Dictionnaire historique des académiciens de Lyon

Préface
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COCHET Claude (1760-1835), dit COCHET LE JEUNE

par Maryannick Lavigne-Louis.

 Claude Ennemond Pierre (et non Balthazard, prénom mentionné par erreur sur son acte de décès et repris par tous les biographes) naît quai de Retz (act. quai Jean-Moulin) le 5 janvier 1760 ; il est baptisé le 6 dans l’église Saint-Pierre Saint-Saturnin. Parrain : Claude Ennemond Questan, dessinateur ; marraine : Pierrette Launisse, « fille ». Il est le fils de Claude Pierre Cochet peintre et dessinateur, lui-même fils de Claude Antoine Cochet et de Marie Claude Desnos de la ville de Saint-Claude, et de Marie Magdalena, fille de François Magdalena bourgeois de Villefranche en Beaujolais et de Marie Laforest. Les parents de Claude se sont mariés le 4 octobre 1757 dans l’église Saint-Pierre Saint-Saturnin. Le 19 novembre 1758 leur naît un premier fils, Donat Claude Philippe, filleul du peintre Donat Nonnotte*. La famille Cochet habite, en copropriété avec Fleuri Germain et Jean Pantet, une grande maison à deux corps de six étages 45 quai de Retz. Ils la vendent le 16 septembre 1795 à Jean Jacques Claret de Fleurieu (Le Moniteur judiciaire du 1er juillet 1823), car entre temps Claude Pierre Cochet s’est installé comme architecte à Mâcon, peut-être pour échapper à la tourmente révolutionnaire. Il a auparavant formé ses deux fils. Claude Cochet pour sa part va parfaire ses études à Paris notamment chez le décorateur Dugourre et chez l’architecte Alexandre-Théodore Brongniart (1739-1813), lui-même élève d’Étienne Louis Boullée. En 1783 il est admis à l’académie d’architecture de Paris, y obtient un prix ce qui lui permet de séjourner en Italie. Le 25 juin 1786, l’académie royale de Parme lui décerne le premier prix d’architecture pour un sujet imposé : Une porte majestueuse de capitale (Journal encyclopédique ou universel dédié à Mgr le duc de Bouillon, année 1786). Revenu à Lyon il se marie le 24 octobre 1792 dans l’église Saint-Paul avec Françoise Josephte Papillon, fille de Charles Papillon, ancien négociant et de dame Olive Vourlat, habitant rue de Flandre (quai de Bondy). Claude et Josephte Cochet ont un fils, Jean Claude, né le 2 mai 1797, 22 rue des Trois-Maries. Françoise Papillon décède en couches le 3 mars 1801 à 36 ans après avoir donné naissance à un second fils mort-né. Le 24 août 1802 Claude Cochet se remarie avec sa belle-sœur, Louise Benoite Papillon (Lyon 1766-apr. 1847), rentière, fille de feu Charles Papillon et d’Olive Vourlat. Ils ont deux enfants : Anne Françoise Pierrette (née le 3 octobre 1804, mariée le 23 janvier 1832 à Antoine Vachon, avocat, place de la Baleine) et Joseph (né le 5 août 1803, avocat général à la cour de Lyon, qui s’est suicidé le 22 octobre 1847). Claude Cochet est décédé le 14 mars 1835 en son domicile 19 quai de la Baleine (act. quai Romain-Rolland).

 Le premier travail d’architecte réalisé à Lyon par Claude Cochet est le Rocher de la Fédération, autel de la Liberté et Temple de la Concorde, décor éphémère réalisé en vue de la Fête de la Fédération le 30 mai 1790 dans la plaine des Brotteaux, dont le souvenir perdure sur une médaille gravée par André Galle. La même année il obtient le premier prix pour un concours proposé par la Convention, le projet d’un temple décadaire destiné aux assemblées primaires. Donnat Cochet, son frère, est condamné à mort, à l’âge de 36 ans, le 12 janvier 1794, et fusillé « pour avoir participé aux travaux des rebelles à la fonderie de l’ancien monastère de Sainte-Claire » (Paul Feuga*). Claude, en mémoire des martyrs de la Révolution, réalise un projet de cénotaphe en bois et en plâtre, agrémenté de sculptures de Joseph Chinard* et de versets d’Antoine François Delandine* : érigé en mai 1795 dans la plaine des Brotteaux, il est incendié et détruit le 24 janvier 1796 par les Jacobins. Emprisonné lui aussi, Claude Cochet échappe à la mort en acceptant de travailler pour la République ; il est nommé le 20 juin 1795 architecte de la ville, et le reste jusqu’en 1805. En 1799, il obtient le premier prix pour un projet de colonne départementale à la mémoire des morts pour la patrie et la défense de la liberté, dont seule la première pierre est posée au centre de la place des Terreaux (Dumas, Éloge historique de Raymond Verninac, 1826). Le 13 janvier 1814, il est nommé professeur d’architecture à l’école des Beaux-Arts de Lyon où il remplace l’architecte Pascal Gay. Il y enseigne jusqu’en 1823, date à laquelle Antoine-Marie Chenavard* lui succède. Le 21 juillet 1821, il devient membre correspondant de l’Institut de France. Il est l’un des membres fondateurs de la société académique d’architecture de Lyon en 1830.


