Donat Nonnotte naît rue Saint-Paul, dans un quartier populaire de Besançon, le 10 janvier 1708, et il est baptisé le lendemain dans l’église Saint-Paul-Saint-Donat. Il est le second fils de Thomas Nonnotte, vigneron, et de Claudine Verrin. Il a pour parrain son oncle Jean Nonnotte, qui gagne sa vie en peignant des enseignes, des écussons et des portraits pour la clientèle du quartier. La famille est modeste, cependant Donat Nonnotte se révèlera un artiste cultivé et lettré, de même que son frère puîné, l’abbé Claude François Nonnotte (Besançon 1711-1793), jésuite, que Voltaire a rendu célèbre par ses sarcasmes : car l’abbé avait osé le critiquer en publiant à Paris en 1757 Examen critique, ou Réfutation du Livre des mœurs, en réponse à son Essai sur les mœurs et l’esprit des nations, et pire encore dans un second ouvrage Erreurs de Voltaire, publié en deux volumes à Avignon en 1762 (réédité par Périsse en trois volumes à Lyon en 1822).
D’abord formé par son oncle, Donat s’essaie à la peinture religieuse en peignant en 1728 un Couronnement de la Vierge (signé et daté, conservé dans l’église de la Madeleine à Besançon). Cette même année, deux de ses frères, Thomas et Antoine, s’étant installés à Chaillot comme jardiniers, Donat arrive à Paris rue de Beauvais, où il se cultive et commence à peindre des portraits. Il fréquente de jeunes artistes dont le graveur Jean Daullé, Boucher, Natoire, qui le présentent à François Lemoyne. Celui-ci le prend comme élève et, en 1731-1732, le fait participer à la réalisation des fresques de l’église de Saint-Sulpice, comme il le raconte lui-même : « Peu de tems après que je fus entré chez M. Le Moine pour y étudier, un de mes amis lui dit que j’avais quelques connaissances de la peinture à fresque. C’était précisément dans le temps qu’il commençait la sienne à Saint-Sulpice. M. Le Moine me fit appeler, me demanda si je voulais travailler pour lui et si je pourrais lui ébaucher tous les matins l’ouvrage qu’il se proposerait de finir dans la journée, moyennant quoi il m’offrit des honoraires. Flatté comme je devais l’être d’une proposition aussi avantageuse pour mon avancement, je l’acceptay avec joie sans me trop inquiéter de mes autres intérêts, dont je le laissai entièrement le maitre. L’ouvrage fini, M. Le Moine me récompensa, et je le fus aussi par le curé qui m’avait vu assidu à son travail. » En 1733, Lemoyne étant chargé du décor du plafond du salon d’Hercule, au château de Versailles, Donat l’accompagne : « M. Le Moine, avant que de partir pour Versailles, m’ayant fait l’honneur de m’inviter à le suivre encore dans cette grande entreprise, je partis avec luy le 13 de may 1733, et dès le lendemain, il commença à tracer à la craye les premiers groupes de ce fameux ouvrage... Je ne le quittai plus. » (Donat Nonnotte, Vie de Lemoyne, ms. 505, bibl, de Besançon, cité par Jules Gauthier). Ces travaux lui permettent de tisser des liens avec la cour. La mort tragique de Lemoyne en 1737 met fin à ses espérances d’une bourse de pensionnaire du roi à Rome promise par le duc d’Antin, surintendant des bâtiments du roi. Ayant fait connaissance d’une voisine, une veuve assez aisée, beaucoup plus âgée que lui, Marie-Elisabeth Bastard de La Gravière (elle est décédée le 16 février 1774 à l’Hôtel de ville de Lyon, âgée de 78 ans selon le témoignage de son époux : elle serait donc née vers 1696), veuve d’Antoine Duchatel, bourgeois de Paris, Donat Nonnotte l’épouse le 29 octobre 1737. Laissant tomber la grande peinture, il entame dès lors une carrière de portraitiste. Les portraits du sculpteur Robert Le Lorrain (1737), puis des peintres Pierre Dulin et Sébastien Leclerc fils, membres de l’Académie royale de peinture et de sculpture, favorisent sa réception dans cette académie le 26 août 1741, et lui assurent renommée et commandes. Il expose régulièrement aux Salons du Louvre. Ayant réalisé quelques portraits de notables lyonnais, il vient s’installer à Lyon en 1748 comme portraitiste, mais il réalise également « quelques tableaux d’autels et décors pour les institutions religieuses et laïques de la Ville » (Sylvie Martin de Vesvrotte). En 1750-1751, s’élabore à l’instigation de l’Abbé Lacroix* et de Soufflot* le projet d’une école académique de dessin, qui se concrétise en 1756. Malgré l’opposition de l’Académie royale de peinture et de sculpture, favorisant la nomination de Jean Charles Frontier, prix de Rome en 1728, Nonnotte, avec l’appui des Lyonnais, en obtient la direction ; il y enseignera jusqu’en 1779. En 1759, il est nommé maître de métier. En outre, le 18 juillet 1762, il devient le premier peintre de la Ville (il succède à Charles Grandon), ce qui l’engage à réaliser les portraits des échevins et des prévôts des marchands, entretenir le décor de l’Hôtel-de-ville où il est logé, et à organiser les décors pour les fêtes de la Saint-Jean. Donat Nonnotte décède à l’Hôtel-de-ville le 5 février 1785, à l’âge de 78 ans ; il est inhumé le lendemain dans l’église Saint-Pierre Saint-Saturnin ; l’acte de décès est signé par le peintre Nicolas Berjon.
