Dictionnaire historique des académiciens de Lyon

Préface
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ROLLET Félix (1905-2009)

par Dominique Saint-Pierre.

 Né le 5 octobre 1905 au domaine de Mortunier (commune des Choux, Loiret), appartenant à son grand-père maternel Abel Félix Waldmann (Sablé [Sarthe] 1853-Fontaines-Saint-Martin [Rhône] 1925). C’est le deuxième fils de Louis Antoine Rollet (Lagnieu [Ain] 10 juin 1866-Fontaines-Saint-Martin 2 août 1939), avoué près le tribunal civil de Lyon depuis 1896, et d’Élisa Marguerite Waldmann (Fontaines-Saint-Martin 27 juin 1879-Lyon 24 octobre 1975), mariés le 2 septembre 1902, parents de huit enfants. Il est le neveu de Joseph Rollet*, le cousin germain de René Waldmann*. Il a raconté sa vie dans deux documents ronéotés (dossier académique) intitulés Qui ai-je été (octobre 2002) et Regards sur le passé (mars 2004). Sa famille vit l’hiver à Lyon, 12 quai des Brotteaux (act. quai Sarrail), et l’été à Fontaines-Saint-Martin, au Mas de Beaupré, résidence achetée en 1872 par son arrière-grand-père Émile Joseph Waldmann (Lure [Haute-Saône] 1821-Fontaines-Saint-Martin 1907), agent de change à Lyon.

 Études à l’école Ozanam et au lycée Ampère, puis à la faculté de droit (1922-1925) où il obtient une licence. Élève officier de réserve à Saint-Maixent en 1925. Clerc pendant douze ans à l’étude d’avoué de son père, il lui succède le premier janvier 1937, jusqu’en 1958, date à laquelle il devient administrateur judiciaire au tribunal de commerce jusqu’en 1976. À son retour du service militaire, il avait adhéré au Centre de Propagande des Républicains nationaux dirigé par Henri de Kérilis et Albert Naud. Après les événements de 1934, séduit par le colonel de La Rocque, il milite au Parti social français, en devient un des principaux orateurs et rédige la chronique de politique étrangère de l’hebdomadaire régional du parti. Il est élu maire de Fontaines-Saint-Martin en 1939 dans une élection partielle, jusqu’en mars 1945. Mobilisé le 3 septembre 1939 comme lieutenant, il rejoint le 299e RI. Promu capitaine, il est affecté dans les Alpes et se bat contre les Italiens dans la vallée de l’Ubaye du 10 au 24 juin. Démobilisé, il accepte d’être commissaire-adjoint de province des Scouts de France. Recruté par le colonel Worbe, il intègre l’Organisation de résistance de l’armée (ORA). Après l’invasion de la zone Sud en novembre 1942, Georges Cohendy*, professeur à la faculté de droit de Lyon, premier adjoint d’Herriot, le présente au commandant Marcel Descours, organisateur de la Résistance dans la région. Son étude d’avoué où se sont même cachés des officiers anglais parachutés masque son activité de résistant. Arrêté à son domicile par l’Abwehr le 17 juillet 1943, il est interné à l’école de Santé militaire, incarcéré à Montluc, puis à Fresnes. Il est libéré le 8 octobre, mais il ne saura que trois ans après la fin de la guerre, que c’est grâce à une intervention de l’un de ses parents, Albert Waldmann, industriel à Troyes, auprès d’un de ses compagnons de chasse, le baron Hans Wolf Von Goldhammer, officier allemand de renseignement. Il gagne le maquis du Vercors en juillet 1944, participe aux combats (défense de Valchevrières avec le 6e BCA), parvient à s’échapper par les pentes du Grand Veymont, intègre l’état-major du colonel Descours, chef de la zone de résistance R1. En mars 1945, il rejoint la 1re armée du général de Lattre de Tassigny, est affecté au 1er bataillon de choc, puis devient l’adjoint comme chef de bataillon du colonel Gambiez, pour être démobilisé en août. Il a écrit un petit opuscule : Souvenirs de guerre.

