Dictionnaire historique des académiciens de Lyon

Préface
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La recherche est faite par sous chaîne, insensible à la casse et aux accents.

PÉTREQUIN Joseph Pierre Éléonor (1809-1876)

par Alain Brémond.

 Joseph Pierre Éléonor Pétrequin naît à Villeurbanne (alors dans l’Isère) le 25 juin 1809. Présents à la déclaration du 26 : Joseph Pierre Pétrequin, oncle, et Jean Claude Gayet, praticien. Son père, prénommé Joseph Éléonord (sic) Anne, né le 30 janvier 1772, est adjudicataire du domaine de la Tête d’Or et de la Part-Dieu et y réside. Sa mère se nomme Marie Élisabeth Adélaïde Joséphine Jacquier, née le 14 février 1782. Bachelier ès lettres et ès sciences, il commence ses études de médecine à Lyon où il est reçu à l’internat des hôpitaux en 1829 et les termine à Paris avec une thèse de doctorat soutenue en 1835. Il travaille alors notamment à La Pitié dans le service d’Alfred Velpeau. En avril 1837, il réussit le concours de chirurgien-major de l’Hôtel-Dieu et occupe le poste d’aide-major le 1er janvier 1838 sous le majorat d’Amédée Bonnet* à qui il succède comme chirurgien-major le 1er janvier 1844. Parallèlement, il est professeur suppléant puis professeur adjoint de clinique externe à l’École préparatoire de médecine de Lyon de 1843 à 1854. Il devient professeur de pathologie chirurgicale et de médecine opératoire de 1854 à 1873. Il s’est battu pour que l’école préparatoire de médecine soit transformée en faculté de médecine. Découragé de ne pas l’avoir obtenu après 1870 – Nancy qui devait accueillir la faculté de Strasbourg ayant été préférée à Lyon –, il prend sa retraite anticipée en avril 1873. La loi du 8 décembre 1874 crée enfin une faculté mixte de médecine et de pharmacie à Lyon, mais il meurt avant la première rentrée universitaire en octobre 1877.

 Son apport à l’anatomie est majeur avec plusieurs éditions de son Traité d’Anatomie topographique Médico Chirurgicale, ancêtre de tous les ouvrages analogues bien que privé d’illustrations. Il publie sur les eaux thermales (les bouteilles de Badoit portaient des étiquettes avec son nom comme prescripteur jusqu’en 1960). En chirurgie, il s’illustre par le traitement d’un anévrysme de l’artère temporale par un procédé mis au point expérimentalement par Jean-Charles Pravaz. Il est parmi les premiers à utiliser l’anesthésie à l’éther dont il montre la supériorité sur le chloroforme. Il essaie, le premier à Lyon, plusieurs techniques d’antisepsie par des solutions de chlorure de chaux, de potasse caustique, des applications de teinture d’iode ou de beurre d’antimoine. Il s’intéresse à l’ophtamologie, à l’urologie, à l’oto-rhino-laryngologie ainsi qu’à la restauration faciale.

 D’une érudition exceptionnelle, il est aussi l’auteur de plusieurs études d’histoire de la médecine, en particulier une histoire médico-chirurgicale de l’Hôtel-Dieu. Lisant couramment le grec, il a publié une traduction commentée des œuvres d’Hippocrate qui est son œuvre maîtresse. Le nombre de ses publications dans ce domaine est particulièrement élevé (trop élevé selon certains qui lui reprochent un manque d’exactitude dans ses nombreux mémoires consacrés à l’histoire de la médecine).

 Chevalier de la Légion d’honneur (LH/2131/11).

 Il meurt le 2 juin 1876 dans sa maison de Fontaines-sur-Saône (l’acte de décès le dit, par erreur, né à Chassieux). Il est inhumé à Loyasse (Hours, 346). Il avait épousé à Lyon le 6 décembre 1848 Victoire Élaïde, dite Clady, Sargnon (Lyon 27 mars 1826-19 décembre 1900) fille de Jean Baptiste Louis Sargnon (Amplepuis 1790-1877), négociant, et de Claudine Antoinette Million (Roanne1799-1842). D’où Louis Éléonor (Lyon, 1849-1931), ingénieur ECL et administrateur de sociétés, et Jeanne Glady Clémence Pétrequin (1851-1877), épouse Joseph Guinet.

 Une rue de Lyon porte son nom.


