Antoine Marie est né à Lyon, paroisse Saint-Vincent, le 4 mars 1787, de Joseph Chenavard, maître et marchand teinturier en soie, et de Suzanne Pétrin, son épouse en secondes noces. Parrain : Antoine Enay, négociant ; marraine Marie-Anne Ducret épouse Legris. Il est très probablement le frère de Paul Claude Aimé Chenavard, peintre, graveur et ornemaniste, né dans la proche région lyonnaise en 1797, décédé le 16 juin 1838 à Paris 2 rue de Harlay (île de la Cité) et inhumé au cimetière du Père-Lachaise (49e div. 1re section) ; dans la déclaration de succession, source Geneanet, DQ8, il est qualifié par erreur d’architecte, confusion avec la profession de son frère, son unique héritier domicilié à la même adresse. Mais il n’a, semble-t-il, aucun lien de cousinage avec le célèbre peintre Paul Marc Joseph Chenavard (Lyon 9 décembre 1807-Paris 7e 12 avril 1895). Le père d’Antoine, Joseph (fils d’Etienne Chenavard et de Catherine Bron), est né à Chavanoz (Isère), le 28 octobre 1738. En novembre 1770, il est reçu maitre dans la communauté des maîtres et marchands teinturiers de Lyon (AML, fonds privé Joseph Chenavard). Veuf d’Antoinette Champagnat (qui lui a donné un fils, Jean-Pierre, né en 1774), il se remarie le 31 janvier 1786 à Saint-Georges avec Suzanne Élizabeth Pétrin, « mineure » (lieux et dates de naissances inconnus), fille de Jacques Pétrin, dessinateur pour la Fabrique, demeurant rue Basseville, et de Françoise Lacolonge. Joseph Chenavard décède à Lyon, 35 rue Saint-Marcel, le 3 novembre 1807.
Orphelin à 20 ans, chétif dans sa jeunesse, après une instruction modeste, Antoine Marie commence des études d’architecture à Lyon chez Claude-Pierre Durand, et il les poursuit pendant une douzaine d’années à Paris sous la direction du lyonnais Barthélemy Vignon et à l’école des beaux-arts. Il obtient un premier prix d’émulation en 1814 pour un projet de boudoir. Ses vastes connaissances littéraires et artistiques sont dues à des études personnelles tardives et à un voyage en Italie en 1816-1818. Il séjourne à Rome, où il se lie avec Ingres qui fait de lui un très beau portrait, et il parcourt la Campanie et la Sicile.
Il épouse le 28 juin 1820, à Mâcon, Anne Turin (Chalon-sur-Saône 13 février 1797-Lyon 2e 24 mars 1890) fille de Barthélemy Turin (Mâcon 1757-Paris 1809) et de Jeanne Marie Potier, qui lui donne un fils Jean-Jules le 25 mars 1822, mort à 3 ans et demi le 16 novembre 1825 ; et deux filles, Jeanne Marie dite Corinne (2 mai 1821-1846), et Junie Stéphanie (28 août 1827-1854). Junie, dont la naissance a été déclarée en présence de Jean Pierre Chenavard, teinturier, demi-frère d’Antoine, et de Louis Dupasquier* son élève en architecture, épousera l’architecte Antonin Louvier (1818-1892), filleul de Chenavard et considéré comme tenant la place de son fils perdu.
Connu à Lyon par quelques projets pour la ville, Chenavard est nommé en 1819 architecte du département du Rhône et du diocèse de Lyon, en 1820 architecte-voyer de La Guillotière et de la Croix-Rousse, en 1823 professeur d’architecture à l’école des beaux-arts ; il restera dans ces fonctions plus de trente ans. Membre du conseil des bâtiments civils du département, du conseil d’administration des musées, de la commission consultative des beaux-arts. Cofondateur en 1830 de la Société académique d’architecture de Lyon, il en sera souvent président. Correspondant de la Société éduenne, de l’Institut (15 décembre 1855), de la Société des architectes du Nord, de la commission pour la conservation des antiquités, de l’Institut royal des architectes britanniques.
