Pierre Charles Garin est né le 26 décembre 1883, 97 quai Jayr Lyon 5e, fils d’Étienne Garin, négociant, et de Marie Magloire Bonnadier ; témoins : André Vapériere, négociant, et Jean Marie Chartier, chapelier. Externe des hôpitaux de Lyon en 1904, il est reçu interne en 1906. Licencié ès sciences la même année, il soutient le 20 juillet 1911, à la faculté de médecine de Lyon, sa thèse : L’entérite trichocéphalienne (Lyon et Paris : Maloine, 1911, 127 p.), sous la direction de Jules Guiart*. En 1913, il soutient à la faculté des sciences de Lyon une thèse de sciences naturelles : Recherches physiologiques sur la fixation et le mode de nutrition de quelques nématodes parasites du tube digestif de l’homme et des animaux (Paris : Baillière, 1913). Chef de travaux pratiques de parasitologie, il est nommé agrégé en 1913.
Mobilisé comme médecin sous-lieutenant dans un régiment d’artillerie en Alsace en 1914, il se porte volontaire en 1915 pour une mission en Serbie où sévit une épidémie de typhus. D’octobre 1915 à février 1917, il est affecté à un hôpital de contagieux de l’armée d’Orient. Atteint d’un paludisme grave, il est rapatrié en 1917. Il dirige ensuite deux hôpitaux de paludéens à Die et à Modane. Il est alors victime d’un grave accident de la route, où il risque de perdre la vie et qui lui laissera des séquelles abdominales. Il remarque, à cette époque, l’action préventive de la quinine et de l’arsenic contre la grippe qui, à l’occasion de l’épidémie de 1917, n’atteint pas les paludéens.
Après la guerre, il retrouve son poste d’agrégé, puis est nommé en 1920 médecin des hôpitaux de Lyon. Il dirige un service de gastro-entérologie, d’abord à l’hôpital du Perron (aujourd’hui centre hospitalier Lyon-Sud), puis à l’hôpital de l’Antiquaille, à l’Hôtel-Dieu, enfin au pavillon H de l’hôpital Édouard-Herriot. Dès les années 1920-1930, il dote son service hospitalier de moyens modernes d’exploration : tubage gastroduodénal, examens microscopiques et chimiques des selles, endoscopie (il est pionnier de la gastro-photographie), radioscopie et radiographie. Il poursuit parallèlement une activité libérale 47 cours Morand à Lyon 6e et habite Charbonnières. En juin 1940, responsable des salles militaires de l’Hôpital Édouard Herriot, il refuse de serrer la main à l’officier allemand venu le rencontrer. En 1941, il succède à Jules Guiart* comme titulaire de la chaire de parasitologie et de pathologie exotique. Ses travaux portent sur les maladies parasitaires : helminthiase, ankylostomose duodénale des mineurs de Saint-Étienne, paludisme, amibiase, lambliase, spirochétoses, distomatose. En 1922, avec son interne Antoine Bujadoux (1892-1946), il observe chez un éleveur de moutons de Bessenay un cas de « paralysie par piqûre de tique » réalisant le tableau appelé aujourd’hui neuroborréliose : un des aspects de la maladie de Lyme redécouvert aux États-Unis vers 1975 ! Il confirme le rôle de la tique et soupçonne la nature infectieuse de la maladie, « sans doute un spirochète ». En hommage à cette découverte majeure, une des trois souches génomiques de Borrelia est appelée B. garinii depuis 1992.
Membre de nombreuses sociétés savantes : (société nationale de médecine et des sciences médicales, société médicale des hôpitaux de Lyon, société médicale des hôpitaux de Paris, société de biologie, société zoologique de France, association internationale des médecins de langue française), Ch.Garin est membre du comité de rédaction du Lyon médical. Il a été conseiller municipal de Lyon (1929-1935) et membre du conseil d’administration des hospices civils de Lyon. En 1940, il s’engage comme militaire dans son hôpital. Son élève Jean Coudert (né le 6 avril 1912 à Saïgon), parasitologue et dermatologue, lui succédera. Après sa retraite, Charles Garin passe une partie de l’année à Cassis, où il possède un appartement.
