Dictionnaire historique des académiciens de Lyon

Préface
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DEMERSON Georges (1921-2002)

par Dominique Saint-Pierre.

 Né à Bordeaux le 25 mai 1921, fils aîné de Paul Demerson (1887-Gournay-sur-Marne [Seine-et-Oise, auj. Seine-Saint-Denis] 1965), ingénieur, et d’Henriette Trabut-Cussac.

 Élève au collège dominicain Saint-Elme à Arcachon, puis au lycée Montaigne à Bordeaux et au lycée Louis-le-Grand à Paris, reçu à l’École normale supérieure rue d’Ulm (promotion 1942), il suit des cours de lettres classiques à la Sorbonne, qu’il interrompt, voulant avec un camarade de l’ENS, Jean Delvert (1921-2005), futur professeur de géographie à la Sorbonne, rejoindre l’Algérie pour s’engager dans les FFL. Ils quittent Paris le 13 juin 1943, traversent la frontière espagnole, sont incarcérés à la prison de Pampelune où Demerson apprend les rudiments de la langue espagnole, puis emprisonnés au camp de concentration de Miranda de Ebro. Délivré à la demande du consulat français créé à Madrid par le gouvernement d’Alger, Demerson rejoint Casablanca, en octobre 1943, sur le Gouverneur-général-Lépine, en partance de Malaga (Delvert avait pu gagner Casablanca dès le 25 septembre). Après avoir suivi une formation à l’académie militaire de Cherchell, il est affecté au 2e régiment de spahis algériens de reconnaissance, comme chef de peloton. Débarquant avec son unité à Cavalaire, il fait les campagnes de France et d’Allemagne, jusqu’au défilé des Champs-Élysées, et devient lieutenant-colonel de réserve.

 Reprenant ses études, il est agrégé d’espagnol en 1947, enseigne successivement aux lycées de Quimper (1947) et du Parc à Lyon (1948). Chargé d’enseignement, maître de conférences, puis professeur titulaire à la faculté des Lettres de Lyon (1952-1962). Auteur d’une thèse de doctorat soutenue à la Sorbonne intitulée Don Juan Meléndez Valdés : une vie espagnole sous le signe de la France (1754-1817), il est nommé conseiller culturel près l’ambassade de France à Madrid et directeur de l’Institut français en Espagne (1962-1973). Revenu à Lyon en 1974, il est professeur titulaire à l’université Lyon 2, chaire de langue et de littérature espagnole.

 Chevalier de la Légion d’honneur (1966), Croix de Guerre 1939-1945 avec deux citations, médaille des évadés, officier dans l’ordre du Mérite (1970), officier des Palmes académiques (1967), commandeur de la Orden de Isabel la Católica (1973).

 Il est mort le 8 février 2002 et inhumé le 15 après une cérémonie en l’église Notre-Dame-de Marmande (Lot-et-Garonne).

 Il avait épousé Paulette Joly (décédée à Angoulème le 19 novembre 2008), dont il eut : Catherine épouse Michel Delpon, Isabelle épouse Robert-Nicolas Huet, Xavier, Philippe, et Valérie-Inès épouse Alain de la Ville.


Académie

Membre correspondant dans la classe des lettres, élu le 1er décembre 1981 sur la proposition d’Alexis Chermette*. Sur un rapport d’Aymé Camelin*du 8 novembre 1983, il est élu le 6 décembre 1983, au fauteuil 2, section 1 Lettres, succédant au cardinal Renard*. Discours de réception prononcé le 20 novembre 1984 intitulé : Une occasion manquée : l’européisation de l’Espagne dans la seconde moitié du xviiie siècle (MEM 39, 1985). Il est de nouveau correspondant en 1988. C’est dans les salons de l’Académie qu’en décembre 1984, l’ambassadeur espagnol, Don Emilio Garrigues y Diaz-Canãbate, lui a remis la Grand’ Croix de l’ordre d’Alfonso X le Sage (décret du 22 juin 1983). Son éloge funèbre a été prononcé par René Bragard* (MEM 2, 2002).

Membre de la Real Academia Española (1963) et de la Real Academia de la Historia à Madrid (1974).Correspondant de l’académie de Bordeaux (1979).

Bibliographie

Stéphane Israël, Les normaliens dans la tourmente (1939-1945), éd. rue d’Ulm, 2013, 334 p. – « Un matrimoni arrelat a Eivissa », Diario de Ibiza, 1er septembre 2014,

Publications

Il a beaucoup écrit, notamment en espagnol, soit 27 livres et 130 articles. Retenons : Don Juan Meléndez Valds. Une vie espagnole sous le signe de la France (1754-1817), thèse, Paris : Klincksieck, 1961, XV + 665 p. ; éd. en espagnol Madrid : Taurus, 1971 ; réédité avec le titre : Don Juan Meléndez Valdès et son temps. Correspondance relative à la réunion des hôpitaux d’Avila. Textes en prose inédits publiés avec une introduction, des notes et appendices par Georges Demerson, Bibl. École Hautes Études Hispaniques, 35, Bordeaux : Féret, 1964, 198 p.

Paulette Demerson, docteur ès-lettres, a publié, parfois sous le nom de Paula de Demerson, diverses études sur l’histoire et la médecine espagnoles du xviiie siècle et sur des personnages historiques, comme Eugénie de Montijo. Intéressée par la littérature portugaise, elle a traduit plusieurs œuvres de Fernando Namora. Les Demerson séjournaient en vacances depuis 1964 à Ibiza, sur laquelle ils ont beaucoup écrit : Leyendas de Ibiza, Madrid : Doncel, 1976 ; Ébauche biographique sur Voldemar Boberman, 27 mai 1987 dans Diario de Ibiza, la veille de la mort du peintre ; Sexo, amor y matrimonio en Ibiza, durante el reinado de Carlos III, 1993.