Dictionnaire historique des académiciens de Lyon

Préface
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La recherche est faite par sous chaîne, insensible à la casse et aux accents.

GANGOLPHE Michel (1858-1919)

par Jacques Hochmann.

 Michel Gangolphe est né à Lyon 3e, le 6 novembre 1858, dans une famille d’origine lorraine. Père : Jean Gangolphe (Basse-Ham [Moselle] 1818-Lyon 3e septembre 1887), marchand boulanger domicilié 41 rue Montesquieu : mère : Caroline Élisa Julie Jurron (Gex 1825-1903), lingère à la Guillotière lors de son mariage. Témoins : Georges Henoz, menuisier, et Jean Garlandat, sous-brigadier de l’octroi.

 Dans la suite de son frère aîné, Louis, médecin, interne des hôpitaux de Lyon (thèse à Paris : Du bruit de souffle mitral dans l’ictère, Paris : A. Delahaye, 1875), il débute ses études médicales dans ce qui est encore l’école préparatoire de médecine, érigée en faculté mixte de médecine et de pharmacie en 1877. Il est nommé aide d’anatomie en 1877, interne des hôpitaux en 1878, prosecteur en 1880. Il soutient, le 5 août 1882, sa thèse de médecine : De l’ostéotomie dans le traitement des cals vicieux (Lyon : impr. L. Duc et F. Demaison, 1882, 137 p.) sous la direction du professeur Léopold Ollier*, qui restera, avec le professeur Léon Tripier, un de ses deux maîtres. Chef de clinique du professeur Ollier en 1882-1884, il est admis en 1887 au concours de chirurgien-major de l’Hôtel-Dieu. Il exerce d’abord à l’hôpital de la Croix-Rousse dont le service de chirurgie a été inauguré en 1871, puis occupe un poste de chef de service à l’Hôtel-Dieu, de 1893 à la fin de son mandat en 1908. En 1889, il est agrégé de chirurgie auprès du professeur Berne, professeur de pathologie externe. Sa thèse d’agrégation porte sur les Kystes hydatiques des os (thèse n° 14, Paris, 1889). À partir de 1893, il est chargé du cours de médecine opératoire puis, de 1898 à 1901, du cours de propédeutique chirurgicale. N’ayant pu obtenir une chaire, il cesse ses activités universitaires en 1901 et ses activités hospitalières en 1908, pour se consacrer à la pratique privée. Parallèlement, il professe sous la forme de conférences un enseignement libre de chirurgie à l’Hôtel-Dieu, et s’investit dans la formation des infirmières à l’Hôtel-Dieu, à la Charité et à la Croix-Rouge, jetant les bases de la création par Hermann Sabran (1837-1914), président du conseil d’administration des Hospices civils de Lyon, d’une école d’infirmière à la Charité. Ses travaux portent sur l’ensemble de la chirurgie aussi bien crânienne, thoracique qu’abdominale, mais sont orientés de manière privilégiée vers la chirurgie des membres. Comme son maître Ollier, c’est avant tout un orthopédiste qui étudie et traite les fractures, les tumeurs, les affections tuberculeuses, syphilitiques, infectieuses (en lien avec Jules Courmont et Saturnin Arloing*) ou parasitaires des os et des articulations. Il est à l’origine de prothèses du maxillaire inférieur et de greffes osseuses dans la filiation d’Ollier. Observateur méthodique, se réclamant de la méthode de Claude Bernard, il fait faire de grands progrès à l’asepsie.

 Michel Gangolphe participe avec son maître Ollier à l’autopsie du président de la République, Sadi Carnot, assassiné à Lyon le 24 juin 1894, après avoir assisté avec Ollier à la vaine intervention chirurgicale d’Antonin Poncet à la préfecture du Rhône. Pendant la guerre de 1914-1918, il prend la direction de l’hôpital militaire auxiliaire 107 installé dans l’école normale de jeunes filles à la Croix-Rousse. Son « patriotisme exigeant » lié à ses origines lorraines l’avait amené, avant 1900, à créer une « association indépendante d’étudiants sages animés d’une noble aspiration d’ordre et de dévouement au pays » ; mais, dit le rapporteur de sa candidature à l’Académie, le professeur Ollier l’avait engagé à modérer son ardeur patriotique.

 Michel Gangolphe est membre de plusieurs sociétés savantes : société nationale de médecine, société nationale des sciences médicales, société d’anthropologie, société de chirurgie de Lyon dont il occupe la présidence en 1908, société internationale de chirurgie. Il a reçu, en 1894, le prix Montyon de l’Académie des sciences.

 Décédé à son domicile 16 place Bellecour, le 6 octobre 1919, Michel Gangolphe a été inhumé au cimetière de Cusset à Villeurbanne, après des funérailles célébrées le 8 octobre à l’église Saint-François.