 De retour à Lyon, il adhère à l’Union Patriotique Républicaine, fondée par Charles Vallin, député de Paris du PSF qui avait rejoint la France Libre en juillet 1942 et qui regroupait à la Libération les membres du PSF « dont les titres de résistance étaient indiscutables ». Il en est le président de la fédération du Rhône. Comme Vallin et ses amis, il a été partisan de Pétain de 1940 à 1942, mais il estime que le maréchal a « capitulé et trahi son pays » en ne reprenant pas la lutte le 10 novembre 1942 ou en ne ralliant pas l’Afrique du Nord dans l’avion qui lui était préparé à Aulnat. Suivant le désir du CNPF et de Georges Villiers, redevenu président du patronat lyonnais, puis son dirigeant national, après avoir été maire de Lyon en 1941 et déporté à Dachau en 1943, Rollet, avec Pierre Montel, Guy Jarosson et Robert Proton de La Chapelle*, regroupe sur le plan lyonnais les forces politiques de la Droite conservatrice opposées au tripartisme en participant au Parti républicain de la liberté (PRL). Il devient le président de la fédération du Rhône de ce nouveau parti. Il appartient ensuite au Centre Démocratie et Progrès (Joseph Fontanet), au Centre des indépendants et paysans et au Centre des démocrates sociaux (CDS). En 1946, il avait fondé un journal l’Écho du Sud-Est, devenu l’Écho-Liberté, où il a beaucoup écrit. De 1953 à 1983, il est troisième adjoint au maire de Lyon (Édouard Herriot*), puis deuxième adjoint au maire (Louis Pradel et Francisque Collomb), délégué à l’urbanisme et à la voierie, et, de 1969 à 1977 vice-président de la Communauté Urbaine naissante ; conseiller régional en 1977 ; de 1983 à 1986 président de la Société de construction de la ville de Lyon (SACVL). Président de la société d’enseignement professionnel du Rhône en 1952, durant 20 ans.

 Son appartement, 10 rue Duquesne, a été plastiqué par l’OAS le 8 décembre 1966 et, quatre ans plus tard, le hall de son bureau est incendié par le CID-UNATI.

 Président de la Fédération des avoués de France, qu’il a contribué à créer. Officier de la Légion d’honneur (1973), de l’Ordre national du Mérite, des Palmes académiques, croix de guerre et croix du combattant volontaire de la Résistance.

 Il est mort le 10 février 2009, à l’âge de 104 ans, et a été inhumé à Fontaines-Saint-Martin, après une cérémonie à Sainte-Élisabeth.

 Il avait épousé le 21 juin 1935 Denyse Courbier (Lyon 12 juin 1909-11 octobre 2009), fille de Joseph Courbier (1876-1970), polytechnicien, fondateur de la Société chimique de Gerland, et d’Anne-Marie Nicolet (1880-1970), d’une famille d’industriels grenoblois (cimenteries de Voreppe et de Bouvesse) ; elle est la sœur de Jean Courbier*. Ils ont eu deux enfants : Jean-François, né le 7 mars 1946, et Catherine, née le 10 octobre 1947, épouse de Bruno Sapin.


Académie

Membre correspondant le 1er décembre 1987 sur un rapport d’Hugues Morel-Journel*, il est élu titulaire le 7 juin 1988 au fauteuil 2, section 3 Lettres. Membre émérite le 13 mai 2003. Communications : 16 février 1988 : Souvenirs de 30 ans de vie municipale (MEM 1989) ; 21 mars 1989, Les saint-simoniens et leurs réalisations lyonnaises, discours de réception (MEM 1990) ; Éloge funèbre de Marc Chaney*, également ancien avoué (MEM 1998).

Le 11 octobre 2005, Denis-Clair Lambert* a célébré dans un discours le centième anniversaire de Félix Rollet (MEM 2005, suivi d’une allocution de Gérard Collomb, sénateur-maire, du 5 octobre, à l’occasion de la cérémonie organisée en l’honneur du centième anniversaire à l’Hôtel de Ville de Lyon par le Rotary Club, dont Félix Rollet a été président). Son éloge funèbre a été prononcé par son cousin René Waldmann (MEM 2009).

Iconographie

Une voie nouvelle de Lyon 3e, d’abord appelée provisoirement rue François Barthélémy Arlès-Dufour, a été dénommée rue Félix Rollet (1905-1909) par délibération du conseil municipal du 2 avril 2012.