Dictionnaire historique des académiciens de Lyon

Préface
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La recherche est faite par sous chaîne, insensible à la casse et aux accents.

AMPÈRE André (1775-1836).

par Michel Dürr.

  André Marie Ampère est né à Lyon le 20 janvier 1775, fils de Jean Jacques Ampère (1733-1793), négociant en soie, bourgeois de Lyon, et de Jeanne Antoinette de Sutières Sarcey (1749-1809) ; il est baptisé le 22 janvier en l’église Saint-Nizier ; parrain : André de Sutières Sarcey, ancien capitaine au Régiment de Bretagne ; marraine : Marie Magdeleine Bertoy, veuve de François Haller, marchand mercier à Paris, représentée par Delle Antoinette Sarcey. Du côté paternel, la lignée Ampère (Empayre, ou Empère, etc.) apparaît à Lyon vers 1670 avec Claude Ampère, tailleur de pierre, père de Jean Joseph Ampère (Saint-Pierre-et-Saint-Saturnin 21 mars 1671-ibid. 22 septembre 1736, marié ibid. le 15 février 1694 à Simonde Rapillon), trisaïeul d’Ampère, maître tailleur de pierre, puis entrepreneur et architecte bourgeois, père de François Ampère (ibid. 22 novembre 1699-1757, marié ibid. le 9 avril 1731 à Anne Berthois ou Berthoy fille de noble Joseph Berthois, avocat en Parlement), marchand fabriquant en étoffes de soie et bourgeois de Lyon, aïeul paternel d’Ampère. Il faut noter que Jean Joseph Ampère, trisaïeul d’André Ampère, et Pierre Degérando, trisaïeul du conseiller d’état Joseph Marie de Gérando, tous deux architectes entrepreneurs, sont associés en 1701 dans la restauration de l’Hôtel de ville de Lyon, ainsi que dans la construction du port de Chalamont et du quai de Villeroy sur la Saône. Cela explique peut-être le soutien apporté à Ampère sous le Consulat et l’Empire par Joseph Marie de Gérando. Du côté maternel, la famille Sarcey, ou Salsey, est originaire de Saint-Pierre-la-Palud (Rhône).

  André Marie Ampère, mathématicien, qui habite alors 6 rue du Bât-d’Argent, épouse à Lyon le 20 thermidor an VII (7 août 1799) Catherine Antoinette (dite Julie) Carron, née à Lyon le 12 septembre 1773, fille de feu Claude Carron, négociant, et d’Antoinette Boyron. De cette union, est né à Lyon (division du Midi) le 24 thermidor an VIII (12 août 1800), Jean Jacques Antoine Ampère (témoins : Périsse et Los Rios, libraires), qui sera littérateur et historien, professeur au Collège de France le 2 juin 1837, élu membre de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres le 6 mai 1846, de l’Académie Française le 22 avril 1847, mort célibataire à Pau dans la nuit du 26 au 27 mars 1864. Julie Caron tombe gravement malade en 1802 et, malgré les soins prodigués par le docteur Petetin*, elle meurt à Lyon (division du Nord) le 24 messidor an XI (13 juillet 1803), à l’âge de 29 ans. André Marie Ampère, membre et secrétaire du bureau consultatif des arts et manufactures et membre de l’Académie de Lyon, demeurant à Paris, rue de la Montagne-Sainte-Geneviève à l’École polytechnique, se remarie à Paris le 1er août 1806 avec Jeanne Françoise Potot, née à Lyon, paroisse d’Ainay, rue Saint-Joseph, le 16 novembre 1779, de noble Jean-Baptiste Potot*, avocat, et de Delle Marie Anne Commarmond : les témoins sont Champagny, ministre de l’Intérieur, le général Lacuée, gouverneur de l’École polytechnique, Laplace, Lagrange et Delambre, membres de l’Institut, Jussieu, professeur au Muséum. Le ménage habite alors 12 rue du Faubourg-Poissonnière chez Jean-Baptiste Potot*. De cette union naît Anne Joséphine Albine le 6 juillet 1807 à Paris, baptisée à Saint-Vincent-de-Paul le 14 juillet 1807 et mise en nourrice à Montmartre jusqu’en juin 1808. Fort mal traité par sa femme et sa belle-famille, Ampère est chassé de chez lui le 26 juin 1807. Il trouve refuge dans un logement que Champagny met à sa disposition dans son hôtel particulier. Un acte sous seing privé du 11 juillet 1808 régularise la séparation : Ampère consent à ce que sa femme habite chez ses parents, et lui-même a la garde d’Albine. Élevée par Ampère et sa sœur, Albine épouse un officier alcoolique, Gabriel Ride, le 26 novembre 1826 à Paris, et meurt sans postérité vivante le 9 août 1842 à La Ferté-sous-Jouarre.

