Jacques Pitt, né à Montbrison (Loire) le 19 mars 1745, baptisé paroisse Sainte Marie-Madeleine le 20, est le fils de Jean Pitt habitant de la dite paroisse et de Jeanne Durel. Parrain : Jacques Pitt, oncle paternel, domestique des dames du second monastère de Sainte-Ursule ; marraine : Marie Richardier femme de Guy Gras, marchand.
Du 29 décembre 1778 à 1781, on le trouve à Langres, professeur d’éloquence au collège des oratoriens de Langres, membre de la loge de La Bienfaisance de cette ville (Jean Gigot, archiviste en chef de la Haute-Marne, « Promenade encyclopédique », Les Cahiers haut- marnais 24, p 88). Il serait d’origine britannique, d’une classe sociale suffisamment élevée pour entrer dans une des plus nobles familles de Champagne. Dans sa loge, il retrouve son beau-frère Nicolas Charles César de Minette de Beaujeu (Langres, 3 novembre 1748-21 avril 1826), sous-aide-major au régiment de Navarre, maçon du 10 février 1776 à 1780. Il épouse Barbe Victoire Minette de Beaujeu, fille du chevalier Edme Philippe de Minette de Beaujeu – né à Pierrefaites le 23 février 1702, porte-étendard de la 2e compagnie de mousquetaires en 1744, gouverneur des mousquetaires noirs à sa mort le 7 juin 1755 –, et de Marie Nicole Élisabeth Plubel, comtesse de Saulles (1718-1772). L’acte de décès de Jacques Pitt, à Lyon, division du Nord, le 12 nivôse an XI [2 janvier 1803] sur la déclaration de Félix Pitt, étudiant en médecine, son fils, et de Jean Grangé, rentier, 33 rue de la Convention, le donne demeurant 22 rue de la Convention. Sa veuve s’installe à Langres où elle meurt le 21 juin 1839. Le nobiliaire universel de Ludovic de Magny (Paris) donne le 5 juin 1750 comme date de naissance de Barbe Victoire et indique que Jacques Pitt est britannique ! Le même nobiliaire donne le couple sans postérité, ce qui est faux : Jacques Pitt est attesté à Montpellier en 1783-1784 par la naissance de Jean Félix Pitt (Montpellier 18 mai 1783-La Guillotière, 20 cours Morand, 18 mars 1848). Homme de lettres, professeur, journaliste, il était également chansonnier, secrétaire de la Société épicurienne de Lyon et membre de la Société littéraire de 1809 à 1822. Un autre fils, Hippolyte Louis François, naît le 9 juin 1784 à Montpellier, et se marie le 6 septembre 1814 à Nancy.
Jacques Pitt avait soutenu sa thèse de médecine à Montpellier le 22 octobre 1784. En 1786, il est à Lyon et entre à la loge Saint Jean d’Écosse du patriotisme (Albert Ladret, La franc-maçonnerie lyonnaise au xviiie siècle, p. 458). Médecin, il énonce ses titres en 1789 lorsqu’il publie les « Éléments de l’art des accouchements par Joseph Jacques Plenck, traduits par J. Pitt docteur en médecine de la faculté de Montpellier, conseiller du roi, professeur agrégé au collège des médecins de Lyon » [Lyon : Dombey 1789, XVI + 248 p.]. En 1800, le Journal de la société de médecine de Lyon est rédigé par Jacques Pitt, Marc Antoine Petit* et Aimé Martin*, Lyon (le n° 1 est daté de thermidor an VIII). Lorsque Grimod de la Reynière s’installe à Lyon en 1788, Jacques Pitt est l’un de ses commensaux : après les soupers à l’Hôtel de Milan, Grimod indique dans sa correspondance : « Ces soupers ont pris un autre caractère à la Croix de St Louis. Le petit abbé [de Barthélemy de Grenoble] y était encore. Mais N. et le chevalier Aude [ex-secrétaire de Buffon] n’y étaient plus. M. Pitt les avait remplacés. » (RLY 1856, p. 251, Lettres inédites écrites à diverses époques à un Lyonnais de ses amis, 2e lettre, Béziers 26 août 1793). Pitt devait être un convive agréable, troussant prose et vers qu’il publie dans les journaux du temps, ainsi de la chanson « Frères, il faut vivre » recueillie par le Caveau moderne (1813, t. VII, p. 261) et de la réponse à l’épître en vers de Bérenger (Journal de Lyon, 24 mai 1786, n°11). Plus sérieusement, lorsque Champagneux, qui a fondé à partir du 1er septembre 1789 Le Courier [sic] de Lyon ou Résumé général des Révolutions de France abandonne, épuisé, une société de gens de lettres qui comprend Jacques Pitt et Planterre, il reprend la rédaction à partir du 28 septembre 1790 et continue jusqu’au 9 février 1791 (Vingtrinier, Le Vieux Papier, t. 25, 1967-1969, p. 302). Nous savons par la correspondance de Grimod que Pitt, au printemps 1793, aurait été « mis en prison, place de Roanne, pour avoir donné retraite chez lui à un frère de sa femme, qu’on disait avoir émigré » (RLY 1855, p. 106). Il doit s’agir de Nicolas Charles César de Minette de Beaujeu. Quoiqu’il en soit, un jugement du tribunal criminel du département de Rhône et Loire en date du 10 juin 1793 l’acquitte de l’accusation d’avoir donné asile et retraite à des émigrés ou gens suspects sans déclaration à la mairie.
