Né le 15 mai 1746 (à Langres ?), fils d’Étienne Le Camus, avocat au parlement de Paris, et de Catherine Martheron. Le 27 août 1776, à Lyon, paroisse Saint-Pierre Saint-Saturnin, il épouse Jeanne Madeleine Thérèse de Jussieu, née le 23 septembre 1755, fille de Christophe de Jussieu (La Platière 1685-Saint-Vincent 1758), maître apothicaire à Lyon, et de sa seconde épouse Jeanne Pallier (1718-1785) ; elle est la sœur du botaniste Antoine Laurent de Jussieu (Lyon 1748-Paris 1836).
Il possède dans sa « maison de l’Hôpital » (aujourd’hui disparue), à l’angle de la rue du Puits-de-Sel (quai de Pierre-Scize) et de la rue Saint-Paul, une bibliothèque de 60 000 volumes, et un cabinet d’histoire naturelle signalé par les Almanachs de Lyon et décrit par Roland de la Platière* dans une lettre de 1789 : collection de minéralogie, cabinet de physique, laboratoire de chimie, observatoire. Il possède aussi, aux Fontanières (au-dessus des actuels quais Jean-Jacques Rousseau et des Étroits), des jardins en étages délicieux, avec serre chaude, temple de Rousseau, pavillon chinois, cascade jaillissantes, etc. Il est ami de Roland qui le recueille chez lui à Villefranche lors des émeutes de Lyon d’août 1786, au grand embarras feint de Mme Roland, qui écrit à son mari : « Nous mettrons M. Le Camus dans ton petit lit, au cabinet de toilette. Tout le malheur c’est que, cette nuit-là, il faudra que tu me tiennes compagnie et que tu sois bien sage » (lettre du 18 août).
Il est sans doute mort à Paris, le 9 juin 1827 (certaines sources avancent Orléans, 1843).
Ancien élève de l’école des Ponts et chaussées, il est avocat en parlement (1783), receveur des gabelles du département de Lyon (1783, 1786). Il est secrétaire greffier de la municipalité de Lyon en 1792. En août, lors de son second ministère, Roland le fait venir à Paris et lui confie la 4e division du ministère de l’Intérieur (travaux publics, agriculture, mines, forges, ports, canaux, ponts et chaussées). Il survit dans ce poste après la démission de Roland et jusqu’à la dissolution du ministère le 1er avril 1794 ; il devient alors directeur de la Commission des travaux publics. Après le rétablissement des ministères et l’abolition des commissions exécutives sous le Directoire, Le Camus succède à Lamblardie comme directeur de l’École polytechnique, du 12 frimaire an IV [3 décembre 1795] au 2 germinal an IV [22 mars 1796], à une époque où le directeur n’a que des fonctions de gestion et d’administration. Après la réorganisation de l’École et la nomination du général Deshautschamps comme directeur et président du Conseil, Le Camus demeure pendant un an administrateur chargé des bâtiments, jusqu’au 10 fructidor an V [27 août 1797]. Il est alors rappelé au ministère par François de Neufchâteau. Il est chef de la 3e division du ministère de l’Intérieur (chargé des Ponts et chaussées). En 1810 et 1813, il est « directeur des opérations du cadastre, à Orléans » (Alman. de Lyon). Il prend sa retraite le 10 août 1817, à l’âge de 71 ans (A.N. F1b I 272-4).
Le 25 avril 1775, l’abbé Jacquet*, directeur, annonce que M. Le Camus, connu par ses connaissances en histoire naturelle, particuliè-rement en minéralogie, est candidat pour succéder à M. Blumenstein*. Le 13 juin 1775 (puis le 25 juillet), Le Camus lit un mémoire sur les salines de Bex en Suisse. Élu le 27 juin 1775, il prend séance lors de l’assemblée publique le 5 décembre 1775, où il fait son remerciement et lit un mémoire sur la houille. Le 22 avril et le 6 mai 1777, il présente un électrophore qu’il a fait construire. Le 2 novembre 1777 puis à la séance publique du 2 décembre 1777, il lit un mémoire sur les basaltes. Il préside l’Académie pendant le second semestre 1778 : le 1er décembre 1778, il fait l’éloge de la chimie, annonce que le prix Flesselles pour la teinture de la soie est décerné au sieur Jacques Lafont, teinturier de cette ville, et termine par les éloges de M. de Challes et de Voltaire. Le 15 juillet 1783, il fait partie, avec Mongez*, Delandine*, Mathon* et Roux*, des académiciens qui assistent à l’essai de Jouffroy d’Abbans ; ils attestent que le bateau, long de 130 pieds, a remonté contre le cours d’eau de Saône pendant un quart d’heure par l’effet seul de la pompe à feu. On ne le trouve pas sur la liste des membres de l’Athénée lors de sa création le 24 messidor an VIII ; l’Almanach de Lyon le donne comme titulaire en l’an XIII [1804-1805] ; il figure sur le tableau des émérites en 1810 (et jusqu’en 1843, selon l’Annuaire administratif et commercial de Lyon).
