Édouard de Vitry est né à Châlons-sur-Marne, paroisse Sainte-Marguerite, le 31 mars 1666, sous le nom d’Édouard Mathé. Il est le fils d’Hugues Mathé, écuyer, seigneur de Vitry-la-Ville et autres lieux, receveur général des finances en Champagne de 1661 à 1687, reçu le 6 septembre 1679 en l’office de conseiller secrétaire du roi, maison, et couronne de France et de ses finances, grand audiencier de France, remplacé le 13 septembre 1687. Sa mère est Claude Le Tartier, fille de Nicolas Le Tartier, seigneur de Grignon, trésorier de France à Châlons, et de Bonne Braux. Son parrain est trésorier des finances de Champagne ; sa marraine Claude Angélique Mathé, probablement sa cousine ou sa tante, fille d’Oudart Mathé et de Marguerite d’Aoust, décédée en 1713.
Édouard entre chez les jésuites le 15 août 1682 au noviciat de la province de France. Il enseigne la grammaire, les humanités et la rhétorique (peut-être à La Flèche). Envoyé successivement aux collèges de Caen et d’Alençon, il enseigne la philosophie, les mathématiques, l’astronomie, l’Écriture sainte et la théologie, et devient bibliothécaire. Revenu à Paris comme répétiteur à Louis-le-Grand, il fait sa théologie de 1691 à 1695, est ordonné en 1694, enseigne à Nantes, passe son « troisième an » à Rouen, retourne à Paris en 1700, mais revient à Caen en 1701 où il enseigne les mathématiques et la théologie. Son départ pour la Chine, prévu en 1702, n’a pas lieu. Il est fait docteur de l’université de Caen le 17 avril 1707. « Il était ami intime de M. de Cambrai [Fénelon]. Il a passé plusieurs années avec lui à Cambrai en qualité de son théologien », et il avait en sa possession trente-huit lettres de l’évêque de Cambrai pour la plupart adressées à lui (Dugas à Saint Fonds, 18 décembre 1718 et 16 janvier 1719). Dans ses déplacements, il a aidé Fénelon, qui le cite dès le 28 mai 1702, à reconstituer sa bibliothèque brûlée lors de l’incendie du palais archiépiscopal de Cambrai le 22 février 1697. Il entretint également des relations avec Bayle, « qu’il a fait rougir quelquefois des impiétés et des ordures dont il a sali son ouvrage [le Dictionnaire historique et critique] » (Pernetti). Appelé à Rome en 1718, pour être censeur des livres de la Compagnie, il révise notamment l’Histoire du peuple de Dieu de Berruyer en 1729. Il étudie alors « les antiquités et les médailles qui lui ont fait tant d’honneur pour se délasser des études théologie qui était son objet principal ».
Il meurt à Rome le 30 octobre 1729 (Ac.Ms301), ou 1730 (Sommervogel).
Passant par Lyon en chemin pour Rome, il est admis le 27 décembre 1718 dans l’assemblée de l’Académie, amené par le P. de Colonia. Le 3 janvier 1719, il lit une dissertation sur les antipodes, abrégée de celle parue dans les Mémoires de Trévoux en janvier 1708. Le 10 janvier, « l’Académie a reçu le P. de Vitri au nombre des académiciens et l’a prié quand il serait à Rome de nous envoyer des ouvrages de temps en temps » (Ac.Ms301) ; il lit des vers hendécasyllabes de sa façon sur l’intendant Foucault (sans doute ceux qu’il a publiés à Caen en 1706), et fait part à la compagnie d’observations sur les mots latins dudum et inutilis. Il quitte Lyon le 20 janvier (Dugas).
Dugas et Saint Fonds. – Pernetti, Ac.Ms301 p. 54 (sorte d’éloge du P. de Vitry). – Bréghot. – Weiss, in Michaud. – Augustin et Alois de Backer, Bibliothèque des écrivains de la Compagnie de Jésus, vol. 5, Liège, 1839, p. 766. – Sommervogel. – Correspondance de Fénelon, Genève : Droz, t. XI, 1889, p. 227. – Abraham Tessereau, Histoire chronologique de la Grande Chancellerie de France et autres chancelleries du royaume, 1691, vol. 2, p. 60, 164.
Selon Pernetti, il y a « chez les jésuites de Paris », sept livres manuscrits qui ont pour titre De Doctrina augustiniana de gratia.
« Élégie sur la mort de Michel Le Tellier », Varia opuscula, Cadomi [Caen], 1686, p. 58-60. – Il participe à la première édition du Dictionnaire de Trévoux en 1704. – In illustrissimum virum D. Marchionem de Magny, [...] illustrissimo parenti D. Foucault, [...] in administranda Inferiori Normannia a rege suffectum. [Signé: E. D. V. S. J.], Cadomi : apud A. Cavelier, 1706. – Thèse de mathématique sur la pleine lune écliptique et paschale du 17 avril 1707, Caen, 1707. – Conclusiones Theologicae de S. Augustini doctrina, Flesciae, 1712. – Conclusiones Theologicae de Scientia media, Cadomi, 1717. – Titi Flavii Clementis Viri Consularis et Martyris Tumulus Illustratus, Urbini : Fantauzzi, 1727, 60 p. (Vitry soutient qu’un tombeau découvert en 1727 dans l’église St.-Clément de Rome est celui de Titus Flavius Clemens, gendre de Vespasien ; une discussion s’éleva entre lui et Antoine Laisné* à ce sujet : voir Mém. de Trévoux, août 1728, p. 1531 ; décembre 1728, p. 2341 ; juillet 1729, p. 1332).
Dans les Mémoires de Trévoux (dont il passe pour avoir fait le plan) : au moins quinze « dissertations critiques » parfois anonymes, pendant plus de vingt ans : Sur les Antipodes (janvier 1708, p. 130-146 et février, p. 299-321). – Conjectures sur un monument trouvé au prieuré de Belhomer, tombeau d’un duc de Bretagne (août 1711, p. 1364-1370). – Sur un endroit de Clément Alexandrin (août 1716, p. 1570-1785 et mars 1717, p. 392-421). – Dissertation critique sur un endroit de la 179e lettre de S. Augustin (novembre 1716, p. 2095-2114). – Sur la 38e lettre de S. Jérôme (juin 1717, p. 993-1011, et décembre 1718, p. 973-993). – Sur ce que S. Paulin appelle Pentateuque de S. Augustin (septembre 1717, p. 1536-1547). – Sur le temps auquel S. Augustin acheva ses trois livres du Libre Arbitre (nov. 1717, p. 1906-1905). – Sur les lettres pascales de Théophile d’Alexandrie (janvier 1719, p. 162-181). – Sur la signification du mot latin inutilis (septembre 1721, p. 1588-1616). – Extrait d’une lettre au P. Souciet, sur l’éclipse de lune du 21 oct. 1725 (mars 1726, p. 413-418). – Lettre au R. P. E. Souciet, sur les poids et monnaies des Romains, datée de Rome, janvier 1729 (juillet 1729, p. 1252-1295). – Sur deux passages de S. Augustin où il est parlé de L. Furius Philus (analyse, septembre 1729, p. 1613-1620). – Conclusiones theologicae de gratia, et libero hominis arbitrio, Venetiis : Thesaurus theologicus, t. 5, 1762. – Une « Dissertation sur la force des particules négatives mises ensemble (non nemo) » est signalée par Pernetti.