Dictionnaire historique des académiciens de Lyon

Préface
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MILLANOIS Jean Jacques (1749-1793)

par Maryannick Lavigne-Louis.

 Jean Jacques (dit aussi Jean Jacques François) Millanois (Millanais), né le 22 octobre 1749 rue Puits-Gaillot, est baptisé le jour même à l’église Saint-Pierre Saint-Saturnin. Parrain : Jean Jacques Grangier, receveur du grenier à sel ; marraine : sa sœur Anne ; son autre sœur Marie Alix a tenu à apposer également sa signature. Jean Jacques est l’avant-dernier des treize enfants nés de Léonard Millanois (né en 1706) et de Marguerite Tissot (1719-1794), mariés le 2 octobre 1736 à Saint-Pierre Saint-Saturnin ; il avait 30 ans, et elle 17. Naissent rue Puits-Gaillot : Anne Sybille (1737-1801) ; Marie-Alix (1738-1817), qui épouse le 17 mars 1761 le marquis Claude Espérance de Regnauld-Alleman, seigneur de Bellescize ; Jean (1739) ; Antoinette (1740) ; Marie Marguerite (1741-1816), mariée le 24 janvier 1765 avec Pierre Isaïe d’Indy [ancêtres du compositeur Vincent d’Indy (1851-1931)] ; Marguerite (1742) ; Jeanne (1743) ; Jean Léonard (1745) ; Léonard Joseph (1746), qui sera exécuté comme son frère en 1793 ; Anne Éléonore (1747) ; Antoinette Marie Alix (1748) ; Jean Jacques (1749-1793) ; Hélène (1750). Leur mère, Marguerite, est la fille de Jean Joseph Tissot, marchand fabricant, et d’Anne Verdun. Leur père Léonard (baptisé à Saint-Nizier 30 avril 1706-4 novembre 1763), est le fils de Jean Baptiste Millanois (1670-1734), bourgeois de Lyon, maître écrivain et marchand de dorures, petit-fils de Louis Millanois (demeurant à la Boucherie, paroisse Saint-Paul, décédé en 1695), lui-même maître écrivain et marchand (Frécon).

 Léonard est fabricant d’étoffes d’or, d’argent et de soie, greffier héréditaire de la maîtrise des Eaux et Forêts du Lyonnais, et négociant. Sa fortune lui permet de s’associer en 1749 avec son voisin de la rue Puits-Gaillot Jacques Germain Soufflot* (1713-1780) et l’architecte Melchior Munet* (1698-1771), avec lesquels il obtient du Consulat le 22 octobre 1749 la concession des terrains du quai Saint-Clair et l’autorisation d’y édifier des immeubles (AML BB 315 et 361 ; Théodore Aynard*, Histoire du quai Saint-Clair en la ville de Lyon, MEM 26, 1883-1884). Le 19 septembre 1760, a lieu le partage des îlots entre les trois associés (L’œuvre de Soufflot à Lyon, PUL, 1982). Le grand immeuble Millanois, construit par Morand et situé alors 132 place et quai Saint-Clair (angle de la rue Royale et du quai, à l’emplacement de l’actuel 18 place Tolozan, donnant sur la « terrasse Millanois », immeuble détruit par un incendie dans la nuit du 30 au 31 mars 1851, puis reconstruit) est tout juste terminé lorsque Léonard y décède le 3 novembre 1763 à l’âge de 56 ans. Sa veuve Marguerite Tissot l’habite avec sa nombreuse famille (Garden, p. 209).

 Jean Jacques Millanois n’a que 14 ans lorsqu’il perd son père. Après des études de droit, le 15 novembre 1771 il achète à Simon Palerne de Savy* sa charge d’avocat du roi en la sénéchaussée et siège présidial de Lyon, pour la somme de 20 000 livres (Guyot notaire, Frécon), et il est reçu premier avocat du roi en la sénéchaussée et siège présidial de Lyon le 14 février 1772. Attiré par le mesmérisme et le magnétisme animal, il entre dans la Loge de la Bienfaisance et devient vice-chancelier du Ressort provincial de la Régence écossaise. Dans ce cadre, en 1784 il fait à l’école vétérinaire des expériences sur un cheval en compagnie de MM. de Monspey et Barberin, et il en rend compte à l’Académie le 27 juillet (Dr J. Audry, « Le Mesmérisme et le somnambulisme à Lyon avant la Révolution », MEM 1924). En 1787 Millanois, représentant le Tiers-État pour la ville de Lyon et le Franc-Lyonnais, siège à l’assemblée provinciale (G. Guigue, Procès-verbaux des séances de l’assemblée provinciale de la généralité de Lyon et de sa commission intermédiaire, 1787-1790, impr. J. Jeannin, 1898). Il est élu le 30 mars 1789 député du Tiers-État du Rhône-et-Loire par le bailliage de Lyon aux États-Généraux où il se montre très actif, puis député de la Constituante en 1790 et 1791. Il réside en 1789 à Versailles 6 rue Saint-Germain, en 1790 à Paris à l’hôtel des Trois-Évêchés 7 rue des Filles-Saint-Thomas, en 1791 à l’hôtel Charost 343 rue Saint-Honoré. Mais le 20 juin 1792, il est signataire de l’adresse des aristocrates et bourgeois lyonnais et revient à Lyon, où il rencontre dans un salon le musicien allemand Reichardt de passage dans la ville : « … M. Millanois, ancien constituant, qui nous est arrivé en uniforme de garde national ; il avait été de garde. Ce causeur fin et judicieux nous a dit… » (Reichardt, Un Prussien en France en 1792, Paris : Didier, 1892, p. 158).

