Dictionnaire historique des académiciens de Lyon

Préface
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ACHARD dit ACHARD-JAMES Jean-Marie (1780-1848)

par Dominique Saint-Pierre.

 Né à Riverie, actuellement département du Rhône, le 21 août 1780, fils de Jean-François Achard – notaire royal et procureur (c.à.d. ici avoué) demeurant à Riverie, puis plus tard en 1786 conseiller du roi, receveur général des consignations du pays de Forez à Montbrison, sur la liste des immigrés à la Révolution jusqu’en 1799, puis juge de paix à l’Arbresle – et de Gabrielle Plasson de la Combe (appartenant à une famille noble du Forez, elle fut enfermée quelque temps en 1793, jusqu’en Thermidor, à l’Hôtel de Ville de Lyon). « Parrain : Jean Benoit, domestique du sieur Achard ; marraine : Marie [illisible], aussi domestique du sieur Achard ». Élève de l’école centrale du Rhône, notamment de Delandine*, lauréat du prix de législation en 1802, clerc en l’étude de Me Roques avoué près le tribunal de première instance de Lyon, Jean Marie devient défenseur officieux (avocat) en 1807. Il épouse à Lyon le 20 novembre 1810 Antoinette Bagnion (Rochetaillée-sur-Saône 8 septembre 1793-Lyon 26 juillet 1865), fille de Joseph Bagnion, négociant à Lyon, et de Marie Louise Clémence Brenot. Il signe l’acte de mariage James-Achard, et habite alors 121 rue Saint-Jean. Le 2 avril 1811, il est nommé conseiller auditeur à la cour d’appel de Lyon. Pierre Thomas Rambaud*, alors procureur général impérial près la cour d’appel et de justice criminelle de Lyon, est envoyé dans le Valais annexé le 31 décembre 1810 et devenu le département du Simplon, pour y implanter de nouvelles institutions judiciaires et adapter la législation. Achard, qui adopte de plus en plus le nom d’Achard-James, nommé procureur impérial à Sion, est chargé de la mise en place de cette nouvelle organisation. Devant la menace de l’armée autrichienne du prince de Schwarzenberg, il quitte la Suisse le 25 décembre 1813 dans la caravane des 840 Français menée par le préfet Claude Philibert Barthelot de Rambuteau qui, par les cols enneigés, en six jours, rejoint Chambéry. Celui-ci aurait déclaré plus tard : « Il [Achard-James] prouva que le cœur du soldat peut se trouver sous la toge du magistrat », mais il ne le cite même pas dans ses Mémoires, lorsqu’il relate cet épisode (p. 128-130). Achard-James, réaffecté auditeur à la cour d’appel de Lyon, devenue cour royale, est nommé conseiller le 23 octobre 1815 et président de chambre le 27 janvier 1831. Comme d’autres magistrats des juridictions lyonnaises, il est délégué par le ministre de la Justice pour instruire contre les insurgés de la seconde révolte des canuts en avril 1834. L’Histoire a retenu son humanité à cette occasion, comme à d’autres car il présida différentes œuvres de bienfaisance : hospice de l’Antiquaille de 1830 à 1839, Mont-de-piété en 1830, Compagnie des ponts du Rhône...

 Il est mort à Lyon le 11 décembre 1848, à l’âge de 68 ans, d’une angine de poitrine ; témoins : René Louis Jules Jean Marie Sain-Rousset de Vauxonne, ancien magistrat – son gendre (fils d’André Paul Sain-Rousset de Vauxonne, Lyon 1757-Vaux-en-Beaujolais 1837, maire de la division du midi de Lyon de 1799 à 1805, puis créé baron de l’Empire en 1813), époux le 10 septembre 1835 à Lyon de Marie Antoinette Gabrielle Henriette (Sion 20 novembre 1813-21 avril 1878), et qui a été maire de Vaux –, et Alexandre Marie Vermorel, employé de la mairie. Il habitait alors, depuis au moins 1830, 13 rue du Plat, et auparavant depuis au moins 1818, au 9 de la même rue. Chevalier de la Légion d’honneur par décret du 22 mai 1825 (LH/5/36). Une salle de l’hôpital de l’Antiquaille affectée à la médecine pénitentiaire portait le nom d’Achard-James.

 L’un de ses fils, Clair Anne Achard-James (Lyon 29 janvier 1818-Marseille 1903), conseiller de préfecture dans l’Ain de 1850 à 1856, a assuré l’ordre dans ce département lors du coup d’État du 2 décembre 1851, alors que le préfet avait démissionné. Puis, conseiller de l’arrondissement de Vienne en 1858, maire de Janneyrias, Clair Anne a fait paraître Décentralisation (Lyon : J. Brunet et fils et Fontvile, 1849) ; Études Critiques sur : Histoire de la réunion à la France des provinces de Bresse, Bugey et Gex sous Charles-Emmanuel 1er par Jules Baux (Bourg-en-Bresse : Milliet-Bottier, 1853, 43 p.).


