Dictionnaire historique des académiciens de Lyon

Préface
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La recherche est faite par sous chaîne, insensible à la casse et aux accents.

JUNG Louis (1888-1977)

par Claude Jean-Blain.

 Louis Philippe Jung est né à Sancoins (Cher), Grande-Rue, le 24 février 1888. Témoins à la déclaration : Pierre Cherrier et Denis Dordonnat, gendarmes. Son père Félix Jung, originaire du Bas-Rhin, avait quitté le pays annexé par l’Allemagne en 1870 et opté pour la nationalité française. Engagé dans la gendarmerie, il s’est installé à Châteaumeillant dans le Cher, pays de son épouse Adèle Nicolot, et sert à Sancoins où il est maréchal-des-logis en 1888.

 C’est là que Louis Jung fait ses études primaires, puis secondaires au collège de Saint-Amand-Montrond. Bachelier en lettres et mathématiques en 1906, Louis Jung entre ensuite à l’école vétérinaire de Lyon pour y poursuivre un cycle d’étude de 4 ans. Ayant obtenu en 1910 son diplôme de vétérinaire, il travaille dans le laboratoire d’un illustre maître, Saturnin Arloing*, puis chez le professeur Maignon*, et il est nommé chef de travaux de physiologie en 1912. Il poursuit dès lors toute sa carrière professionnelle à l’ancienne école vétérinaire de Lyon, quai Chauveau, qu’il ne quittera qu’à deux reprises : entre 1910 et 1912 pour effectuer son service militaire, et de 1914 à 1919 pendant la première guerre mondiale où son courage lui valut la croix de guerre.

 Il est nommé professeur de physiologie et de thérapeutique en 1922. Aux dires de ses élèves, en particulier du professeur Jack Bost* qui lui succédera dans cette même chaire de physiologie, de Gabriel Pérès qui fut professeur de physiologie à la faculté des sciences de Lyon, ou d’Yves Ruckebusch, professeur de physiologie à l’école vétérinaire de Toulouse, l’enseignant était remarquable par sa clarté, sa logique et sa fidélité aux données expérimentales. Ordre et clarté, tel était le mot d’ordre qu’il donnait à ceux qu’il assistait dans leur préparation à l’agrégation de physiologie. Cette clarté et cette rigueur ressort tout particulièrement dans le cours de physiologie qu’il publia à la fin de sa vie.

 Louis Jung, dans un laboratoire qui vivait dynamisé par le souvenir de l’illustre Chauveau*, consacra aussi beaucoup de temps à la recherche, seul ou en collaboration avec son collègue Richard Tagand* ou avec des médecins, dans des domaines divers, tout particulièrement dans le domaine de la digestion des ruminants (motricité œsophagienne, mécanique du vomissement et de la rumination), des fibres nerveuses cardio-accélératrices, du ganglion sphéno-palatin, de la circulation mammaire, de la physio-pathologie du choc peptonique. En 1935, Louis Jung accepta sans enthousiasme d’assumer les fonctions directoriales de l’école, à cause des tensions qui existaient alors dans le corps enseignant. Il sut rapidement par sa diplomatie rétablir un climat d’entente. Il fit également réaliser d’importants travaux de rénovation, notamment celui de l’ancien service d’anatomie et du laboratoire de Chauveau, ainsi que la construction de bâtiments neufs.

 Victime en 1971 d’un terrible accident qui le mure dans un silence total, il ne peut continuer à assister aux séances de l’Académie de Lyon pour laquelle il s’était tant dévoué. Entouré de livres et de journaux, il avouait pourtant à ses visiteurs qu’il ne connaissait pas l’ennui.

 Louis Jung s’est éteint en juin 1977, l’année même où l’école vétérinaire quittait pour toujours ses locaux de Vaise, dont le président Herriot* disait « J’aime ces vieux bâtiments parfois un peu défaillants, mais qui ont quelque chose d’infiniment plus précieux : une intelligence et une âme ».


