (1752-1840), et deux ans après dans la classe de Fleurs de Jean Gonichon ; il prend des leçons de sculpture auprès de Clément Jayet (1731-1804).
Au printemps 1789, il part pour Paris en vue de s’inscrire à l’école des Beaux-Arts, mais il n’y reste que six semaines. Il rentre à Lyon pour étudier le paysage avec Dunouy (1757-1841), qui revient de Rome et est de passage à Lyon. Dès 1790, il peint de petites natures mortes et des scènes de genre, et se consacre au paysage en trouvant ses sujets autour de Lyon.
Il avait l’intention de partir en Italie, mais ce projet n’aboutit pas à cause de la Révolution ; il le regrettera toute sa vie. En compagnie de son ami et condisciple François Artaud*, il trouve ses motifs de paysage d’après nature à Saint-Rambert et à l’Île-Barbe, où il se réfugie et se cache pour échapper au siège de Lyon. Ses petits paysages sont très finis, très léchés. En 1794, il rentre chez lui et se lie avec Jean-Jacques de Boissieu*. Il réalise plusieurs toiles, Le broyeur de couleurs, Autoportrait, Le bois de Rochecardon qui, exposées au Salon de Paris en 1796, sont chaleureusement accueillies par la critique et les artistes, notamment David, Granet, et Auguste de Forbin. Il présente des paysages aux Salons de 1800, 1806 (médaille d’or) et 1812 à Paris.
Cependant, en dépit de diverses marques de reconnaissance, tant critiques qu’officielles (Gros est enthousiaste), ses paysages, qui sont l’essentiel de son travail, se vendent mal. À partir de 1807 son style évolue, sa facture est un peu moins minutieuse, il utilise des formats un peu plus grands, sa tonalité est plus claire donne à ses toiles un aspect presque transparent, ce qui lui vaut le surnom de « rénovateur de la couleur ». Vivant Denon (1747-1825), directeur des musées de France, lui demande d’exposer au Salon de 1812 à Paris pour la quatrième fois. Mais ses envois, bien que reconnus par ses pairs et par des amateurs de premier plan comme le comte d’Artois ou la sœur du duc d’Orléans, retiennent peu l’attention de la critique. C’est sa dernière exposition officielle, et il n’exposera plus jamais à Paris, et très peu à Lyon.
Le 30 octobre 1813, il est nommé professeur de la seconde classe de Principes à l’école spéciale de dessin de Lyon, classe créée par décret impérial du 16 octobre 1813. Il parcourt le Dauphiné, peint dans les environs de Grenoble, et en 1819 il est à Aix-les-Bains où il retrouve Lamartine. En 1821, il remplace à la première chaire de Principes son ancien maître et ami Alexis Grognard. En 1823, il achète une maison, « le Petit Paradis », montée Saint-Laurent qui sera sa maison de campagne. En 1826, il participe à l’exposition de tableaux et d’objets d’art dans la grande salle de la bibliothèque de Lyon, au profit des ouvriers sans travail et des esclaves grecs. En 1827, il prend part à l’autre exposition organisée à l’hôtel de ville dans le même but.
Le 8 décembre 1830, au départ de François Artaud, la ville lui confie la conservation des musées, mais il démissionne le 10 mai 1831. Le 6 décembre 1839, après vingt-six ans de service et contre son gré, il est mis à la retraite et se retire dans sa propriété le Petit Paradis, où il vit caché, tout à son art, rachetant ses tableaux pour les revoir. Il continue de peindre jusqu’à sa mort. Ayant de la fortune, il n’est pas obligé de vendre ses œuvres. Il vit dans un isolement de plus en plus profond. Il meurt le 2 septembre 1853, 13 montée Saint-Laurent. Ses funérailles ont lieu le 4 septembre en l’église Saint-Irénée en présence de quelques confrères et élèves, et il est enterré au cimetière de Loyasse.
Mort célibataire, sans descendant, il laisse la totalité de ses biens à ses deux servantes, les sœurs Marie-Anne et Benoîte Rivoire (1815-1889). Elles ont conservé les œuvres de leur maître et les montrent à ceux qui souhaitent les voir. Benoîte Rivoire meurt le 29 juin 1889 au Petit Paradis et lègue au musée des Beaux-Arts une quinzaine d’œuvres à condition que l’on donne le nom de Grobon à une rue de la ville (attribué en 1892, aux Terreaux, tout près de la rue de la Paix, 1er arr.).
