Dictionnaire historique des académiciens de Lyon

Préface
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La recherche est faite par sous chaîne, insensible à la casse et aux accents.

CHARPIN-FEUGEROLLES Hippolyte de (1816-1894)

par Paul Feuga.

 Hippolyte André Suzanne de Charpin, comte de Souzy, baron de Feugerolles, est né à Lyon, place Louis-le-Grand (act. place Bellecour), le 11 septembre 1816. Déclarant et présents : Antoine Joseph Dartigues, médecin rue de la Gerbe, Charles Bonaventure d’Albon (Saint-Romain-de-Popey [Rhône] 1769-Lyon 1846), chevalier de l’ordre de Malte (en 1789), grand-oncle de l’enfant, et Pierre Joseph Pignatel, médecin rue Saint-Jean. Hippolyte est le fils d’André Camille de Charpin-Feugerolles (château des Bruneaux, Firminy [Loire] 1787-Nandy [Seine-et-Marne], 1824), chevalier de Malte le 17 février 1815, comte de Souzy, chef d’escadrons qui combattit à Austerlitz, et de Pauline Adélaïde de Perthuis (Nandy, Seine-et-Marne, 1795-Le Vignau 1856). Ses origines familiales vont grandement orienter son existence. Originaires de Saint-Symphorien-le-Château (Saint-Symphorien-sur-Coise) les Charpin étaient propriétaires en Lyonnais comme en Forez. En 1676, une alliance avec Catherine Angélique de Capponi (1650-1686), héritière de banquiers florentins installés à Lyon, les fit entrer en possession de la baronnie de Feugerolles, achetée le 26 juin 1586 par Alexandre de Capponi, et dont ils relevèrent le nom et les armes comme Catherine Angélique le désirait dans son testament du 26 avril 1685.

 Orphelin de père à l’âge de 8 ans, Hippolyte est élevé par un maître particulier, auprès de sa mère retirée en Seine-et-Marne. En 1833, il est bachelier-ès-lettres. Le 28 octobre 1845, à Beaucamps Ligny (Nord), il épouse Marie Aimée Pauline de Nettancourt-Vaubécourt (Nancy 8 août 1824-Paris 2 juin 1860), fille du marquis Jacques Marie Claude de Vaubécourt (1786-1864), colonel d’un régiment de ligne et commandeur de la Légion d’honneur, et de Charlotte des Roys (Auzat 1761-Choiseul 1839). En 1853 enfin, il parvient à racheter la terre de Feugerolles à une cousine éloignée, et recouvre ainsi le château dont il porte le nom ainsi que ses archives et ses portraits. Dès lors, sa vie est ancrée en Forez. Il possède néanmoins un appartement à Lyon, 20 place Bellecour. Son implantation détermine la suite de son existence. Il possède une riche bibliothèque dans laquelle il réunit les copies de documents lyonnais et foréziens qu’il a fait prendre dans les bibliothèques et fonds d’archives.

 En 1877, il fait la connaissance de Marie Claude Guigue*, archiviste de la ville de Lyon et du département du Rhône, et de son fils Georges*. Avec eux s’engage une très fructueuse collaboration, encouragée par les subventions accordées par le ministère et la ville de Lyon. La conjonction d’un mécène et d’archivistes-paléographes entrait parfaitement dans les vues de ceux qui souhaitaient la publication de textes anciens rendus indisponibles. Ils avaient anticipé ce vœu et y apportent leurs compétences réciproques

 À Montbrison en Forez, Charpin-Feugerolles est l’un des 233 fondateurs en 1862 de la société de la Diana, dont il est vice-président jusqu’à son décès. Membre correspondant de la Société littéraire de Lyon, il est élu titulaire sur la proposition de M. Cl. Guigue les 5 et 19 novembre 1879. Il en sera vice-président en 1884, et président l’année suivante. Souhaitant laisser un souvenir durable à cette société, il fait éditer à ses frais et sous l’égide de la société l’étude de G. Guigue sur les Tard-venus. Conscient aussi des soucis financiers de cette société, il offre l’impression des Mémoires de 1886. Son esprit éclairé trouve encore sa place dans la Société des Bibliophiles lyonnais fondée en 1885 et qu’il préside de 1891 à 1894.

 En secondes noces, il épouse à Paris, le 11 novembre 1862, Armandine Marie Sophie de Guignard de Saint-Priest (Paris 21 août 1828- château de Feugerolles 22 juin 1883), fille d’Alexis de Guignard de Saint-Priest (Saint-Pétersbourg 1805-Moscou 1851), pair de France, ambassadeur, et membre en 1849 de l’Académie française, et d’Antoinette Marie Henriette de Laguiche (1804-1865). Sophie est la veuve du vicomte Gaspard de Clermont-Tonnerre (Paris, 1816-1849) ; elle partage avec Hippolyte le goût des livres et de la recherche historique.

