Claude Julien Bredin est né le 25 avril 1776, paroisse de Maisons [Maisons-Alfort], près de Charenton (Val-de-Marne), fils de Louis Bredin* et Marie Scholastique Balu. « Parrain : Messire Claude Bourgelat, écuyer, commissaire général des haras du royaume, directeur et inspecteur général des écoles vétérinaires de France, représenté par Sr Philibert Chabert, directeur de l’école royale vétérinaire de Paris, inspecteur général des écoles royales vétérinaires de France. Marraine : Julie Adélaïde Trusson, épouse dudit Bourgelat, représentée par Dlle Marie Geneviève Chevalier, épouse dudit Chabert, tous à l’école royale vétérinaire de Alfort de cette paroisse… ». Contre le vœu de ses parents, il épouse le 1er germinal an XII [22 mars 1804], à Lyon division de l’Ouest, Claudine Larue née à Lyon division du Nord le 24 mars 1784, couturière, fille mineure de feu Jean Larue marchand de bois et d’Antoinette Collomb. Cette Claudine Larue, dite Méla, est « une petite marchande d’oranges » que Bredin veut sauver des tentations. À peine mariée, elle est en butte à l’hostilité de sa belle-mère, et sa santé mentale n’y résiste pas, malgré toute l’affection de Bredin. Elle se montre de plus en plus acariâtre et rend Claude Julien très malheureux ; ses crises nerveuses deviennent si violentes et bruyantes que Jean Baptiste Huzard, inspecteur des écoles vétérinaires, enjoint à Bredin en 1824 de lui faire quitter Vaise pour leur propriété de Taffignon à Francheville (Rhône). Bredin meurt le 17 décembre 1854 à Nice (Cimiez) où il s’est retiré à la fin de sa vie sur la recommandation de son médecin.
Désigné par Bourgelat, directeur d’Alfort, comme « élève-né », il suit son père Louis Bredin* lorsque celui-ci, en 1780, prend la direction de l’École vétérinaire de Lyon, installée à La Guillotière. À dix ans seulement, Claude Julien est inscrit le 1er mars 1786 au nombre des élèves de cette école. Jusqu’au 27 janvier 1791, il est entretenu aux frais de la province du Lyonnais. Il a, à cette date, terminé avec succès ses études et, âgé de quinze ans, il est affecté à l’armée des Alpes pour y remplir les fonctions de vétérinaire des transports d’artillerie. Bénéficiant d’un congé, il revient à Lyon en 1793 et assiste dans son enseignement Jacques Marie Hénon*, sous-directeur et professeur d’anatomie, alors malade. Il se lie d’amitié avec Grognier* et avec Roux-Bordier, élèves à l’École vétérinaire. Avec Grognier, il fréquente le club de la Guillotière. Inquiet de la situation politique, son père le fait rappeler à son corps. Mais Claude Julien, gagné aux idées des Girondins, se joint aux défenseurs de Lyon. Il réussit à s’échapper à la prise de la ville par les troupes de la Convention, mais, rattrapé, il est enfermé à la prison Saint-Joseph. Il doit son salut à Jacques Marie Hénon*, qui plaide sa cause et réussit le 22 brumaire an II [12 novembre 1793] à obtenir que la Commission militaire ordonne au citoyen C. J. Bredin, expert vétérinaire, de rejoindre son poste à l’armée des Alpes. C’est à Nice qu’il continue cette vie aventureuse, jusqu’à ce que la chambre d’agriculture de Lyon le rappelle le 17 thermidor an III [4 août 1795] à l’École vétérinaire, qui abandonne à cette date les bâtiments de la Guillotière pour s’installer à Vaise, au monastère des Deux Amants. Claude Julien y occupe les fonctions de professeur d’anatomie et de physiologie jusqu’au décès de son père. Il lui succède comme directeur de l’École en 1813, sans faire jamais l’objet d’une nomination officielle. En 1803, Roux-Bordier fait connaître à Claude Julien André Marie Ampère* et Ballanche*, avec qui il nouera des liens profonds d’amitié et entretiendra une correspondance suivie. Ampère, alors très affecté par la mort de sa femme, est revenu à la foi de son enfance et il ramène Bredin au catholicisme. Les trois amis se retrouvent le 4 ventôse an XII [24 février 1804] dans une Société chrétienne dont Ampère est président et Claude-Julien, secrétaire. Bredin y traite de L’Importance de la connaissance de la destination de l’homme. Au départ d’Ampère pour l’École polytechnique en octobre 1804, la Société chrétienne disparaît, mais Bredin reste très marqué dans sa conversion. Lorsqu’Ampère, à Paris, perd la foi, Bredin à son tour tente de le ramener à la religion. Sa nature exaltée le porte vers des convictions très personnelles. Il est tenté par l’illuminisme de Saint-Martin et de Willermoz, par le quiétisme, ou encore par les théories de Fabre d’Olivet. Avec Roux-Bordier et Ballanche*, il appartient à cette nébuleuse que Joseph Buche* appelle l’École mystique de Lyon. Son caractère passionné le rend sensible aux souffrances des peuples opprimés : il est des premiers philhellènes. Son libéralisme ne va pas jusqu’à participer aux élans révolutionnaires sous les deux Restaurations. Il sait maintenir le calme à l’école vétérinaire en 1830 et en 1834. Mais, sa défense véhémente devant la Cour des Pairs de deux de ses élèves, accusés d’avoir pris part aux troubles populaires en cette occasion, est fort mal appréciée. Le gouvernement l’interprète comme une manifestation politique et une ordonnance royale du 16 septembre 1835 le met à la retraite. Ses amis de jeunesse disparaissent avant lui : Camille Jordan* en 1821, Roux-Bordier en 1822, Dugas-Montbel* en 1834, Ampère* en 1836, Grognier et Bonjour en 1837, Ballanche en 1847. Claude Julien Bredin montre beaucoup de difficulté à discipliner sa pensée et sa plume. Il n’a pas laissé d’œuvre écrite à part sa volumineuse correspondance, hélas, en grande partie perdue en 1885 dans l’incendie de la propriété de Taffignon. Ses connaissances scientifiques sont pourtant profondes et variées.
