Né le 16 février 1698, dans le Valromey, à Poisieu, paroisse de Chemillieu et Poisieu (Ain), devenu commune de Passin, puis de Champagne-en-Valromey, fils de Jean François Put Munet (1665-Passin 1717), praticien de Poisieu, et de Gasparde Comte (Saint-Genix-sur-Guiers [Savoie] 1676). Parrain : Jean Louis Sillimand (Belmont[-Luthézieu, Ain], 1654-1723), conseiller et procureur du roi en l’élection du Bugey, Valromey et Gex ; marraine : Melchionne Brillat (Belley 6 mai 1676-Rumilly 5 février 1756), femme de Sillimand le parrain – elle est grand-tante de J. A. Brillat-Savarin (1755-1826), magistrat, homme politique et gastronome.
Melchior Munet avait épousé à Lyon, paroisse de Saint-Nizier, le 24 août 1720, Jeanne Magnin, (19 mars 1699-Ainay 7 février 1767), fille de Jean Magnin, maréchal-ferrant à Lissieu en Lyonnais, et de Jeanne Berer ; présents notamment : Joseph Munet, maître-maçon, oncle de l’époux, et François Berne, architecte du couvent des Jacobins à Lyon en 1727. Il épousera en secondes noces à Ainay, le 25 août 1768, Étiennette Bozonnet, fille de François Bozonnet, marchand, et de Jeanne Teste. Il demeure rue des Marronniers. Il est recteur des Pénitents de la passion (Almanach de Lyon, 1771).
Il est mort dans sa maison de campagne à Grigny (Rhône) le 20 décembre 1771, et inhumé dans le caveau sous l’église de la paroisse.
Son fils Claude (1729-1787) fut docteur en médecine, agrégé au collège de médecine de Lyon. Son petit-fils, Gaspard Melchior Munet, (1778-1862), architecte, époux d’Henriette Guilliaud (fille de Christophe Guilliaud*) a été adjoint au maire de Lyon. Sa petite-fille Claudine Munet a épousé André Claude Dussaussoy*. Il avait acheté en 1829 le château de l’Abergement dans l’Ain (entre Bresse et Dombes). Les trois générations suivantes, Élisée (1811-1882), Melchior (1834-1914), puis Élisée (1870-1955) seront sans discontinuer maires de l’Abergement-Clémentiat de 1857 à 1955. L’académicien René Waldmann* (né en 1930), concepteur du métro de Lyon, descend de Melchior par sa mère Jeanne Munet (1887-1996, arrière-petite-fille de Gaspard Melchior Munet).
Lors de son mariage, Melchior est maître-maçon, puis il est qualifié d’architecte. De 1734 à 1745, il intervient dans la construction de l’église Saint-Bruno des Chartreux, en collaboration avec Ferdinand Delamonce. Il trace notamment l’arc en anse-de-panier (arc en corne de vache) par lequel le chœur communique avec le dôme. Associé à Soufflot* et au négociant Léonard Millanois*, il participe à l’opération d’agrandissement de Lyon par la création du quartier Saint-Clair et du port Saint-Clair, en comblant un bras du Rhône : cet aménagement permettait de se rendre en Bresse ou en Suisse sans remonter sur le plateau (selon Charvet, traité avec la ville : 22 octobre 1749, homologué par le conseil municipal le 6 novembre 1750). L’opération, hautement spéculative comme en témoigne l’étroitesse des rues tracées, va procurer à leurs auteurs vingt fois leur mise initiale. Munet se fit bâtir une très grande maison, avec 200 fenêtres, comprise entre les rues Royale, des Feuillants et Dauphine – immeuble qui portait son nom et qui existe toujours –, et aussi celui de maison dite du Clavecin, en raison de sa forme de piano à queue ; en 1829, Gaspard Melchior Munet et d’autres héritiers échangèrent ou vendirent cette maison pour acheter à la famille de Veyle le domaine de l’Abergement avec ses 280 hectares.
Avec Morand, il est chargé par Soufflot de surveiller le chantier de la salle de spectacles de Lyon, dont les plans sont présentés à l’Académie le 15 décembre 1753. Pour Soufflot, et avec Toussaint Loyer*, il dirige la seconde campagne de travaux de mai 1757 à 1763 de l’Hôtel-Dieu de Lyon (façade et le grand dôme détruit en 1944 et reconstruit sur les plans originaux de Soufflot). Il établit les plans de l’Hôtel-Dieu de Mâcon, construit de 1761 à 1770. Il dirige avec Gérando les réparations du pont d’Ainay. Les travaux au logis de l’Abondance à la Guillotière pour y installer l’école vétérinaire de Lyon de Bourgelat, achevés en juin 1762, ont été réalisés par Melchior Munet ; lorsque quelques bâtiments sont détruits par le feu en juin 1764, c’est toujours lui qui effectue les réparations, achevées en janvier 1765. En 1765, il conçoit et construit l’Hôtel de la Vengeance situé à l’extrémité de la Grande Allée de la Tête d’Or.
Il aurait été élu à l’Académie des beaux-arts de Lyon en 1739 (fichier Louis-David), mais il n’apparaît pas sur les listes.
Le 27 mai 1737, il présente à l’Académie une « machine à battre les pilotis avec le mouton » (Journal de conférences de l’Académie des beaux-arts, 54 A). Le 4 août, Guillaume Marie Delorme* et le P. Duclos, qui avaient été nommés commissaires le 27 mai, déposent un rapport sur « la machine à zigzag pour enfoncer les pilotis présentée par Me Munet le 27 mai. Ils ont reconnu qu’il fallait autant de travailleurs à cette machine qu’à celle à sonettes pour faire monter le mouton, indépendamment de ceux qu’il faudrait de plus pour vaincre la résistance considérable des frottements du zigzag, que cette machine est inférieure aux sonettes par le plus grand nombre d’ouvriers qu’elle requiert à opérations égales, contre le sentiment de l’auteur qui prétendait par son usage en retrancher plus des deux tiers. D’ailleurs, il serait à craindre que les opérations ne fussent souvent interrompues par le dérangement inévitable du zigzag. » (Ibidem, 59).
Charvet, p. 270. – Th. Aynard*, « Histoire du quai Saint-Clair… », MEM S 26 1883. – Audin et Vial.