Né à Rans, dans le Jura, le 8 août 1924, il décède à Caluire, le 11 juin 2015. Second enfant de Louis Sarazin, instituteur, et de Magdeleine Poupard, il passe son enfance dans différentes écoles de la région. Après des études secondaires au collège de l’Arc à Dole, il fait ses classes préparatoires au lycée Victor-Hugo de Besançon et réussit le concours d’entrée à l’École normale supérieure d’électricité et de mécanique de Nancy, dont il sort diplômé en 1949. Pendant ses études d’ingénieur, il suit aussi des cours à la faculté des sciences de Nancy pour obtenir une licence ès-sciences. Attiré par la recherche, il obtient une bourse du CNRS, de 1949 à 1952, pour préparer une thèse à Paris, dans le laboratoire de physique du professeur Grivet, à l’ENS. Sa thèse, intitulée Étude et réalisation d’un accélérateur à ondes stationnaires, est soutenue le 20 juin 1953. Dans la continuité de ses travaux de thèse, il obtient un poste de physicien à Genève dans le tout nouveau Centre Européen de Recherches Nucléaires (CERN), poste qu’il occupe jusqu’en 1956. Il est responsable du groupe Aimants du futur PS, le synchrotron à protons de 25 GeV. Pendant cette période ses qualités humaines d’écoute, d’empathie et d’organisation sont remarquées par tout le personnel qui le choisit pour diriger l’Association des personnels du CERN. Parmi ses membres, il y a une bibliothécaire, Monique Biolley, qu’il épouse le 11 juin 1955 à Genève. De cette union qui dura exactement soixante ans, naissent quatre enfants : Arielle (1958), Françoise (1959), Laurent (1964) et Cédric (1968).
En 1956, l’étude du Synchrotron à protons du CERN étant achevée, Armand Sarazin est candidat à un poste de maître de conférences à l’université d’Alger. Le professeur Blanc-Lapierre le nomme alors directeur-adjoint de l’Institut d’Études Nucléaires d’Alger. En plus de ses recherches en instrumentation nucléaire, il a la charge de construire et de structurer ce nouveau centre nucléaire, une expérience qui lui sera très utile à son arrivée à Lyon.
À la suite du décès en mai 1960 de Jean Thibaud*, directeur depuis 1934 de l’Institut de Physique Atomique de Lyon, rue Raulin, et du départ à Grenoble de Jean Moussa (qui aurait pu assurer la succession de Jean Thibaud), la vacance d’une chaire de physique nucléaire à Lyon paraît au Journal Officiel en juin 1960. Depuis Alger, Armand Sarazin pose sa candidature ; en décembre 1960, il est nommé professeur titulaire de cette chaire, et en février 1961, directeur du nouvel Institut de Physique Nucléaire de Lyon. Les conditions de son arrivée à Lyon sont attractives, mais difficiles. Attractives, car Jean Thibaud avait en caisses deux équipements neufs, un Synchrocyclotron, et un accélérateur Van de Graaff, qu’il avait acquis dans l’attente d’une future implantation à La Doua. Il y avait aussi un accélérateur Cockcroft-Walton disponible au Fort de la Vitriolerie. Mais le contexte local était plutôt défavorable depuis la mésentente entre Jean Thibaud et certains collègues de la faculté des sciences, et depuis le malencontreux rejet par les universitaires lyonnais de la proposition d’accueil de Louis Néel à Lyon (qui entraina l’implantation du CEA sur le site de Grenoble et poussa Louis Néel, lauréat du Prix Nobel, à demander en 1960 au ministère la suppression de la chaire de physique nucléaire prévue à Lyon). Dans ce contexte, Armand Sarazin doit rapidement construire un laboratoire attractif pour les chercheurs et leur proposer un objectif scientifique innovant.
Fort de son expérience au CERN et à Alger, il bâtit avec les architectes Perrin-Fayolle* et Cholat sur le nouveau campus de La Doua, un centre de recherche qui tranche avec les habitudes universitaires de l’époque, en le dotant d’infrastructures dédiées à l’efficacité des chercheurs. En quelques années, l’effectif de l’Institut passe de quelques dizaines à près de deux cents personnes. Son projet scientifique est alors fondé sur la physique des collisions entre ions lourds (notamment en étudiant la structure d’un accélérateur linéaire à ions lourds), sur le développement de recherches en physique des particules (en tirant partie de la proximité du CERN) et enfin sur les recherches péri-nucléaires, à l’interface de la chimie, de la physique du solide, de la géologie et de la médecine. Les projets concernant la physique des particules et le péri-nucléaire se développent rapidement, en revanche le projet d’implantation à Lyon d’un accélérateur linéaire à ions lourds fut un échec au profit du GANIL, le Grand Accélérateur National d’Ions Lourds, implanté à Caen (plutôt qu’à l’Isle d’Abeau).
Après 15 années de direction de l’Institut de Physique Nucléaire de Lyon, au cours desquelles il participe à de nombreuses publications scientifiques, notamment dans le domaine de l’électronique nucléaire ultra-rapide, il accepte en 1976 de diriger l’Institut National des Sciences Appliquées de Toulouse (jusqu’en 1990, date de sa retraite et de son retour à Lyon). Au Rotary Club de Lyon, dont il fut en 1970 le plus jeune président, il créa de nombreuses actions en faveur de l’accueil des étudiants étrangers, il fonda aussi Savoir Lire, une structure de lutte contre l’illettrisme des plus jeunes.
Officier de la Légion d’honneur, commandeur des Palmes académiques.
Il est élu membre titulaire le 4 juin 1974 au fauteuil 5, section 1 Sciences, puis transféré au fauteuil 7 de la même section. Son discours de réception du 11 mars 1975 est intitulé Réflexions sur quelques voies d’évolution de l’enseignement supérieur. Ses communications ultérieures, en 1991, 1997 et 1998, sont elles aussi orientées vers le futur, reflétant les motifs de ses engagements et montrant sa vision du monde contemporain et de l’enseignement (importance de la multidisciplinarité, du transfert de technologies, de l’éthique et de la chute du mur culturel entre sciences, arts et lettres, identité des processus créateurs dans les sciences et dans les arts). Membre correspondant le 5 décembre 1978 en raison de son éloignement à Toulouse, il est à nouveau titulaire en 1990 au fauteuil 7, section 1 Sciences, puis membre émérite en 2004.
Avec Samueli et Pigneret, Instrumentation électronique en physique nucléaire (Mesures de temps et d’énergie), Paris : Masson, 1968, 280 p.
Coauteur de vingt-six publications dans des revues de physique nucléaire (dans les domaines des détecteurs et de l’électronique nucléaire, des réactions entre noyaux légers et de la canalisation de particules chargées).