Charles Louis Lortet est né à Oullins (Rhône) le 22 août 1836, fils de Pierre Lortet* et de Jeannette Müller ; témoins : Louis Charles Soldan et Jean-Baptiste Alix.
Il fait ses études au lycée Ampère de Lyon, puis à l’école de Médecine dont il est lauréat en 1855-1856. Interne des hôpitaux en 1856, il démissionne pour se consacrer à la physiologie sous l’influence d’Auguste Chauveau*. Lyon n’ayant pas de faculté de médecine, il termine ses études à Paris où il soutient une thèse sur Le cancroïde labial (1861). Il revient à Lyon pour exercer la médecine auprès de l’Infirmerie évangélique (1861), du Dispensaire général (1863), de l’Asile de Saint-Pothin (1863) et plus tard de la Société protestante de prévoyance (1866), mais surtout pour continuer d’autres études à la faculté des sciences et devenir licencié ès sciences naturelles (1865).
Alors qu’il habite encore chez ses parents, 69 avenue de Saxe, il se marie le 2 juillet 1864 (Lyon 5e) avec Justine Adèle Inès (Lortet dans ses notes préfère Inez) Brouzet, née à Lyon, le 12 novembre 1842, demeurant montée de Balmont (au château de la Jayère, propriété de Clémentine Devillas, mère de Raoul de Cazenove* et remariée à Jean Alphonse de Girardin*), fille de feu Théodore Brouzet (né Bruzetti, Turin 6 octobre 1796-Lyon 5e 10 novembre 1859), négociant, et d’Émeline Rigottier (1820-1874) ; les témoins sont Jules Cambefort et Oscar Galline, cousin et oncle de l’épouse, Leberecht Lortet, frère de l’époux, et Édouard Forel ; contrat chez Me Thomasset notaire à Lyon. Ils ont quatre enfants : Jean Théodore Oscar (Lyon 5e 29 août 1865-Oullins 12 juillet 1867) ; Clémence Inès Emmeline (Lyon 5e 18 octobre 1866 [témoin Alphonse Arlès-Dufour, fils de François Arlès-Dufour*]-Saint-Rambert-l’Île-Barbe 24 février 1948) qui épousera en 1886 Henri Edmond Oberkampf (1864-1928) et aura six enfants ; Caroline Alice (Lyon 5e 30 novembre 1868-1930), épouse en 1893 d’Augustin Fernand Verdet (divorce en 1908) ; et Pierre Maurice Max (Lyon 31 mai 1870-1930). Le décès d’Inès le 31 août 1872, atteinte de la typhoïde, alors qu’elle n’avait que 30 ans, lui laisse des enfants âgés de 7 à 2 ans. Plus tard, le 3 novembre 1876, Louis épouse en secondes noces, Jeanne Claudine Laurence Léontine Cambon (Nîmes 30 janvier 1841-Lyon 1920), 52 rue de Sèze, veuve du négociant Jean Henri Andrié (Lyon, 31 octobre1836-15 octobre 1873) – mère de trois filles, fille de Casimir Cambon (Nîmes, 28 août 1912-29 mai 1849), négociant, et d’Adèle Pauline Guillemine Teulon, sa veuve devenue épouse d’Emmanuel Ernest Liotard – ; contrat chez Me Vitrier notaire à Lyon ; témoins : Gustave Vitrier, Jean Henri Menet, Gustave Cambefort cousin de l’épouse, Leberecht Lortet frère de l’époux.
Il décède le 26 décembre 1909 à son domicile 13 quai Claude-Bernard ; déclaration à Lyon 3e par son gendre Henri Edmond Oberkampf, artiste peintre à Saint-Rambert-l’Île-Barbe, et par Paul Amédée Louis Valayer, banquier à Lyon 6e.
