Dictionnaire historique des académiciens de Lyon

Préface
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DELAMONCE Ferdinand Sigismond (1678-1753)

par Maryannick Lavigne-Louis, Denis Reynaud.

 Ferdinand Pierre Joseph Ignace (il utilise dès 1710 le double prénom de Ferdinand Sigismond, qui figure sur son acte de décès : Ferdinand Sigismond Ignace Joseph Delamonsse) né le 28 juin 1678 à Munich, baptisé le 1er juillet paroisse Saint-Pierre, fils de Jean Delamonce (Paris 1635-Lyon, Saint-Pierre Saint-Saturnin 13 août 1708), premier peintre et premier architecte de l’Électeur de Bavière, et de Jeanne Pasquier, native de La Chambre en Savoie, mariés à Munich le 11 novembre 1675. Le parrain est Ferdinand-Marie électeur de Bavière. Certains auteurs, depuis l’éloge de Pernetti* en 1765, prénomment à tort son père Paul (il semblerait qu’il y ait eu une confusion avec un Paul Delamonce, auteur d’une Vue de Toulouse, gravée par Mariette en 1642, possible ancêtre des Delamonce). Ferdinand arrive à Lyon avec ses parents en 1685 à l’âge de 6 ans, et il est très tôt formé par son père qui, devenu en 1698 peintre maître de métier de la ville, l’associe rapidement à ses travaux, et ils ont la même signature : « Nombreux sont les historiens qui, parlant des Delamonce, fondent dans un même creuset les œuvres du père et celles du fils, ne sachant trop comment en déterminer l’attribution. Il est vrai qu’en l’absence de documents précis (prix-faits, quittances, commandes), la démarcation n’est ni facile, ni évidente, surtout en matière de dessins d’architecture. […] Il existe des dessins d’architecture signés Ferdinand Delamonce et datés de 1701 dont nous ne pouvons qu’admirer la maîtrise, l’habileté avec lesquelles ils sont exécutés. » (Bernadette Gaudin de Villaine). On attribue de façon certaine à Jean, en tant qu’architecte, la chaire et la tribune de la chapelle du collège de la Trinité, un projet de pont (1700), la façade de l’église Saint-Just (1704), le portail de l’Hôtel-Dieu (1706). Après le décès de son père, Ferdinand s’installe à Paris (1709-1715) où il semble être bien intégré dans le milieu artistique. En 1715 il se rend en Italie pour un long périple d’une dizaine d’années. Il aurait été chargé par le riche collectionneur Pierre Crozat (1661-1740) d’acquérir la collection de dessins d’un amateur et historiographe romain, Nicolas Pio. Il est à Pise en 1725, puis il regagne la France en passant par Marseille, Aix, Avignon, où en 1729 les Oratoriens lui demandent des plans pour leur chapelle. Il passe à Grenoble et, le 6 août 1731, à l’âge de 53 ans, il épouse en l’église Saint-Louis Marie Nay, fille de défunt François Nay, marchand, et de Françoise Faure, veuve de Michel Farinelly de Cambert (1649-1730), ancien musicien d’Henriette d’Angleterre, et de Marie-Louise d’Espagne. À la fin de cette même année, le couple s’installe définitivement à Lyon. Leur fils Pierre François, né le 2 juin 1732 rue Puits-Gaillot, baptisé le 4 dans l’église Saint-Pierre Saint-Saturnin, a pour parrain Pierre Gacon*. Suivent Joachim François (1er janvier 1734), et Claude François Marie (9 décembre 1735) porté sur les fonts baptismaux par Claude Séraucourt. La famille s’installe place Louis-le-Grand (act. place Bellecour) en 1742, puis déménage en 1747 rue de l’Arsenal, où Ferdinand Sigismond meurt d’hydropisie le 30 septembre 1753 ; il est inhumé le lendemain dans le cimetière de la paroisse de Saint-Martin d’Ainay. Il est alors qualifié d’architecte, peintre et graveur. Il n’avait pas fait fortune et, à la fin de sa vie, il recevait de l’hôpital de la Charité « une aumône secrète de 5 livres par mois. » D’après Pernetti, c’était un homme de petite taille, avec des yeux vifs, un nez aquilin, et sur la physionomie duquel se lisaient « son génie, la douceur de ses mœurs et sa gayetté naturelle. »

 Selon Charvet (repris par Audin et Vial), son fils aîné Pierre François aurait été dessinateur. Un dessin aquarellé signé François Delamonce représentant le Bosquet de l’Arc de Triomphe a été donné au musée de Versailles (La Renaissance de l’art français et des industries de luxe, 01/1920).


Académie

Delamonce fait partie des douze fondateurs de la Société des conférences de l’Académie des beaux-arts le 12 avril 1736 : il y est placé 12e « par ordre d’ancienneté ». Le 7 juin 1736, il prononce un discours [Charvet confond les deux académies] (Ac.Ms263 78-80). Le 27 janvier 1738, les académiciens étant répartis en plusieurs classes, Delamonce occupe, seul, celle d’architecture. Il est très actif ; outre les interventions correspondant aux manuscrits détaillés ci-après, il présente le 16 mars 1738 quatre modèles pour construire un port au bout du rempart ; le 28 avril 1738, il lit des lettres destinées à faire une description de Rome ; le 19 janvier 1739, il présente les plans d’une chapelle de la Vierge à St-Nizier ; le 13 mai 1739, il discourt de quelques monuments antiques pour les triomphes. Pernetti prononce son éloge le 16 mai 1765 (Ac.Ms124 f°37-39)