Sur proposition de Roland, il est admis le 21 décembre 1786 comme titulaire de l’académie de Villefranche, où il parle lors de la séance annuelle du 25 août 1788. Il est aussi membre associé de l’académie de Dijon, et correspondant de celles de Valence et de Montpellier. Il est président de la Société philosophique des sciences et arts utiles de Lyon, fondée en 1785, à laquelle appartiennent également Rozier*, Boulard* et Rast* (voir Almanach de Lyon, édition 1792, p. 210-212). Franc-maçon, il préside les Deux Loges Réunies de Lyon de 1785 à 1787 ; en 1787, cette loge comptait notamment J.-B. Bonnefoy* parmi ses membres.
« Sur les inclusions de quartz », Mémoires de l’Acad. de Dijon, 1783, vol. 1
Bréghot. – Lettres de Madame Roland, éd. Claude Perroud, 1900, t. I, p. 561, 627, 631, 640, 649, 707, 711 ; t. II, p. 26, 405, 725. – Just’s Botanischer Jahresbericht, vol. 34, num. 1, 1907, p. 608. – G. Bord, La Franc-maçonnerie en France, des origines à 1815, 1908. – J. Langins, La République avait besoin de savants, Paris : Belin, 1987 (notice « Lecamus », p. 283). – Le Grand Uniforme des élèves de l’École polytechnique, de 1794 à nos jours, Bibliothèque de l’École polytechnique, service patrimoine, Lavauzelle, 2003. – D. Margairaz, François de Neufchâteau, biographie intellectuelle, 2005.
Voyage philosophique d’un naturaliste dans une des principales parties de la Suisse et de la Savoie en1772 (Bib. Villon, Rouen, Ms1786). – Description des salines de Bex, 12 mai 1775 (lié à un article « Salines » de l’Encyclopédie, éd. 1778) (Ms218 f°30-47). – L’origine de la houille, discours de réception (où, à tort, « il réfute l’opinion des naturalistes qui, généralisant des observations locales, attribuent à ce charbon, une origine végétale »), 5 déc. 1775 (Ac. Ms214 f°56-69). – L’origine et la formation des basaltes, 7 août et 3 décembre 1777 (Ac.Ms221 f°6-19). – L’électrophore, 4 mai 1777 (Ac.Ms227 f°106-111). – Ce qu’on doit appeler sable ou gravier, cailloux silex ou galets, 20 nov. 1780 (Ac.Ms221 f°34-35). – L’origine des gouttes d’eau renfermées dans les cristaux de roche et autres corps, 6 septembre 1781 (Ac.Ms221 f°20-23). – Les brouillards extraordinaires qui ont régné en Europe en 1783 et sur les différents phénomènes auxquels ils ont donné lieu, 1784, avec frontispice à la plume de Muguet, 5 mars et 27 avril 1784 (Ac.Ms199 f°34-49, transcrit par F. Chambat et T. Mammet). – Avec Villers et Lefebvre*, Le fluide cause de l’ascension des aérostats (Ac.Ms232 f°26, ms en français et en latin, partiellement effacé).
Rapports : sur La traduction de la physiologie des corps animés de M. Necker par Costa, 1776 (Ac.Ms229 f°40). – Avec Gavinet* et Delorme*, pour Le prix de Teinture adjugé à la séance de décembre 1778, (AcMs176 pièce 12 f°42). – Compte rendu de l’assemblée publique du 1er déc. 1778 (Ac.Ms267-II f°531). – Concours sur le fluide électrique dans le corps humain, lu le 7 déc. 1779 (Ac.Ms212 f°53). – Avec Jars* et Gavinet, Le vernis or inventé par M. Antoine Saunier, 30 jan. 1781, (Ac.Ms182 f°31). – Avec Brisson* et Lefebvre, Le métier à tricot du Sr Sarrasin, 16 sept. 1783 (Ac.Ms189 f°19). – Avec Montluel*, Willermoz*, Tissier*, La nouvelle manufacture royale d’ustensiles de cuisine et autres objets en argent platté établie à Lyon par le Sr Chauvrier, 22 fév. 1785, (Ac.Ms182 f°10). – La nouvelle édition du Systema plantarum de Linné, 8 mars 1785 (Ac.Ms222 f°24). – Les mémoires reçus pour le concours relatif à la direction des aérostats, 1784 (Ac.Ms401 f°122-123). – Avec Willermoz*, Gilibert* et Rozier*, Le blanchiment des fils de coton et de chanvre par M. Macors, 28 juin 1791 (Ac.Ms189 f°8). – Selon Bréghot, Le Camus est également l’auteur d’un compte rendu de la découverte faite à Vienne d’une mine de mercure vers 1779.