Dictionnaire historique des académiciens de Lyon

Préface
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VARILLE Mathieu (1885-1963)

par Maryannick Lavigne-Louis.

 Mathieu René Augustin Louis Varille, naît le 31 mars 1885 67 avenue de Noailles (act. avenue Foch) Lyon 6e ; témoins : Denis Vautier, employé de commerce, et Auguste Bouget, dessinateur en soierie, grand-père maternel du nouveau-né. Ses parents sont Alexandre Varille, employé de commerce, et Marie Laure Joséphine Bouget, qui se sont mariés le 8 septembre 1883 à Lyon 6e. Mathieu a une sœur, Amédée, née en 1895. Alexandre Varille, leur père, est né le 17 août 1854 à Trept (Isère), fils de Mathieu, boulanger, et de Louise Roibin, aubergiste ; il a pour parrain son grand-père Alexandre Varille, cultivateur à Trept. Un grand-oncle Varille prénommé Gaspard, figure de la légende familiale, a été la vedette de la presse locale en 1852 : grognard de l’empereur Napoléon, il lui aurait bloqué la route en mai 1809 à l’entrée d’un campement en disant : « on ne passe pas, seriez-vous le petit caporal ». L’anecdote aurait été pérennisée par le dessinateur Nicolas-Toussaint Charlet. Gaspard s’en est prévalu et en 1852, par l’entremise du préfet de l’Isère et du sous-préfet, il a obtenu du prince-président une pension de plus de 200 francs (Journal de Vienne, 21 mars 1852). En réalité, ce n’est pas Gaspard Varille qui est représenté sur la gravure de Charlet, mais le soldat Jean-Baptiste Coluche (1780-1867) décoré par l’empereur à cette occasion.

 Alexandre Varille serait venu tenter sa chance à Lyon vers 1870 comme commissionnaire dans une pharmacie de la place Morand, où une cliente remarqua son intelligence. Elle était l’épouse de Pierre Pascal, propriétaire d’une manufacture de cartons aux Éparres (Isère) et conseiller général du canton de Bourgoin de 1877 à 1895. Grâce à elle, Alexandre Varille entre dans l’entreprise, chemine rapidement en devenant le secrétaire de Pierre Pascal. S’étant inscrit à des cours du soir, il obtient le baccalauréat et devient l’ami d’Édouard Aynard*. En 1882, la fabrique de cartons Voisin, de Jallieu, s’associe avec celle de Pierre Pascal, pour former la maison Voisin et Pascal, dont Alexandre est administrateur et fondé de pouvoir. Domicilié 9 rue Tronchet, il décède le 11 octobre 1911 dans la clinique du docteur Feuillade à Écully. Son épouse, Laure Bouget, artiste issue d’un milieu de canuts libertaires, est une femme cultivée, qui a eu une influence certaine sur son fils.

 Mathieu fait ses premières études à l’école Ozanam, récemment créée rue Vauban, où il est le condisciple de Robert Laurent-Vibert (Saint-Genix-d’Aoste [act. Saint-Genix-sur-Guiers, Savoie] 1884-Lyon 1925), qu’il retrouve ensuite au lycée Ampère, où leur jeune professeur Édouard Herriot* leur donne le goût de l’histoire lyonnaise et devient leur ami. Mais le père de Mathieu l’oriente vers des études scientifiques qu’il termine avec un diplôme d’études supérieures électrotechniques. En 1907, entré dans les cartonneries Voisin et Pascal (dont il sera en 1931 administrateur délégué, puis président directeur général en 1944), il est envoyé pendant un an dans l’usine de Fos-sur-Mer, où il découvre la Camargue, fait des recherches archéologiques et noue des contacts, notamment avec le marquis Folco de Baroncelli-Javon, membre actif du Félibrige.

 À partir de 1908, Mathieu Varille travaille dans l’usine de Jallieu. Le 30 mai de cette même année, il se marie à Lyon 2e (sous les auspices de son ami Édouard Herriot*, jeune maire de Lyon) avec Jeanne Paule Marthe Rougier (Lyon 12 août 1887-Lourmarin [Vaucluse] 6 décembre 1974), fille de Louis Antoine Rougier, médecin 26 place Bellecour, directeur de l’hôpital Saint-Charles, et de Marguerite Trillat, petite fille du professeur de droit Paul Rougier* – fils lui-même du docteur Louis Auguste Rougier* –, et tante de Jacques Rougier*. Le couple a quatre enfants : Alexandre (1909-1951), égyptologue, inspecteur des antiquités d’Égypte et membre correspondant de l’académie ; Louis (1911-1913) ; Jean (1914-2003), conseiller du commerce extérieur ; et France, née en 1920, professeur de lettres. La famille est domiciliée 1 quai de Retz (act. quai Jean-Moulin).

