Né à Lyon le 24 mars 1885 à l’hospice de la Charité sous le seul prénom de Joseph, et déclaré à la mairie de Lyon 2e le 26 par les employés de la Charité. Sa mère, Rose Alcide Combet (Lyon 1er, 14 décembre 1861-23 janvier 1944), couturière, fille d’un tulliste, demeurant 22 rue Pizay à Lyon, le reconnaît à la mairie du 1er le 6 mai comme son fils naturel. Son père, Pierre Élie Denis Métayer-Descombes (Mornant 6 mai 1861-Lyon 1er 12 août 1912), marié par ailleurs, professeur à Albertville, fils de Philippe Métayer-Descombes (1814-1889), maire de Mornant de 1874 à 1878, le reconnaît le 21 avril 1900 à la mairie de Lyon 2e. Il devient alors Joseph Métayer-Descombes, mais comme peintre, il adopte le nom de Pierre Combet-Descombes. Sa mère, fille de Guillaume Combet et de Marie Gabrielle Zephir, l’éleva seule. Il lui resta très attaché toute sa vie.
En 1902, inscrit à l’école des Beaux-Arts de Lyon, section architecture, il fréquente les cours d’arts décoratifs donnés par Alexandre François Bonnardel et sort diplômé de l’école en 1905. En 1909, entré en loge à l’école des Beaux-Arts pour le concours de paysage décoratif, il obtient le prix Ponthus-Cinier. Il peint des paysages dans la campagne lyonnaise et, dès 1912, il est connu comme peintre dans cette discipline. À cette époque, il découvre le théâtre qui restera une des grandes passions de sa vie, et en particulier le théâtre de la Gaieté à la Croix-Rousse animé par le Père Coquillat.
En août 1912, il habite 51 rue des Tables-Claudiennes, puis après la mort de son père, 17 rue de Bonnel où il restera 12 ans. Pendant cette période, il expose régulièrement au Salon de la Société Lyonnaise des Beaux-Arts, surtout des paysages.
Réformé en 1914, il s’engage comme infirmier volontaire chez les sœurs auxiliatrices et, en 1916, est envoyé dans les services sanitaires de l’armée d’Orient à Salonique. Pendant ce séjour, il réalise peintures et dessins de personnages assez différents de son travail habituel. Cette rencontre avec l’Orient marquera profondément son inspiration. Et de cette expérience de la guerre, il retire un profond scepticisme vis-à-vis de tout ce qui touche à la vie politique.
Après la guerre, il connaît une période d’intense activité dans les domaines les plus variés : collaboration à des revues comme Les Lectures, L’Effort Libre, Les Arts à Lyon, Notre Carnet (pour des critiques de films) ou Résonances, réalisation de décors de théâtre, décoration murale de la salle des mariages du 7e arrondissement, panneaux décoratifs pour des particuliers, illustrations de livres comme par exemple Images pour un Baudelaire, Paris : À la Sirène, 1917, réédité en 2005, avec une préface d’Alain Vollerin, Lyon : éd. Mémoires des arts, 20 pl. ; Ode à la France, poème de Walt Whitman, Paris : À la belle époque, 1917, 11 bois dessinés et gravés ; Du Voyage de Lyon à Notre Dame de l’Isle de Bonaventure Des Périers, Lyon : éd. de Cumin et Masson, 1918 ; La chute de la maison Usher d’Edgar Allan Poe, traduction de Ch. Baudelaire, Paris : À la Sirène, 1919, 52 p. ; Les Oraisons Amoureuses de Jeanne-Aurélie Grivolin, Lyonnaise, de Roger Pillet, Lyon : éd. Des Deux-Collines, 1919, 95 p. ; L’Aventure de Pierrot au Pays des Génies de Roger Pillet, Levallois-Perret : éd. de La mère éducative, 1924, 226 p. ; Le Mont d’Or lyonnais, de Mathieu Varille*, préfacé par Marius Audin* [avec lequel il était très lié], Lyon : Pierre Masson, 1925 ; Sur les pas de Jean-Jacques de Raoul Stéphan, Nogent-le-Rotrou : impr. Daupeley-Gouverneur et Grenoble : éd. B. Arthaud, 1929, 29 p.
