Né le 1er août 1922 à Seclin (Nord), il s’est marié le 20 septembre 1948 à Valence (Drôme) avec Marie Claude Thomasset. Il est décédé à Lyon le 24 juin 2013 à l’âge de 90 ans.
Licencié ès sciences en 1946, agrégé de l’Université en 1947, il est nommé la même année assistant au laboratoire de botanique à la faculté des sciences de Lyon. C’est à cette date que commencèrent ses travaux de recherche sur les Basidiomycètes Aphyllophorales : les Corticiés. Il a été l’élève du fondateur de l’école universitaire lyonnaise de mycologie, le professeur Kühner. Il a enseigné dans tous les cycles universitaires en biologie depuis la 1re année jusqu’au DEA précédant la thèse de 3e cycle. Il a aussi donné des cours en année préparatoire de médecine. Outre la biologie végétale, la microbiologie, Boidin a donné des cours dans sa spécialité la mycologie.
Il a eu de nombreuses responsabilités admi-nistratives : directeur du département de biologie végétale, co-directeur de l’unité associée au CNRS en mycologie, mais surtout président de l’université Claude-Bernard Lyon-1 entre 1971 et 1977, et il a contribué à la mise en place de la première réforme universitaire sur l’enseignement.
Ses recherches universitaires ont fait l’objet d’une thèse de doctorat soutenue en janvier 1954 sous le titre : Essai biotaxonomique sur les Hydnés résupinés et les Corticiés. Étude spéciale du comportement nucléaire et des mycéliums (publiée en 1959), et de 151 publications dont deux livres. Il est successivement maître de conférences en 1954, professeur sans chaire en 1957, professeur à titre personnel en janvier 1961, puis titulaire de la chaire de microbiologie et mycologie. Il a travaillé sur les Corticiés avec différentes approches : les réactions colorées sur les spores et les hyphes, l’étude cytologique de la baside, la morphologie et la caryologie des mycéliums polyspermes, des mycéliums monospermes et la germination des basidiospores, l’étude du cycle sexuel, la recherche de quelques enzymes, l’intérêt systématique des critères microchimiques, culturaux, cytologiques, sexuels, enzymatiques.
Le matériel mycologique, objet de ses recherches, a été mis en herbier. Il a été constitué à partir de 1949 et comporte près de 20 000 exsiccata (spécimens séchés publiés utilisés comme standard de comparaison) de champignons Basidiomycètes Aphyllophorales non porées, c’est-à-dire de Corticiés sensu lato, champignons qui, pour la plupart, croissent sur les bois morts qu’ils décomposent et recyclent par divers procédés : pourriture blanche, pourriture cubique ou rouge, pourriture alvéolaire. Les exsiccata proviennent soit d’Europe et notamment de France, mais aussi d’Afrique : Gabon, Côte d’Ivoire, République Centrafricaine, Madagascar, Ile de la Réunion, Ethiopie, mais aussi d’Asie du Sud-Est (Singapour, Bali), d’Amérique : USA, Guadeloupe. Des envois ont été faits aussi par des spécialistes français et étrangers, notamment anglais, américains, russes, taïwanais, néo-zélandais.
Il était un systématicien et a proposé 184 espèces nouvelles de champignons qui, en collection, sont représentés par 184 holotypes et un grand nombre de paratypes. D’une conception typologique de l’espèce, Boidin est passé à une conception biologique basée sur les particularités du cycle des Basidiomycètes, la diversité des comportements nucléaires et des thallies, les tests d’intercomptabilité. La collection est conservée dans les Herbiers de l’Université Claude-Bernard Lyon-1. Certaines espèces sont conservées à la mycothèque de Louvain en cultures pures, mono et polyspermes. Sa collection est encore vivante car étudiée par des chercheurs mondiaux, notamment aux États-Unis. Sa reconnaissance internationale comme spécialiste incontesté de ce groupe de champignons lui a valu d’être à l’origine d’un nouveau nom de genre Boidinella proposé par un chercheur américain.
Il a formé de nombreux élèves à l’origine de l’école universitaire de mycologie lyonnaise de réputation internationale.