 En 1928, Mathieu Varille devient propriétaire du domaine de Castéusé à Lourmarin, situé à proximité du château acheté en 1920 par Robert Laurent-Vibert, restauré et devenu un lieu d’accueil pour les artistes (fondation Laurent-Vibert). Après la mort de celui-ci en 1925, Mathieu Varille en devient le principal administrateur, et y organise des expositions. Ainsi, outre ses activités industrielles, Mathieu Varille a une vie très remplie et très variée. Dès 1907, il se passionne pour l’aéronautique : il est fondateur de l’Association aérienne du sud-est, commissaire de l’aéro-club de France (il y reçoit une médaille en 1909) ; en 1908, il organise le premier meeting aérien de Lyon et la première exposition d’aviation. À la S.E.P.R., il fait pendant deux ans un cours de mécanique appliquée à l’aéronautique, ce qui lui vaut les félicitations de Raymond Poincaré. Secrétaire de l’aéro-club du Rhône en 1911, il est engagé dans ce cadre au début de la guerre de 1914 (4e groupe d’aérostation, où il est blessé), nommé sous-lieutenant en 1917, puis lieutenant, dans l’aviation d’observation.

 Après la guerre, il fait la connaissance de Marius Audin* avec lequel il va se consacrer à l’histoire et à la littérature, s’occupe de la Revue du Lyonnais avec Robert Laurent-Vibert jusqu’en 1924, et rédige des articles pour de très nombreuses revues, dont Le Salut Public, La Vie Lyonnaise, l’Album du crocodile. Plus tard, il s’intéresse à la numismatique, et participe avec Jean Tricou* à la création du Cercle lyonnais de numismatique. Il suit de près la vie des musées lyonnais : musée Saint-Pierre, musée Gadagne, musée des Hospices. En 1944, il est nommé administrateur des Hospices civils, il est également administrateur de la foire de Lyon. Il reçoit dans son appartement du quai de Retz et à Lourmarin ses nombreux amis : écrivains, artistes, professeurs et architectes. Après avoir été affaibli en 1950 par une attaque, qui le laisse à moitié paralysé, il est profondément affecté par le décès accidentel de son fils Alexandre en 1951 et se met en retrait de ses activités.

 Décédé le 31 mars 1963 dans son domicile lyonnais le jour de son 78e anniversaire, il est inhumé le 12 avril à Lourmarin.

 Il a été fait chevalier de la Légion d’honneur le 2 juillet 1932 en tant que lieutenant au centre de mobilisation d’aérostation. Il a été membre de très nombreux organismes : commission du Vieux-Lyon, commission de la bibliothèque de Lyon, société des gens de lettres, société historique, archéologique et littéraire de Lyon, académie de Vaucluse (1942), société de géographie de Lyon (1944), académie delphinale, académie des sciences, belles-lettres et arts de Savoie, académie des Pierres plantées (1945) sous le pseudonyme de Symphorien Claqueposse. Son nom a été attribué à une rue du 7e arr. en 1971.


Académie

Admis le 1er juin 1926, au fauteuil 7, section 1 Lettres, il prononce son discours de réception le 21 juin 1927 : De quelques concepts fondamentaux de l’art français moderne (MEM 1931). Il est président en 1937. Le 22 mars 1936, il prononce l’éloge funèbre d’Eugène Loison* à ses funérailles (MEM 1939). Il a fait quelques communications, dont : 14 décembre 1937, Réflexions sur un art disparu l’enluminure des manuscrits (MEM 1939) ; 16 mai 1939, Le Tibet et la peinture tibétaine ; 23 mai 1939, Rouleaux de peinture chinoise ; 29 mars 1943, Bohémiens, romanichels et gitans ; 14 mai 1946, Henri Focillon.

Bibliographie

Marcel Colly, « Mathieu Varille », CROCO, 1964.

Iconographie

Louis Rousselon* a modelé en 1946 une importante médaille à son effigie ; le revers évoque la passion de Mathieu Varille pour l’olivier.

Manuscrits

Ac.Ms390 f°81, 13 juillet 1950 : Mathieu Varille félicite Claude Roux* de sa Légion d’honneur. – Le fonds Varille (12 J) a été déposé aux archives départementales du Rhône (ADR) le 19 octobre 1964. Certains documents ont été réintégrés dans les séries anciennes et modernes, ainsi qu’aux archives départementales de l’Isère.

