Pierre Eugène Julien Louis est né à Saint-Servan – commune rattachée en 1967 à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine) – le 1er août 1913, d’une famille d’origine malouine du côté maternel, fils de Pierre-Ange Louis (Rennes, 16 avril 1886-Saint-Servan, 12 décembre 1958), professeur, et de Marie Bouillon (Saint-Servan, 14 juin 1887-22 juin 1954), elle-même fille d’un professeur. Marié le 1er mai 1940 par Mgr Auguste Diès à Antrain-sur-Couesnon (Ille-et-Vilaine) avec Andrée Bouillon (née le 18 mai 1917 à Saint-Saturnin-du-Limet, Mayenne), il a eu trois enfants : Pierre-André, architecte, Maryannick (Mme Lavigne-Louis), Dominique, chirurgien. Il est décédé le 1er avril 2008 à son domicile 18 rue Guilloud à Lyon (3e) ; après une cérémonie le lundi 7 avril à l’église Saint-Maurice (Lyon 8e), il est inhumé au cimetière de la Guillotière.
Après de brillantes études secondaires à Saint-Malo (il n’a pas été scolarisé dans sa petite enfance, l’instruction lui ayant été délivrée par sa grand-mère paternelle, Marie Monconduit), bachelier à 15 ans, il est ensuite à Paris élève de Première supérieure au lycée Henri-IV (1931-1934), et passe licence et maîtrise à la Sorbonne. Il est agrégé de Grammaire en 1936.
Conseillé par Mgr Auguste Diès, spécialiste de la philosophie platonicienne (professeur à la faculté catholique d’Angers, membre de l’Institut) et dont il fut l’ami, il entreprend sous la direction de l’helléniste Paul Mazon une thèse sur Platon. Il est pensionnaire de la Fondation Thiers en 1938 ; en 1945, docteur ès-Lettres, avec une thèse soutenue en Sorbonne. Ses préoccupations scientifiques tournent autour de la littérature, de la langue et de la philosophie grecques, comme l’indique le choix de ses recherches sur Platon : sa thèse principale a pour titre « Les Métaphores de Platon », et sa thèse complémentaire est une édition critique, avec traduction, de l’« Épitomé » d’Albinos, néoplatonicien du iie s. av. J.-C. (les deux thèses ont été publiées). Le titre de sa thèse principale évoque un aspect stylistique, mais en réalité, c’est plus que ça ; comme le disait le recteur Pierre Gardette* dans son rapport sur la candidature de Pierre Louis à l’Académie (1962) : « […] il dépasse le point de vue du philologue […] ; les métaphores ne sont pas de simples enjolivements […] », mais elles jouent un rôle essentiel, évoquant souvent « […] des nuances inexprimables. Et par là, M. Louis nous introduit au cœur même du style et de la composition, presque de la pensée, de Platon ». Il en est de même de sa thèse secondaire sur Albinos, dont le texte souvent cité en tête des éditions de dialogues de Platon donne un résumé des doctrines platoniciennes et qui sert d’introduction à la lecture du grand philosophe.
Autour des années 1950, Pierre Louis s’est intéressé aux travaux de l’ingénieur érudit Paul Tannery (1843-1904), étonnant personnage qui fut l’auteur de nombreux ouvrages sur l’histoire des sciences, en particulier dans l’Antiquité. Il prend une part active aux derniers volumes de la publication des œuvres de Tannery (vol. XVI-XVIII), rédigeant en particulier dans le dernier volume la biographie et la bibliographie de ce dernier. C’est vers cette époque, peut-être influencé par les recherches de P. Tannery, qu’il entreprend de consacrer ses travaux à Aristote et à ses ouvrages scientifiques. Dans la collection « Guillaume-Budé » (Collection des Universités de France, Belles Lettres, Paris), base essentielle à tout travail scientifique sur la littérature antique, il fut pendant près d’un demi-siècle l’un des principaux auteurs de l’édition des œuvres d’Aristote, se spécialisant dans les traités concernant les animaux d’une part, et d’autre part les phénomènes atmosphériques, des Parties des animaux en 1957 aux Météorologiques en 2003. Professeur au lycée d’Orléans en 1939, mobilisé en 1940, assistant (1940), puis chargé de cours à la faculté des Lettres de Rennes (1942), il est nommé en 1946 à la faculté des Lettres de Lyon, où il est promu professeur titulaire de Philologie grecque en 1948 et directeur du centre régional pédagogique. En 1954, passant de l’enseignement universitaire à l’administration, il devient sous l’impulsion du philosophe Gaston Berger, alors directeur de l’enseignement supérieur, recteur de l’académie de Clermont-Ferrand, puis en 1960 recteur de l’académie de Lyon : il le restera jusqu’à 1976.