Officier de la Légion d’honneur en 1989
Candidat par lettres (22 février 1981 et 3 mai 1982) au remplacement de Louis Revol*, il est élu le 1er juin 1982 au fauteuil 5, section 2 Sciences. Dans son discours de réception prononcé le 1er mars 1983 : Les champignons, un monde à part, il présente les champignons dans la nature, leur conquête de tous les milieux, parfois leur vie anaérobie, la production de protéines et l’amélioration des aliments, leurs utilisations industrielles, pour certains leurs toxicités, les curiosités de leurs reproductions. Président en 1994, émérite en 2003. Assidu aux séances, il n’a cependant pas présenté de communication.
Il a été membre de différentes sociétés, dont la Société mycologique de France (présidence de 1979 à 1981), la société des microbiologistes de langue française, la Société botanique de France, membre coopté du « Committee for Fungi and Lichens » de l’International Association for Plant Taxonomy de 1964-1975. Dans le cadre lyonnais, il a été membre de la Société linnéenne de Lyon, membre du Comité économique et social Rhône-Alpes de 1973 à 1979 et président de la commission « Éducation, Recherches et Affaires culturelles » de 1974 à 1979.
Pascal Heriveau, « Jacques Boidin (1922-2013) », Bull. Soc. Mycol. France 128, 2012. – Georges Barale, Éloge funèbre de Jacques Boidin (1922-2013), lu à la séance de l’Académie de Lyon le 22 Avril 2014, MEM 14 (portrait).
Jacques Boidin est l’auteur, seul ou en collaboration, de plus de 170 publications. Ne sont indiquées ici que quelques références principales :
« Sur la réaction à l’iode de la parois sporique des Gloeocystidium Karst. et sur des Stereum Fr. », CRAS 230, 1950, p. 461-462. – « Recherche de la tyrosinase et de la laccase chez les Basidiomycètes en culture pure. Milieux indifférentiels. Intérêt systématique », Rev. Mycol. Paris 16, 1951, p. 174-197. – « Essai biotaxonomique sur les Hydnés résupinés et les Corticiés : étude spéciale du comportement nucléaire et des mycéliums », Rev. Mycol. hors-série 6, 390 p., 103 fig., 10 pl. (thèse 1954, parue en 1958). – « Polarité dite « sexuelle » et systématique chez les Basidiomycètes Théléphoracées », Rev. Mycol. 21, 1956, p. 121-131. – Avec P. Lanquetin, « Vararia subgenus Vararia (Basidiomycètes Lachnocladiaceae) : étude spéciale des espèces d’Afrique intertropicale », Bull. Soc. Mycol. France 91, 1976, p. 457-513. – Intérêt des cultures dans la délimitation des espèces chez les Aphyllophorales et les Auriculariales, p. 277-329, in Clémençon, Symposium sur la notion d’espèce chez les champignons supérieurs, Cramer éd., 1977. – « Réflexions sur la notion d’espèce », Bull. Soc. Mycol. France 95, 1979, p. 329-334. – Avec Lanquetin, « Réflexions sur la notion de genre : les Stéréinés de Bourdot et Galzin », Bull. Soc. Mycol. France 98, 1982, p. 249-259. – Avec G. Gilles, « Répertoire des données utiles pour effectuer les tests d’intercomptabilité chez les Basidiomycètes. I- Introduction », Cryptog. Mycol. 5, 1984, p. 33-45. – Avec Gilles, « Basidiomycètes Aphyllophorales de l’île de la Réunion. I- Introduction », Bull. Soc. Mycol. France 102, 1986, p. 273-278. – Avec Gilles, « Basidiomycètes Aphyllophorales de l’île de la Réunion, XIII le genre Stereum ; XIV le genre Sphaerobasidium », Bull. Soc. Mycol. France 105, 1989, p.139-150. – « Une nouvelle espèce européenne de Vararia (Basidiomycètes, Lachnocladiaceae) », Bull. Soc. Linn. Lyon 58, 1989, p. 329-331. – Avec Gilles, « Basidiomycètes Aphyllophorales de l’île de la Réunion, XX- Suite, Mycotaxon », Bull. Soc. Mycol. France 75, 2000, p. 357-387.