Bibliographie

A. Clapasson, Description de la ville de Lyon, 1741, édition annotée et illustrée par G. Chomer et Marie-Félicie Pérez, Lyon : Champ Vallon, 1982. – Léon Charvet, « Les Delamonce », Réunion des sociétés des beaux-arts, Paris, Plon, Nourrit et Cie, 1892, p. 176-189 (Charvet mésestime considérablement Delamonce et attribue à tort certains de ses travaux à Soufflot). – Audin et Vial. – M.-F. Pérez, « L’art vu par les académiciens lyonnais du xviiie siècle. Catalogue des communications et mémoires présentés à l’Académie (1736-1793) », MEM 30, 1977. – B. Gaudin de Villaine, Jean et Ferdinand Delamonce, architectes lyonnais, thèse (3e cycle), université Lumière Lyon, 1982. – J.-P. Gutton*, 1985.

Manuscrits

Discours sur la prééminence entre la peinture et la sculpture, 9 août 1736 (Ac.Ms185 220-223). – L’essence ou l’esprit de la peinture, 27 mai, 19 août et 9 septembre 1737, et assemblée publique du 2 décembre (Ac.Ms185 176-197). – Voyage de Naples, lu le 9 mars 1740 (Ac.Ms158bis 187-202 et extrait f°203-204). – Dissertation sur la peinture et en particulier sur l’expression et sur le clair-obscur, 15 mars 1741 (Ac.Ms185 27-39). – Lettres sur quelques édifices de Rome, 14 mars 1742 (Ac.Ms190 19-26). – Description de plusieurs temples anciens comparés à des églises modernes, 13 mars 1743, et assemblée publique du 22 avril 1744 (Ac.Ms190 35-46). – De l’utilité des arts libéraux, 12 mars 1744 (Ac.Ms185 1-6). – Suite des extraits d’une description nouvelle de Rome (église Saint-Pierre). 57e lettre à M. de ***, 24 mars et 7 avril 1745 (Ac.Ms136 21-31). – De l’estime singulière que méritent les Beaux-Arts, 2 mars 1746 (Ac.Ms190 47-52). – Observations sur trois églises de cette ville, celle des Carmélites, de l’Oratoire, de Saint-Antoine, 8 mars 1747 (Ac.Ms121 f°1-6). – Des édifices publics pour les spectacles des anciens Grecs et Romains avec quelques réflexions sur ces mêmes spectacles, 14 février 1748 (Ac.Ms190 13-18). – Observations sur la Charité, l’Hôtel-Dieu, les Carmélites, Saint-Antoine, et l’Oratoire, 12 mars 1749 (Ac.Ms121 f°7-12). – Mémoire sur la gravure, 4 mars 1750 (Ac.Ms185 40-44). – Dissertation sur le rang des ouvrages anciens eu égard à ceux des modernes tant pour la peinture, la sculpture que pour l’architecture, 15 mars 1751 (Ac.Ms185 21-26). – Époques auxquelles on peut fixer les points de perfection des arts libéraux d’architecture, de peinture et de sculpture, 8 mars 1752 (Ac.Ms190 31-34). – Lettres ou remarques touchant les Réflexions critiques sur les différentes écoles de peinture du marquis d’Argens, 9 mars 1753 (Ac.Ms185 9-20). – Antiquités et curiosités de la ville de Lyon, s.d. (Ac.Ms118 f°68-73). – Maison du Sieur Tolozan près des Feuillants, dessin de M. Delamonce, Ac.Ms194 f°13 (cité en note de la thèse).

Publications

On doit à Delamonce un plan de la ville de Lyon, dans l’Atlas géographique contenant les cartes des Provinces et Généralités d’Orléans, Tours [...] et du Lyonnais, t. IX de la collection du sieur Beaurain, géographe ordinaire du Roy, 1701 ; réédité en 1749, puis (sans nom) en 1767. Son Voyage de Naples en 1719 a été édité et annoté par L. Mascoli, Institut français de Naples, 1984.

Œuvres

Dessins et gravures (Charvet donne la liste d’une douzaine de gravures) : Delamonce a laissé de nombreux relevés de monuments et des plans, il a également illustré des ouvrages et représenté des scènes historiques.

Architecture : Retable de la chapelle du Verbe incarné à Lyon (disparu, un dessin conservé, 1701). – Chapelle de l’Oratoire, Avignon (1729-1730). – Église Saint-Bruno-des-Chartreux, architecture et décors (1733-1738 ; si Delamonce a eu l’idée du baldaquin, le dessin en revient à Servandoni, tandis que Soufflot* a été chargé des dessins d’exécution). – Chapelle de la Trinité (importants embellissements après les travaux de son père, 1734-1738). – Chapelle Saint-Joseph, rue Sainte-Hélène, embellissements (autel et tableau Adoration du cœur de Jésus), 1735-1736. – Quai et port de l’Hôtel-Dieu (des projets pour l’agrandissement de l’hôpital, fournis en 1736 à la demande de la ville, ont été rejetés, jugés « trop simples »), 1737-1739. – Chapelle de la Providence, montée Saint-Barthélemy, 1737-1740. – Deux fontaines pour la place Louis-le-Grand, 1736-1737. – Église Sainte-Croix, décoration et tableau, 1738. – Église Saint-Nizier, réparations et ornementations, 1739-1740. – Chapelle de la Vierge de Fourvière, chœur et autel, 1739-1743. – Maison d’Antoine Tolozan, 1739-1740.