Thomas Joseph Armand, dit Armand-Calliat, est né aux Abrets (Isère) le 24 octobre 1822, fils de Jean Joseph Armand, garde-champêtre de cette commune, et de Claudine Monin. Alors qu’il habite 6 rue Sala, il épouse à Lyon le 16 août 1853 Jeanne Calliat, déjà qualifiée d’orfèvre, née à Lyon le 21 mai 1827, deuxième fille de François Calliat – orfèvre 18 montée du Gourguillon, décédé le 12 janvier 1851, et dont elle a hérité –, et de Marie Olympe Favier. L’année suivante, il fait prendre à l’affaire familiale un tournant décisif en abandonnant la grosserie pour se consacrer uniquement à l’art sacré. En 1854, en qualité de « fabricant d’orfèvrerie d’église », il fait insculper son poinçon (A C S, une abeille). Autodidacte très marqué par le mouvement archéologique, il a tout à apprendre techniquement. À peine dix ans suffisent pour faire de lui un orfèvre confirmé, rivalisant avec Poussielgue-Rusand comme fournisseur attitré de l’épiscopat. Il expose dès 1862 à l’Exposition universelle de Londres (médaille d’excellence), à celle de Porto en 1865 (médaille d’honneur), puis à celles de Paris, en 1867, 1878 (première médaille d’or), 1889 et 1900. À l’exposition romaine relative à l’art chrétien et au culte catholique (1870), il reçoit le grand prix. Trois périodes rythment la longue carrière de l’orfèvre ; il passe du néo-gothique sans beaucoup d’originalité à une période symbolique, vers 1860, fortement marquée par la rencontre avec Pierre Bossan ; puis, après la disparition de l’architecte de Fourvière, il s’affirme pleinement en s’ouvrant à l’Art nouveau, tout en utilisant l’héritage du Maître jusqu’à sa mort en 1901. « Il approche plus qu’aucun autre, écrit Falize, de ce style nouveau qu’on réclame et qu’on aurait hésité cependant, à chercher à l’église ». Armand-Calliat ne se cantonne pas seulement à l’orfèvrerie. Notoriété lyonnaise, il se meut dans un univers artistique très concerné par l’art de l’autel, qui joue alors un rôle important dans la vie économique et artistique de la cité. Il fréquente à l’Académie de Lyon des historiens, des soyeux et des architectes. Son rayonnement est européen et même mondial. Il exécute des objets prestigieux pour les grands sanctuaires : Rome, Lourdes, La Salette, Ars, Montmartre, Paray-le-Monial, Lorette, Berchem-les-Anvers ; il fournit les collèges jésuites et dominicains, les monastères bénédictins, de France, de Belgique, d’Angleterre et du Proche-Orient, et il confectionne les chapelles épiscopales d’un grand nombre d’évêques.
Armand-Calliat découvre le symbolisme grâce à Pierre Bossan. Les deux artistes comprennent qu’entre la « ronde-bosse énorme et baveuse des calices et des ostensoirs, dérivés du style abaissé des xviie et xviiie siècles » et les reproductions serviles de l’art gothique, il y a place pour « un art traditionnel, mais rajeuni, expressif, personnel, substituant aux objets d’un éclat grossier [...] des œuvres parlant un plus haut langage au sentiment religieux ». Porté par cette recherche symbolique, l’orfèvre conçoit chacune de ses œuvres comme un poème conjuguant l’Art et la Foi. L’œuvre ainsi conçue « n’est pas gratuite, elle est ornée de figures, de couleurs, qui font d’elle la représentation d’un drame correspondant à sa destination ». Cette unité autour d’un thème est renforcée par des versets de l’Écriture sainte qui explicitent le message symbolique. L’emploi des gemmes et des émaux, le langage des fleurs sont aussi caractéristiques. Ce symbolisme donne à sa production une grande force spirituelle et lui permet d’exprimer tout le mystère de la rencontre avec Dieu.
Il est mort à Lyon 5e, à son domicile montée du Gourguillon le 29 novembre 1901 ; l’acte a été reçu par Marietton. Après une cérémonie religieuse à Saint-Just, il est inhumé à Sainte-Foy-lès-Lyon.
Nommé chevalier de la Légion d’honneur (1869), il est élevé au grade d’officier en 1895 (LH/50/59), insignes remis par Édouard Aynard*. Officier de l’Instruction publique, il était aussi titulaire de décorations étrangères : chevalier du Christ du Portugal (1865), chevalier de l’ordre de Saint-Charles, chevalier (1870) puis commandeur de l’ordre de Saint-Grégoire-le-Grand (1877). Il a présidé le conseil d’administration de l’école nationale des beaux-arts de Lyon. À sa mort, son fils, Marie Joseph Jean Camille (1862-1938), lui-même « orfèvre et fabricant d’orfèvrerie d’église », lui succède à la tête de l’entreprise familiale, à laquelle il était associé depuis 1892 ; il cède ses ateliers en 1924 à l’architecte et orfèvre Amédée Cateland (1876-1938).
