Dictionnaire historique des académiciens de Lyon

Préface
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La recherche est faite par sous chaîne, insensible à la casse et aux accents.

BONNEFOND Claude (1796-1860)

par Maryannick Lavigne-Louis.

 Jean Claude Bonnefond, né rue Grolée à Lyon le 7 germinal an IV [27 mars 1796], est déclaré deux jours plus tard ; il est le fils de Clément Bonnefond, boulanger (qu’il n’a pas connu puisqu’il est décédé en août 1796), et de Claudine Burel remariée à un boulanger en 1797. Sont témoins deux commerçants de la rue Grolée : Jean Claude Condamin, épicier, et Pierre de L’Œuvre, marchand de farine. Particulièrement doué, Claude entre dès l’âge de 12 ans à l’école des beaux-arts de Lyon, où l’année suivante il remporte un prix ; en 1813 (il a 17 ans) il reçoit le prestigieux Laurier d’Or dans la classe de Pierre Revoil*. Il commence à exposer à Lyon en 1814, puis en 1817 à Paris, où son œuvre La chambre à coucher des petits savoyards ou les petits montreurs de marmotte [mise en vente chez Sotheby’s le 17 juin 2015] lui vaut une médaille de deuxième classe ; c’est le premier des nombreux tableaux de Bonnefond achetés par le duc de Berry. Se voyant reprocher une certaine raideur dans sa peinture « au pinceau si peu flexible », Bonnefond s’installe à Paris en 1822 pour travailler dans l’atelier très fréquenté de Pierre-Narcisse Guérin (1774-1833, prix de Rome en 1797), « pour prendre un pinceau plus large » et « se défaire de ce que sa manière avait de trop lyonnais » (Martin-Daussigny*). Au bout de six mois, Guérin envoie Claude Bonnefond à Rome où il le retrouve en 1823 quand il prend la direction de la villa Médicis. Bonnefond reste à Rome jusqu’en 1830, séjour interrompu brièvement en 1828 par un intermède lyonnais (il peint à Dardilly son autoportrait). En Italie, il se lie notamment avec le peintre neuchâtelois Léopold Robert, qui l’influence notablement, le peintre lyonnais Victor Orsel, et le graveur parisien Joseph Victor Vibert*, pour lequel il créera en 1833 une classe de gravure en taille-douce à l’école des beaux-arts. Le 4 avril 1831, Bonnefond est en effet nommé par le nouveau maire de Lyon, Gabriel Prunelle*, professeur-directeur de l’école des beaux-arts de Lyon, où il succède à son maître Revoil. Désormais, il se consacre pleinement à ses tâches de directeur et d’enseignant qu’il assume jusqu’à son décès. Outre la classe de gravure, il crée une classe spéciale d’ornement pour la fabrique lyonnaise. Il est fait chevalier de la Légion d’honneur le 15 janvier 1834, devient membre correspondant de l’Académie d’Anvers en 1837, et il est nommé correspondant de l’Institut en 1853.

 Il décède le 28 juin 1860 à son domicile 11 place Louis-XVI (ensuite place Morand, act. place Maréchal-Lyautey). Il est modestement inhumé le 29 au cimetière de Loyasse, et transféré deux ans plus tard dans un tombeau financé par une souscription [« érigé par les artistes, par ses amis et ses élèves », dessiné par Antoine-Marie Chenavard*, et sculpté par Guillaume Bonnet*], inauguré le 27 juin 1862 (Hours 282).

 Le 28 septembre 1842, à 46 ans, Claude Bonnefond avait épousé à La Guillotière une jeune voisine du 7 place Louis-XVI, Louise Laure Thomassin, de tout juste 19 ans. Née le 27 juin 1823 à Gisors (Eure), elle est la fille de Barbe Catherine Adèle Thiery de Rambeau (famille de Meurthe-et-Moselle) et de Louis Colomban Thomassin (nancéen), qui exerçait alors à Gisors le métier de « directeur de l’école d’enseignement mutuel », mais qui a disparu sans laisser d’adresse en 1829 alors qu’il était représentant « de la maison de commerce Raclet et compagnie de Villefranche (Rhône) » ; elle est décédée 11 place Morand le 11 septembre 1882. À son mariage, Louise Laure Thomassin a pour témoins Jean Charles Millanois, receveur municipal de la ville de Lyon « tuteur ad hoc », et son frère Édouard Thomassin, né à Paris le 28 mars 1817, graveur, qui a été élève de Joseph Victor Vibert* à l’école des beaux-arts de Lyon. De cette union, Bonnefond a une fille, Claire Adelaïde Isaure, née 7 place Louis-XVI à La Guillotière le 25 avril 1847 ; témoin de l’acte, Joseph Victor Vibert*. Claire Bonnefond se marie le 16 décembre 1869 à Lyon avec Laurent Gourmand, directeur central de la compagnie générale des assurances et de la caisse générale des familles.


Académie

Admis le 7 mai 1833, il occupera en 1848 le fauteuil 3, section 4 Lettres-arts. Mais trop occupé par l’école des beaux-arts qu’il s’efforçait de réformer, il ne semble pas avoir eu le temps d’y intervenir. Son éloge est prononcé le 13 novembre 1860 par Edmé Camille Martin-Daussigny* (MEM L 9).

Bibliographie

Dumas. – GDU. – A. Fatalot, Iconographie lyonnaise, tirée d’une histoire monumentale de... Lyon, Lyon : Fatalot, 1861. – Audin et Vial. – Sylvie Ramond, Gérard Bruyère, Léna Widerkehr, Le temps de la peinture, Lyon 1800-1914, Lyon : Fage, 2007.

Œuvres

Peintre romantique, Claude Bonnefond a produit une soixantaine de portraits et de nombreuses scènes de genre dont Martin-Daussigny donne la liste (dressée d’après Bonnefond lui-même en 1855) ; mais Audin et Vial sont plus précis et fournissent la chronologie des tableaux. Certains sont conservés au musée des beaux-arts de Lyon : Le Mauvais propriétaire, 1824. – Officier grec blessé, 1826. – Chevrier et son fils pleurant leur chèvre malade, 1826. – La cérémonie de l’Eau Sainte (vers 1830). – Le Vœu à la Madone, 1834, acquis par l’État en 1862. – Une pèlerine soutenue par un religieux (vers 1837). – Saint-Jacques-le-Majeur. – Portrait de Coysevox. – Signalons en outre un Portrait de Joseph-Marie Jacquard, 1834, au musée des Tissus, et un grand Christ en croix, peint en 1845 à la demande du préfet Jayr pour la salle des assises du nouveau palais de Justice de Lyon (il a été enlevé lors de la séparation de l’Église et de l’État et placé dans la chapelle du Vinatier [Pré-inventaire de Bron, 2006, p. 83]).