René Guillet est né le 8 juin 1913 à Annemasse (Haute-Savoie), fils de Joseph Émile Guillet (Tenay [Ain] 8 juin 1879-Ambérieu-en-Bugey 27 novembre 1969, fils d’un contremaître cordeur), alors instituteur dans cette ville, et de sa seconde épouse, Marie Joséphine Piron (1888-1984), mariés à Oyonnax (Ain) en 1913. Son père, militant socialiste, ancien collaborateur de Jean Jaurès (L.P. Fischer*), se reconvertit dans l’industrie naissante du plastique à Oyonnax et dans l’immobilier. Le frère cadet de René Guillet, Émile (1916-1977), a été interne des hôpitaux de Lyon et chirurgien à Ambérieu. Après des études secondaires à l’annexe de Saint-Rambert-l’Île-Barbe, puis à Lyon au lycée du Parc, René Guillet poursuit à la fois une carrière sportive et universitaire. Champion universitaire de France du saut en longueur en 1936, titulaire de nombreuses autres distinctions sportives, il a entamé des études de médecine et devient interne des hôpitaux de Lyon en 1936.
Après avoir effectué son service militaire, il poursuit son internat de 1938 à 1942, interrompu par la guerre de 1939-1940 où il est affecté à une ambulance chirurgicale dans les Vosges. Il sera l’interne de Léon Bérard, de Maurice Guilleminet*, de Gaston Cotte, de Jean Cibert, de Pierre Mallet-Guy et de Paul Santy*. Il soutient en 1942 sa thèse inspirée par Pierre Mallet-Guy : Innervation des voies biliaires et chirurgie : la splanchnicectomie droite dans le traitement des vésicules de stase (texte dactylographié, Bibliothèque de l’Université Claude Bernard, section médecine). Pendant l’Occupation, il donne des soins clandestins aux réfractaires du STO [service du travail obligatoire] et aux résistants, pour lesquels il organise des hospitalisations dans le service du professeur Mallet-Guy dont il est l’assistant. Après avoir failli rejoindre le maquis du Vercors, il s’engage, dans les maquis de l’Ain-Haut Jura, en juin 1944 et devient (alias : Guillaume) l’assistant du docteur Jacques Guttières, militant de Libération-Sud depuis 1942, désigné par le médecin général Gabrielle responsable du Comité médical de la Résistance auprès de l’état-major régional FFI. En août 1944, il remplace Jacques Guttières muté dans le Jura. Responsable notamment de l’hôpital d’Oyonnax avec le docteur Bastien et le chirurgien britannique, le major Geoffrey Edward Parker, lors de l’opération allemande Treffenfeld, il en assure l’évacuation le 10 juillet 1944, vers l’hôpital de campagne installé au Crêt de Chalam, évitant ainsi aux blessés le sort des blessés intransportables de l’hôpital de Nantua, massacrés dans leur lit lors de la même opération. Engagé volontaire à la Libération, il est nommé chirurgien à l’hôpital FFI Jeanne-d’Arc de Villeurbanne. Agrégé de chirurgie générale en 1948, il part pour Saïgon comme professeur de chirurgie à la faculté de médecine d’Indochine et exerce, à cette occasion, de nombreuses missions en Chine ; il est nommé professeur honoris causa de la faculté de médecine de Kunming. Revenu à Lyon en 1951, il s’intéresse particulièrement au développement de l’anesthésie-réanimation et à la médecine du sport, tout en continuant à pratiquer lui-même le ski et la voile. Il est nommé en 1954 directeur de l’IREPS (institut régional d’éducation physique et sportive, devenu UFR-STAPS, unité de formation et recherche en sciences et techniques des activités physiques et sportives). En 1957, il crée la société lyonnaise de médecine sportive et dirige en 1964 la délégation médicale française aux JO de Tokyo. En 1962, dans le cadre de la réforme Debré qui met en place les CHU, il est intégré comme chirurgien des hôpitaux et professeur de séméiologie chirurgicale. Secondant d’abord le professeur Mallet-Guy, au pavillon M de l’hôpital Édouard-Herriot, il lui succède en 1970 et transforme le service consacré essentiellement à la chirurgie hépato-biliaire en service de chirurgie générale et de médecine du sport. En 1971, il devient médecin inspecteur de la jeunesse et des sports. En 1981, il prend sa retraite hospitalo-universitaire et est élu vice-président des hospices civils de Lyon, dont le maire de Lyon est le président-né. Il occupe ce poste jusqu’en 1993. En 1982, il a présidé la société de chirurgie de Lyon. Il est le fondateur et le premier président de l’association Asclépios qui regroupe une fois par mois, pour un repas-conférence, les médecins, chirurgiens et spécialistes honoraires des hôpitaux de Lyon.