Le 24 messidor an VIII, le préfet Verninac convoque en assemblée constitutive à l’hôtel de la préfecture divers citoyens de Lyon en vue de rétablir sous le nom d’Athénée, l’Académie supprimée par la Convention en 1793. Pitt est l’un d’eux. Le 3 thermidor an VIII, les citoyens Bérenger et Delandine, désignés comme secrétaires lors de la séance fondatrice « exposent que des raisons majeures les mettent dans l’impossibilité de remplir ces fonctions. Claude Roux est nommé secrétaire de la classe des sciences à leur place, et Jacques Pitt secrétaire de la classe des lettres, fonction qu’il assure jusqu’au 2 brumaire an XI. Il lit une fable, Le philosophe de la ville et le philosophe de la campagne, à la séance publique du 20 thermidor an VIII ; un poème, Les deux colombes de Vénus, le 23 pluviôse an IX ; une notice des deux premiers chants d’un Poème trouvé à Herculanum, à la séance publique du 7 germinal an IX ; le compte rendu des travaux académiques depuis germinal lors de la séance publique du 24 messidor an IX. Le 23 floréal an X, « le citoyen Pitt fait lecture d’un discours sur le rétablissement de l’enseignement public. L’ordre des idées, la perfection du style et l’ensemble des vues que présente cet ouvrage décident l’Athénée à demander unanimement qu’il en soit fait une copie, pour être envoyée au Ministre de l’Intérieur ». Ce mémoire est ensuite lu à la séance publique du 24 messidor an X, ainsi qu’une épître sur la reconnaissance due au médecin.
Ac.Ms125 f°401 : Bérenger, 28 nivôse an XI: Au docteur Pitt, mon ami en lui envoyant la “Morale en exemples”. – Ac.Ms125 f°405 : Pitt, Réponse à l’Epître de M. Bérenger, 28 nivôse an XI. – Ac.Ms125bis f°26 : Pitt, Notice des deux premiers chants d’un poème trouvé dans les ruines d’Herculanum. – Ac.Ms275-1 f°16 : copie de la Lettre d’excuses rédigée par Pitt, secrétaire et envoyée au citoyen Lebrun, consul, duc de Plaisance, suite à la lettre de celui-ci, renvoyant le diplôme de membre honoraire que lui avait adressé l’académie, alors qu’il est de droit associé à l’Académie. – BML fonds Coste 16079 : Lettre en prose et en vers adressée à M. Charpentier , homme de loi pour lui donner un rendez-vous, par Jacques Pitt docteur-médecin, journaliste, auteur de divers ouvrages, Lyon, 2 janvier 1792, autographe signé, 2 p.
Dissertatio medica de balneo frigido, praesertim momentaneo . quam… tueri conabitur, Jacobus Pitt, die 22 mensis octobris, anni 1784, Monspelli apud J. Martel natu majorem, IV, 28 p. – Éléments de l’art des accouchements par Joseph Jacques Plenck, traduits par J. Pitt docteur en médecine de la faculté de Montpellier, conseiller du roi, professeur agrégé au collège des médecins de Lyon, Lyon : Dombey 1789, XVI + 248 p. – Jugement du tribunal criminel du département de Rhône et Loire du 10 juin 1793 qui déclare Jacques Pitt, médecin, rue de la Convention [act. rue Royale] à Lyon, et Denis Franchet acquittés de l’accusation contre eux portée (Prévenus d’avoir donné asile et retraite à des émigrés ou gens suspects sans déclaration à la mairie), Lyon : A. Leroy, 1793 4 p.