Edmond Marie Joseph dit Ennemond Trilliat [transformé en Trillat, par jugement du tribunal civil de Lyon, 24 novembre 1904] est né à Lyon 2e, 2 rue du Plat, le 5 décembre 1890, fils de Jean Paul Joseph Trilliat* (1853-1909), organiste de l’église métropolitaine de Saint-Jean, et de Benoîte Marie Louise Dalmas (1855-1941). Il est le frère du médecin Paul Trillat*.
Ennemond est mort à Francheville le 9 juillet 1980. Il demeurait alors 8 place Saint-Jean à Lyon.
Son père, étonné par sa précocité musicale, lui apprend le piano et lui fait donner un enseignement d’harmonie et de contrepoint. En 1904, Ennemond entre dans la classe préparatoire de piano au conservatoire de Paris chez Théodore Dubois. Élève ensuite d’Édouard Risler, il termine ses études pianistiques en 1908 par un brillant premier prix, premier nommé. Il étudie également la composition avec Louis Vierne et commence une carrière de pianiste concertiste, en travaillant notamment sur Debussy, dont il devient un ami. À 19 ans, il donne la première audition de la Grande sonate de Liszt. La mort de son père en 1909, l’oblige à revenir à Lyon.
En 1911, il fait son service militaire à Belfort dans le 14e corps commandé par le général Paul Pouradier-Duteil (1854-1933), violoniste à ses heures, qui, en 1912, le fait participer à des soirées privées de musique qu’il organise à son domicile. Trillat y rencontre la fille du général et de sa seconde épouse Jeanne Koehler, Anne Marie Henriette Léonie Pouradier-Duteil, née en 1893. Il la revoit d’autant plus que le général, après un passage au commandement du 8e corps à Bourges, est nommé gouverneur militaire de Lyon en 1913. Il l’épouse à Lyon, 6e, le 16 mars 1914.
Brancardier pendant la Grande Guerre. Il est nommé en 1919 professeur de piano dans une des classes de piano supérieur au conservatoire de Lyon (conservatoire national de musique et de déclamation), en succédant à Antoine Mariotte, fonction qu’il occupera pendant 22 ans. Il fait de nombreux récitals en France et à l’étranger, soit seul, soit en collaboration avec des partenaires célèbres comme Francis Poulenc, Georges Enesco, Edmond Appia, le quatuor Parrenin, la cantatrice Ninon Vallin, le chanteur Charles Panzera. Il crée également un trio qui porte son nom, avec la violoniste Hortense de Champigny et Jean Witkowski (1895-1953), fils de Georges Martin-Witkowski*. Il pratique souvent la forme conférence-récital lors des nombreux concerts qu’il donne en France comme soliste. Il fera entre 1931 et 1963 plusieurs enregistrements, seul ou avec son trio.
En 1941, Ennemond Trillat est nommé directeur du conservatoire de Musique de Lyon, succédant à Georges Martin-Witkowski. Jusqu’en 1963, il a une direction bienveillante et artistique plus qu’administrative. Il crée avec Maurice Jacob* les Jeunesses musicales qui auront un succès considérable auprès des étudiants et lycéens lyonnais, organise des échanges internationaux avec l’Allemagne en 1957, développe l’étude de la musique ancienne et moderne. Il est à l’origine de l’actuelle Société de musique de chambre et, en 1949, du Festival de Lyon au théâtre romain de Fourvière.
Il fut non seulement un brillant pianiste, mais également compositeur et musicologue. Ses compositions, souvent sous-titrées, sont évocatrices de personnages historiques ou communs. En dehors de ses propres compositions Ennemond Trillat a retrouvé de nombreuses œuvres d’auteurs anciens, italiens, allemands et français qu’il a reconstituées.
Ses archives ont été déposées à la Bibliothèque municipale de Lyon.
Ennemond Trillat a été père de quatre enfants : Jacqueline, dite Line (décédée en 2009), professeur de danse (Académie Line Trillat) ; Étienne (1919-1998) médecin ; Jeanne dite Ninou (1914-Chaponost 2001), épouse en 1935 de Louis Léonhardt ; et Bernard qui a fait une carrière militaire.
Élu le 4 décembre 1945 au fauteuil 1, section 4 Lettres-arts, comme l’a été son père Paul Trillat*, et comme le sera son frère Paul Trillat* dans la classe des sciences, et enfin le sera son petit-fils, Renaud Léonhardt* à nouveau en lettres et arts. Il succède à Georges Martin-Witkowski. Son discours de réception est intitulé : Claude Goudimel, le psautier huguenot ou la Saint Barthélémy lyonnaise. Il a fait plusieurs communications : Jean-Jacques Rousseau fut-il musicien ? (MEM 27, 1971 R). – Le musicien Clémenti à Lyon (Ibidem). – Modeste Grétry, (Ibidem). – Les rapports entre le rythme et la machine, et leur influence en musique (Ibidem). – Souvenirs autour d’Edouard Herriot et la musique, 1979 (MEM 33, 1979). Son éloge a été prononcé par Robert Proton de La Chapelle* (MEM 35, 1981).
Il a été élu et intronisé le 9 novembre 1946 à l’académie du Gourguillon et des Pierres Plantées sous le nom de Pothin Croquenote.
