Dictionnaire historique des académiciens de Lyon

Préface
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La recherche est faite par sous chaîne, insensible à la casse et aux accents.

JORDAN Alexis (1814-1897)

par Georges Barale.

 Claude Thomas Alexis Jordan est né le 29 octobre 1814 à Lyon, rue Pizay, fils de César Jordan (Lyon, 1780-1861), négociant en soie, banquier, administrateur de l’hôpital de l’Antiquaille en 1830, et de Jeanne Marie dite Adèle Caquet d’Avaize (Tarare 1792-Quincieu 1874). Présents à la déclaration : Claude Thomas Caquet d’Avaize (Anse 1750-Anse, château des Potières, 1836), avocat en parlement et juge de paix du canton de Tarare, grand-père de l’enfant, et Jean François Marie Auguste Caquet (Tarare 1790-Écully 1859), négociant à Tarare, oncle de l’enfant. Par sa grand-mère paternelle, Marie Élisabeth Perier (1748-1796), épouse de Pierre Jordan (Saint-Nizier 1727-Saint-Pierre Saint-Saturnin 1791), négociant en soie, banquier, recteur du Grand-Hôtel-Dieu, il descend de Jacques Périer (1703-1782), consul de Grenoble, marchand toilier, le fondateur d’une dynastie banquière et d’industriels de Grenoble dont les membres jouèrent un rôle politique important dès le début de la Révolution. Il est le neveu de l’académicien et homme politique Camille Jordan* et le cousin germain du polytechnicien et parlementaire Esprit Alexandre Jordan*, également académicien.

 Il est mort célibataire à Lyon 1er, le 7 février 1897 ; déclarants : ses cousins Paul Giraud-Jordan (Romans-sur-Isère 1826-Lyon 1911), conseiller honoraire à la cour d’appel, et Jean Marie Amédée Caquet d’Avaize (né à Tarare en 1836) rentier, 81 rue de la République. Il demeurait alors 40 rue de l’Arbre-sec.

 Il fait des études classiques, élève du collège de l’Arc, à Dôle (Jura). Il travaille dans la maison de négoce paternelle. Attiré par les Sciences naturelles, il est amené à la botanique par les nombreuses excursions qu’il fait avec l’entomologiste Antoine Foudras. Sa passion pour la botanique se révèle au contact de nombreux botanistes de l’époque et notamment Nicolas Charles Seringe dont il suit les cours et les herborisations. Il devient même son préparateur. Il adhère en 1845 à la Société linnéenne nouvellement créée, entre en contact avec de nombreux botanistes experts et entreprend des voyages botaniques dans le Sud-Est de la France, plus rarement hors des frontières (Italie). La notion d’espèce est un de ses sujets de réflexion. Jordan avait remarqué que de nombreuses plantes récoltées par lui dans la nature présentaient des caractères plus ou moins différents de ceux qui étaient indiqués dans les ouvrages descriptifs. Il constatait que ces caractères observés dans la nature étaient pérennes. Il fallait cependant vérifier que ces différents types se rapportant à une même espèce, ne s’hybridaient pas entre eux. Il se résout à cultiver les plantes dans un jardin expérimental sis à Villeurbanne. Il revient à Joseph Victor Viviand-Morel, son chef-jardinier, le soin d’organiser ce jardin de près d’un hectare, et de noter sur des carnets de semis toutes les indications sur l’origine de la plante ou des graines semées. Après culture, le matériel des formes végétales très voisines qu’il appelait « formes affines » était mis en herbier. Un herbier de près de 400 000 spécimens est ainsi constitué. Jordan fait connaître les résultats de ses observations et expériences culturales dans une série de Mémoires publiés, de 1846 à 1849, dans les Annales de la Société Linnéenne de Lyon, puis dans une autre série de travaux publiés de 1850 à 1860, dans les Mémoires de l’Académie de Lyon, dans les Annales de la Société d’Agriculture de la même ville, dans les Archives de la Flore de France et d’Allemagne dirigées par Schultz et Billot, dans le Bulletin de la Société Botanique de France. Les observations de Jordan conduisent à la création de nombreuses espèces nouvelles (les jordanons). Il est à l’origine d’une véritable « école jordanienne » qui conduit ses adeptes à décrire de plus en plus d’espèces en tenant compte de différences de plus en plus tenues. Trois collaborateurs ont largement contribué au développement de ses recherches et observations : J.-P. Fourreau, J.-V. Viviand-Morel et H. Borel. Tous ses résultats scientifiques sont vivement critiqués à son époque, notamment la pulvérisation du nombre de ses jordanons (par exemple, il reconnaissait 200 jordanons parmi les Erophila).