Académie

Membre titulaire du 15 juin 1852 à 1876, au fauteuil 4, section 3 Sciences, président en 1860, il présente de très nombreux travaux dont : Essai sur l’histoire de la chirurgie à Lyon, discours de réception, MEM 1856. – Fragment sur l’histoire de la littérature médicale au Moyen Âge. Poema medicum, MEM 1857. – Sur un procédé particulier propre à prévenir la suppuration après l’ablation de certaines tumeurs de façon à obtenir la guérison de la plaie par première intention, MEM 1858. – Un épisode de la querelle des anciens et des modernes, MEM 1860. – De l’Intervention de la physiologie dans l’interprétation d’un passage fort controversé des Églogues de Virgile, MEM 1864. – L’Éthérisation et la chirurgie lyonnaise, pour servir à l’histoire de l’anesthésie chirurgicale en France, MEM 1866. – Nouvelles recherches sur le choix à faire entre le chloroforme et l’éther rectifié dans la pratique de la médecine opératoire, MEM 1866. – Études nouvelles sur la chirurgie d’Hippocrate et spécialement sur le traité des plaies de tête, MEM 1867. – Nouvelles recherches historiques et critiques sur Pétrone et sur les découvertes successives des principaux manuscrits du Satyricon, MEM L. 1869.

Bibliographie

Jules Guiart, « Pétrequin Joseph, Pierre, Éléonord, 1809-1876 », in Les biographies médicales : notes pour servir à l’histoire de la médecine et des grands médecins, n° 7, octobre 1937. –Dictionnaire historique des médecins, Michel Dupont, Paris, 1999. – Ali Issa, Joseph Éléonord Pétrequin (1809-1876), 10e Chirurgien-Major de l’Hôtel-Dieu de Lyon : Historien de la Médecine, thèse méd., Lyon, 2004. – Pierre-Yves Fournier, La chirurgie à Lyon : les chirurgiens-majors de l’Hôtel-Dieu de 1788 à 1913, thèse méd., Lyon, 2005. – Pascaline Davin, La chirurgie à Lyon : évolution au cours des siècles : l’âge d’or du xixe siècle, thèse méd., Lyon, 2009. – Bouchet, 1987. – Discours prononcés le 5 juin 1876 aux funérailles de M. le Dr Pétrequin, Teissier*, Rodet, E. Foltz, Desgranges*. Lyon : Vingtrinier, 1876. – P. Diday. Notice historique sur le Dr J.-E. Pétrequin. Lyon : Assoc. typogr., 1878.

Iconographie

Portrait en costume de professeur par Jean Marie Regnier (1815-1886), appartenant à la famille (photographie au musée d’histoire de la médecine).

Publications (sélection)

Parmi plus de 500 titres (il signe soit Joseph Pierre Éléonor, soit Joseph Éléonor), citons : Essai sur l’histoire de la chirurgie à Lyon, Lyon : Vingtrinier, 1836. – Traité d’anatomie médico-chirurgicale et topographique: considérée spécialement dans ses applications à la pathologie, à la médecine légale, à l’obstétricie, et à la médecine opératoire, Paris : Baillière, 1844. – Mélanges de chirurgie, ou Histoire médico-chirurgicale de l’Hôtel-Dieu de Lyon, depuis sa fondation jusqu’à nos jours, avec l’histoire spéciale de la syphilis dans cet hospice; et compte rendu de la pratique chirurgicale de cet hôpital, pendant six années 1838-1843, Paris : Baillière, 1845. – Chirurgie d’Hippocrate. Recherches historiques sur l’origine du Traité du médecin suivies d’une traduction nouvelle de ce livre avec notes, Paris : Sercy, 1847. – Nouvelles recherches et expériences sur l’existence de la cataracte noire et son diagnostic différentiel, Anvers : Buschmann, 1857. – De l’étude des médecins de l’antiquité et des avantages qu’on peut en retirer pour la science et pour l’art, Lyon : Vingtrinier, 1858. – Traité général pratique des eaux minérales de la France et de l’Étranger, avec A. Socquet, Lyon : Savy, 1859. – Vues nouvelles sur la chirurgie d’Hippocrate, touchant les luxations du coude et les poses académiques de l’École de Cos, Anvers : Buschmann, 1864. – Mélanges d’histoire, de littérature et de critique médicale sur les principaux points de la science et de l’art, Paris : Delahaye, 1864. – Chirurgie d’Hippocrate: des effets causés dans les lésions traumatiques du crâne, d’après Hippocrate et les médecins de l’antiquité, Paris : Thunot, 1868. – Vues nouvelles sur la composition chimique du cérumen et son rôle dans certaines maladies de l’oreille, avec des recherches expérimentales sur la physiologie comparée du cérumen, Lyon : Assoc. typogr., 1871. – Nouveaux mélanges de chirurgie et de médecine : suivis de mémoires de pathologie auriculaire, études d’hydrologie médicale, recherches d’hygiène publique, examen comparé des eaux minérales de la France et de l’Allemagne étudiées dans chaque classe, Paris : Baillière, 1873. – Études nouvelles sur la chirurgie d’Hippocrate, Paris : Baillière, 1877 (œuvre magistrale de plus de 1 200 pages, parue de façon posthume, dans laquelle il démontre qu’Hippocrate est non seulement le père de la médecine, mais aussi un grand chirurgien).