 Il a été maire de Chazeau, conseiller général du canton du Chambon (Loire), 1845. Candidat du pouvoir impérial, il est élu député de la 2e circonscription de la Loire au Corps législatif le 22 juin 1857 par 12 489 suffrages contre 5 638 à Sain. Battu le 1er juin 1863 avec 7 254 voix par Dorian, candidat du parti démocratique, qui réunit 7 392 voix, il est réélu le 24 mai 1869 dans la 1e circonscription avec 14 830 voix contre le candidat de l’opposition, Bertholon, qui réunit 13 130 suffrages, jusqu’au 4 septembre 1870.

 Chevalier de la Légion d’honneur par décret du 7 novembre 1861 et de Saint-Jean-de-Jérusalem, chevalier de Malte le 9 mars 1838.

 Il meurt au Chambon-Feugerolles, le 9 mars 1894 à l’âge de 78 ans. À ses funérailles, les discours sont prononcés par Raoul de Cazenove* au nom de l’Académie, par le comte de Poncins au nom de la Diana, et par maître Boudoint pour le barreau de Saint-Étienne. Tous s’entendent à reconnaître en lui « l’âme la plus droite et le cœur le plus généreux qu’on pût trouver ».


Académie

Au décès d’Émile Joseph Belot* en 1886, on sollicite sa candidature et il est élu le 6 juin 1887 sur présentation du rapport d’Antoine Vachez*, au fauteuil 2, section 2 Lettres. Son discours de réception, prononcé le 25 juin 1889, a pour titre Les Florentins de Lyon, en mémoire de ses ancêtres Capponi. Le 1er décembre 1891, il est élu président de la classe des lettres, fonction qu’il exerce avec rigueur en 1893, quelles que soient les difficultés liées à sa résidence forézienne.

Bibliographie

R. et C. – E. Cuaz, Intervention à la séance de la Société littéraire du 21 mars 1894, Mém. de la Société, Lyon, 1895. – Raoul de Cazenove, Discours prononcé aux funérailles de…, MEM, 1897. – Antoine Vachez, Le comte de Charpin-Feugerolles, sa vie et ses œuvres, Lyon : Soc. Bibliophiles lyonnais, 1898 (notice publiée dans la RLY (5) 25, 1898, (biblio.). – Vachet, Nos lyonnais d’hier, p. 79.

Publications

Avec Louis Morel de Voleine*, Recueil de documents pour servir à l’histoire de l’ancien gouvernement de Lyon, Lyon : Perrin, 1854, XV + 254 p. (premier tome d’un immense travail prosopographique, qui n’eut pas de suite ; cette partie est composée de notices chronologiques et généalogiques sur les évêques et archevêques du Lyonnais, la suite aurait dû être consacrée aux échevins, intendants et gouverneurs du Lyonnais). – Avec M.C. Guigue*, Cartulaire du prieuré de Saint-Sauveur-en-Rue, Lyon : A. L. Perrin, 1881. – Document inédit relatif à la guerre qui eut lieu en 1368 entre Dauphinois et Provençaux, Lyon : Perrin, 1881. – Cartulaire des francs-fiefs du Forez (1090-1292), Lyon : Perrin, 1882. – Avec M. C Guigue, Grand Cartulaire de l’abbaye d’Ainay, Lyon : Pitrat aîné, 1885 (les chartes du Forez et le cartulaire d’Ainay reçurent le prix de l’AcIBL au concours ouvert en 1866 pour récompenser la reproduction de textes inédits). – Documents inédits sur l’Académie de Lyon, dans MEM L 26. – Les Florentins à Lyon, MEM L 27, 1889, et Lyon : L. Brun, 1893. – Avec M. C. et G. Guigue*, nouv. éd. complétée de : Les Masures de l’Île-Barbe par Claude Le Laboureur, Lyon : Vitte et Perrussel, 1895. – Avec G. Guigue, Grande Pancarte ou cartulaire de l’abbaye de l’Île-Barbe, Montbrison : E. Brassart, 1923-1924.

Ajoutons neuf interventions au Corps législatif de 1858 à 1863, et quelque vingt articles historiques publiés dans la Revue forézienne (1), la Revue du Lyonnais (6), les Mémoires de la Société littéraire (3), l’Ancien Forez (5), le Bulletin de la Diana (1) et les Mémoires de l’Académie (4).