Artiste discret, érudit, peu loquace sauf sur la peinture, encore habillé à la mode du Directoire, généreux envers ses élèves nécessiteux, il refuse de faire faire son buste par Legendre-Héral*.
Son style est minutieux, sensible, d’un fini précis, « agatisé », dans l’esprit des maîtres hollandais du xviie siècle. Il vénérait Poussin et Claude Lorrain, cherchait à rendre la transparence de l’air, et sa palette est admirablement douce. Il est l’un des premiers peintres à Lyon à renoncer aux paysages de convention et à travailler sur le motif. Son attachement à la nature fait de lui un des précurseurs de l’École moderne de paysage.
Pour la renaissance de l’Académie supprimée en 1793, le préfet Verninac crée l’Athénée, le 24 messidor an VIII [13 juillet 1800]. Dans la liste des membres figure, en tant qu’émule, « le citoyen Grosbon [sic], peintre, à Lyon » ; l’almanach de Lyon an IX [1800-1801] donne son adresse quai Saint-Antoine. Il n’est pas mis sur la liste des titulaires lors de la réorganisation du 15 frimaire an XI, et il apparaît sur celle des correspondants à partir de l’almanach pour l’an XII. Le 11 juillet 1809, la réorganisation de l’académie le fait membre titulaire de la section des lettres et arts. Il le reste jusqu’en 1825, passant titulaire émérite en 1826. Il figure dans l’annuaire de Lyon de 1838 à l’adresse 1 rue de la Paix (auj. 1er arr.). Le nom de Grobon n’apparaît pas dans les procès-verbaux de toutes ces années.
Le 15 novembre 1853, son ami Étienne Rey* annonce sa mort à l’Académie ; il manifeste l’intention de publier une notice sur sa vie et ses travaux, intention restée sans suite.
Dumas. – Audin et Vial. – Fleury Richard, « Notice sur Michel Grobon », RLY 2, 1851. – Léon Boitel, « Nécrologie, Michel Grobon », RLY 7, 1853. – Eugène Vial, Catalogue illustré de l’exposition rétrospective des artistes lyonnais, Lyon : Rey, 1904. – Alphonse Germain, Les artistes lyonnais des origines à nos jours, Lyon : Lardanchet, 1910, p. 38-39. – Félix Desvernay, Le Vieux Lyon à l’exposition internationale de Lyon, Lyon, 1915, p. 16-20. – Louis Trénard, Lyon, De l’encyclopédie au pré-romantisme, Lyon : PUF, 1958, II, p. 749-750. – Gabrielle et Louis Trénard, DBF. – Annette Haudiquet-Biard, Vie et œuvre de Jean-Michel Grobon, peintre lyonnais (1770-1853), compte rendu d’un mémoire de maîtrise, Travaux de l’Institut de l’Histoire de l’Art de Lyon, cahier 7, 1984. – Dominique Dumas, Salons et expositions à Lyon, 1786-1918, II, 2007, p. 633-635. – Étienne Grafe, L’œuvre de Jean Michel Grobon au Musée des Beaux-Arts de Lyon, 1983. – Bibliographie détaillée dans Paysagistes lyonnais, 1800-1900, Lyon : Musée des Beaux-arts, 1984, notice Grobon (Ét. Grafe), p. 130-138.
Le musée des Beaux-Arts de Lyon conserve de nombreuses peintures, aquarelles, dessins. On peut citer : Vues de l’Ile Barbe, 1792. – Vue de la cathédrale de Lyon, de l’archevêché et de l’ancien pont du Change, 1793. – Le petit rémouleur, 1794. – Jeune élève préparant les couleurs de son maître, 1794. – Tête de vieillard, 1795. – Le pigeonnier de Rochecardon, 1795. – Portrait de Pierre Revoil, 1797. – La grotte des Étroits, 1798. – L’ancien quartier de la Pêcherie. – Vue de la Quarantaine. – Vue de la cathédrale de Lyon et du coteau de Fourvière, 1804. – L’ancien rocher de Pierre-Scize. – Aqueduc de Saint-Just, 1806. – Ruines de l’aqueduc du Pilat à Saint-Irénée, 1808. – Vue du coteau de Sainte-Foy, 1848.