Sur proposition de Deville le 16 novembre 1753, Nonnotte est élu à l’Académie des Beaux-Arts le 22 février 1754, classe des arts, « pour l’architecture, la peinture et la sculpture », en remplacement de Delamonce*, avant la fusion de celle-ci avec l’Académie des Sciences et des Belles-Lettres ; il y a été accueilli par André Clapasson* le 1er mars (Ac.Ms263, f°161-162). Dans son discours de réception, il déclare : « Dès l’âge le plus tendre, j’aimais la vertu et les beaux-arts, c’est parmi ceux qui les professent que j’ai reçu les premiers exemples de l’une et les premières leçons des autres ; destiné par choix à celui de la peinture, c’est aux sociétés et aux amateurs de ces mêmes beaux-arts que je dois le peu de progrès que j’y ai fait. » Il va s’y montrer particulièrement assidu comme en attestent les très nombreux manuscrits qu’il y a laissés, faisant une intervention presque chaque année, et pratiquement à date fixe. Le 2 mai 1755, M. Cochin, secrétaire de l’Académie de peinture et sculpture de Paris, envoie une lettre faisant l’éloge de son discours sur la peinture. Le 18 décembre 1764, il est élu directeur et, le 23 avril 1765, il prononce un discours en assemblée publique. Le 12 mai 1767, il propose que l’inscription pour la Saint-Jean concerne l’éducation du Dauphin, et la semaine suivante il présente son projet de décoration pour le feu d’artifice. Le 27 mars 1770, Bordes*, Monges* et Jacquet* sont commissaires pour la médaille Adamoli*, d’après des dessins de Nonnotte que celui-ci présente à l’Académie le 3 avril, puis les 29 mai et 12 juin. Le 1er mai 1770, en séance publique, il montre les inscriptions demandées par le consulat à l’occasion du mariage du Grand Dauphin avec l’archiduchesse Marie Antoinette d’Autriche, et le 22 mai les décorations prévues pour le feu d’artifice. Le 19 février 1771, Nonnotte est admis à l’académie de Rouen. Le 30 avril et le 21 mai 1771, il présente le plan et l’inscription du feu d’artifice retenus au consulat pour le feu d’artifice de la Saint-Jean. Le 23 juin 1772, Genève* et Nonnotte sont chargés de définir le sujet du prix des Arts pour 1774, et le 4 août ils proposent : Moyens d’occuper les ouvriers d’une manufacture d’étoffe en temps de cessation de travail. Le 24 août 1773, Nonnotte présente un projet de décoration pour le passage prochain de Madame la comtesse d’Artois. Le 18 août 1784, il demande à passer vétéran. Il est en outre l’auteur du dessin des médailles du prix de la fondation Christin (Morin-Pons, p. 29-40 et pl. III). Son éloge funèbre est prononcé par le directeur de l’Académie (Ac.Ms267).
Jules Gauthier, « Le bisontin Donat Nonnotte, peintre de portraits (1708-1785) », Réunion des sociétés des beaux-arts des départements 26, 1902, p. 510-540. – Sylvie Martin de Vesvrotte, Recherches sur Donat Nonnotte, portraitiste du xviiie siècle, maîtrise université Lumière Lyon‑2, 1984. – Sylvie Martin de Vesvrotte, « Vie et œuvre de Donat Nonnotte, peintre du xviiie siècle », Trav. Inst. Hist. Art Lyon 8-9, 1985, p. 92-99. – S. Martin de Vesvrotte, « Les portraits de femmes dans la carrière de Donat Nonnotte », BMML 3-4, 1992, p. 26-49. – Sylvie Martin de Vesvrotte, « De Joachim Verdier à Pierre Cogelle : portraits des échevins lyonnais au xviiie siècle », BMML 3-4, 1993, p. 62-83. – A. Perrin-Khélissa, « Le traité de peinture de Donat Nonnotte, ancien élève de François Le Moyne : discours prononcés à l’Académie de Lyon entre 1754 et 1779 », MEM 10, 2011, p. 221-371. – Collectif, Catalogue raisonné des peintures françaises du xve au xviiie siècle, MBAL : Lyon, 2014, p. 317-323.
