Charles Cheynet (souvent Chenet ou Cheinet) est né à Montélimar, baptisé à la collégiale Sainte-Croix, le 12 janvier 1668. L’acte, rédigé en latin, porte Carolus Cheynet. Il est le fils de Charles Cheynet (1619-1685), receveur des tailles de Montélimar, et de Florence Lafoy (fille de Pierre Lafoy, procureur au siège de Crest et d’Alix Vaudelin). Parrain : Me Antoine Meysonis, avocat en parlement, de Crest ; marraine : sa cousine Jeanne Pellapra, de Montélimar. Après des études de médecine, il est précepteur d’un gentilhomme dauphinois, Micha de Bursin, puis vient à Lyon à la fin du xviie siècle. Il est inspecteur à la Grande Douane, puis en 1704, conseiller en la Cour des monnaies dont il sera président. Il meurt à Lyon, paroisse Saint Paul, le 15 décembre 1762 et est inhumé dans « la grande cave » de l’église Saint-Laurent. Sans alliance, s’éteint avec lui le rameau aîné des Cheynet de Montélimar. Le député des États Généraux Jean Louis Cheynet (1741-1809) appartient à une branche cadette.
Selon Pernetti, Cheynet aurait été l’un des membres de l’Académie des sciences et belles-lettres lors de sa première assemblée le 30 mars 1700 (en réalité en 1704). Lorsque l’Académie des Beaux-Arts fonde en son sein le 12 avril 1736, la Société des conférences qui deviendra la Société Royale en 1748, il fait partie des douze membres de l’assemblée du 12 avril 1736, qui sont, par ordre d’ancienneté depuis l’établissement en 1713 de l’Académie des beaux-arts : MM. Christin, Bollioud-Mermet, Grollier de Servières, de Ruolz, Besson, Joanon, Cheynet, Mathon de la Cour, Delorme, Borde, Moiroud, De la Monce. Il intervient souvent lors des séances de ces académies : théologie, philosophie et littérature à l’académie des sciences et belles-lettres, mathématiques de 1736 à 1741, à l’académie des beaux-arts où il expose les principes de la géométrie et de l’algèbre. C’est ensuite la musique qui est le principal sujet de ses communications. Outre les sujets traités dans les manuscrits, il aurait prononcé un discours sur l’accord parfait majeur et mineur et écrit un ouvrage sur la gamme de Gui d’Arezzo et le progrès en musique. Il est l’ami et correspondant de Jean Philippe Rameau, dont il complète les travaux harmoniques notamment en découvrant l’authentique génération de la tierce mineure. Le 9 décembre 1749, doyen d’âge de l’académie réunie, il exprime ses difficultés à remplir ses devoirs académiques et demande à en être déchargé, ce que l’assemblée accepte. En fait, il continue à assister aux séances et à y prononcer discours et dissertations. Il meurt presque centenaire, et Jacques Annibal Claret de Fleurieu* prononce son éloge lors de la séance publique du 19 avril 1763. Il était membre de l’académie de Villefranche depuis 1728, et membre correspondant de l’académie de Berlin.
Interventions à l’Académie des sciences et belles-lettres (d’après Pernetti et les comptes rendus) :
12 mars 1714, De l’union de l’âme et du corps. – 4 juin 1714, De l’âme des bêtes. – 10 septembre 1714, Projet d’une histoire de la musique. – 1712 et 20 mars 1715, Sur les superstitions par rapport à la magie. – 28 décembre 1716, Sur les poètes latins et particulièrement sur la tragédie latine, contre l’autorité de M. Despréaux (voir Nouvelles littéraires 5, 1717, p.213). – 14 février 1718, Sur la philosophie et la religion (« Le lundi 7 février, M. Chenet lut une dissertation, où il prétendait établir un accord solide entre la religion et la philosophie. Il y fit voir que la religion est l’appui de la philosophie. […] On trouva cette pièce si belle qu’on pria M. Chenet d’en faire une seconde lecture. C’est ce qu’il fit dans la séance du 14 février. […] Mr. L’Archevêque, qui ne se trouva pas à ces deux séances, pria M. Chenet de lui faire une lecture particulière de sa dissertation », Nouvelles littéraires 7, 1718, p. 362-363). – 21 mars 1719, Sur la résurrection des morts. – 19 février 1720, Sur la médiation des Saints. – 17 mars 1721, Observations critiques sur un auteur qui a traité de l’ancienne discipline de l’Église [l’abbé Fleury]. – 6 mai 1727, Sur