 La fin de sa vie est marquée par un isolement scientifique volontaire. C’est grâce à son cousin et héritier Camille Jordan que sont publiés, sous forme posthume, les Icones en collaboration avec Fourreau. Jordan a bénéficié d’une bibliothèque remarquable avec la plupart des ouvrages relatifs à la flore d’Europe et même du monde. À sa mort, cette bibliothèque a été vendue aux enchères. Son herbier a été en partie vendu, le reste est en dépôt aux Herbiers de l’université de Lyon.


Académie

Il est élu membre titulaire le 3 décembre 1850, sur un rapport de Seringe*, Hénon* et Mulsant* (Ac.Ms293-431).

Membre de la Société Linnéenne de Lyon dès 1845.

Bibliographie

C. Bange*, « J.V. Viviand-Morel, collaborateur et témoin d’Alexis Jordan », Bull. Soc. Linn. Lyon 62, 1993 (10), p. 350-362. – C. Bange, « Le botaniste Alexis Jordan (1814-1897) à la Société Linnéenne de Lyon », Bull. Soc. Linn. Lyon 73, 2004 (1), p. 7-24. – M. Beaune, « Rapports, Fondations, Concours, Notices », Lyon : Rey, 1897-1901, p. 1-8. – M. Borel, « Notice nécrologique sur Alexis Jordan », Bull. Soc. Bot. France 1897, p. 81-83. – F. Gagnepain, « Un Alexis Jordan peu connu », Bull. Soc. Bot. France 78, 1931, p. 694‑696. – A. Magnin, « Prodrome d’une histoire des botanistes lyonnais », Ann. Soc. Linn. Lyon 1906 (2) 31-32, 140 p. – C. Roux et A. Colomb, « Alexis Jordan et son œuvre botanique », Ann. Soc. Linn. Lyon 1907 (2) 54, p. 181-258. – J.B. Saint-Lager, « Notice sur Alexis Jordan », Ann. Soc. Bot. Lyon 1897 22, p. 31-46. – L. Vèze, Alexis Jordan, du jardin de Villeurbanne aux caves du Vatican, Paris : Vrin, et Lyon : Institut Interdisciplinaire d’Études Épistémologiques, 1892, 134 p. – Benoît Dayrat, Les botanistes et la flore de France. Trois siècles de découverte, MNHN, 2003. – Y. Destianges, DBF.

Publications

On trouvera la liste complète de ses publications dans C. Roux et A. Colomb (1907). Citons : Observations sur plusieurs plantes nouvelles, rares ou critiques de la France, 1er fragment, Paris : Maison, 45 p., 1846 ; 2e fragment, Paris : Baillière, 39 p., 1846 ; 3e fragment, Paris : Baillière, 251 p., 1846 ; 4e fragment, Paris : Baillière, 37 p., 1846 ; 5e fragment, Paris : Baillière, 77 p., 1847 ; 6e fragment, Paris : Baillière, 88 p., 1847 ; 7e fragment, Paris : Baillière, 147 p., 1849. – « Nouveau mémoire sur la question relative aux Aegilops triticoides et speltaeformis », Ann. Soc. Linn. Lyon 4, 1857 (2), p. 1-82. – « Description de quelques Tulipes nouvelles », Ann. Soc. Linn Lyon 1858 (2) 5, p. 9-14. – « Diagnoses d’espèces nouvelles ou méconnues, pour servir de matériaux à une Flore de France réformée », Ann. Soc. Linn. Lyon 7, 1860 (2), p. 373-518. – « Note sur une espèce pyrénéenne du genre Silene », Ann. Soc. Linn. Lyon 12, 1865 (2), p. 445-446. – « Remarques sur le fait de l’existence en société à l’état sauvage des espèces affines », Ann. Soc. Linn. Lyon 20, 1873 (2), p. 195-213. – Avec J. Fourreau, Icones ad Floram Europae, novo fundamento instaurandam spectantes, Paris : F. Savy, 3 vol., 1866-1903, 501 pl.

Notices publiées sur le jardin expérimental de Jordan : A. Magnin, « Rapport sur les collections botaniques publiques et particulières de Lyon et des environs », Bull. Soc. Bot. France 23, p. 1-12, 1876. – Avec J. V. Viviand-Morel, « Histoire abrégée des cultures expérimentales du jardin d’Alexis Jordan, botaniste lyonnais », Lyon Horticole, nos 3, 4, 7, 21, 1907.