Élu le 7 juin 1887 sur un rapport de Louis Antoine Maurice Bresson* et Stanislas Alexandre Neyrat*, il succède à Joseph Hugues Fabisch au fauteuil 1, section 4 Lettres. Il prononce, sous le titre : « L’orfèvrerie », son discours de réception le 19 juin 1888 (MEM 1889). Président en 1899, émérite en 1901.
Henri Beaune, « Discours de Funérailles.Panégyrique de M. Armand-Calliat », MEM 1901, p. 351-361. – André Falize, « L’Orfèvrerie à l’Exposition », Gazette Beaux-Arts, Paris, 1901, p. 65. – Lucien Bégule, « Un Orfèvre, Thomas-Joseph Armand-Calliat », MEM 1903, p. 377. – Bernard Berthod, Bossan et Armand-Calliat, Lyon : Musée des Beaux-arts, 1986 (p. 23-34). – Étienne Grafe, Les Peintres de l’Âme, Lyon : Musée des Beaux-Arts, 1980 (p. 94). – B. Berthod et Élisabeth Hardouin-Fugier, « Armand-Calliat », Dict. Arts Liturg. xixe et xxe siècles, Paris : L’Amateur, 1996, p. 80-83. – B. Berthod, « L’iconographie religieuse », L’orfèvrerie de Lyon et de Trévoux du xve au xixe siècle, Paris : Éd. du Patrimoine, 2000, p. 193-199.
L’orfèvrerie religieuse lyonnaise à l’Exposition universelle de 1862, Lyon : Perrin. − L’orfèvrerie religieuse lyonnaise à l’Exposition universelle de 1867, Lyon : Perrin. − L’orfèvrerie religieuse lyonnaise à l’Exposition universelle de 1878, Lyon : Perrin-Méridet, 1978. − L’orfèvrerie religieuse lyonnaise à l’Exposition universelle de 1889, Lyon : Pitrat ainé, 1989. − « L’orfèvrerie religieuse à l’Exposition », Rapport de l’Exposition universelle de 1900, Paris : impr. nat., 1903. – Discours prononcé à la distribution des prix de l’école nationale des beaux-arts et des écoles municipales de dessin le 21 juillet 1998, Lyon.
Œuvres majeures : 32 anneaux pastoraux dont ceux de Dreux-Brézé, Gouthe-Soulard, Marnas, Mermillod, Theuret. 15 autels, dont ceux de Saint-Henri de Berne, Berchem-les-Anvers, Lourdes, Le Creusot, Notre-Dame de Bourg-en-Bresse, Montmartre, la Garde d’Honneur de Bourg. Une cinquantaine de bougeoirs, dont ceux de Theuret, Gouthe-Soulard, Geay, Dreux-Brézé. Une centaine de burettes, dont celles du cardinal de Hohenlohe, du patriarche de Lisbonne, de Pie IX, Mgr Plantier, Theuret, Terris, Gouthe-Soulard, Notre-Dame de Genève et de Fourvière. 130 calices dont Lyon, religieuses de Sainte-Ursule, religieuses du Sacré-Cœur, Sacré-Cœur des Chartreux, Saint-Nizier, Fourvière, Pères maristes, cardinal Caverot, famille Isaac, Ainay, Saint-François-de-Sales ; Solesmes, calice de Saint-Pierre, de Dom Delatte, de Dom Cagin ; Berchem-les-Anvers ; Fréjus, Terris ; Paris, Jésuites, sainte Clotilde ; l’archevêque d’Olmutz ; Saint-Pierre à Hyères ; La Salette ; Moulins, cathédrale ; Aix, Gouthe-Soulard ; Monaco, Theuret ; Angers, Rumeau ; Valence ; New-York, le Corpus-Christi ; Londres, cardinal Manning ; Visitation de Liège ; Rome, Pie IX, celui offert par Saint-Joseph de Chambéry, cathédrale de Saint-Jean de Maurienne ; Lorette ; Nantes. Plus de 50 chapelles épiscopales, dont celles de Mgr Lelong, Terris, Theuret, Gouthe-Soulard, Belmont, Porthmouth, Solesmes, Rumeau. Une centaine de ciboires, dont ceux de Paris, Saint-Vincent de Paul ; Lyon, sainte-Ursule, Pères maristes, Fourvière, Sacré-Cœur ; Londres, cardinal Manning ; Pau, Adoration réparatrice ; cathédrale du Puy ; les dominicains de Marseille ; Notre-Dame de Genève ; Visitation de Liège. De nombreuses couronnes