Nous savons peu de choses de sa vie privée : cet artiste connu, conteur intarissable, plein d’esprit et d’humour, tenait à la garder secrète. On ne sait pas quand il rencontra sa compagne Henriette Morel (1884-1956). Issue d’une famille aisée, peintre également, elle habitait montée de la Boucle avec sa mère et sa sœur. Sa présence est centrale dans la vie de Combet-Descombes, mais il ne l’épousa pas.
En 1920, il participe à l’aventure des « Ziniars », artistes indépendants d’avant-garde (Alicia Dorey, L’Avant-garde et ses revues dans le Lyon de l’entre-deux-guerres, mémoire de Master 1, Sciences-Po Lyon, p. 25-31), qui contribuent à la fondation en 1925 du Salon du Sud-Est. Charles Sénard en devient le président. En 1933, Combet-Descombes lui succède jusqu’en 1953.
Il expose au Salon du Sud-Est de 1925 à sa mort. Auparavant, dès 1902, il avait exposé au Salon de la Société lyonnaise des Beaux-Arts, ainsi qu’au Salon d’Automne (1907-1924). Il utilise beaucoup les galeries lyonnaises, notamment : galerie Maire-Pourceaux (1917 et 1920), galerie Bellecour, galerie des Archers, galerie Malaval, galerie Marius Audin* (1920), galerie Saint-Pierre (1920), galerie Folklore (1939), galerie Saint-Georges (1960), puis galerie des Jacobins (1961) dont il réalise l’affiche. La même année, il expose vingt années de travaux chez Francisque Chaleyssin.
Hors de Lyon, ses envois sont limités : Strasbourg (1920), Grenoble (galerie Saint-Louis, 1925), Mâcon, Nice. En 1937, il participe avec Chartres, Vieilly et Morillon à la décoration du pavillon lyonnais à l’Exposition Universelle de Paris.
À partir de 1923, il assure des cours libres de dessin au Petit Collège. Il donne également des cours à l’école des Beaux-Arts en remplacement de J. Laplace, bien qu’il n’ait jamais été titularisé.
Sa rencontre avec Suzette Guillaud, lui permet de participer à l’aventure théâtrale. Avec elle, il participe à l’Université des Heures. Il y enseigne le dessin, fait des décors, illustre les programmes des manifestations. Suzette Guillaud fonde les Spectacles d’Art libre salle Molière, et Combet-Descombes réalise les décors (Le Cid, Le mariage de Figaro, Électre, Madame Sans-Gêne), les costumes, les affiches et les illustrations des programmes. Cette passion pour les arts du spectacle s’étend à ses formes les plus variées : music-hall, café-concert, danse. Il réalise aussi des masques, des costumes pour Line Trillat (chorégraphe, fille d’Ennemond Trillat*). Il écrit de nombreux articles sur le cinéma et participe à des émissions de radio. La guerre de 1940, puis la mort de sa mère en janvier 1944 l’éprouvent gravement.
Un certain nombre de charges et de distinctions honorifiques témoignent de la reconnaissance officielle et de la place qu’il occupe dans la vie culturelle lyonnaise. En 1945, il entre à la Commission Consultative des Musées.
Le 9 décembre 1955, un incendie ravage son atelier 22 rue Thomassin où il s’était installé depuis 1925. L’atelier était encombré d’un entassement prodigieux de journaux, livres, dessins et toiles. Il perd environ 70 tableaux et des centaines de dessins : le désastre est immense.
En 1956, quelques mois plus tard, il est profondément bouleversé par la mort d’Henriette Morel ; il s’installe dans le petit atelier inutilisé de sa compagne, 1 rue Mazard. En 1957, il participe à l’exposition Un siècle de peinture lyonnaise, organisée à Paris par le groupe Paris-Lyon.
Il pratique toutes les techniques picturales : peinture à l’huile, tempera, fusain, sanguine, pastel, monotypes (environ 700), bois gravés linogravures, et il mélangea souvent plusieurs techniques. Son trait a le sens de l’élision, de la concision, de la nervosité, une volonté d’inachèvement, une rapidité d’exécution pour ne pas figer la vie. Il réalise des paysages, des panneaux décoratifs, des fleurs. Depuis 1917, il donne de plus en plus d’importance au nu féminin : corps de femmes le plus souvent vus d’en haut, d’une grande sensualité et d’une belle force.