Académie

L’activité intellectuelle de Jean-Marie Achard-James a été importante : l’un des quatorze fondateurs du Cercle littéraire de Lyon le 27 juillet 1807, il en est successivement secrétaire adjoint en 1807, trésorier en 1810, vice-président en 1819 et président en 1821 et 1834, puis membre honoraire de 1835 à 1845. À la séance de l’académie de Lyon du 16 janvier 1821, Jean Guerre-Dumolard* « fait un rapport écrit (Ms123 f°387) sur un ouvrage de M. Achard-James. C’est un fragment intitulé : Suite de la cinquième course de Chamonix à Martigni par le col de Balure, la vallée du Triant et la Forclaz. La description pittoresque des sites, l’histoire politique et militaire du Valais, et le tableau des mœurs des Valaisans forment le sujet de cet opuscule. Pour faire juger du mérite de la description, le rapporteur en cite plusieurs passages ; il assure que huit pages historiques qui contiennent avec simplicité la revue de vingt siècles se font lire avec beaucoup de plaisir ; et c’est encore une citation qui met l’académie en état d’apprécier la peinture des mœurs valaisannes. Des taches, des incorrections ont bien frappé le rapporteur, mais il les trouve rachetées par de si grands avantages qu’il conclut pour la Commission à l’inscription de M. Achard-James sur la liste des candidats aux places de titulaires. Cette proposition est convertie en arrêté ». Achard-James est élu titulaire à la séance du 4 décembre suivant. Il intervient beaucoup dans cette enceinte et la préside en 1824, date de la première séance au palais Saint-Pierre, 1840 et 1841. Son discours de réception sur l’utilité des voyages est lu en séance privée le 7 mai 1822 et en séance publique le 30 mai. Lorsque l’Académie décide, le 26 janvier 1847, la création de classes et de sections, Achard-James est affecté à la section de littérature sous le nom d’Achard prénommé James (J. Bonnel).

Bibliographie

Dumas. – A. Vachez, « Achard-James, sa vie et ses écrits », RLY (2) 18, 1859, repris dans un tiré à part en 1871, Lyon : Vingtrinier. – G. Bellin, « Tableau statistique du personnel et des travaux de la Société littéraire de Lyon », RLY (2) 18, 1859, p. 145. – DBF, 1932, article de M. Achard-James sur son ancêtre [qui ne fait que reprendre le texte de Vachez et qui encense Achard-James à la limite de la complaisance]. – L. Trénard, Lyon, de l’Encyclopédie au préromantisme, Paris : PUF, 1958, p. 508. – Pierre-Alain Putallaz, Compte rendu critique de Jean-Marie Achard, « Irruption des eaux de la Dranse sur les Vallées de Bagnes et de Martigny, le 16 juin 1818, à quatre heures et demie du soir », Ann. Valaisannes, 1992, p. 59-74 [texte critique sur la rigueur d’Achard-James].

Manuscrits

38 de ses manuscrits sont conservés à l’Académie ; d’autres (cités par Dumas) ont été transférés aux Archives municipales de Lyon. On trouve notamment : Suite de la cinquième course de Chamonix, Martigny, Ac.Ms123 f°373-611. – Un Discours sur l’origine et l’état de la profession d’avocat chez les différents peuples¸ lu au Cercle littéraire le 27 novembre 1808.Voyage dans le Valais et les contrées environnantes, discours à l’Académie. – Discours sur l’utilité des voyages, discours de réception à l’Académie. – De l’influence de la religion sur les institutions sociales, lu à Académie.Mes souvenirs.Titres divers, Procès-verbaux, Discours, etc., pour servir à l’histoire de la Cour royale de Lyon, depuis la création de la Cour d’appel.Documents statistiques sur l’administration de la justice civile en France, pour l’année 1830, lu à la Société littéraire le 2 février 1832. – Des préparations que subit la soie depuis son état de cocon jusqu’au moment où elle est livrée en étoffe, 23 novembre 1836, Ac.Ms292 f°110. – Quelques mots sur les Mont-de-piété en 1836 et 1837, suivis d’un coup d’œil sur les mouvements de la Caisse d’Epargne pendant l’année 1836.Cinq mémoires de jurisprudence concernant l’administration de la justice criminelle et les travaux de la cour de Lyon, de 1831 à 1837, Ac.Ms291. – Aperçu sur la situation politique, commerciale et industrielle des possessions françaises dans le Nord de l’Afrique au commencement de 1836, Ac.Ms279-III pièce18. – Mouvement du Mont de piété à Lyon en 1840 et dans les sept premiers mois de 1841 comparés aux sept mois de l’année précédente, Ac.Ms279-I pièce 9, lu en décembre 1841, de même en 1842, Ac.Ms279-I pièce 24. – Moyens propres à améliorer la condition de la classe ouvrière, 24 juin 1842, Ac.Ms279-I pièce 23.