  Épuisé par son travail et par la maladie, Ampère meurt le 10 juin 1836 à l’infirmerie du lycée de Marseille, lors d’une tournée d’inspection. Inhumé d’abord à Marseille, il partage depuis 1869 dans la 30e division du cimetière Montmartre à Paris, la tombe de son fils, près de la tombe commune de Ballanche* et de Madame Récamier.

  Ampère a passé son enfance et sa jeunesse, de 1782 à 1797, à Poleymieux-au-Mont-d’Or (Rhône) dans la propriété où sa famille s’est retirée. Son père l’élève lui-même : il lui enseigne le français, le latin et l’italien, et met à sa disposition des ouvrages de mathématiques, ainsi que l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert. Ampère reçoit quelques leçons de calcul différentiel et de géométrie analytique de l’abbé Daburon, professeur au Grand Collège de Lyon. Il assiste aussi à des leçons de physique de l’abbé Joseph Mollet*. Le 8 juillet 1788, il fait parvenir à l’Académie de Lyon un mémoire : « Trouver la rectification d’un arc quelconque de cercle plus petit que la demi-circonférence », où il utilise une courbe auxiliaire construite point par point. Malgré la décision de l’Académie de ne plus examiner les mémoires relatifs à la quadrature du cercle ou aux problèmes connexes, eu égard à la jeunesse de l’auteur, l’abbé Claude-Antoine Roux* est désigné comme rapporteur, mais ne s’acquitte pas de sa tâche.

  Cette période heureuse de l’adolescence d’Ampère prend fin avec la mort de son père. Celui-ci, « roland-feuillantin », est élu en décembre 1791 juge de paix du canton de la Halle aux Blés à Lyon, puis président du tribunal correctionnel. Dans ces fonctions, il instruit le procès à l’issue duquel l’agitateur Chalier est guillotiné en juillet 1793. Resté à Lyon pendant le siège, Jean Jacques Ampère est arrêté dès la prise de Lyon par les troupes de la Convention. Il est exécuté le 23 novembre 1793. Son fils, très affecté, reste dans un état de prostration jusqu’au printemps 1795. Il revient à la vie en herborisant, les Lettres sur la Botanique de J.-J. Rousseau à la main, et en refaisant tous les calculs du Traité de Mécanique analytique de Lagrange. Lors d’une de ces promenades, il rencontre en 1796 « Julie » Carron qu’il épouse lorsqu’il est en mesure de subvenir aux besoins d’un ménage. À cet effet, il s’installe à Lyon chez son futur beau-frère, l’imprimeur Périsse, et donne des leçons de mathématiques, de physique et de chimie. Il fréquente une éphémère résurgence de la Société littéraire, où il fait la connaissance de Jean-Baptiste Dumas*, qui la préside, Leuillon-Thorigny, Dugas-Montbel*, Beuchot et Ballanche*, qui écrit pour « cette petite et aimable société » son Essai sur le sentiment.