Autoportrait jeune [non daté] (musée de Châlons-en-Champagne). – Autoportrait, 1758 (musée de Besançon avec, en pendant, un très beau portrait de son épouse). – Autoportrait de profil, gravé par Daullé.
Discours de réception, 1er mars 1754, Ac.Ms268-I f°243-244. – Discours sur le dessin, 29 novembre 1754, Ac.Ms193 f°45. – Sur l’expression et les caractères des passions, 28 novembre 1755, Ac.Ms193 f°9. – Sur les caractères extérieurs des passions de l’âme, 19 novembre 1756, Ac.Ms193 f°21. – Sur la composition, 12 août 1757, Ac.Ms193-35. – Vie de François Le Moyne, 15 novembre 1759, Ac.Ms138 f°55. – Discours sur les avantages du portrait et la manière de la traiter, 13 novembre 1760, Ac.Ms193 f°56. – Sur les excellents peintres et les vrais connaisseurs, 19 novembre 1761, Ac.Ms193 f°70. – Sur les préjugés d’école, 18 novembre 1762, Ac.Ms193 f°62. – Sur le goût dans la peinture, 17 novembre 1763, Ac.Ms193 f°94. – Sur la couleur naturelle des objets et sur la perspective aérienne, 15 novembre 1764, Ac.Ms193 f°105. – Description du feu d’artifice de 1764, Ac.Ms158-275. – Nonotte, de Fleurieu, Valernod, Bordes, Bollioud, Latourette : Rapport des commissaires pour la distribution des jetons, 1765, Ac.Ms263 f°189. – Réflexions de Jean-Baptiste Oudry sur la manière d’étudier la couleur, 18 novembre 1766, Ms perdu. – Discours pour justifier les lettres et les arts attaqués par Jean-Jacques Rousseau, 10 mars 1767, Ac.Ms128 f°89. – Sur les parties pratiques de la composition, 1767, Ac.Ms193 f°115. – Sur l’utilité et la nécessité de l’étude des lettres et des arts, 15 mars 1768, Ac.Ms193 f°125. – Sur les progrès des arts à Lyon et sur les écoles de dessin, 21 février 1769, Ac.Ms81 f°28. – Suite d’observations sur la peinture (sur les dangers de la présomption), 26 novembre 1771, Ac.Ms193 f°138. – Résumé de toutes ses observations, 17 novembre 1772, Ac.Ms193 f°148. – Discours pour servir de préface à ses différents écrits sur la peinture, 1778, Ac.Ms193 f°1. – Sur l’utilité des sciences, belles-lettres et beaux-arts, 16 août 1779, Ac.Ms128 f°101. – Abbé Lacroix, Perrache, Nonotte : Examen du coin pour frapper les médailles Adamoli, Ac.Ms263 f°188.
L’ensemble de ces discours, qui sont à la base de son Traité de peinture, est conservé à la Bibliothèque de Besançon (cote Ms505). Ceux qui ont été présentés et conservés auprès de l’Académie de Lyon ont été remarquablement publiés, analysés et commentés par A. Perrin-Khelissa : « Le Traité de Peinture de Donat Nonnotte, ancien élève de François Lemoyne, discours prononcés à l’Académie de Lyon entre 1754 et 1779 ».
« Discours sur la peinture par M. Nonnotte, peintre du roi, de l’Académie royale de peinture et sculpture et de la Société royale de Lyon », Mercure de France, oct.1755. – Œuvres de Louise Charly, lyonnaise dite Labbé, surnommée la belle Cordière, Lyon : Duplain, 1762 (recherches de J. A. Claret de La Tourette, gravures de Daullé d’après des dessins de Donat Nonnotte).
Outre le Couronnement de la Vierge dans l’église de la Madeleine à Besançon (1728), Nonnotte aurait peint dans la même période un autre tableau intitulé La surprise de Besançon par les Protestants en 1575 (signalé en 1838, localisation inconnue). – Le musée de Châlons-en-Champagne possède trois tableaux mythologiques non datés (collection Charles-Picot). – Ses très nombreux portraits sont conservés dans les musées de Besançon, de Versailles, d’Orléans et de Lyon, et dans des collections privées.