Dictionnaire historique des académiciens de Lyon

Préface
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NOËL François (1756-1841)

par Michel Le Guern.

 François Joseph Michel Noël est né à Saint-Germain-en-Laye le 12 janvier 1756, fils de Claude Joseph Noël, fripier, et de Thérèse Lesné. Il a été baptisé le même jour dans l’église royale de Saint-Germain-en-Laye, le père étant absent, avec pour parrain François Cacheux, jardinier de M. le duc d’Agen, et pour marraine Marguerite Michel Gérard, fille mineure.

 Après des études au collège des Grassins à Paris, pour lequel il a obtenu une bourse, puis à Louis-le-Grand, il reçoit les ordres mineurs ; on l’appelle alors l’abbé Noël. Il enseigne à Louis-le-Grand (maître de quartier, professeur de sixième, puis de troisième), puis il participe aux concours ouverts par l’Académie française par divers éloges (Brunswick, Louis XII, Vauban). Dès le début de la Révolution, il quitte l’état ecclésiastique et le collège Louis-le-Grand, et prend la direction du journal La Chronique, favorable aux idées nouvelles. Il obtient une place de chef de bureau au ministère des affaires extérieures. L’Assemblée nationale avait pensé à lui, avec 89 autres, comme précepteur du Dauphin après la fuite du roi. En août 1792, il est chargé d’une mission diplomatique en Angleterre ; en janvier 1793, il est chargé d’affaires à La Haye. À son retour, il est incarcéré, car on lui reproche de s’être laissé insulter à La Haye après l’exécution du roi, puis, au bout d’un mois, il est libéré grâce à l’intervention de Robespierre qui avait été son condisciple à Louis-le-Grand. Il publie alors opportunément Lettre sur l’antiquité du bonnet rouge comme signe de liberté. À la fin de 1794, il est ministre plénipotentiaire à Venise. En février 1795, la Convention le nomme membre de la commission d’instruction publique. La Hollande ayant été conquise par Pichegru, Noël est envoyé à La Haye pour organiser la République batave, avec le titre de ministre plénipotentiaire.

 Il séjourne de 1795 à 1797 à La Haye, où il épouse Johanna Agneta Catharina Boogaërt d’Alblasserdam, fille d’un banquier de Rotterdam. Ils ont un fils, Charles, et une fille Lydie (Paris, 28 juin 1798-19 novembre 1878), épouse en 1821 d’Antoine de Tessières de La Forest, colonel d’état-major. En 1798, il est, au ministère de l’intérieur, chargé de la division des prisons, hôpitaux, octrois et secours publics.

 Le 4 nivôse an VIII [25 décembre 1799], il est membre du Tribunat. Mais le 17 ventôse an VIII [8 mars 1800], il est nommé commissaire général de police à Lyon, où il restera moins de deux ans. Le 9 frimaire an IX [30 novembre 1801], il devient préfet du Haut-Rhin. Le 19 messidor an X [8 juillet 1802], il est nommé un des trois inspecteurs généraux de l’instruction publique et, par un décret du 21 septembre 1808, inspecteur général de l’université. Il est fait chevalier de la Légion d’honneur le 3 frimaire an XII [25 novembre 1803], et officier peu avant sa mort sur proposition de Villemain (LH/1886/41).

 En janvier 1817, il habite à Paris, 118 rue du faubourg Saint-Honoré ; ce sera sa dernière adresse. Sa surabondante production de livres, qui doit beaucoup à la collaboration du grammairien Charles-Pierre Chapsal, professeur au lycée Louis-le-Grand, donne l’occasion à Germain Sarrut et Edme Thédore Bourg de lui appliquer ces vers de Voltaire :

 Au peu d’esprit que le bonhomme avait

 L’esprit d’autrui par complément servait,

 Il compilait, compilait, compilait.

 En réalité, il ne manquait pas d’esprit, de l’esprit des affaires ; ses fonctions d’inspecteur général lui permettaient d’imposer ses productions à tous les établissements d’enseignement, et d’écarter la concurrence. Sarrut et Bourg décrivent ainsi son activité : « Qui ne connaît M. Noël, l’intrépide faiseur ou signataire de dictionnaires plus ou moins classiques, dont le succès a été, est et sera d’autant plus grand qu’ils viennent en aide à la paresse des écoliers ; de ces dictionnaires que l’Université eût sans doute interdits dans ses lycées et ses collèges s’ils n’étaient l’œuvre de l’un des hauts officiers de son état-major. » Joseph Quérard, qui donne un ample catalogue des publications de François Noël, dit de lui : « ... auteur d’un très grand nombre de compi-lations classiques, qui ont plus contribué à sa fortune qu’à sa réputation ».

 Contraint de prendre sa retraite après juillet 1830, il est nommé inspecteur général honoraire le 22 septembre 1830. Il meurt le 29 janvier 1841 à Paris.


Académie

Il est nommé membre ordinaire de l’Athénée lors du rétablissement sous ce nom de l’Académie en 1800, porté émérite sur la liste du 15 frimaire an XI, et toujours sur la même liste en 1839. Le 20 thermidor an VIII, il avait lu Les Noces de Thétis et Pélée, traduites de Catulle.

