Troisième enfant d’une fratrie de six, Hugues Marie Jean Morel naît à Lyon 2e place Grolier, le 5 avril 1907, de l’union d’Henry Morel (puis Morel-Journel*, jugement du 12 octobre 1912 ; né Morel, Hugues deviendra donc Morel-Journel 5 ans plus tard), et de Thérèse Gindre. Présents : Jean Journel, 50 ans, agriculteur, 31 rue Victor-Hugo, et Ennemond Morel, marchand de soies.
Après des études secondaires à l’école Ozanam et au lycée Ampère à Lyon, il passe une année en Angleterre où il obtient le diplôme d’études politiques et économiques de l’université d’Oxford. Afin de compléter sa préparation au commerce de la soie, sur les conseils de son père, il part ensuite aux États-Unis puis en Extrême-Orient, où il séjournera dix-huit mois. À son retour, il entre dans l’entreprise familiale Morel-Journel et Cie d’importation de soie. Il se marie à Lyon 6e le 6 juillet 1931 à Jacqueline Marie Alix, dite Alyette, de La Garde de Saignes (1912-2001) dont il aura neuf enfants.
Alors qu’il a déjà cinq enfants, il est mobilisé le 2 septembre 1939. Il rejoint, comme lieutenant d’artillerie, le 258e régiment d’artillerie. Fin mai 1940, le régiment doit se replier sur la Marne, puis sur la Seine et la Loire. Le 17 juin, il arrive aux abords de Gien, où, après des jours de marche forcée sous les bombardements, et malgré l’épuisement de ses hommes, il décide d’organiser un barrage pour résister à l’avancée allemande. Il tiendra plus de quatre heures. Deux hommes sont tués à ses côtés et il est fait prisonnier. Sept semaines plus tard, il parvient à s’évader, gagne Paris, puis franchit la ligne de démarcation avec de faux papiers et rejoint Lyon. Sa conduite pendant la bataille lui vaut une citation à l’ordre du corps d’armée et la croix de guerre. En 1959, il sera fait chevalier de la Légion d’honneur à titre militaire. Il a laissé dans les archives familiales, un document dactylographié de cent quatre-vingts pages qui relate ses souvenirs de guerre.
Démobilisé, il retrouve sa place dans l’entreprise familiale. Il seconde de plus en plus son père à la direction de l’entreprise dont il prend officiellement la tête en 1952. Il préside à ses destinées jusqu’en 1973 quand il transmettra le flambeau à son fils Bernard. Il a été président de la Société lyonnaise de textiles et de l’Union des marchands de soie de Lyon en 1946. Il préside également pendant treize ans (1957-1970) l’Association internationale de la Soie.
Il consacre beaucoup de temps à la Société d’économie politique de Lyon qu’il préside de 1948 à 1950, suivant ainsi l’exemple de son père Henry* et de son grand-père Ennemond Morel*. Élu à la Chambre de commerce en 1952, il en devient président en 1960 (vingt-trois ans après son père), et exercera ce mandat jusqu’en 1963. C’est sous sa présidence que la Chambre de commerce aménage la zone industrielle de Vénissieux-Corbas-Saint-Priest. Il joua également, à la tête de la Chambre, un rôle essentiel dans l’extension du musée des Tissus. Hugues Morel-Journel mit ses compétences au service de nombreux organismes économiques, sociaux et culturels de Lyon. Il a été président-fondateur de la Caisse interprofessionnelle du logement de l’agglomération lyonnaise, président du Rotary-Club de Lyon en 1954-1955, conseiller de la Banque de France, président du Comité régional du tourisme, vice-président de la Caisse d’épargne de Lyon et administrateur de la Société d’enseignement professionnel du Rhône. Il a présidé la Société de géographie de Lyon et la section lyonnaise de l’Association France-Grande-Bretagne.
L’ensemble de son œuvre lui valut d’être fait officier de l’Ordre national du Mérite et officier de l’Empire Britannique.
Il décède le 31 janvier 1997 à son domicile à Écully après une longue maladie.
Présenté par un rapport de Roger Gros*, il est élu le 7 juin 1966 au fauteuil 2, section 3 Lettres. Il consacre son discours de réception à La Soie, facteur de civilisation. Trésorier de 1970 à 1978, il réussit à réorganiser les finances et, grâce à des placements judicieux à redresser la situation qui était chancelante. Trente-quatre ans après son père et cinquante ans après son grand-père, Hugues Morel-Journel est élu président de l’Académie en 1980. Son bilan est important comme le prouvent ses nombreux rapports, interventions et communications : La prodigieuse réussite de la famille Mitsui (le 25 mars 1969 : MEM 1971, p. 105-113, et MEM 1975) ; Le Japon (MEM 1971) ; Voyage d’une famille française dans les Alpes en 1824 (MEM 1975) ; Irrationnelle et généreuse Irlande (MEM 1975) ; Où en est la soierie lyonnaise (MEM 1978) ; Éloge funèbre de Roger Gros, 1893-1979 (MEM 1980) ; L’Histoire de l’Académie (MEM 1981) ; La Chine aux prises avec les nations étrangères aux xixe et xxe siècles (MEM 1982) ; Discours de président 1980 (MEM 1982) ; Éloge funèbre d’Armand Tapernoux (MEM 1985) ; Éloge funèbre de Robert de Michaux de la Faye (MEM 1985).
B. Angleraud et C. Pellissier, Les dynasties lyonnaises : des Morin-Pons aux Mérieux, du xixe siècle à nos jours, Perrin, 2003.
P. Ailleret, Conférences de la Société d’Économie politique de Lyon, In Renaissance économique de l’Europe après la guerre, Lyon : imp. Bonnaviat, 1967, 204 p. – Préface de l’Introduction à l’élevage du ver à soie par Takio Takami, éd. Tokyo Lyon, Japan Silk Association-Association internationale de la Soie, 1968.