  Le 19 février 1802, Ampère arrive à Bourg-en-Bresse où il a été nommé le 30 pluviôse an X (18 février 1802) professeur de physique et de chimie à l’école centrale du département de l’Ain. Ses talents sont remarqués des inspecteurs Delambre et Villar, ainsi que de l’astronome Lalande, venu passer quelques mois dans son pays natal. Il fait imprimer par Périsse un ouvrage sur le problème de la ruine du joueur – Considérations sur la théorie mathématique du jeu –, dont son collègue et ami François Clerc* a relu les épreuves, et il l’envoie à l’Académie des sciences, ce qui lui vaut l’appui de Laplace. À la suppression des écoles centrales par Bonaparte, il obtient d’être nommé le 13 mai 1803, professeur de mathématiques au lycée de Lyon. Il rejoint dans cette ville sa femme et son fils, mais Julie, malade, meurt trois mois plus tard. Ampère traverse alors une crise de mysticisme ; il préside une Société chrétienne où il retrouve Ballanche*, qui lui fait connaître Claude Julien Bredin* et Grognier*. Ne supportant plus le séjour à Lyon, il obtient un poste de répétiteur d’analyse à l’École polytechnique où, le 22 novembre 1804, il remplace Francœur, démissionnaire. Sa vie privée n’est désormais que chagrins, alors que sa vie professionnelle et scientifique est une suite de succès. À Paris, il est soutenu par son ami Joseph de Gérando, secrétaire du ministre de l’Intérieur, qui, le 24 mars 1806, le fait nommer secrétaire du Bureau consultatif des arts et manufactures, poste qu’Ampère occupe jusqu’à sa nomination comme instituteur d’analyse à l’École polytechnique le 28 décembre 1809. Il est professeur d’analyse le 5 septembre 1816. Il est élu le 22 juin 1806 membre de la Société d’Encouragement pour l’Industrie Nationale, sur présentation de Montgolfier. Gérando recommande ensuite Ampère à Fontanes, grand maître de l’Université, qui l’intègre au corps des inspecteurs généraux dès la création de l’Université le 21 septembre 1808. Lorsqu’il est admis au Collège de France dans la chaire de physique générale et expérimentale en 1824, il est contraint par Mgr Frayssinous, nouveau grand maître, à quitter l’inspection. Il obtient d’y revenir en 1828 lorsqu’il démissionne de son poste de professeur à l’École polytechnique.

  C’est en tant que mathématicien qu’Ampère est admis dans le monde intellectuel parisien. Le 7 février 1807, il est reçu à la Société philomathique de Paris. Il publie plus de vingt mémoires de mathématiques dont deux, sur les équations aux différentielles partielles, lui valent d’être élu le 28 novembre 1814 membre de l’Institut national des sciences et des arts dans la classe I, sciences physiques et mathématiques(dénomination de l’Académie des sciences depuis le 5 fructidor an III et la réorganisation des classes du 3 pluviôse an XI). Il est confirmé membre de l’Académie royale des sciences le 21 mars 1816 (réorganisation après les Cent-Jours !). Il est fait chevalier de la Légion d’honneur le 20 décembre 1814. La chimie le passionne, mais comme il ne dispose pas d’un laboratoire, la communauté des chimistes le tient à l’écart et il n’est jamais invité à la Société d’Arcueil. Lorsqu’en 1809, il annonce que l’acide muriatique oxygéné est un corps simple, le chlore, il ne recueille aucun écho et, dépité, s’en ouvre par une lettre à Humphry Davy qui publie cette découverte. Il n’a pas plus de succès avec l’essai de chimie structurale exposé dans sa Lettre au comte Berthollet, dont le passage où, après Avogadro, il énonce la distinction entre atomes et molécules, lui vaudra une gloire posthume. En 1816, son Essai d’une classification naturelle pour les corps simples vient trop tôt pour retenir l’attention des contemporains. En 1818, Ampère et Arago soutiennent Fresnel et font accepter sa représentation de la lumière comme vibration longitudinale d’un milieu baignant tout l’espace, l’éther. En septembre 1820, l’expérience d’Ørsted, présentée par Arago à l’Académie des sciences, fournit à Ampère l’occasion de manifester son génie. Il crée une nouvelle science, l’électrodynamique, qui étudie les forces exercées par les courants électriques. Pour Ampère, on peut obtenir les résultats dus à des aimants en les remplaçant par des hélices parcourues par un courant électrique, les solénoïdes. On lui doit le renouveau de la science de l’électricité, figée depuis quelques années, et le développement de l’électromagnétisme qui conduit aux équations de Maxwell. Celui-ci rendra hommage à Ampère en l’appelant le « Newton de l’électricité », et en 1881 on donnera le nom d’« ampère » à l’unité d’intensité de courant électrique. Mais la philosophie est son activité intellectuelle la plus importante. Introduit par Gérando dès la fin de 1804 dans le cercle d’Auteuil des idéologues, il y fait la connaissance de Maine de Biran, avec qui il entreprend une description de la formation de la pensée à partir des sensations. Plus tard, à l’occasion de son cours au Collège de France, Ampère focalise son effort sur l’établissement d’une classification rationnelle exhaustive des connaissances humaines, qui lui paraît l’indispensable première étape avant d’évaluer le degré de certitude des connaissances actuelles et de définir la méthode la mieux adaptée pour les faire progresser. Son Essai sur la philosophie des sciences est son dernier ouvrage, le plus important à ses yeux.