de Notre-Dame dont celles de Carthage, Vassivière, Fourvière, Mende, Moulins, Prague, Notre-Dame de Pitié à Poitiers, Saint-Germain-des-Fossés, Lourdes. Une tren-taine de croix pectorales dont celles de Léon XIII, offertes par Charles III de Monaco, Mgr Lelong, Terris, Cotton, cardinal Lécot, Gouthe-Soulard, cardinal Foulon, Chausse, Dubourg, Delannoy, Schoepfer, Rumeau ; des pères abbés Dom Delatte, Dom Gréa, de Lérins, de Frigolet, celles des chapitres de Lyon, Autun, Dijon, Séez, Nîmes. Une centaine de croix processionnelles dont celles du Concile offerte par le marquis O’Bute, de Gouthe-Soulard, de Léon XIII, du cardinal Foulon, de Mgr Ginoulliac, de Moulins. Une cinquantaine de crosses dont celles de Mgr Balaïn, de l’archevêque de New-York, de l’évêque de Beverley (Angleterre), du cardinal Mermillod, de Mgr de Ségur, Terris, Theuret, Gonindard, des cardinaux Perraud, de Cabrières, Pitra, de Mgr Cotton, Callot, Dreux-Brézé, Belmont, Geay, Guérard, Dubourg, Schoepfer ; de l’abbé de Solesmes, Dom Delatte, de l’abbesse de Pradines. Près de deux cents ostensoirs dont à Lyon, ceux de l’Immaculée-Conception, Saint-François-de-Sales, Hospice de la Charité, Saint-Bonaventure, Dames du Sacré-Cœur, Saint-Paul, Ainay, Fourvière ; à Paris, Jésuites de la rue de Madrid, Sainte-Clotilde, Saint-Philippe-du Roule ; Auray, Collonges, Bagnères-de-Bigorre, Notre-Dame de la Garde de Marseille, cathédrale de Luxembourg, cathédrale d’York, Suez, le Bon Pasteur de Santiago du Chili, basilique de Berchem-les-Anvers, Jésuites de Jersey, Visitation de Liège, cathédrale de Saint-Jean-de-Maurienne, Notre-Dame de Lourdes, Saint-Genis-Laval, Toul, basilique de Lisieux. Plus de trois cents reliquaires dont la sainte Épine de Bourbon-l’Archambeau, saint François de Sales pour Pie IX, saint Bernard à Fontaine-les-Dijon, la sainte Épine à Saint-Étienne, le Rocher de Lourdes pour Léon XIII, sainte Roseline de Villeneuve aux Arcs, Sainte Face à la cathédrale de Laon, saint Bernard de Menthon à Menthon, des cheveux du comte de Chambord à Solesmes, saint Philibert à Tournus, saint Mors à Carpentras, la Vraie Croix à Bourbon-l’Archambeau, saint Louis à la famille de Vaulchier, saint Louis à Carthage, saint Phoebade à la cathédrale d’Agen, sainte Césarie à Villeneuve-lès-Avignon, le bras de saint Blaise à Paray-le-Monial, sainte Anne et saint Vincent à Carcassonne, saint Martin, les Rois Mages, les saints Innocents, chef de saint Benoît à Solesmes, saint Oyen à la cathédrale de Saint-Claude, saint Pierre Chanel pour les Maristes de Lyon, sainte Madeleine pour Léon XIII, saint François Régis à La Louvesc, sainte Foy à Sainte-Foy-lès-Lyon, la Vraie Croix à Poligny, saint Thomas Becket à Stanbrook, saint Anthelme à la cathédrale de Belley, sainte Marthe à Tarascon, le bras de sainte Anne à la cathédrale d’Apt, la Vraie Croix à York, saint Bertin à Wisques. Ainsi que de nombreux autres objets dont les reliures des Bulles Ineffabilis pour la Bibliothèque apostolique, la truelle et le marteau de Léon XIII pour l’année jubilaire 1900, le sceptre de Pie IX, le coffret de l’Alliance catholique pour le Saint-Sépulcre de Jérusalem, le rosaire de Léon XIII, la statue de Notre-Dame de Verdelais.
On trouvera une liste des œuvres d’Armand-Calliat dans Audin et Vial et à la fin du discours d’Henri Beaune* lors de ses funérailles.