Après sa thèse de médecine à Paris, Louis Lortet obtient une licence d’histoire naturelle le 15 juillet 1865 à la faculté de Lyon, puis une double thèse de doctorat ès sciences le 12 avril 1867 : thèse de physiologie animale sur La vitesse du cours du sang dans les artères du cheval, thèse de physiologie végétale sur La fécondation et la germination de Preissia communata de la famille des Marchantiacées (hépatiques à thalle), qui obtient le prix Desmazières de l’Académie des sciences.
En 1867, il est chargé de cours de zoologie à l’École préparatoire de médecine, puis professeur en 1868, chargé de cours de zoologie à la faculté des sciences de novembre 1869 à 1874. Toujours attiré par la physiologie – et par l’alpinisme – il décide de monter en quelques jours deux fois au sommet du Mont Blanc les 17 et 26 août 1869, ce qui n’était guère une balade touristique d’autant que, dans l’intervalle, il escalade des sommets moindres ; il mesure les effets de la pression atmosphérique sur la circulation et la respiration ; il prélève même l’air à diverses altitudes pour connaître les bactéries, et publie les résultats chez Masson à Paris.
Lortet est à l’origine de la section lyonnaise du Club alpin français. Le 6 décembre 1869, le préfet nomme Louis Lortet directeur du muséum d’histoire naturelle, mais la guerre arrive quelques mois plus tard. Il s’engage comme chirurgien dans l’ambulance Ollier* qui rejoint l’armée de l’Est le 10 octobre 1870 ; il ne reviendra que le 20 mars 1871, et sera chevalier de la Légion d’honneur à titre militaire (16 mars 1872).
Il reprend la direction du muséum et donne une impulsion considérable aux collections. Dès 1872, il crée l’Association lyonnaise des amis des sciences naturelles qui récolte des fonds, ce qui permet d’acheter le squelette de Mégacéros, de procéder au montage du mammouth de Choulans – Elephas intermedius, en caisse dans les caves depuis 1859 –, etc. La même année, l’association permet le lancement des Archives du Muséum de Lyon, publication prestigieuse au service de l’étude des collections.
Bientôt Lortet explore aussi les contrées de l’Orient méditerranéen et en rapporte des collections qu’il étudie : 1873, Grèce, Syrie ; 1875, Grèce, Turquie, d’où il rapporte de nombreux fossiles tertiaires. En 1876-1880 ce sont les voyages et fouilles en Syrie d’où viennent les poissons du lac Tibériade ou du Jourdain (publiés en 1883, 1884), ainsi que les reptiles (publiés en 1887) ; ce sont aussi les fouilles sur les sites archéologiques de Tyr et de Sidon, dont Lortet ramène sarcophages, stèles, céramiques...
Dans le même temps, Lortet reprend ses cours auprès de la faculté des sciences, devenant professeur de zoologie et physiologie en 1874. Mais il n’oublie pas l’École de médecine : lui et plusieurs de ses collègues (Ollier, Chauveau, Glénard...) obtiennent la transformation de l’École en Faculté mixte de médecine et pharmacie en 1877. Lortet quitte la faculté des sciences, pour être nommé professeur d’histoire naturelle auprès de la nouvelle faculté dont il est immédiatement proclamé doyen. La faculté s’installe dans les locaux de l’École à l’Hôtel-Dieu, qui sont très vite trop petits ; et ce sera le déménagement, en compagnie des trois autres facultés, dans les nouveaux locaux construits quai Claude Bernard.