Académie

Présenté par son maître Felix Lesbre* dans un rapport du 24 novembre 1936, il est élu à l’Académie le 1er décembre au fauteuil 7, section 2 Sciences. Trésorier de 1938 à 1951, il a la redoutable responsabilité d’assumer la présidence en 1951 entre deux présidents illustres, Édouard Herriot* et le cardinal Gerlier*. Il a prononcé l’éloge funèbre de F. X. Lesbre (MEM 1945) ; le 16 janvier 1951 de Marius Audin* ; le 29 mai de Jules Courmont* et le 12 février 1952 de Célestin Cadéac*. Son éloge funèbre a été présenté par Jack Bost* et Pierre Mounier-Kuhn* (MEM 1978).

Membre correspondant de l’Académie de Médecine. Président de la Société de Biologie. Président de la Société des Sciences Vétérinaires.

Officier de la Légion d’honneur. Croix de guerre 1914-18. Commandeur du Mérite agricole. Officier de l’Instruction publique.

Iconographie

Une plaquette gravée par Louis Bertola*, offerte le 8 juin par ses anciens élèves les professeurs Tapernoux* et Vuillaume et ses amis, présente son buste. Le revers rappelle qu’il fut directeur de l’école vétérinaire de 1935 à 1958.

Droit : Buste de trois-quarts à droite.

Exergue, en creux : LOUIS JUNG / SES COLLEGUES • SES ELEVES • SES AMIS.

À droite, en creux : L BERTOLA.

Revers, six lignes inscrites en creux : PROFESSEUR DE / PHYSIOLOGIE A L’ECOLE / VETERINAIRE DE LYON / DIRECTEUR DE / CETTE ECOLE DE / 1935 A 1958.

Publications

Éléments de physiologie des animaux domestiques, t. I : Digestion, circulation, impr. P. Ferréol, 1946, 383 p. ; t. II : Fonctions de relation. Système nerveux, muscles, organes des sens, Impr. P. Ferreol, 1946, 429 p. ; t. III : Fonctions de nutrition. Respiration, nutrition, chaleur animale, sécrétions, impr. P. Ferréol, 1948, 338 p. – Eugène Forgeot (1876-1940), Bull. Soc. Sc. Vet. Lyon, 1940, p. 8-13. – « Nécrologie Pr Alfred Faure (1850-1939) ancien dir. Ecole vét. Lyon », Rev. Méd. Vét. 91, 1939, p. 303-308. – Avec Maignon, Relation entre l’influence des saisons sur la sensibilité de l’organisme à l’intoxication azotée et l’aptitude de cet organisme à transformer les protéines en graisse, 1924, 4 p. – Avec Paul Veil, L’intoxication par l’adonidoside chez le chien, Lyon : J-B Baillière et fils, 1929, 4 p. – Avec R. Tagand, F. Chavanne, Recherches expérimentales sur la physiologie du ganglion sphéno-palatin, 1925, 10 p., fig. – Avec Arloing, Lesbats, Maretheux, Le réflexe oculo-cardiaque chez quelques espèces animales domestiques, 1925, 2 p. – Avec Collet, Tension artérielle et taux leucocytaire du sang, s.n., 2 p. – Avec Auger et Chavanne, Occlusion des jugulaires, circulation carotidienne et tension du liquide céphalorachidien, s.n., 1930, 2 p. – Avec Auger, Insuline, tension artérielle et vagotomie, s.n., 2 p. – « Le professeur Fernand Arloing (1876-1944) , Bull. Soc. Sci. vét. Lyon, 1944, p. 71-74, portrait. – Avec Moussu, Guerin, R. Tagand, Guerin, Le professeur François-Xavier Lesbre (1858-1942). Sa vie, son œuvre, s.n., 1942, 26 p. – L’œuvre de Chauveau en physiologie. Discours prononcé à l’inauguration du monument Chauveau le 7 novembre 1926 à l’École vétérinaire de Lyon, Lyon : impr. J. Bonnet, 1927, 16 p.