Académie

Lors du rétablissement en 1800 par le préfet Verninac* de l’Académie des sciences, belles-lettres et arts de Lyon sous le nom d’Athénée, Ampère, mathématicien, figure sur la liste des émules. Lorsque le 24 décembre 1801, l’Athénée reçoit la Consulte de la République Cisalpine, « après que le citoyen Volta [a] fait des expériences tendant à prouver l’identité du fluide électrique et du galvanisme […] le citoyen Ampère commence la lecture d’un mémoire qui contiendra une explication nouvelle des phénomènes de l’électricité et de l’aimant où ils sont rappelés aux lois ordinaires de la mécanique […et un] examen de l’influence de l’électricité sur les affinités et sur la théorie de la lumière et des couleurs. Tous ceux qui ont assisté à cette lecture ont regretté que la netteté et l’étendue de la voix du lecteur et la clarté de sa prononciation, ne répondissent pas à la netteté et à l’étendue des idées, et à la clarté du style ». L’ébauche de ce mémoire est conservée aux archives de l’Académie des Sciences (AcSc, papiers d’Ampère, chemise 203). Lors de la classification des membres de l’Athénée faite le 15 frimaire an XI [6 décembre 1802], Ampère est porté sur la liste des membres titulaires. Le 13 floréal an XI [3 mai 1803], « il fait lecture du préambule d’un Mémoire sur l’application du calcul des variations aux problèmes de la mécanique ». Le 5 nivôse an XIII [27 décembre 1803], il présente « l’Annuaire du département de l’Ain de la part de l’auteur, M. Riboud*, associé à l’Athénée de Lyon ». Le 4 floréal an XII [1er mai 1804], il fait un rapport verbal sur l’ouvrage de M. Delandy, concernant le nouveau système métrique. Le 18 floréal an XII [8 mai 1804], il « dépose pour son tribut académique un mémoire sur les avantages qu’on peut tirer dans la théorie des courbes, de la considération des paraboles osculatrices […]. Après avoir déposé son mémoire, M. Ampère en a présenté un autre de la part de M. Clerc, professeur de mathématiques au Lycée de Moulins, et ci-devant à l’École Centrale de Bourg. Celui-ci est une traduction du Commentaire de Stirling sur l’Enumeratio linearum tertii ordinis de Newton. Le 23 prairial an 12 [12 juin 1804], M. Ampère présente un nouvel écrit de Monsieur Clerc, professeur de mathématiques à Moulins, sur l’application du calcul aux annuités et aux prêts à fonds perdus. Le 21 messidor an 12 [10 juillet 1804], M. Ampère lit un rapport sur les deux ouvrages présentés à l’Académie de Lyon par Monsieur Clerc, professeur de mathématiques au Lycée de Moulins ». Ampère assiste pour la dernière fois comme académicien titulaire, le 19 thermidor an 12 [7 août 1804]. Il rejoint son poste de répétiteur d’analyse à l’École polytechnique en octobre1804. Il est dès lors considéré comme émérite et figure en tant que tel sur la liste du 11 juillet 1809. Lorsque ses tournées ou ses séjours à Lyon le lui permettent, il revient assister aux séances, ainsi le 8 et le 15 mai 1810, le 4 septembre 1810, le 9 avril 1811, le 5 mai 1812, le18 mai 1813, le 13 août 1822, le 4 mai 1830. Enfin, le 15 mai 1832, « M. Ampère dépose sur le bureau et offre à l’académie un article extrait de la revue Encyclopédique sur une classification naturelle des sciences qu’il a imaginée. Cette notice est suivie d’un tableau synoptique des sciences et des arts et de l’explication de ce tableau en vers latins mnémoniques, adressée au fils de l’auteur. »

