Albert Joseph Augustin Husson naît le 3 août 1912, 3 avenue de la Bibliothèque (act. avenue Adolphe-Max) ; témoins : Prosper Joseph Fournie (57 ans), pharmacien 24 rue Auguste-Comte, oncle maternel, et Henri Claude Fournie (24 ans), clerc de notaire, 24 rue Auguste-Comte, cousin de l’enfant. Il est le fils de Marie Joseph Albert Husson, fabricant de bijouterie 3 avenue de la Bibliothèque, et de Marie-Louise Fournie, tous les deux natifs de Plombières (Vosges). Albert Husson est le fruit d’un mariage tardif célébré le 10 décembre 1910 à Lyon 2e. À cette date Joseph Husson (13 août 1872-1942), fils de Joseph négociant à Plombières, est principal clerc de notaire à Remiremont (Vosges). Son épouse, née le 23 septembre 1870, fille de propriétaire, est employée 2 rue du Plat. Ensuite Joseph et sa belle-famille créent une fabrique de bijouterie.
Comme son cousin maternel et conformément à la formation initiale de son père, Albert fait des études de droit, après avoir été confié à l’externat Sainte-Marie (pères maristes), montée Saint-Barthélemy. Puis il entre dans l’affaire familiale. Le 31 août 1936, il épouse à Lyon 1er une avocate, Constance Jeanne Bernard (fille d’Henry Bernard, ingénieur, et de Clotilde Marie Antoinette Gacon), née le 5 décembre 1912 à Saint-Mammès, en Seine-et-Marne. Ils ont un fils unique, Bernard, né le 26 juillet 1937 à Lyon, professeur de philosophie.
Dans le cadre de ses activités dans l’affaire de bijouterie, Albert Husson effectue de nombreux déplacements sur le territoire, et se met à écrire pour occuper ses soirées d’hôtel : « Le soir, que faire ? Je passais le temps dans ma chambre d’hôtel, à lire et à écrire… des vers, des contes. Très vite, j’ai pris conscience que j’avais le sens du dialogue. Lorsque je m’obligeais à écrire une nouvelle, je constatais finalement qu’elle était surtout faite de dialogues. » Il est mobilisé en 1939, puis la famille se retrouve repliée à la Pierre Souveraine (Saint-Genis-Laval), où il écrit sa première pièce de théâtre L’Immortel Saint-Germain, que son ami et condisciple de la faculté de droit, Charles Gantillon (1909-1967), alors directeur du théâtre des Célestins, fait jouer en novembre et décembre 1943. L’année suivante, Albert Husson devient secrétaire général du théâtre des Célestins. En 1947 il reçoit un prix de la Société des auteurs pour sa pièce Monsieur Providence créée au théâtre Gramont à Paris, laquelle reçoit pourtant un accueil médiocre de la part de la critique. Désormais Albert Husson va écrire presque une pièce par an (près de vingt pièces de 1943 à 1974). La cuisine des anges créée en 1952 au théâtre du Vieux Colombier rencontre un succès quasi planétaire (4 000 représentations). Mais il sait garder la tête froide comme le lui fait remarquer André Roussin : « Vous êtes un sage. Après le triomphe de La cuisine des anges, vous auriez pu abandonner votre poste au théâtre des Célestins et venir jouer les auteurs bien parisiens, comme tous les provinciaux. Vous êtes resté à Lyon. Vous y avez gardé votre emploi… Cela veut dire que vous n’écrivez pas pour payer le percepteur ou pour briller dans le monde, mais seulement par goût pour le sujet qui vous tente, par besoin de rêver et de nous faire rêver, en un mot par plaisir. Et voilà le secret de votre réussite. Nous savons qu’en venant voir une de vos comédies, nous trouverons toujours cet humour qui est une forme de la pudeur, et cette gentillesse du cœur qui est celle des poètes ». En 1962, il reçoit le prix Paul Hervieu de l’Académie française pour Claude de Lyon. Albert Husson réalise également de très nombreuses adaptations (plus d’une vingtaine) d’après des auteurs connus comme Pirandello, Peter Ustinov, Alberto Moravia, Ibsen, la dernière étant en février 1978 Le colonel Chabert d’après le roman de Balzac. Le 27 novembre 1967, Charles Gantillon se suicide au tunnel ferroviaire de Virieu-le-Grand (proche du lac de Virieu, fréquenté par Husson et Gantillon lors de leur jeunesse), le système de concession du théâtre ayant entraîné une énorme dette que le directeur ne peut plus assumer. Dès janvier 1968, le théâtre, comme l’Opéra de Lyon qui connaît les mêmes difficultés, passent en régie municipale. Albert Husson et Jean Meyer se partagent la direction du théâtre des Célestins à partir du 26 janvier 1968, le premier pour la partie administrative, le second pour la partie artistique.
Albert Husson décède le 16 décembre 1978 6 montée Nicolas-de-Lange, maison acquise en 1946, occupée à partir de 1947 après d’importants travaux. Il est inhumé au cimetière de Loyasse.
Il est élu à l’Académie le 10 juin 1958, au fauteuil 3, section 1 Lettres, succédant à Charles Dugas*, et prononce son discours de réception le 17 mars 1959 : Le métier d’auteur dramatique. Le 22 mai 1962, communication sur Les techniques nouvelles du métier d’auteur dramatique ; le 29 avril 1969, sur La situation actuelle du théâtre en France (MEM 1971) ; le 22 mai 1973 sur L’humour dans la vie et au théâtre (MEM 1975). Il est émérite en 1978. R. Proton de la Chapelle* prononce son éloge funèbre (MEM 1980).