Son buste en bronze, sur piédouche en plâtre peint en noir, est posé sur une console en pierre dans la cour d’honneur de l’ancienne école vétérinaire à Vaise. Il a été sculpté en 1919 par Louis Prost* et fondu par F. Calvina.
En août 1824, il participe à des fouilles paléontologiques à la Croix-Rousse et met au jour des ossements de mammouth. Il expose cette découverte dans un mémoire qu’il adresse à l’Académie. Gilibert* en fait un rapport très élogieux dans la séance du 7 décembre 1824. Dans la même séance, l’assemblée fait passer à la vétérance sur sa demande Ennemond Eynard*, et élit Bredin à ce siège devenu vacant. Très prolixe dans ses discours, Bredin intervient plusieurs fois sur les fossiles de la Croix-Rousse (8 février et 8 mars 1825, 10 et 17 janvier, 21 février, 16 août 1826). « Le travail de M. Bredin embrasse tant de rapports que, malgré une attention soutenue, l’esprit le plus analytique ne peut les saisir et les apprécier sans l’aide du manuscrit » (Dumas). Il se décide enfin à prononcer son discours de réception le 1er mai 1826 et retient pour sujet Nosce te ipsum [« Connais-toi toi-même »]. Il est élu président de l’académie pour 1827. Dès son entrée en fonction, sur la suggestion de Jean Baptiste Dumas*, il lance la préparation d’une supplique qui sera adressée par l’académie au roi Charles X pour lui demander de renoncer aux lois sur la presse. En 1837, Bredin prononce l’éloge funèbre d’Ampère dans la séance publique du 23 juin. Sur les instances de ses confrères, il réduit beaucoup ce discours par rapport aux lectures préliminaires qu’il en avait faites à l’académie, et qui avaient duré trois heures !
Jack Bost : Lyon berceau des sciences vétérinaires, ELAH, 2e éd. 2005, 161 p., ill. – Joseph Buche, L’École mystique de Lyon 1776-1847 : le grand Ampère, Ballanche, Cl. Julien Bredin, Victor de Laprade, Blanc Saint-Bonnet, Paul Chenavard, Coll. Historique des grands philosophes, Paris : Alcan, 1935, 306 p. – Quelques souvenirs de Claude-Julien Bredin (1776-1854) réunis par son petit-fils J.B., Constantine : Impr. veuve D. Braham, 1926, 332 + IX p., portrait.
Notice sur des os fossiles de grands mammifères, 1824, Ac.Ms219 f°128. – Seconde notice sur les os fossiles qui ont été trouvés à la Croix-Rousse en août 1824, Ac.Ms219 f°151. – Rapport et dessins sur des os fossiles d’éléphant, 1826, Ac.Ms219 f°169. – Rapport sur les ouvrages de M. d’Hombres Fernia, 19 août 1828, Ac.Ms123ter f°269. – Rapport sur un ouvrage de M. Bouillet contenant un essai géologique et minéralogique des environs d’Issoire, 20 janvier 1829, Ac.Ms219 f°213. – Rapport sur « Moyen d’améliorer l’état social » de M. Granier, 31 mars 1835, Ac.Ms279-III pièce 12. – Rapport sur les ouvrages de M. de Montmejean de la Société Académique d’Aix en Provence, par Richard de Laprade, Bredin et Parat, 2 février 1836, Ac.Ms 279-III pièce 20. – Rapport sur un nouveau système de fosses d’aisance de M. Fleury, par Chenavard, Gauthier & Bredin, 24 septembre 1845, Ac.Ms279-I pièce 47. – Rapport sur un Traité de la désolation par M. Louis Noirot, par Polinière et Bredin, 13 avril 1847, Ac.Ms279-II pièce 65. – Lettres et Mémoires de divers savants, XXI : 11 cahiers de notes sur André Marie Ampère, numérotés de 1 à 15 (manquent les cahiers 5, 6, 10, 11), Bibl. Institut de France Ms2379-XXI ; transcription de ce manuscrit dans les bulletins 49 (2004) et 50 (2005) de la Société des amis d’André Marie Ampère.
Procès-verbal de la célébration à Lyon de la fête nationale de la jeunesse et de la séance d’émulation et de distribution des prix dans l’École d’économie rurale et vétérinaire de Lyon, 30 mars 1798. Discours de Carret, Cl.J. Bredin, Grognier. Signé Teillard, secrétaire en chef, Lyon : Ballanche et Barret, an V (1797). – Lettres inédites de Claude Julien Bredin à André Marie Ampère, au pasteur A. Touchon et à Madame Touchon publiées par Louis de Launay, MEM (3) 22, 1936, 2e partie. – Avec Auguste Viatte, Correspondance philosophique et littéraire avec Ballanche et Diodati, Paris : de Boccard, 1927. – Nombreuses lettres dans : Correspondance du Grand Ampère publiée par Louis de Launay, Paris : Gauthier-Villars, 3 vol., 1936-1943.