Fils de Daniel Eugène Léon Pézard et de Léonie Marguerite Hubert, tous les deux instituteurs, André Eugène Daniel Pézard voit le jour le 22 juin 1893, 5 rue Pasteur à Paris 11e. Il est suivi en 1896 d’une sœur, Hélène, qui deviendra professeur.
Après avoir fréquenté le lycée Montaigne, puis le lycée Louis-le-Grand, il poursuit ses études à la Sorbonne et il est admis le 25 juillet 1914 à l’École Normale Supérieure. Mobilisé dès le 10 août 1914, devenu lieutenant d’infanterie, il est blessé le 20 septembre 1916 dans la Somme, ce qui lui vaut une citation publiée dans le J.O. du 11 août 1918 : « Très brave officier qui a donné en toutes circonstances le plus bel exemple de sang-froid et de dévouement. A été blessé grièvement, le 20 septembre 1916, à Bouchavesnes, au cours d’un bombardement, pendant qu’il faisait abriter ses hommes sans souci de sa sécurité personnelle. » Amputé d’une jambe, il reçoit la croix de guerre et la Légion d’honneur à titre militaire. Pendant sa convalescence il publie ses souvenirs de guerre : Nous autres à Vauquois, 1915-1916 (Paris : La Renaissance du livre, 1918, 351 p ; révisé et réédité en 1974 par le Comité national du souvenir de Verdun, Paris ; réédité en 1992 par Jean-Charles Jauffret, PU Nancy). Revenu à la vie civile, il est reçu à l’agrégation d’italien et, en 1920, il est nommé successivement au lycée d’Avignon puis au lycée Ampère de Lyon. De 1921 à 1945, il est chargé de cours à la faculté des lettres de Lyon ; il habite alors à Limonest. Il soutient sa thèse à Paris le 10 mars 1945, Dante sous la pluie de feu, consacrée au chant XV de l’Enfer (publiée en janvier 1950 chez Vrin, Études de philosophie médiévale, 468 p.) qui en fait un spécialiste éminent de la littérature italienne. Il est professeur titulaire à la faculté des lettres de Lyon jusqu’en 1951, date à laquelle il est nommé professeur au Collège de France (chaire de littérature et de civilisation italiennes) où il enseigne jusqu’en 1965. Le 24 novembre 1965, il publie une traduction des œuvres complètes de Dante, Bibl. de La Pléiade, 1 920 p.
André Pézard a reçu une grande quantité de distinctions tant françaises qu’italiennes : Officier de la Légion d’honneur (1953), commandeur de l’Ordre des Palmes académiques, Commendatore dell’ Ordine «Al Merito della Republica Italiana» (1954), Grande Ufficiale dell’ Ordine « Al Merito della Republica Italiana » (1967). Il a été président d’honneur de la « Dante Alighieri » (comité de Paris), président de la Société d’Etudes Dantesques (CUM de Nice) de 1954 à 1966, président de la Société des Etudes Italiennes (Association des professeurs d’italien), membre du centre d’études supérieures de la Renaissance à Tours (1975).
Il a épousé vers 1920 Liberta Yvonne Olga Bonnard, fille de Gabriel Esprit, brigadier forestier, et de Joséphine Mathilde Ganichot, née à Brantes (Vaucluse) le 23 août 1898, décédée à Grenoble le 13 octobre 1959, au retour d’un voyage en Italie, dans un accident de la route où cours duquel André Pézard a lui-même été blessé. De ce mariage sont nées deux filles, dont Fanette Roche-Pézard (Lyon 30 novembre 1924-Paris 3 décembre 2009) historienne de l’art, spécialiste du futurisme, épouse de Daniel Roche, membre d’honneur associé de l’Académie. André Pézard a été en 1938 le parrain de son petit cousin maternel Philippe Lejeune, universitaire essayiste, sociologue, fils du linguiste et helléniste Michel Lejeune (Paris 30 janvier 1907-27 janvier 2000).
Décédé à Sault le 26 août 1984 à l’âge de 91 ans, il a été inhumé à Brantes. Son nom a été donné à une rue de Verdun.
Le 27 novembre 2014, la Maison de l’Italie (Paris 14e) a organisé une « Journée d’études André Pézard », et les 5 et 6 décembre 2014 les Archives nationales ont tenu un colloque : André Pézard en ses archives. En effet ses archives, très importantes, notamment en ce qui concerne la guerre de 14-18, mais aussi ses carnets intimes, ses lettres et photographies, ont été déposées en 2011 aux Archives Nationales par sa famille (AN, Fonds André-Pézard, 691 AP ; Elsa Marguin-Hamon Un patrimoine mémoriel en expansion. André Pézard et la Grande Guerre : un éternel retour, In Situ, Revue des patrimoines).
André Pézard est entré à l’Académie le 1er décembre 1953, sa candidature ayant été proposée le 24 novembre par Charles Dugas*. Il est accueilli le 8 décembre. Communications : Un épisode de la Divine Comédie, 23 mars 1954 ; Dante et la Chanson de Roland, 19 juin 1956 (discours de réception). Son éloignement définitif de Lyon en a fait un membre d’honneur associé le 24 mai 1955. Son éloge est prononcé par Jean Pouilloux* (MEM 1985).
Membre étranger de l’Accademia Nazionale dei Lincei, il est élu à l’Académie des inscriptions et belles lettres en 1970.
Hormis Nous autres à Vauquois. 1915-1916, édité en 1919, 1974 et 1992, et de nombreux articles dans des revues spécialisées, retenons : Le Convivio de Dante : sa lettre, son esprit, Paris : Belles Lettres, 1940. – Contes et légendes de Provence, Paris : Nathan, 1949. – Dante sous la pluie de feu : Enfer, chant XV, Paris : J. Vrin, 1950. – Dante Alighieri, 1265-1321, Vita nova, Dante Alighieri; traduction nouvelle avec notes et appendices, Paris : Nagel, 1953. – Il canto VIII del “Paradiso”, acura di Siro. A. Chimenz, Bologna : L. Cappelli, 1953. – L’évolution lyrique de Lionello Fiumi, Napoli : Ed. di « Realtà », 1957. – La hiérarchie des clercs, des preux et des justes, Ann. Collège de France, 1963. – Dante Alighieri, 1265–1321. Œuvres complètes ; trad. et commentaires, Paris : Gallimard, 1965. – Grammaire italienne, Paris : Hatier, 1971. – Dans le sillage de Dante, Soc. d’études italiennes ; avec index, Paris, 1975. – « La Rotta gonna » : gloses et corrections aux textes mineurs de Dante : Sansoni, Florence et Didier, Paris, t. I 1957 ; t. II 1969, t. III, 1979. – Tant que vienne le Veltre : Torino : ed. A.Tallone, 1980. – Dante et l’Apocalypse de Carpentras, Archives d’hist. doctrinale et litt. du Moyen Âge, Paris : Vrin, 1983. – Dante, œuvres complètes, traduction, notes, appendices : Paris : Gallimard, Biblioth. de La Pléiade, 1965 ; rééd. refondue, 1984.