La petite maison de thé, d’après John Patrick, théâtre Montparnasse, 1955. – Le Valet de quatre cœurs, d’après Goldoni, théâtre des Célestins, 1958. – La Copie de Madame Aupic, d’après Gian-Carlo Menotti, théâtre Fontaine, théâtre des Célestins, 1959. – Flora d’après Fabio Mauri et Franco Brusati, théâtre des Variétés, 1962. – La crécelle, d’après Charles Dyer, théâtre Montparnasse, 1963. – Liola, d’après Pirandello, théâtre du Vieux-Colombier, 1965. – Le Mal de Test, d’après Ira Wallach, Comédie des Champs-Élysées, 1965. – Le Jour de la tortue, de Pietro Garinei et Sandro Giovannini, mise en scène des auteurs et Robert Manuel, théâtre Marigny, 1965. – L’étrange histoire de Peter Schlemihl ou l’homme qui a vendu son ombre, d’Adalbert de Chamisso, réalisation Marcel Cravenne pour l’émission de télévision Le Théâtre de la jeunesse, 1966. – Comment naît un scénario de cinéma de Cesare Zavattini, adaptation avec Hubert, Gignoux, mise en scène Hubert Gignoux, théâtre de l’Athénée, 1966. – Adieu Berthe, d’Allen Boretz et John Murray, adaptation avec Francis Blanche, mise en scène Jacques Charon, théâtre des Bouffes Parisiens, 1968. – Le Soldat inconnu et sa femme, de Peter Ustinov, théâtre des Célestins, 1969. – Le monde est ce qu’il est, d’Alberto Moravia, mise en scène Pierre Franck, théâtre des Célestins, théâtre de l’Œuvre, 1969. – Cash-Cash, d’Alistair Foot et Anthony Marriott, mise scène Michel Vocoret, théâtre Fontaine, 1969. – Le Dieu Kurt, d’Alberto Moravia, mise scène Pierre Franck, théâtre des Célestins, théâtre Michel, 1971. – Joyeuse Pomme, de Jack Pulman, mise scène Jacques Rosny, théâtre des Célestins, 1971. – Le Nu au tambour, d’après Noël Coward, théâtre Michel, 1971. – Le Plaisir conjugal d’après Lysistrata, d’Aristophane, théâtre de la Madeleine, 1972. – Un Yaourt pour deux, d’après Stanley Price, théâtre Gramont, 1972. – Le Paysan parvenu, d’après Marivaux, mise en scène Jean Meyer, théâtre des Célestins, 1973. – Un mois à la campagne, d’Ivan Tourgueniev, mise en scène Jean Meyer, théâtre des Célestins, 1975. – Le brave soldat Schweik, d’après Jaroslav Hašek, théâtre des Célestins, 1975. – Hedda Gabler, d’Henrik Ibsen, mise en scène Jean Meyer, théâtre des Célestins, 1976. – Qui est qui ?, de Keith Waterhouse et Willis Hall, théâtre Moderne, 1976. – Le Colonel Chabert, d’après Honoré de Balzac, mise en scène Jean Meyer, théâtre des Célestins, 1978.
Jean-Jacques Bricaire, Albert Husson ou le charme discret du talent, Association de la Régie théâtrale. – H. Blémont, DBF.
L’immortel Saint-Germain, mise en scène de Charles Gantillon, théâtre des Célestins, 1943. – À la folie, théâtre des Célestins, 1945. – Monsieur Providence, théâtre Gramont, 1947. – Jardins français, mise en scène Julien Bertheau, théâtre des Célestins, 1948. – La ligne de chance, mise en scène de Ch. Gantillon, théâtre des Célestins, 1948. – La Cuisine des anges, mise en scène Christian-Gérard, théâtre du Vieux-Colombier, 1952. – Les Pavés du ciel, mise en scène Christian-Gérard, théâtre des Célestins, 1953. – La Nuit du 4 août, mise en scène Christian-Gérard, théâtre Édouard VII, 1956. – L’ombre du cavalier, mise en scène Julien Bertheau, théâtre des Célestins, 1956. – Les Pigeons de Venise, mise en scène Louis Ducreux, théâtre des Célestins, théâtre Michel, 1957. – La Grande Revue du bimillénaire, en collaboration avec Jacques Bodoin, Erge, R. Moreau, Xavier Salomon, Berier, Migy, André Marcel, théâtre des Célestins, 1958. – Une leçon de chant, mise en scène Ch. Gantillon, théâtre des Célestins, 1958. – L’Impromptu des collines, mise en scène Julien Bertheau, théâtre du Tertre, théâtre des Célestins, 1961. – Claude de Lyon, mise en scène Julien Bertheau, théâtre du Tertre, théâtre des Célestins, 1961. – Le Système Fabrizzi, mise en scène Sacha Pitoëff, Théâtre Moderne, 1963. – La Surprenante Invention du Professeur Delalune, réalisation Marcel Cravenne pour l’émission de télévision Le Théâtre de la jeunesse, 1963. – Devant que les chandelles…, théâtre des Célestins, 1964. – Sans-souci ou Le Chef-d’œuvre de Vaucanson, réalisation Jean-Pierre Decourt pour l’émission de télévision Le Théâtre de la jeunesse, 1965. – La Bouteille à l’encre, mise en scène Jean-Pierre Grenier, théâtre Saint-Georges, 1966. – La Paille humide, mise en scène Michel Roux, théâtre de la Michodière, 1969. – Bonne Fête Amandine, mise en scène Jacques Mauclair, théâtre des Célestins, 1974.