Publications

Mathieu Varille a énormément publié, ouvrages et articles, dans des domaines extrêmement variés.

Les Foires de Lyon avant la Révolution, rapport présenté à la Société d’économie politique et d’économie sociale de Lyon, séance du 27 février 1920, Lyon : L. Bonnaviat, 1920. – La Commanderie du Temple de Vaulx, Lyon : chez l’auteur, 1921. – Les grands jours de Lyon de 1596, Lyon : Audin, 1922. – Une Lyonnaise en Russie pendant la Révolution, Lyon : Audin, 1923. – Les journées d’avril 1834 à Lyon, Lyon : Noirclerc et Fénétrier, 1923. – Hostelleries et cabarets du vieux Lyon, Lyon : impr. du Salut Public, 1923. – Les antiquaires lyonnais de la Renaissance, Lyon : Audin, 1924. – Saints de bois en Haute-Maurienne, Lyon : Commarmond et Sallaz, 1924. – Le Mont d’Or lyonnais, illustré par Combet-Descombes*, Lyon : Masson, 1925. – Saint-Gilles du Gard, Lyon : Audin, 1926. – Sainte-Foy de Conques, Lyon : Audin, 1927. – De quelques concepts fondamentaux de l’art français moderne, Lyon : Rey, 1927. – La cuisine lyonnaise, Lyon : Masson, 1928. – La vie facétieuse de M. de Los Rios, libraire lyonnais, Lyon : Audin, 1928. – Les amours de Louise Labé : la Belle Cordière, Lyon : Masson, 1929. – L’Abbaye de Saint-Chef en Dauphiné, Lyon : Masson, 1929. – Les santons de soleil dans les crèches d’hiver, illustrations de Jean Chièze, Lyon : Audin, 1929. – Les fontaines de Provence, illustrations de Jean Chièze, Lourmarin : Audin, 1930. – Cigognes d’Estrémadure, Lyon : Masson, 1930. – Les manuscrits à peintures de la Bibliothèque vaticane, Lyon : Masson, 1932. – La Fatale aventure de l’oncle Crispoul, illustrations de Jean Chièze, Uzès : Cigale, 1931. – L’Art religieux en Haute-Maurienne, Lyon : Audin, 1934. – Sous le signe de l’astrolabe et du sextant, histoires de voyages, Lyon : Masson, 1934. – Arnulfe le faon, illustré par Jean Chièze, Lyon : Masson, 1935. – La Mustardographie, en collaboration avec Marius Audin, Lyon : Aux Deux-Collines, 1935. – Balthazar de Monconys, astrologue, alchimiste et voyageur, Lyon : Masson, 1935. – Voyages aux pays des monastères byzantins, Lyon : Masson, 1935. – Traité du mensonge, Lyon : Audin, 1937. – Les idées de Ballanche sur l’imprimerie et la librairie, Lyon : Audin, 1938. – Les manuscrits à peintures, Paris : Rapilly et fils, 1938. – « Éloge de l’olivier », préface en musique d’Ennemond Trillat*, frontispice de Raphaël Drouart, photographies de Blanc et Demilly, Lourmarin : les Terrasses de Lourmarin, 1939. – La Gastronomie aux enfers, Lyon : Audin, 1939. – Hermann Paul, peintre-graveur, 1864-1940, Lyon : BGL, 1941. – « Bohémiens, romanichels, gitans, un problème ethnique dont la solution n’est pas prochaine », CROCO, 1943. – Bonheur des jardins, illustré par Philippe Burnot, Lyon : Audin, 1944. – « Quelques fantaisistes de notre temps » (sous le nom de Symphorien Claqueposse), CROCO, 1945. – Les peintres primitifs de Provence, Paris : Rapilly, 1946. – La Nef du parfait vinaigrier, en collaboration avec Marius Audin, illustré par Jean Chièze, Lyon : Aux Deux-Collines, 1951. – « Les chartes de mariage des hospices civils de Lyon », Bull. de la société Le Vieux Papier, 1951. – Les Hospices civils de Lyon (542-1952), Lyon : Audin, 1953. – Trois de Camargue : Jóusè d’Arbaud, Folco de Baroncelli-Javon, Hermann Paul, Lyon : Audin, 1954. – Chapelles votives dans la campagne provençale, illustrations de Joanny Drevet, Lourmarin : 1955. – Lourmarin De Provence, Capitale Du Luberon, Lyon : Audin, 1957.