 En 1793, il participe au siège de Lyon comme lieutenant-colonel et inspecteur d’artillerie (Paul Metzger, Le Conseil supérieur et le grand bailliage de Lyon, A. Rey, 1913, p. 381). Il est arrêté à Vaise le 9 octobre avec son neveu Claude Marguerite (fils de son frère Joseph Léonard : tous deux seront exécutés en décembre), alors qu’il n’est pas armé et s’apprête à rejoindre sa mère et une de ses sœurs à Saint-Germain-au-Mont-d’Or chez le citoyen Soubry. Condamné comme contre-révolutionnaire par la Commission de justice militaire, il est fusillé à Lyon le 28 octobre.


Académie

En 1775, J. J. Millanois fait une communication à l’Académie intitulée : Plaidoyer et conclusions dans la cause de l’académie au sujet de la bibliothèque léguée par M. Adamoli. Il est élu le 28 janvier 1777, classe des belles-lettres et arts, et prononce son discours de réception le 15 avril sur Les rapports qui se trouvent entre les fonctions du magistrat et les occupations de l’homme de lettres. En 1781 il présente un Mémoire sur les habitans des isles hébrides voisins de l’islande. Comme directeur, il donne un compte rendu des travaux de l’Académie le 16 avril 1782. À l’ouverture de la séance publique de l’Académie du mardi 16 août 1782, il prononce un discours sur Les avantages des sociétés littéraires en réponse aux détracteurs de ces établissements. En 1784, il expose les Expériences faites à l’école vétérinaire par les procédés magnétiques sur un cheval malade.

Bibliographie

Bollioud-Mermet, Ac.Ms 271. – Garden. – F. Raymond, « Les Constituants de Lyon et leurs électeurs », La Revue historique, 1914. – Antonin Portalier, Tableau général des victimes et martyrs de la Révolution en Lyonnais, Forez et Beaujolais, spécialement sous le régime de la Terreur : Théolier, 1911.

Publications

Discours prononcé par M. Millanois, premier avocat du Roi en la sénéchaussée & siège présidial de Lyon, dans l’affaire concernant le testament de dame Jeanne Pitiot de La Chasse, veuve de Me. Luisard de La Chasse, [...] fait en faveur de la dlle. de Marcoux, sa petite fille, le 6 décembre 1775, attaqué par deux de ses filles..., Lyon : Aimé de La Roche, 1778, 112 p. – Factum pour Louis-Marie de Leullion [...], seigneur de Thorigny, lieutenant-particulier [...] Jean-Claude Rey... & Jean-Jacques Millanois [...] contre George-Antoine Gesse de Poysieu, Grenoble : Cuchet, 1780, 39 p.Réponse [par Jean Jacques Millanois et Jean Baptiste Willermoz]aux assertions contenues dans l’ouvrage du R.F.L. a.Fascia [Beyerlé], Prae. Loth. Et Vif. Ptrus. Ausiae., ayant pour titre De conventu generali latomorum apud Aquas Wilhelminas, etc., ou Nouveau compte rendu à la II. Province, dite d’Auvergne, des Opérations du Convent général de Wilhemsbad de l’année 1782, en redressement des faits présentés dans le susdit ouvrage, Lyon : sur la minute déposée aux archives, 1784, 113 p. – Lettre à M... pour le supplier de mettre fin aux frais multipliés que le curé de Lantignié occasionne à sa paroisse, s.l., s.n., 21 mars 1785 (cité par Word Cat). – Représentations des Officiers de la Sénéchaussée et Siège Présidial de Lyon, à Mgr le Garde des Sceaux de France, précédées d’un Arrêté du premier septembre 1787, & suivies des lettres adressées à Monseigneur le Garde des Sceaux, à Monsieur le Premier Président du Parlement de Paris, s.l., s.n., 1787, 24 p. – Avec Périsse-Duluc, Couderc et Goudard, Remerciement des députés du Tiers-État de la ville de Lyon aux États généraux prononcé dans l’assemblée particulière de Messieurs les électeurs, tenue le premier avril 1789, dans l’une des salles de l’Hôtel commun de cette ville, 4 p. – Opinion sur le projet du Comité des contributions publiques de maintenir les taxes à l’entrée des villes, Lyon : Aimé Delaroche, 1791, 23 p.Manuscrits

Discours de réception à l’Académie du 18 avril 1777, Ac.Ms263 f°5. – Éloge de M. Pupil de Myons, 1778, BML. – Compte rendu des travaux de l’académie, 16 avril 1782, Ac.Ms142 f° 107. – Lettre autographe, signée avec Girerd et Félix Mayet, Paris 18 octobre 1790, BML, Pléade, Ms Charavay 603.