En 1819, il habite rue du Bât d’Argent, en 1821 5 place Croix Paquet, en 1825 5 place de la Platière, en 1838 28 rue de l’Annonciade, de 1849 à 1876 4 rue des Remparts d’Ainay, plus tard au n° 16 jusqu’en 1893. À cinquante-sept ans, il effectue du 1er septembre 1843 au 22 février 1844 un long et enrichissant voyage en Grèce, Turquie et Égypte, en compagnie du peintre Étienne Rey* et de l’architecte Jean-Michel Dalgabio. Par testament du 17 février 1882, accepté en 1884, il lègue à la bibliothèque du palais des arts, ses dessins du voyage en Grèce et au Levant, et des antiquités et théâtres.
Il est chevalier de l’Ordre du Sauveur de Grèce (30 novembre 1861) et de la Légion d’honneur (14 août 1862, LH/515/73). A. Steyert a parfaitement présenté l’homme : « artiste remarquable, dessinateur habile, écrivain correct, lettré instruit, archéologue savant, […] cœur généreux, esprit délicat, âme noble. »
Mort à Lyon le 29 décembre 1883, il est enterré dans l’enclos familial Chenavard (dont il est en grande partie l’auteur) au cimetière de Loyasse (Hours, 79).
Par lettre du 1er août 1830, Chenavard sollicite une place à l’Académie, et lui offre deux dessins de décors pour la scène du Grand théâtre de Lyon. Sur la proposition de Legendre-Héral*, appuyée par Cochet*, Artaud* et d’autres, il est inscrit sur la liste des candidats le 3 décembre 1830, et il est élu dans la classe des sciences le 14. Il se montre aussitôt très assidu, transmet le 31 mai 1831 son discours de réception : Sur le goût dans les arts (Ac.Ms292 f°151-161, et publié à Lyon : Babeuf 1831), et le lit en séance publique le 14 juillet 1831. Le 7 février 1832, il donne un Rapport sur la tour élevée à Fourvière par M. Gouhenaut. Président en 1834, il présente quelques observations sur la restauration des édifices, et un projet de chapelle pour la cathédrale de Lyon. Les 11 et 18 août 1835, il lit le Rapport sur le concours de l’académie de 1835, pour l’amélioration du service des chemins de fer. Membre émérite en 1854. Le 3 août 1858 il présente les titres du peintre Genod* et du sculpteur G. Bonnet* qui sont déclarés candidats.
Dumas. – Charvet, 1899, p. 76-81, avec portrait gravé de Danguin 1878. – Audin et Vial. – DBF, notice par J. S. de Sacy. – Jules Roidot, « Étude sur les œuvres et les travaux de M. Chenavard, architecte lyonnais », notice lue à la Société éduenne, RLY 24, 1862, p. 396-406 et 424-437. – Paul Rougier*, Discours prononcé aux funérailles de Marie Antoine Chenavard, le 2 janvier 1884, MEM 22, 1885, p. 287-290. – A. Steyert, « Antoine Chenavard, architecte », RLY 6, 1884, p. 69-77, liste des œuvres, et reproduction d’une composition allégorique « Ant. Chenavard Hellenico apud Gallos architecto », par Léopold de Ruolz*. – Gutton 1985. – Clair Tisseur*, Antoine Chenavard », MEM L 24, 1887, p. 347‑384. – Élisabeth Hardouin-Fugier, « Ingres et A.-M. Chenavard, architecte lyonnais », Bull. Musée Ingres, nos 49-50, 1982, p. 59-69. – Gérard Bruyère, « Les décors d’Antoine Marie Chenavard pour la scène du Grand-Théâtre de Lyon », BMO 20 juin 1993, 2 p. – Jean-Claude Mossière, « L’artiste voyageur sur le motif : Chenavard, Rey et Dalgabio », L’Œil aux aguets ou L’artiste en voyage, éd. François Moureau, Paris : Klincksieck, 1995, p.89-105. – Gérard Bruyère, « Antoine Marie Chenavard ou Le goût de l’antique », BMO, 6 novembre 2006, 2 p. – Philippe Dufieux, « La bibliothèque d’Antoine-Marie Chenavard (1787-1883) », BSHALL 25, 2006, p. 161-177. – Philippe Dufieux, « Un néo-gothique fantastique : Antoine-Marie Chenavard et la cathédrale de Belley », Livraisons d’histoire de l’architecture, 2009, no 18, p. 52-71. – Philippe Dufieux, Antoine-Marie Chenavard, architecte lyonnais 1787-1883, PURennes, 2016, 296 p.