En 1963, il ressent les premières atteintes d’un infarctus du myocarde, mais refuse de se faire soigner. En 1966, une grande rétrospective de son œuvre est organisée par Janine Bressy à la galerie L’Œil Écoute. Il semble que, le 4 décembre, terrassé par un malaise, il soit tombé sur la couverture chauffante de son lit, ce qui aurait provoqué l’incendie de son modeste appartement (10 rue Ruplinger) sur les pentes de la Croix-Rousse au dernier étage d’un immeuble vétuste. Son décès est déclaré à la mairie de Lyon 3e. Ses funérailles ont lieu en l’église Saint-Nizier le 9 décembre 1966. Un discours est prononcé par Maurice Michaud*, président de l’Académie. Le peintre est enterré au cimetière de Caluire-et-Cuire (tombe Paillasson, allée F).
Chevalier de la Légion d’honneur.
Étant mort sans héritier, son atelier est dispersé aux enchères publiques le 19 décembre 1967 au profit de l’État, en même temps que celui d’Henriette Morel. Sa disparition provoque une grande émotion car selon l’expression de Jean-Jacques Lerrant, « il appartenait à l’air de Lyon ». Est créée une Association des Amis du peintre Combet-Descombes (Proton de la Chapelle, général Laurent, Chartres, Rocher-Jeaunaud, Lerrant, etc.) en vue de sauvegarder les œuvres du peintre et de les voir affecter au musée des Beaux-Arts de Lyon.
Proposé par Ennemond Trillat* le 4 décembre 1951, élu le 10 juin 1952 au fauteuil 5, section 4 Lettres, reçu le 17, « il était toujours présent aux séances hebdomadaires, discret, affable, bienveillant » (Michaud). Le 22 juin 1954, il donne son discours de réception : Pouvoir et puissance des images ; le 9 juin 1959, communication À Salonique pendant la grande guerre.
Membre de l’Académie des Pierres-Plantées le 3 mars 1951 sous le pseudonyme de Polyte Dupinceau.
Gutton 1985. – Peintres à Lyon. Portraits d’artistes du xxe siècle, texte par Jean-Jacques Lerrant, Photoportraits par René Basset, Blanc et Demilly, Robert Doisneau, Colette Gauzit, Albert Bellat, Toulouse : Milan, 2001. – Dominique Brachlianoff, Pierre Combet-Descombes 1885-1966, catalogue de l’exposition, Lyon : MBAL, 1985, 189 p. – P. Combet-Descombes, la réalité sublimée, au musée Paul Dini, 17 octobre 2004-30 janvier 2005. – Alain Vollerin, Histoire des Arts Plastiques à Lyon au xxe siècle, Lyon : éd. Mémoires des Arts, 1998. – Bernard Gouttenoire, Dictionnaire des peintres et sculpteurs à Lyon aux xixe et xxe siècles, Châtillon-sur-Chalaronne : éd. La Taillanderie, 2000. – Patrice Béghain, DHL.
Portrait de Pierre Combet-Descombes, photo-graphie, tirage argentique, 38 x 26 cm, par Antoine Demilly, musée Paul-Dini. – Video Pierre Combet-Descombes (15 min.), par Georges Combe, réalisateur, et Paul Dini, Paul Gauzit, Jean-Jacques Lerrant auteurs. – Un jardin de Lyon 3e porte le nom de Jardin Combet-Descombes, ainsi qu’en 1976, une rue (Vanario-Hours). Une allée porte également son nom à Mornant, de même qu’une salle du fort de Vaise (Fondation Renaud).
Ses œuvres sont citées dans les catalogues des expositions qui lui ont été consacrées : Hommage posthume avec trente toiles au Salon du Sud-Est en 1968. – Rétrospectives de son œuvre en 1975 à la Maison de Lyon. – Hommage à Pierre Combet-Descombes, exposition au service culturel de Vénissieux en 1981, 14 p. – Exposition du musée des Beaux-Arts de Lyon, 20 juin-15 septembre 1985. – Combet noir et blanc, exposition au musée de l’Imprimerie, janvier-mars 1983, 16 p. – Exposition à la Maison de Pays, Mornant, 1993. – Pierre Combet-Descombes (1885-1966), la réalité sublimée, musée Paul-Dini, 2005. Retenons La cathédrale Saint-Jean, 1910 (plusieurs versions) ; Les hauts-fourneaux de Chasse, 1911, musée Paul Dini ; La septième, MBAL) ; Fantômes, 1936, MBAL ; Paysage décoratif avec trois baigneuses, MBAL, etc.
Un fonds Pierre Combet-Descombes, très riche, provenant de sa succession, se trouve à la BML.