Dictionnaire historique des académiciens de Lyon

Préface
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La recherche est faite par sous chaîne, insensible à la casse et aux accents.

VASSELIER Joseph (1735-1798)

par Denis Reynaud.

 Issu d’une famille modeste, Jean Joseph Vassellier (devenu Vasselier) a été baptisé à Rocroi (Ardennes) le 16 octobre 1735, fils de Nicolas Vassellier et de Jeanne Lequeux (baptisée le 2 avril 1693 à Sévigny-la-Forêt, fille d’un « manouvrier »). Parrain : Gilles Lequeux, son oncle maternel, né en 1683 ; marraine : Poncette Guilloteau (baptisée à Tarzy le 9 décembre 1691), sa femme, de Sévigny-la-Forêt.

 De 1755 à 1762, il est militaire. « Dans le tumulte des camps, il se consacra aux muses ». Il vient à Lyon en 1762, où, comme son père, il travaille dans l’administration des postes ; il est premier commis en 1769, puis contrôleur (avant 1784). En 1785, il obtient en outre la gestion de la petite poste de Lyon, à laquelle il doit renoncer afin de pouvoir toucher la retraite de 1 600 livres que, affaibli par de la goutte dont il est attaqué depuis vingt ans, il a sollicitée en avril 1791, après « quarante années de service » (BMLyon, ms Coste 1134-31, lettre non datée, c. 1795). Cet emploi lui permet sans doute d’être informé très tôt de la mort du pape Clément XIII, qu’il annonce aussitôt à Voltaire (voir lettre de ce dernier en date du 20 février 1769). Il est en relation épistolaire régulière avec « le vieux malade » (23 lettres entre 1769 et 1776), et passe à Ferney tous les ans une partie de l’automne.

 Il meurt à Lyon, division de l’Ouest, à son domicile rue des Estrées, le 19 vendémiaire an VII (10 octobre 1798). Dans la déclaration de décès faite par l’ancien directeur des postes, Jacques Nicolas Lafauvillière, et Jean Simon Jeannin, employé dans cette administration, il est dit employé des postes. « Il laisse pour veuve Jeanne Marie Pellegrin ».


Académie

Parrainé par Prost de Royer*, il est élu le 18 juin 1872 « à la très grande pluralité », classe des belles-lettres et arts, à la place de l’abbé de La Serre*, et il prononce son remerciement, en vers, le 27 août 1782. Président de l’Académie, il fait le compte rendu de l’assemblée publique du 28 avril 1789 (Ac.Ms267-I f°323). Il n’existe pas d’éloge académique officiel de Vasselier, mais son confrère Delandine* salue sa mémoire à sa façon dans son Dictionnaire historique de 1804 : « À peine sa réputation avait-elle pu s’élancer au delà du cercle de quelques amis éclairés. Sa modestie, son insouciance s’opposèrent constamment à la publication de ses œuvres. Un ami [Nicolas David Baulmont] vient d’en préparer l’édition. […] Il est fâcheux que la muse de Vasselier soit plutôt une courtisane qu’une vierge chaste ».

Membre de l’Académie de Dijon.

Bibliographie

Michaud. – A. L. Millin, Revue encyclopédique, 1799, p. 537. – Avertissement de l’éditeur des Poésies de 1800. – Chaudon et Delandine, Dict. hist., 1804. – G. Apollinaire, « Joseph Vasselier », Les Diables amoureux (Œuvres en prose complètes, Pléiade), Paris : Gallimard, 1993, III, p. 703-706. – Michel Delon, « Transports aériens », in Cahiers de littérature française, V : « Ballons et regards d’en haut », Paris, L’Harmattan, 2007 (sur la verve érotique dans l’Épître de l’abbé Ballon à un ami, et l’Almanach nouveau de l’an passé). – Suchaux, Galerie biographique du département de la Haute-Saône, Vesoul : Suchaux, 1864, notice Vaulmont, p. 25 28.

Manuscrits

Le Mage consulté, conte oriental en vers, 1782 (Ac.Ms127 f°236). – Vers sur la paix, lus dans la séance publique du 6 mai 1783 (Ac.Ms127). –Épîtres à Damis, lues dans les séances publiques des 15 avril 1784 et 6 décembre 1785 (Ac.Ms127 f° 241 et f°244). – Réflexions sur les ennuis de la vie, lues dans la séance publique du 7 décembre 1784 (Ac.Ms127 f°238). – Épître à Damon sur les vices et les ridicules de ce qu’on appelle la bonne compagnie, lue à la séance publique du 24 avril 1787 (Ac.Ms127 f°246). – Épître à mes concitoyens, lue dans la séance publique du 4 mai 1790 (Ac.Ms127 f°233). – À Mlle Victoire Lallié, 31 juil. 1792 (Ac.Ms127 f°235). – Avec Thorel de Campigneulles*, Jury du prix Raynal pour 1791 : analyse de 15 mémoires et billet daté du 8 juillet 1793, (Ac.Ms274 f°3). – Avec Barou du Soleil*, Rapport sur la nouvelle édition du dictionnaire anglais de Boyer, 17 avril 1792 (Ac.Ms151 f°106).– Billet (Ac.Ms274 non folioté).