Céline Emery, Ennemond Trillat musicien lyonnais, Lyon : PUL, 1979. – Pierre Saby, Un corpus lyonnais de mélodies avec piano : regards sur l’œuvre d’Ennemond Trillat, in Aspects de la mélodie française, Lyon : Symétrie, 2006, p. 223-244. – G. Corneloup, DHL.
Il a participé à : Joseph Trillat, Dame Loyse la belle cordière, Imagerie Lyonnaise. Avec un poème [de Louise Labbé] mis en musique par Ennemond Trillat et quatre bois gravés de Charlaix, Lyon : Paul Trillat éditeur, 1937, 57 p. – Articles « Nicolas Martin (xvie s.) », « Jacques Moderne (xvie s.) », « Jean-Baptiste Prin (xviie s.) », « Nicolas Logroscino (xviie- xviiie s.) », « Jean-Jacques Rousseau », « la famille Scarlatti », « Voltaire », in Encyclopédie de la musique, dirigée par François Michel, Paris : Fasquelle, 1958. – Chantons juste : 40 exercices d’intonation, Nice : G. Delrieu, 1953. – Quelques conseils aux pianistes, Nice : G. Delrieu, 1956, 4 p.
Dans la revue Résonances : J.J. Rousseau et son dictionnaire de musique (date inconnue). – Un pays où l’on peut prendre une leçon, Canada, février 1955. – Thalberg et Liszt, avril 1956. –Quelques musiciens lyonnais, mars 1958. – Les instruments de musique au Metropolitan museum, n° spécial du Festival, s.d.
Dans la revue Reflets de la vie lyonnaise et du Sud-Est : Liszt et la Dame aux camélias, décembre 1953. – De Franz Liszt à l’abbé Liszt, novembre-décembre 1954. – G. Sand et les musiciens romantiques, mai et juillet 1955. – Petites notes sur le Canada, décembre 1955.
Il a rédigé des manuscrits ronéotypés, qui sont parfois des transcriptions de conférences, vendus chez Béal : Chopin et G. Sand, le Lys dans la vallée noire. – De Rameau à Ravel. – Couperin, Rameau. – Le génie et la folie, de Robert Schumann. – Beethoven. – Musique de nos pères (bimillénaire Lyon 1958). – Musiciens de cour et musique royale. – Louis Marchand, Lyonnais organiste du Roi. – Promenade d’un musicien au Canada. – Florent Schmitt à la villa Médicis.
Pour orgue : Passacaille, Lyon : Béal. – Pour piano seul : Les Santons. – Marquises et sans culottes. – Variations pour J2 (initiation aux harmonies modernes). – Il ne faut jurer de rien. – Sur les pas de Blandine d’Agoult. – Quatre petites pièces sur Le chandelier, de Musset. – Cadence pour le concerto (ut mineur), de Beethoven. – Pour flûte : Prélude danse (flûte et tambourin). – Trois pièces sur des modes grecs (pour 2 flûtes) Hypophrygiens, Doriens, Lydiens, Phrygiens. – Des mélodies : Recettes chantées (Beignets à la romaine, Le Canut ses bugnes et la ficelle à deux sous, Porc à l’espagnole, Tartine à l’anglaise). – Le passé. – Le Luth (Louise Labbé). – Adieu la blanche marjolaine (xve siècle). – Gentils galants de France (xive siècle). – Les adieux. – Prière In memoriam, de P. O. Perroud. – Sept remèdes chantés (Secrets du Seigneur Alexis, 1573). – Le serpent et la lime (La Fontaine). – À mi-chemin des crêtes (A. Vigneau). – Les poissons (Jules Supervielle). – La chanson de Fortunio (Musset). – Pour chœurs mixtes : La chasse au roi Dagobert. – Les Tisserands. – Deux Noëls anciens (L’Adoration des Bergers ; Guillaume, Antoine, Pierre). – Heureux ceux qui sont morts (Charles Péguy). – Le pâtre. – Chant écossais. – Pour trios vocaux : Pierre (de Marguerite de Navarre). – La barbe capucinale. – Musique de scène : Humbert aux Blanches mains. – Le chandelier (Musset). – Le Songe d’une nuit d’été (Shakespeare). –Jedermann (E. Trillat et R. de Fragny). – Jeanne d’Arc (Ch. Péguy, E. Trillat, R. de Fragny). – Musiques pour films : Les dinandiers. – Lyon, capitale des Gaules. – Divertimento.
Il a reconstitué des œuvres anciennes des Italiens Giovani Benoncini (1670-1750), Giacomo Greber (1670), Alessandro Scarlatti (1658-1725), notamment Le Martyre de Sainte Ursule et David, Stradella (1645-1681), Campra (1660-1744) et des auteurs de l’école napolitaine des xviie et xviiie siècles ; des auteurs français du xviiie siècle : Dezède (1740-1792), J. M. Leclair (1697-1764), Marin-Marais (1656-1728), Louis Marchand (1669-1732), J. Haydn (1732-1809), Johan Adolf Hasse (1699-1783) et de Jean-Chrétien Bach (1735-1782) ; et d’auteurs anonymes du xvie siècle, ainsi Quatre chants irlandais du Canada.
Tous ces manuscrits provenaient des bibliothèques de Lyon, notamment de la bibliothèque de l’Académie des beaux-arts, ancêtre de l’Académie de Lyon.