L’académie conserve dans sa bibliothèque les imprimés suivants, envoyés par Ampère, ou déposés par lui-même ou par Clerc* : Considérations sur la théorie mathématique du Jeu, Lyon : impr. Périsse, in 4°, 63 p., 20 x 26cm (AcL cote 50 222). – Démonstration de la relation découverte par Mariotte entre le volume des gaz et les pressions qu’ils supportent à une même température, Paris : Vve Perroneau, 1815, 13 x 20, in 8, 16 p. (AcL 50176). – D’une classification naturelle des corps simples, Paris : de Feugueray, 13 x 20, in 8, 84 p. (AcL 50176). – Mémoire sur la réfraction de la lumière, extrait de la Correspondance sur l’école Polytechnique, Paris : impr. de Mme Vve Perroneau, 1815, in 8, 13 x 20, 8 p. (AcL 50176). – Mémoire contenant l’application de la théorie exposée dans le XVIIe cahier du journal de l’École polytechnique à l’intégration des équations aux différentielles partielles au premier et au second ordre, Paris : Impr. royale, 1819, 20 x 26, 188 p., in 4 (AcL50 224). – Mémoire sur quelques nouvelles propriétés des axes permanents de rotation des corps et des plans directeurs de ces axes, Paris : Impr. royale, 1823, 20 x 26, in 4, 80 p. (AcL50 231). – Mémoire sur l’action mutuelle de deux courants électriques, sur celle qui existe entre un courant électrique et un aimant ou le globe terrestre, et celle de deux aimants l’un sur l’autre, extrait des Ann. de Chimie et de Physique, sl, sd, 13 x 21, in 8, 68 pages, 5 planches (AcL50184). – Mémoire sur l’action mutuelle d’un conducteur voltaïque et d’un aimant, Bruxelles : Hayez, 20 x 26, in 4, 88 p. (AcL 50231). – Exposé méthodique des phénomènes électrodynamiques et des lois de ces phénomènes, Paris : Bachelier, 1823, 13 x 21, in 8, 35 p. (AcL 50 191). – Description d’un appareil électrodynamique, Paris : Bachelier, 1826, 13 x 21, in 8, 32 p., 1 pl. (AcL 50187). – Note sur l’action mutuelle d’un aimant et d’un conducteur voltaïque, Paris : Bachelier, 1828, 13 x 21, in 8, 29 p., 1 pl., (AcL 50191). – Mémoire sur la détermination de la surface courbe des ondes lumineuses dans un milieu dont l’indice est différent suivant les trois directions principales, c’est à dire où la force produite par l’élasticité a lieu dans la direction même du déplacement des molécules de ce milieu, Paris : Bachelier, 1828, 13x21, in 8, 35 p., 1 pl. (AcL 50 191).