Académie

Élu le 29 mai 1800 dans la nouvelle Athénée. Le 6 septembre 1803 il présente un projet de prix d’architecture dont il propose d’assurer le financement (Dumas). En 1808 il rend hommage à l’architecte Toussaint Loyer* décédé le 1er novembre 1807. En 1812, il présente De l’architecture des frontons (Ac.Ms170). Président en 1815, il rédige le CR des activités de l’académie pour le premier semestre.

Bibliographie

Dumas. – Michaud. – Charvet. – Audin et Vial. – G. Corneloup, DHL.

Estampes

Vue d’un rocher élevé dans le centre du camp de la Fédération tenu sous les murs de la ville de Lyon le 30 mai 1790, estampe gravée par Pierre Gentot [1790], AML 3S 1414. – Plan de la place Bonaparte, gravé par Giraud. – Projet d’un monument funèbre et religieux à élever aux Broteaux pour y rappeler le souvenir des Lyonnois immolés en 1793 et inhumés en ce lieu, plume et lavis, « Présenté en 1814 à son A.R. Mgr. le Comte D’artois. Par Cl. Cochet, architecte de Lyon et membre de l’académie de cette ville », AML, 2S 947. – Vue du double monument élevé dans la chapelle expiatoire des Brotteaux à Lyon au général comte Précy, lith. de Langlumé, BML, fonds Coste. – Plan pour la crypte et la maison du desservant du monument aux victimes du siège de Lyon, aquarelle sur traits de crayons, 1821, AML 3S 1441.

Iconographie

Chinard, médaillon, terre cuite (collect. part.). – P. Revoil, caricature à l’eau-forte, BML, fonds Coste, 13626.

Publications

Essai sur les moyens d’opérer la restauration de la grande salle de l’hôtel de ville de Lyon, Lyon : Ballanche père et fils, an II. – Monument destiné à renfermer tous les matériaux des connaissances humaines ; Museum astronomique, géologique et zoologique, suivi d’un traité de mosaïque, de stucs et d’enduits, et de plusieurs essais sur des monuments publics et des édifices particuliers, Lyon : Ballanche, an XIII. – Mémoire contre la société de la Parfaite Harmonie, Lyon, s.d. – Notice sur M. Loyer architecte, membre de l’Académie de Lyon, Lyon : Ballanche, 1808. – Compte rendu des travaux de l’académie de Lyon pendant le premier semestre de 1815, Lyon : Rusand, 1815. – Monument funèbre et religieux, construit à Lyon dans la plaine des Brotteaux, au lieu où furent inhumés les Lyonnais qui périrent après le siège de 1793, avec ses plans, coupes et élévations, 6 pl., Lyon : J.B. Kindelem, 1818. – Essai sur les moyens d’opérer la restauration du palais de Justice de la ville de Lyon, suivi de plans, coupes et élévations, et d’un devis estimatif des travaux, Lyon : Barret, 1831.

Œuvres d’architecture

En tant qu’architecte de la ville de Lyon, Claude Cochet a d’abord été chargé d’élaborer plusieurs projets de réaménagement de bâtiments saisis par la Convention : installation de l’école vétérinaire dans l’ancien couvent de l’Observance (1795-1807) ; halle au blé dans une chapelle de l’église des Cordeliers ; arc de triomphe sur le pont du Change en l’honneur de Bonaparte (1800) ; projet d’un monument pour la place Bellecour (1800) ; aménagement de la chapelle de la Trinité pour accueillir du 11 au 26 janvier 1802 la Consulte de la République cisalpine ; aménagement de l’abbaye de Saint-Pierre-les-Nonnains en musée et en bourse (1803) ; travaux de restauration à l’Hôtel de ville après l’incendie de 1803 (notamment en faisant réaliser des sols en mosaïque, procédé vénitien novateur qu’il avait testé chez lui) ; installation du District dans le collège de la Trinité ; loge maçonnique de la Parfaite Harmonie aux Brotteaux, 1805 : « Cet ouvrage, élégant dans sa simplicité et d’un goût pur et sévère, donne une idée des monuments des siècles de Périclès et d’Auguste » (Bulletin de Lyon, 31 décembre 1805). Le 21 octobre 1814 le comte d’Artois (futur Charles X) pose aux Brotteaux (à l’emplacement où ont été opérées les fusillades) la première pierre d’un monument funéraire à la mémoire des victimes du siège de Lyon, et Cochet lui présente un projet. Un concours est organisé en juillet 1816, Cochet le remporte le 22 mai 1817 et le monument est inauguré le 28 mai 1819. « Le monument, composé de trois ordres différents, est tout à fait bizarre ; la porte est romaine, les colonnes sont grecques, et le reste de la façade est égyptien » (F. Meyfred, Tableau historique et statistique de Lyon, 1845). Le général Précy, décédé en 1820, y est inhumé le 25 septembre 1821 dans un tombeau dessiné par Cochet. Le monument sera détruit en 1903, après la construction d’une nouvelle chapelle expiatoire par l’architecte Paul Pascalon.