Le 9 juin 1976, nommé membre du Conseil d’État en service extraordinaire, il est installé le 22 juillet 1976, affecté à la section de l’Intérieur et à la commission permanente en 1979, jusqu’à son départ en 1980. En 1977, il avait été nommé président de l’Institut national de la recherche pédagogique ; en 1982, il devient le responsable du Centre de recherche sur l’histoire du vocabulaire scientifique du CNRS. Il était également membre du comité national d’histoire et de philosophie des sciences. À son arrivée à Lyon, il participe aux conseils d’administration de la SEPR, il s’occupe pendant près de quarante ans de l’Œuvre des villages d’Enfants (OVE), en devient président, puis président honoraire – son nom a été donné en 2005 à un établissement spécialisé SSEFIS (Soutien Éducation familiale intégration scolaire) de Vaulx-en-Velin.
Officier de la Légion d’honneur, il est également titulaire de nombreuses autres décorations françaises et étrangères.
Le 5 juin 1962, Pierre Louis est élu membre titulaire, au fauteuil 4, section 3 Lettres, succédant à André Allix* passé à l’éméritat, sur un rapport de Mgr Pierre Gardette*. Le 4 mai 1976, Pierre Louis accepte une mutation proposée par le président Henri Hours* et le bureau de l’Académie, vers la 1re section : il y occupera désormais le fauteuil 4 laissé vacant par le décès d’Émile Brémond*. Discours de réception le 17 décembre 1963 : Qui est Aristote (in Bull. Soc. sc. vét. de Lyon, n° 1, 1964, 7 p.). Il exerce la présidence de l’Académie en 1982 (Adresse du Recteur Pierre Louis, président, pour 1982, séance du 12 janvier 1982, MEM 1983).
B. Grillet, « Pierre Louis (1913-2008), membre titulaire émérite », MEM 8, p. 28-31. – Collectif, 1864 SEPR 2014 : 150 ans au service de la formation professionnelle en Rhône-Alpes : Denis Tardy, 2014, p. 130.
Sa fille a également fait don d’un buste de son père par le sculpteur Pierre Genin.
Sa fille Maryannick Lavigne-Louis, membre correspondant, a déposé à l’Académie une importante série d’archives, qui se rapportent en particulier à la période de mai 1968 alors que Pierre Louis était recteur de l’académie de Lyon (fonds Pierre-Louis).
Les Métaphores de Platon (thèse), Rennes : Impr. réunies, 1945. – Les Métaphores de Platon, Paris : Belles Lettres, 1945. – Albinos : Epitomé, édition et traduction, Paris : Belles Lettres, 1945. – « Paul Tannery : Biographie, bibliographie, compléments et tables », in Paul Tannery, Mémoires scientifiques XVII, Toulouse-Paris, 1950, p. 61-117. – Aristote, Les Parties des animaux, édition et traduction, Paris : Belles Lettres, 1957 ; 2e éd., 2002. – Aristote, Génération des animaux, édition et traduction, Paris : Belles Lettres, 1961 ; 2e éd., 2002. – Aristote, Histoire des animaux, édition et traduction, Paris : Belles Lettres, tomes I (livres 1-IV), 1964 ; II (livres V-VII), 1968-1969 ; III (livres VIII-X), 1969, 2e éd., 2002. – La découverte de la vie : Aristote, Paris : Herman, 1975. – Vie d’Aristote, Paris : Herman, 1990. – Alcinoos, Enseignement des doctrines de Platon, introduction, texte établi et commenté par John Whittaker, traduit par Pierre Louis, Paris : Belles Lettres, 1990 (2e tirage 2002). – Aristote, Problèmes, édition critique et traduction, Paris : Belles Lettres, t. I, 1991 (rééd. 2002) ; II, 1994 (rééd. 2003). – Aristote, La Politique, traduction nouvelle, présentée et annotée par Pierre Louis, Paris : Hermann, 1996. – Les Météorologiques, édition critique et traduction, Paris : Belles Lettres, t. I (livres 1-2), 2002 ; II (livres 3-4), 2003. – Marche des animaux, Mouvement des animaux, Index, Les traités biologiques, édition et traduction, Paris : Belles Lettres, 2003.