Les distractions d’Ampère

Par sa capacité à s’abstraire de son entourage et à méditer, comme par sa méconnaissance des usages du monde, Ampère est devenu le savant distrait-type. Lui-même a écrit que ses amis le désignaient comme « le bon Lafontaine ». La quasi-totalité des distractions ou des mésaventures qu’on lui prête sont inventées ou reprises de La Bruyère, de Newton ou d’autres (la montre jetée dans la Seine à la place d’un caillou, les deux chatières, la rencontre avec Napoléon à l’Institut, etc.). L’anecdote du fiacre qu’il prend pour tableau noir et qui s’ébranle emportant ses calculs est plausible. La soirée chez Fontanes, où il épouvante son hôtesse assoupie sur un canapé lorsqu’il en retire son épée d’académicien qu’il a placée là parce qu’il en était embarrassé, est attestée et vraisemblable. On trouvera une analyse critique de ces anecdotes dans MEM 2011 : Comment se forge une légende: Ampère, savant, distrait et excentrique.

Bibliographie

Sainte-Beuve, « Ampère », Revue Deux Mondes 9, 1837, p. 389-422. – Littré, « Ampère – Physique », Revue Deux Mondes 9, 1837, p. 422-489. – Arago, Éloge d’Ampère lu à AcSc le 21 août 1839, in Œuvres complètes, tome II, p. 1-116, Paris : J.‑A. Barral, 1854. – Ballanche*, Nécrologie, RLY 3, 1836, p. 503-510. – Claude Julien Bredin*, Bibliothèque de l’Institut de France, Ms2379 XXI : Éloge d’Ampère lu le 23 juin 1837 à l’Académie […] de Lyon, transcrit dans le Bull. Soc. Amis André Marie Ampère 49, octobre 2004 ; 50, octobre 2005. – Claude Valson*, La Vie et les travaux d’Ampère, Lyon : Vitte, 1897. – Louis de Launay, Le Grand Ampère, Paris : Perrin, 1925. – James R. Hofmann, André Marie Ampère : Enlightenment and Electrodynamics, Cambridge, 1995. – Pierre Marion* : Le Génial Bonhomme Ampère, Lyon : Éditions Mémoire des Arts, 1999. – Robert Locqueneux, Ampère, encyclopédiste et métaphysicien, Les Ulis : EDP Sciences, 2008.

Iconographie

Portrait à l’huile d’Ampère vers 1800, musée Ampère. Gravures : par Boilly, vers 1815 ; par Ambroise Tardieu, 1825 ; par Deymarie, 1846. Bustes : marbre par Bonnassieux, 1849, mairie de Poleymieux ; par Debay, 1839, Institut de France. Statues en bronze : par Textor, 1888, Lyon, place Ampère ; par Vermare, 1912, Poleymieux. Médaillon en bronze par David d’Angers, 1829. Médailles : celle gravée par Chaplain en 1874 pour la série des « Français célèbres », a été reprise, pour célébrer le centenaire de ses découvertes (1921), par la Société française des Électriciens, par l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes ou pour le lancement du navire câblier « Ampère » (1950). La médaille des industries électriques et électroniques le représente rayonnant sur l’humanité. Ampère, est associé à Jacquard sur la médaille de la Société des Sciences industrielles de Lyon (gravée en 1868 par Guillaume Bonnet*) ; à Cuvier et Lavoisier sur celle du CNRS ; à Coulomb, Faraday, Maxwell, Ohm et Volta pour le centenaire du Laboratoire central des industries électriques. Enfin, l’hôtel Peytel à Poleymieux a contribué à diffuser son effigie avec une petite médaille-souvenir. Ampère figure sur la peinture monumentale Aux gloires du Lyonnais et du Beaujolais, réalisée par Louis Édouard Fournier en 1896 pour la salle des délibérations du Conseil général du Rhône. Bien entendu, il figure parmi les savants représentés dans la fresque « La fée Électricité », peinte par Raoul Dufy pour le Pavillon de l’électricité de l’Exposition universelle (Paris 1937) et conservée au Musée d’art moderne de la ville de Paris.