Bibliographie

Michaud. – Quérard – Germain Sarrut et Edmé Thédore Bourg, Biographie des hommes du jour, Paris : Krabbe, 1840. – Vapereau. – Bargeton et alii, Les préfets du 11 ventôse an VIII au 4 septembre 1870, Paris : Archives nationales, 1981. – Dict. Napoléon, notice par Jean Tulard. – Catalogue des livres composant la bibliothèque de feu M. Fr. Noël […] dont la vente se fera le 2 août 1841 […] en son domicile, rue du Faubourg-Saint-Honoré, 118, Paris : Galliot, 1841, 124 p

Publications

Éloge de Gresset, Paris : Caitleau, 1786, 54 p. – La Mort du duc Léopold de Brunswick, noyé dans l’Oder le 27 avril 1785, Paris : Demonville, 1787, 10 p. – Éloge de Louis XII roi de France, surnommé le père du peuple (prix d’éloquence de l’Académie française en 1788), Paris : Demonville, 1788, 48 p. – Éloge du maréchal de Vauban (prix d’éloquence de l’Académie française en 1790), Paris : Garnéry, an II, 112 p. – Collaboration au Nouveau Siècle de Louis XIV, ou poésies-anecdotes du règne et de la cour de ce prince, Paris : Buisson, 1793, 4 vol. – Traduction de Thomas Anburey, Journal d’un voyage fait dans l’intérieur de l’Amérique septentrionale, Paris : La Villette, 1793, 2 vol. – Histoire de France par des pièces satiriques (depuis la mort du cardinal de Richelieu jusqu’à la Régence), 4 vol. – Erotopaegnion, sive Priapeia veterum et recentiorum, Paris : Patris, 1798, 188 p. – Dictionnaire de la fable, Paris : Le Normant, 1801 ; 4e éd., 1823, 2 vol., 838 et 860 p. – Traduction complète des poésies de Catulle, Paris : Léger et Ramont, 1802, 2 vol. – Conciones poeticae, Paris : Léger, 1803, 460 p. – Abrégé de la mythologie universelle, Paris : Le Normant, 1804, 650 p. – Manuel du rhétoricien, Paris : Le Normant, 1810, 396 p. – Éphémérides politiques, littéraires et religieuses, présentant pour chacun des jours de l’année : un tableau des événements remarquables qui datent de ce même jour dans l’histoire de tous les siècles et de tous les pays, jusqu’au 1er janvier 1812, Paris : Le Normant, 1812, 12 vol. – Leçons latines modernes de littérature et de morale, Paris : Le Normant, 1818, 2 vol. – Leçons anglaises de littérature et de morale, Paris : Le Normant, 1818-1819, 2 vol. – Leçons latines de littérature et de morale, Paris : Le Normant, 1823, 2 vol. – Gradus ad Parnassum, ou Nouveau dict. poétique latin-français, enrichi d’exemples et de citations tirés des meilleurs poètes latins anciens et modernes, Paris : Le Normant, 1823, 920 p. – Dictionnaire historique des personnages célèbres de l’antiquité […] avec l’étymologie et la valeur de leurs noms et surnoms : précédé d’un essai sur les noms propres chez les peuples anciens et modernes, Paris : Le Normant, 1824, 581 p. – Leçons italiennes de littérature et de morale, Paris : Le Normant, 1824-1825, 2 vol. – Leçons françaises de littérature et de morale, 14e éd., Paris : Le Normant, 1825, 2 vol. – Leçons grecques de littérature et de morale, Paris : Le Normant, 1825, 2 vol. – Abrégé de la grammaire française, Paris : Maire-Nyon, Roret, 1826. – Nouveau Dict. des origines, inventions et découvertes dans les arts, les sciences, la géographie, le commerce […], Paris : Janet et Cotelle, 1827, 2 vol. – Leçons d’analyse grammaticale, Paris : Maire-Nyon, 1829, 230 p. – Leçons allemandes de littérature et de morale, Paris : Levrault, 1827, 2 vol. – Philologie française ou dictionnaire étymologique: critique, historique, anecdotique, littéraire, […] pour servir à l’histoire de la langue française, Paris : Le Normant, 1831, 2 vol. – Leçons d’analyse logique, Paris : Maire-Nyon, 1832, 203 p. – Leçons de philosophie morale, Paris : Le Normant, 1834, 627 p. – Nouveau Dictionnaire français-latin, Paris : Le Normant, 1834. – Dictionarium latino-gallicum, Paris : Le Normant, 1834 – Nouveau Dict. de la langue française, Paris : Roret, Maire-Nyon, 1835 – Cours de mythologie, Paris : Maire-Nyon, 1836, 247 p. – Nouveau Traité des participes, 9e éd., Paris : Maire-Nyon, 1842, 192 p. – Nouvelle Grammaire française, 52e éd., Paris : Maire-Nyon, 1866, 220 p.