Il se marie le 3 octobre 1917 à Pierreclos (Saône-et-Loire), avec Reine Pierrette Germaine Darnat (Lyon 6e 23 avril 1894-Charbonnières 7 juin 1973), fille de Lucien Darnat, négociant en draps, et de Rose Poullet. Il a quatre enfants : Élisabeth Georgette, dite Babet (Lyon 4e 21 décembre 1918-Albigny-sur-Saône 23 août 2012) qui épouse le Dr Jacques Rougier* (Lyon 27 février 1920- Dardilly 14 septembre 2005) ; Jean-Paul (Lyon 7e 18 novembre 1922-Lyon 6e 4 octobre 2014) ; Georgette Marie (Lyon 7e 12 avril 1924-Lyon 6e 19 février 2016) ; René Marie Claude (Lyon 6e 14 janvier 1931- Le Vésinet 23 décembre 1981). Jean-Paul Garin, chef du service des maladies infectieuses à l’hôpital de la Croix-Rousse à Lyon et professeur à la faculté de médecine, titulaire de la médaille de la résistance, a écrit La vie dure (Lyon : Audin, 1946), ouvrage préfacé par Jean Rousset*, où il relate son expérience de déporté à Buchenwald, après avoir été arrêté à Perpignan alors qu’il tentait de passer clandestinement avec un ami en Espagne pour rejoindre les armées alliées ; il est inhumé à Chamaret (Drôme).
Charles est mort le 28 juillet 1971 à Charbonnières-les-Bains ; il est inhumé à Saint-Didier.
Croix de guerre 1914-1918, officier de la Légion d’honneur à titre militaire, officier de l’Instruction publique, commandeur de l’ordre royal de Saint-Sava (Yougoslavie), officier de l’ordre du Lion blanc (Tchécoslovaquie), commandeur de l’ordre du Ouissam alaouite (Maroc), officier de l’ordre Nichan Iftikar (Tunisie).
Élu le 4 décembre 1945 au fauteuil 6, section 2 Sciences, il préside l’Académie en 1957 et, dans son discours de prise de fonction, s’excuse par avance de « ses migrations saisonnières » qui le contraindront à déléguer ses pouvoirs au vice-président pendant l’hiver (texte manuscrit, dossier acad.). Il fait plusieurs communications : La fièvre Q (24 juin 1955), L’agammaglobulinémie (24 avril 1956) ; L’importance des antibiotiques (5 juin 1956) ; Le botulisme (13 novembre 1956) ; Éloge du marquis de Poncins (30 avril 1957) ; Les greffes d’organe (MEM 27, 1971) ; Les œufs de dinosaure de la Sainte-Victoire (Ibidem) ; La greffe de rein chez l’homme (Ibidem).
M. Guilleminet*, P. Bertoye*, P. Bernay, B. Alix, « Éloges funèbres prononcés à la séance de l’Académie du 19 octobre 1971 », Lyon méd., 12 décembre 1971. – J. Coudert, « Éloge de Charles Garin », Bull. Soc. Pathol. Exot. 65, 1972, p. 187-188. – M. Boucher, J.-P. Garin, « Évolution des idées sur la connaissance de la maladie de Lyme. Rôle de l’école lyonnaise, maladie de Garin-Bujadoux », Conférence de l’Institut d’histoire de la médecine de Lyon, cycle 1988-1989, Lyon : Fondation Marcel Mérieux, 1989, p. 153-176. – David 2000. – J. Freney, L. Pages, A. Doléans-Jordheim, « L’histoire de quatre précurseurs européens de la maladie de Lyme », Feuillets de Biologie 326, 2015, p. 57-63.
Outre ses deux thèses de médecine et de sciences, Charles Garin a publié de nombreux travaux de parasitologie sur les pathologies coloniales (déjà 49 cités dans sa thèse médicale !). On retiendra : Avec A. Bujadoux, « Paralysie par les tiques », J. Med. Lyon 3, 1922, p. 765-767, puis «Un cas de tick paralysis », Lyon Med. 122, 1923, p. 160-162. – Avec J. Guiart* et M. Léger, Précis de médecine coloniale, maladies des pays chauds, Paris : Baillière, 1929. – L’ankylostomose, Paris : Masson, 1932. – Participation à M. Milhaud et R. Van der Elst, Traité de climatologie biologique et médicale, Paris : Masson, 1934.