Membre de l’académie de chirurgie et de la société internationale de chirurgie, officier de la Légion d’honneur, commandeur de l’ordre du Mérite, médaille de la Résistance, croix de guerre, King’s medal for courage in the cause of freedom, médaille d’or de la ville de Lyon.
Marié, il est père de quatre filles : Françoise épouse Breysse ; Dominique épouse Simonnot ; Christiane ; Marie Joseph épouse Weiss.
René Guillet est décédé le 29 avril 2002. Après une cérémonie à la chapelle de l’Hôtel-Dieu, il a été inhumé à Ambérieu-en-Bugey (Ain), le 3 mai 2002.
Une rue de Lyon 3e porte son nom.
Après avoir consacré deux exposés à André Latarjet, pionnier méconnu de la médecine du sport, le 17 avril 1984 (MEM 39, 1985), et à une Histoire de l’anesthésie chirurgicale à Lyon le le 27 janvier 1987 (MEM 42, 1988), il est élu le 7 juin 1988 au fauteuil 5, section 3 Sciences, précédemment occupé par G. Despierres*. Il consacre le 14 mars 1989 son discours de réception à Amédée Bonnet*, chirurgien-major et humaniste (MEM 44, 1990). Il demande à accéder à l’éméritat, pour raisons de santé, le 15 janvier 2002. Son éloge funèbre a été prononcé par Alain Bouchet* (MEM 2, 2002).
L.P. Fischer et Anh Cao, « Le chirurgien René Guillet (1913-2002). Son action dans les maquis de l’Ain et du Haut-Jura en 1944 », Hist. des Sciences médicales 44, 2010, p. 79-84. – Thi Thoai Anh Cao, René Guillet (1913-2002) chirurgien des Hôpitaux de Lyon, résistant pendant la deuxième guerre mondiale, pionnier de la médecine du sport, administrateur des Hospices Civils de Lyon, thèse de médecine (Pdt Louis P. Fischer), Lyon 2008. – David 2000. – Bruno Permezel*, Résistants à Lyon, Villeurbanne et aux alentours, Lyon : éd. BGA-Permezel, 2003. – Patrick Veyret, Histoire secrète des Maquis de l’Ain, Châtillon-sur-Chalaronne : La Taillanderie, 2010.
Le doping de l’homme et du cheval, Paris : Masson, 1965. – Avec F. Perrin, C. Mathon et al., Éléments de séméiologie chirurgicale, abdomen, thorax, crâne, Assoc. corporative des étudiants en médecine de Lyon, s.d. – Avec A. Moulay, F. Arcadio, M. Boulos et A. Lespine, Le praticien devant […], Nanterre : lab. UCB-Fraysse, 1977. – Abrégé de médecine du sport, Paris : Masson, 1980. – Avec E. Brunet-Guedj et J. Genety, Médecine du sport, Paris : Masson, 1984. – Trad. italienne, Medicina del sporto, avec A. Lancetta, Milano : Masson, 1985. – « Le service de santé et son histoire dans la guérilla urbaine et dans les maquis de l’Ain, du Haut-Jura et du Vercors », Conférences de l’Institut d’histoire de la médecine de Lyon, Lyon : Institut Marcel Mérieux, 1985. – « La médecine du sport, les précurseurs », in Bouchet 1987.