Ce qui reste le plus spectaculaire c’est le résultat des fouilles annuelles qui seront entreprises par Lortet en Égypte de 1900 à 1906. Tout d’abord il en rapporte une série de quarante-et-une momies humaines. Mais la découverte la plus importante des fouilles dans le désert a été celle d’objets archéologiques d’époque Pré-dynastique, datant des phases Nagada I (3900-3500 av. J.-C.) et II (3500-3300) : très nombreux vases de céramique décorée, objets et sculptures en pierre (brèche), palettes à fard, et surtout des statuettes d’hommes barbus et des hommes dansant : ils assurent la réputation du muséum lyonnais. Enfin le musée du Caire et les autorités confient à Lortet et à son adjoint Claude Gaillard l’étude de la faune momifiée : tous les animaux ont été préparés, radiographiés, parfois les squelettes extraits, et déterminés scientifiquement à Lyon ; les résultats sont publiés en 5 volumes des prestigieuses Archives du Muséum, 1903-1909, avec la collaboration de treize autres savants spécialistes. Un échantillonnage de tous les principaux animaux a été laissé au musée lyonnais.
Il est élu le 5 décembre 1876 au fauteuil 1, section 2 Sciences, sur présentation d’Ernest Faivre* le 28 novembre. Il est reçu le 19 décembre ; le discours de réception qu’il a sans doute prononcé n’a pas été conservé.
Il est officier de la Légion d’honneur au titre de l’instruction publique (LH 1661/16) ; la décoration lui est remise par le président Sadi Carnot lors de sa visite à Lyon le 24 juin 1894, mais le diplôme est signé Casimir Perier le 28 juin 1894 (Carnot est assassiné le 25 juin).
Médaille d’or du ministère de l’Instruction publique 1876 ; officier des Palmes académiques 1878 ; officier de l’Instruction publique 1883 ; commandeur de l’ordre royal d’Isabelle-la-Catholique, grand officier de l’ordre impérial du Medjidieh 1906 et diverses autres décorations étrangères.
A. Magnin, « Prodrome d’une histoire des botanistes lyonnais », Ann. Soc. Bot. Lyon 31-32, 1906-1907 (1911), 141 p., et réimpr. Kessinger 2010, 258 p. ; éd. 1923, et réimpr. Nabu Press 2013, 306 p. – « Discours prononcés le 28 décembre 1909 aux funérailles de M. Louis Lortet », Bull. Soc. Amis Univ. Lyon, p. 96 (P. Joubin), p. 98 (J. Guiart*), p. 104 (E. Caillemer*, MEM, Rapp. 1909-1912, p.105-116), p. 107 (A. Lacassagne* ; C. Gaillard*). – F. Leclerc, « Notice sur Louis Lortet », Lyon Médical 3, janvier 1910. – A. Chervin, « Notice sur Louis Lortet », L’homme préhistorique, fevr. 1910, p.59. – A. Benoist, « Louis Charles Lortet, fondateur et président d’honneur de la section lyonnaise du Club alpin français », Revue alpine, février 1910, p. 44. – J. Jarricot, Louis Lortet et les études égyptologiques, conférence faite à la société des sciences naturelles et d’enseignement populaire de Tarare, Charlieu : Charpin impr., 1910, 30 p., 10 fig. – C. Gaillard, « La vie et les travaux de Louis Charles Lortet... », Arch. Mus. Hist. nat. Lyon 11, 1912, p. 3-31, portrait. – A. Magnin, « Les Lortet, botanistes lyonnais (Clémence, Pierre et Louis) et Roffavier », Ann. Soc. Bot. Lyon 37, 1912, p. 38-109. – G. Despierres, Histoire de la naissance de la faculté de Médecine de Lyon : Louis Lortet son premier doyen, conf. Hist. médecine, cycle 1981-1982, Lyon : Fondation Mérieux, 1982, p. 1-20. – L-P. Fischer*, « Les voyages d’étude d’histoire naturelle et de médecine en Syrie et en Égypte de L. Lortet », MEM 54, 2000, p. 313-323, ill.
Buste en bronze au muséum de Lyon (Centre de conservation et d’études des collections). – Copie en plâtre de ce buste, ancien musée d’anatomie de la faculté de médecine.