BMLyon : Réclamation au sujet de sa pension de retraite, non datée (ms Coste 1134-31). – Lettre du samedi 25 février (1786, 1792 ?) demandant à un destinataire non nommé (« Monsieur et cher confrère ») « quelques billets d’indulgence pour moi et mes amis » en vue du carême (ms Coste 422-12).– « Le Sermon sur l’Homme de Brou [prêché à Lyon par un RP Capucin, le 18 octobre 1767, par Joseph Vasselier, ms bib. Léon Cailhava] est une facétie extrêmement grivoise, dans laquelle l’auteur cherche à tourner en ridicule un jeu de cartes qui se joue à quatre, et qui a été longtemps en grande vogue à Lyon » (A. P., Revue du Lyonnais, 1838, p. 221).

Publications

Vasselier, poète érotique, « un des plus charmants conteurs français » (Apollinaire), fut peu publié de son vivant, à l’exception de quelques vaudevilles isolés, tels le célèbre « Le monde fait l’amour et l’amour fait le monde » :

En dépit de la pomme

Et de son triste effet,

Nous faisons toujours comme

Le premier homme a fait :

Hors les abbés de cour,

De sagesse profonde,

Le monde fait l’amour,

Et l’amour fait le monde.

(Sautreau de Marsy, Le Petit Chansonnier français, 1780, t. III, p. 345-346). – « Modèle proposé à la jeunesse » (Chansons choisies, Londres, 1784, t. III, p. 99-101), « Faites le bien » (La Cantatrice grammairienne, Genève, 1788, p. 126-127).

Il fut aussi en quelque sorte le poète attitré du Journal de Lyon de Mathon de la Cour*, souvent publié en première page : « Vers sur la découverte des ballons aérostatiques » (8 janvier 1784, p. 7-8). – « Épître à Damis » (12 mai 1784, p. 145-149) ; « Réflexions sur les ennuis de la vie » (22 décembre 1784, p. 403-406). – « Couplets chantés à table le jour des rois » (22 juin 1785, p. 193-194). – « Seconde épître à Damis » (21 déc. 1785, p. 401-405) ; « Épître à Damon » (3 mai 1787, p. 129-134) ; « Épître à un jeune poète » (11 déc. 1788, p. 393-397). – La BM de Lyon conserve des impressions de plusieurs épîtres lues par Vasselier à l’Académie, qui sont des extraits du Journal de Lyon : Poésies de Vasselier, membre de l’Académie de Lyon, Paris, Louis, 1800, 276 p., avec portrait de l’auteur (le recueil contient des épîtres académiques en vers, dont une à P… de R… [Prost de Royer*] du 25 novembre 1780 ; une à l’abbé de La Serre*, du 3 août 1780 ; et une à M. B. D. S. [Barou du Soleil*], du 15 septembre 1788 ; dix épîtres à Voltaire écrites entre 1773 et 1777, avec une réponse du 28 avril 1773 ; des mélanges (vers, chansons, vaudevilles) ; et trente-cinq contes choisis en vers parfois lestes, dont l’Origine des truffes, apprécié par Voltaire. – Poésies de Vasselier, Paris, Louis, 1800, 181 p. (comme le précédent, sans les contes). – Poésies de Vasselier. Contes, Londres, 1800, 276 p., avec portrait de l’auteur (90 contes). – Contes de Vasselier, membre de l’Académie de Lyon, Londres 1800, 183 pages (56 contes, suivis de mélanges et d’un opéra-comique : La Servante du curé). – Contes de Vasselier, Bibliothèque des curieux, Le coffret du bibliophile, 1913, 207 p., introduction de Guillaume Apollinaire. – L’Almanach puce ou Almanach nouveau de l’an passé où l’on annonce les choses arrivées et qui arriveront encore, Genève, 1785 et 1786, attribué tantôt à Sylvain Maréchal, tantôt à Vasselier (par Apollinaire). – La « Lettre de Joseph Vasselier au secrétaire perpétuel de l’Académie » est un pastiche imprimé daté du 2 janvier 1840 dû à J.-B. Montherot* ; voir aussi, du même et dans le même style : « 3e et dernière lettre de Joseph Vasselier » (Ac.Ms279-1-pièce n° 37).