Cicéron considéré comme poète. – 1er mai 1726, Sur l’union de l’âme et du corps. – 19 juillet 1729, Essai philosophique sur la nature de l’âme et ses diverses opérations. – 20 février 1731, Qu’il n’y a qu’un Horace contre l’opinion du P. Hardouin. – 24 juillet 1731, Justification de l’Énéide contre ses censeurs. – 4 mars 1732, Suite de la justification de l’Énéide. – 3 mars 1733, Cicéron a été un très grand poète. – 12 mai 1733, Sur Héloise et Abélard ; traduction d’une lettre de Pierre le Vénérable. – 23 février 1734, Sur les écrits de Sextus Empiricus. – 24 mai 1735, De l’usage des harangues par les historiens anciens, en particulier Salluste. – 12 juin 1736, Histoire de la géométrie de Descartes. – 19 mars 1737, Sur les principes et l’utilité de l’algèbre. – 11 mars1738, Traduction en prose d’une épître en vers latins de la célèbre Taurelle à son mari le comte Castiglione [Ippolita Torella, érudite italienne, épouse de Baldassare Castiglione]. – 3 mars 1739, Sur les variations de la langue française. – 5 avril 1740, Que la matière n’est pas divisible à l’infini. – 21 février 1741, Sur les erreurs de l’esprit humain dans la conduite ordinaire de la vie. – 30 janvier 1742 (repris à l’assemblée publique du 22 novembre 1742), Sur le courage de Cicéron. – 30 avril 1743, Sur la musique et sur le goût de l’harmonie. – 16 juin 1744, Sur les avantages des traductions pour la république des lettres. – 24 août 1745, Sur le repos des corps et la privation de mouvement. – 10 mai 1746, Sur les trois Maries dont l’Évangile fait mention. – 2 mai 1747, Sur l’utilité de la métaphysique. – 17 décembre 1748, Sur Suétone. – 4 août 1750, Sur les infirmités des vieillards et sur la préférence de la surdité sur l’aveuglement. – 2 mars 1751, Sur la vie du marquis de Courbon. – 25 janvier 1752, Ce que les musiciens appellent fausses relations. – 12 novembre 1752, Sur l’empire que la mode exerce dans le monde. – 12 août 1755, Sur Suétone. – 20 janvier 1756, Sur le mot goût et significations métaphoriques.
Interventions à l’Académie des beaux-arts (d’après Bollioud et les comptes rendus) : 17 août 1736, Les progrès de la géométrie depuis Descartes. – 18 mars 1737, Sur l’utilité de l’algèbre. – 7 juillet 1738 et 1er juillet 1739, Application de l’algèbre aux lignes par les 4 opérations de l’arithmétique et l’extraction des racines carrées. – 20 juin 1741, Solution des problèmes de géométrie par l’algèbre. – 9 août 1742, Problème : trouver un point duquel on puisse tirer trois lignes en proportions données à trois points donnés. – 5 juin 1743, repris à l’assemblée publique du 23 avril 1744, Questions diverses sur l’harmonie et les règles de composition. – 26 mars 1744, Remarques sur la pédagogie de l’arithmétique. – 27 mars 1748, Réflexions sur la musique ancienne et moderne. – 5 mai 1751, Explication de l’hélicon de Ptolémée représentant dans un carré les divisions en nombre des tons de la musique et les semi-tons majeurs et mineurs. – 2 août 1754, Mémoire sur l’harmonie et sur le système d’introduire un troisième mode dans la musique proposé par M. de Blainville.
Pernetti. – Bollioud. – Dumas. – Léon Vallas*, La musique à l’académie de Lyon au xviiie siècle, thèse, Lyon, 22 décembre 1908, repris dans Rev. Music. Lyon, 1908.
[Première] Dissertation sur la géométrie de Descartes, 17 août 1736, Ac.Ms208-I f°79. –
[Deuxième dissertation de géométrie], Discours sur l’algèbre, 18 mars 1737, Ac.Ms198 f°92. –
Troisième dissertation de géométrie, 14 juillet 1738, Ac.Ms202 f°50. – [Quatrième dissertation], Discours sur l’arithmétique algébrique, 1er juillet 1739, Ac.Ms198 f°24. – Cinquième dissertation de géométrie, 21 juin 1741, Ac.Ms202 f°58. – Discours sur la musique, 5 juin 1743, Ac.Ms154 f°129. – Réflexion sur l’harmonie ancienne et moderne, 27 mars 1748, Ac.Ms161 f°91. – Dissertation sur l’harmonie, 2 août 1754, Ac.Ms161 f°105. – Discours et dissertations académiques lus à l’Académie de Lyon par Charles Cheynet, BNF, Mss. 11065. – Manuscrit signalé par Dumas, non repéré : Description d’un instrument propre à tracer les courbes géométriques.