La liste la plus complète des travaux de L. Lortet se trouve sous forme d’index dans la notice écrite par C. Gaillard en 1912. Retenons en particulier :
Médecine : Essai monographique sur le prétendu cancroïde labial, Paris : Rignoux, 1861, 79 p., 2 pl. (thèse Paris, 13 juin 1861). – Passage des leucocytes à travers les membranes organiques, Lyon : Vingtrinier, 1868 – Deux ascensions au Mont-Blanc en 1869 : recherches physiologiques sur le mal des montagnes, Paris : V. Masson, 1869, 38 p. – Avec L. Vialeton, Étude sur le Bilharzia haematobia et la bilharziose..., Paris : G. Masson, 1894, 118 p., ill., 8 pl. (extrait Ann. Univ. Lyon, 9-1 ; reimpr. Kessinger 2010).
Paléontologie : Avec E. Chantre*, « Études paléontologiques dans le bassin du Rhône. Période quaternaire », Arch. Mus. Hist. Nat. Lyon 1, 1872, p. 59-130, 1 fig., 2 tabl., pl. 9-21. – Avec E. Chantre, « Études paléontologiques dans le bassin du Rhône. Période tertiaire. Recherches sur les mastodontes et les faunes mammalogiques qui les accompagnent », Arch. Mus. Lyon 2, 1878, p. 285-313, pl. 1-17. – « Note sur le Rhizoprion bariensis (Jourdan) », Arch. Mus. Lyon 4, 1887, p. 315-319, 2 pl. – « Les reptiles fossiles du bassin du Rhône », Arch. Mus. Lyon, 5, 1892, p. 3-139, pl. 1-11ter.
Botanique : Recherches sur la fécondation et la germination du Preissia communata, Paris : J-B. Baillère, 1867, 63 p., 4 pl. ; réimpr Kessinger publ., 2010 ; Nabu press 2012.
Zoologie : « Étude sur le Lagomys corsicanus (Cuvier) de Bastia (Corse) », Arch. Mus. Lyon, 1, 1872, p.53-57, pl.1-2 – « Sur un poisson du lac de Tibériade, le Chromis paterfamilias, qui incube ses œufs dans la bouche », CRAS 81, 1875, p. 196 – « Les poissons et les reptiles du lac de Tibériade et de quelques autres parties de la Syrie », Arch. Mus. Lyon 2, 1883, p. 99 – « Observations sur les tortues terrestres et paludines du bassin de la Méditerranée », Arch. Mus. Lyon 4, 1887, p. 1-26, pl. 1-8 – Les migrations des Myriapodes et le Spirostreptus syriacus des bords de la mer Morte, 1887.
Préhistoire nationale : Avec Ducrost, « Études sur la station préhistorique de Solutré », Arch. Mus. Lyon 1, 1872, p. 7-35.
Orientalisme et égyptologie : La Syrie d’aujourd’hui, voyages dans la Phénicie, le Liban et la Judée, 1875-1880, 1884, Paris : Hachette, 675 p., 365 fig., cartes. – Avec C. Gaillard*, « Les oiseaux momifiés de l’ancienne Égypte », CRAS 1901, p. 854. – Avec C. Gaillard, « La faune momifiée de l’ancienne Égypte », Arch. Mus. Lyon 8, ser. 12, 1903, p. VIII + 200, 82 fig. ; 9, ser. 2, 1906, p. ser. 2, p. XIV + 1-130, pl. 1-14 (préface V. Loret) ; 10, ser. 3, 1907-1909, p. 1-99, fig. 1-67, 8 pl. ; avec A. Bonnet, ser. 4, p. 105-173, fig.79-158, 1 pl. ; avec V. Loret, L. Germain, ser. 5, p. 174-336, fig. 159-223. – « Crâne syphilitique et nécropoles préhistoriques de la Haute Égypte », Bull. Soc. Anthrop. Lyon 26, 1907, p. 211 – « Station paléolithique désertique de Gebel Souhan (Haute Égypte) , Bull. Soc. Anthrop. Lyon 27, p. 87.