 Alors qu’il habitait 4 cours Gambetta, il avait épousé à Lyon 3e le 4 février 1888 Marie Éléonore Émilie Félix dite Félicie Villet (Lyon 3e 3 décembre 1863-Lyon 2e 28 juillet 1935), fille de Joseph Marie Villet (Lyon 1833-Lyon 1900), maître teinturier, maire de Chaponost et conseiller général, administrateur des hospices civils de Lyon, et de Pierrette Boissonnet (Lyon 1843-Lyon 1896) dont il avait eu trois enfants : un fils Jean (1889-1955), ingénieur, et deux filles, Gabrielle (1891-1971) – épouse de Lucien Laroyenne (1876-1950), successeur de Michel Gangolphe comme chirurgien à l’Hôtel-Dieu puis chef du service de chirurgie de l’hôpital privé Saint-Luc et fils de Lucien Laroyenne (1831-1902), gynécologue, chirurgien en chef de la Charité –, et Élisabeth (1893-1958) – épouse d’André Devic (1888-1977) fils du grand neurologue de l’Hôtel-Dieu Eugène Devic (1858-1930), lui-même neurologue, médecin des hôpitaux de Lyon à l’Antiquaille et père de Michel Devic (1919-1987), professeur de neurologie au CHU de Lyon, et de Gabriel Devic (décédé le 6 février 2006 à Vienne Isère) chirurgien à Sainte Colombe (Rhône). Le neveu de Gangolphe, Michel Temporal (Lyon 13 janvier 1886-Saint-Rambert-en-Bugey 7 juillet 1944) fils d’Édouard Temporal et de Marie-Antoinette Gangolphe, étudiant en médecine dans le service de son oncle en 1906, docteur en médecine en 1912, installé à Saint-Rambert-en-Bugey, élu maire radical de cette cité en 1935, a été fusillé par les Allemands à Saint-Rambert le 7 juillet 1944, avec trois autres otages.


Académie

Candidat le 10 décembre 1907, il est élu le 2 juin 1908 au fauteuil 5, section 3 Sciences, sur rapport d’Eugène Vincent* du 16 avril 1908, il est reçu le 16 juin de la même année. Le 1er décembre 1908, il dépose son discours de réception Histoire chirurgicale du siège de Lyon en 1793 (texte non retrouvé). Communication : 25 avril 1911, Sur les pêcheurs de Quiberon ; 12 mars 1912, Un cas de syphilis osseuse préhistorique (MEM 13 1913) ; 29 avril 1913, Sur une syphilis osseuse précolombienne (observation sur un péroné recueilli à l’emplacement du cimetière d’une ancienne maladrerie des templiers au xiie siècle).

Bibliographie

Dr. Durand, « Michel Gangolphe » discours prononcé à ses funérailles, Lyon médical 10, oct. 1919, p. 477-485. – G. Despierres, « Une lignée de médecins lyonnais académiciens (1841- 1981) » MEM 36, 1982. David 2000. – Bouchet. – Daniel Burguion, Daniel Molliere, Maurice Pollosson et Michel Gangolphe, Chirurgiens-majors de l’Hôtel-Dieu de Lyon entre 1873 et 1908, thèse université Claude-Bernard (Louis-Paul Fischer dir.), s.l., sn, 2004. – A. Tétry, DBF.

Iconographie

Michel Gangolphe figure sur le tableau d’Henri Condamin, accroché à la préfecture du Rhône, représentant Carnot sur son lit de mort dans les salons de la préfecture du Rhône, intitulé : Les derniers moments du président Carnot.

Publications

Parmi ses publications on retiendra : Contribution à l’étude des localisations de la syphilis tertiaire, de l’ostéomyélite gommeuse des os longs, Paris : Masson, 1885, 45 p. – Cours de petite chirurgie professé aux hospitalières de l’Hôtel-Dieu et de l’hospice de la Charité, préface de Léon Tripier, Lyon : impr. Waltener, 1888, 136 p. – Avec J. Courmont, « Étude expérimentale des produits solubles pyrétogènes sécrétés par les tissus en voie de nécrobiose sans intervention microbienne » Congrès de chirurgie 1891, tiré à part Lyon, imp. Delaroche (s.d.). – « Sur les tumeurs blanches consécutives à des tubercules des parties molles juxta-synoviales », Archives provinciales de chirurgie, Paris, 1892. – Maladies infectieuses et parasitaires des os, Paris : Masson, 1893, 800 p. – Précis des opérations d’urgence, Paris : Doin, 1901, 448 p. – « Des interventions conservatrices dans les ostéosarcomes présumés malins du membre supérieur », Archives provinciales de chirurgie, n° 12, déc. 1904. – Trois tomes : « Articulations, muscles, tendons » (t. 3, 1908), « Arthrites tuberculeuses » (t. 8, 1908), « Maladies de l’œsophage » (t. 19, 1912), in A. Le Dentu et F. Delbet (dir.) Nouveau traité de chirurgie clinique et opératoire, Paris : Baillière.