Timbres. France, émis le 27 février 1936, Centenaire de la mort d’Ampère, 75c., brun, dessiné et gravé par Antonin Delzers ; France, émis le 13 juin 1949, Arago et Ampère, 15f., brun-noir, dessiné par André Spitz, gravé par René Cottet, pour la Conférence internationale téléphonique et télégraphique ; Monaco, émis le 12 novembre 1975, André Ampère, 85c., bleu-noir, dessiné et gravé par Michel Monvoisin ; Deutsche Demokratische Republik, émis le 18 mars 1975, 35pf., bleu.

Manuscrits

La plus grande partie des papiers d’Ampère est conservée à l’Académie des sciences (environ 25 000 feuillets), et mise en ligne en 2013 sur le site ampère.cnrs. Les rapports du Bureau des Arts et Manufactures sont aux Archives Nationales, série F12 ; les rapports d’inspection et le dossier administratif d’Ampère à la série F17.

L’Académie de Lyon conserve onze documents manuscrits : 1. Ampère (âgé de 13 ans) : Mémoire sur la rectification d’un arc de cercle (Ac.Ms198 f°123). 2. Ampère et Bureaux-Pusy : Rapport sur deux ouvrages de M. Clerc 21 mess 12 (Ac.Ms188 f°120). 3. Recherches sur l’application des formules générales du calcul des variations aux problèmes de la mécanique 13 floréal an 11 (Ac.Ms188 f°125). 4. Opinion d’Ampère sur les mémoires du concours de l’an XI : Atterrissements du Rhône (Ac.Ms242 f°20). 5. Mémoire sur les avantages qu’on peut retirer dans la théorie des courbes de la considération des paraboles osculatrices (Ac.Ms188 f°145). 6. Lettre à Monsieur Roux, secrétaire perpétuel de l’Académie de Lyon, professeur de mathématiques transcendantes au Lycée de Lyon, 19 pluviôse [an XIII] (8 février 1805) (Ac.Ms275-1 f°328-329. 7. Démonstration générale du principe des vitesses virtuelles dégagée de la considération des infiniment petits (Ac.Ms188 f°181). 8. Note sur l’équation de la propagation du son dans un fluide élastique et sans pesanteur (Ac.Ms188 f°197). 9. Recherches sur les principes fondamentaux de la mécanique (Ac.Ms188 f°204). 10. Remède employé par M. Ampère pour une toux opiniâtre [24 mai 1831] (Ac.Ms394 f°2). 11. Lettre d’Ampère à [Stéphane] Périsse 20 septembre 1824 (Ac.Ms394 f°3).

Publications

Plus de cent articles, notes ou mémoires. Bibliographie dans « Ampère, un savant humaniste », Bull. SABIX 31, et dans Hofmann : André Marie Ampère, Enlightenment and Electrodynamics.

Principaux ouvrages : Considérations sur la théorie mathématique du jeu, Lyon : Périsse, 1802. – Recueil d’observations électrodyna-miques, 1822. – Théorie des phénomènes électrodynamiques, uniquement déduite de l’expérience, 1826. – Essai sur la philosophie des sciences, 2 parties, 1834 et 1843. – Les articles principaux concernant l’électricité ont été regroupés par Joubert dans la Collection des Mémoires relatifs à la Physique publiés par la Société de Physique, t 2 et 3 : Mémoires sur l’électrodynamique, 1885 ; ils sont l’objet de la thèse de Christine Blondel : Ampère et la création de l’électrodynamique, CTHS, 1982. – Certains manuscrits philosophiques sont publiés dans Jules Barthélémy Saint-Hilaire, Philosophie des deux Ampère, 1866. – Correspondance philosophique Maine de Biran-Ampère, éd. André Robinet et Nelly Bruyère, Œuvres de Maine de Biran XIII-1, Paris : Vrin, 1993. – Journal et correspondance d’André Marie Ampère (de 1793 à 1805), recueillis par Henriette Cheuvreux, 1869. – André Marie Ampère et Jean-Jacques Ampère : Correspondance et souvenirs (de 1805 à 1864), recueillis par H. Cheuvreux, 2 vol., 1875. – Correspondance du Grand Ampère, éditée par Louis de Launay, 3 vol., 1936-1943.

Cette notice a été révisée.