Son manuscrit le plus intéressant, présenté à l’Académie le 28 juin 1836, est une copie (Ac.Ms271) qu’il a faite en 1836 d’une histoire de l’Académie de Lyon, de 1700 à 1789, rédigée par Bollioud-Mermet*, et dont l’original semble perdu. Il n’a pas été utilisé par Dumas, qui dit n’avoir eu connaissance de cette copie qu’après avoir fait paraître son ouvrage. Il contient aussi les listes des académiciens d’Ancien régime (Académie des sciences et belles-lettres, académie des beaux-arts, académies fusionnées en 1758 sous le nom d’Académie des sciences, belles-lettres et arts).

Publications

Ses publications ont été en partie recensées par Antoine Vachez* : Instructions aux maires du département du Simplon sur la tenue des registres de l’état-civil, en annexe du Mémorial administratif du département du Simplon, Sion 1812, 75 p. – Laurent, ou Les Prisonniers, dédié au duc d’Angoulême, et qui a obtenu la mention honorable dans le concours ouvert aux écrits qui offriraient au prisonniers la lecture la plus utile, Paris : Huzard, et Lyon : Pitra, 1821, texte lu à l’Académie le 5 juin 1821 par Achard-James et objet d’un rapport verbal à la séance du 3 juillet par Chantelauze*. – Compte rendu des travaux de l’Académie de Lyon pendant le 2e semestre 1824, Lyon : Durand, 1824, 52 p. – « Compte général de l’administration de la justice criminelle dans le département du Rhône pendant l’année 1827 », puis pour les années 1828 et 1829 publiées dans AHSR 9, 11 et 13. – Compte moral de l’hospice de l’Antiquaille pour l’année 1831, présenté au conseil d’administration, ainsi que pour les années 1832, 1839, 1841, 1843 et 1844, catalogue de la bibliothèque Coste n° 8545. – Histoire de l’hospice de l’Antiquaille de Lyon, Lyon : Perrin et Maine, 1834, 347 p. – « Irruption des eaux de la Dranse sur les Vallées de Bagnes et de Martigny, le 16 juin 1818, à quatre heures et demie du soir », L’Athénée, Journal Scientifique et Littéraire, Lyon : Rossary, 22 janvier et 22 juillet 1835, p. 170-175 et 198-203. – Dans la même revue, sous le titre Du Valais et de quelques contrées environnantes, cinq articles : Genève, p. 385-390 ; De Genève à Saint-Gingolph par Thonon, Evian et Meilleraie, p. 417-425 ; De Saint-Gingolph à Monthey, p. 459-470 ; De Monthey dans le Valdilliez par Trois-Torrens, Valdilliez et Champéri, p. 481-492 ; De Monthey à Saint-Maurice, coup d’oeil sur l’histoire de cette ville, p. 513-524. – Rapport sur l’école de la Martinière, Rossary, 1836. – Opposition de la Compagnie des ponts sur le Rhône, à Lyon, contre le projet de l’établissement d’un pont en face de la voûte du Collège, Lyon : Perrin, 1840. – Compte rendu des travaux de l’Académie de Lyon pendant l’année 1841, Lyon : Marie Merle, 1843, 62 p. – Guide historique et pittoresque de Lyon à Chalon-sur-la-Saône, Lyon : Chambet aîné, 1844, 188 p.

Bellin lui attribue les travaux suivants à la Société littéraire : Discours sur l’origine de l’Ordre des avocats, 27 novembre 1808. – Fragment de son voyage dans les Alpes, 10 juillet 1817. – Suite, Voyage dans le Valais, 28 août 1817. – Suite, Voyage au Mont-Saint-Bernard, 28 janvier 1819. – Suite, Voyage dans le Valais, 1 er juillet 1819. – Suite, Voyage au Mont-Saint-Bernard, 9 mars 1821, Gazette du 10. – Suite, Vallée de Boyne, 4 décembre 1823. – Fragment de son voyage dans les Alpes, 13 mai 1824. – Quelques chapitres du Voyage dans le Valais, 12 juillet 1827. – Documents statistiques sur l’administration de la justice civile en France, pour l’année 1830, 19 janvier 1832. – Résultats de recherches sur les opérations du Mont-de-Piété de Lyon, durant l’année 1931, 2 février. – Détails historiques instructifs et curieux sur l’origine et les monuments de la ville de Sion, 12 avril. – Notice sur l’Hospice des Antiquailles, à Lyon, 7 mars 1833.