Rapport sur la tour élevée à Fourvière par M. Gouhenaut, 7 février 1832, Ac.Ms292 f°504-506. – Quelques observations sur le style qu’il convient de suivre dans le complément ou la restauration des édifices et dans leurs additions, 1834, Ac.Ms292 f°105-106. – Projet de chapelle du Sacré-Cœur pour la cathédrale de Lyon, 5 août 1834, Ac.Ms292 f°107-109. – Rapport sur le concours de l’académie de 1835, pour l’amélioration du service des chemins de fer 11 août 1835, Ac.Ms169 f°2-4. – Une vingtaine de courtes pièces, 1841-1857, AcMs279. – Dessins du voyage en Grèce et dans le Levant, 2 vol., BML Ms.6.868 et PA.326. – Antiquités et théâtres, BML Ms.6.393.
Nombreux portraits : dessin d’Ingres, médaillon par L. de Ruolz* 1852, tableaux de Dettanger et d’Alphée Orsel (cf. Marius Audin, Bibliogr. iconogr., I, Portraits, p.58).
Sur le goût dans les arts, discours de réception, Lyon : Babeuf, 1831, 24 p. – L’église de l’Observance, Lyon 1846, 7 pl. – Relation d’un voyage fait en 1843-1844 en Grèce et dans le Levant, MEM L 1, 1845, 2 parties, et trois éd., Lyon : Perrin, 1846, 1849, 1858, près de 100 pl. – Rapport sur les médailles fondées par le prince Lebrun, MEM L 1, 1845, p. 205-208. – Rapport sur un tissu de la fabrique lyonnaise, MEM L 2, 1846, p. 41-48. – Rapport sur l’invention d’une machine rame-argoud, MEM S 2, 1847, p. 115-120 et 121-124. – Lyon antique restauré d’après les recherches et documents de F.-M. Artaud, Lyon, 1850. – Notice biographique de J.-M. Dalgabio, Lyon : L. Perrin, 1854, 11 p. – Six vues et détails dessinés à Athènes en 1843, Lyon : L. Perrin, 1857. – Recueil de Compositions exécutées ou projetées, 36 pl. ; Tombeaux, 16 et 7 pl., Lyon : L. Perrin, 1860 ; Lyon : L. Perrin, 1861. – Vues d’Italie, d’Istrie et de Sicile, 15 pl., avec portrait dû à Ingres, Lyon : L. Perrin, 1861. – Compositions historiques. Esquisses. Sujets grecs et romains, 40 pl. ; Supplément, 21 pl., Lyon, L. Perrin, 1862 et 1863. – Éloge funèbre de M. Raphaël Flachéron architecte, lu le 19 mars 1867, Lyon : L. Perrin, 1867, 11 p. – Fontaines, esquisses, 20 pl. ; suite, 20 pl., Lyon : L. Perrin, 1864 et 1865. – Sujets tirés des poèmes d’Ossian, 18 pl., Lyon : L. Perrin, 1868. – Les poètes, 17 pl., Lyon : L. Perrin, 1874. – Piédestal de la statue de Foyatier, lithographie.
Préfecture du Rhône et école vétérinaire, 1819. Église de Mornant 1823. Amphithéâtre temporaire à Bellecour pour l’érection de la statue de Louis XIV, 1825. Grand théâtre, avec Pollet, 1828-1831. Clochers de l’église Saint-Vincent de Chalon-sur-Saône, 1828. Château de Saint-Priest, 1830. École de Saint-Pierre-la-Palud, 1832. Cathédrale de Viviers, et église d’Oyonnax 1839. Cathédrale et palais de justice de Belley, églises de Saint-Vincent-de-Reins et Saint-Étienne de Roanne, ca 1840. Prison et maison Fleurdelix à Rive-de-Gier, Tour-belvédère du parc de la Tourette à Éveux. Nombreux tombeaux dès 1820, dont ceux de Ruolz* fils 1841, Esprit Requien 1851, Bonnefond* 1860, Genod* 1862, Prosper Meynier 1867, et ceux de sa propre famille, etc., en collaboration avec les sculpteurs P.-M. Prost, J.-F. Legendre-Héral*, G. Bonnet*
Projets d’architecture : Statue équestre de Louis XIV à Bellecour, 1814. Monument à la mémoire des victimes du siège, 1817 (1er prix). Palais de justice. Église de Fourvière. Séminaire diocésain. Notre-Dame des Eaux, chapelle à Aix-les-Bains. Salle épiscopale à Belley. Fontaine place de l’Homme de la roche. Tombeaux.