Dictionnaire historique des académiciens de Lyon

Préface
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RUOLZ-MONTCHAL Léopold de (1805-1879)

par Jean-Pol Donné.

 Le comte Léopold Marie Philippe de Ruolz est né le 25 pluviôse an XIII [14 février 1805] à Francheville (Rhône), fils de François Xavier Marie de Ruolz (1779-1846) et d’Anne Marie Henriette Camille Sophie Bataille de Mandelot (1781-1843), mariés le 29 avril 1801. Son père, seigneur de Francheville, Chatelard et Chaponost fut administrateur des Hospices de Lyon, page de Monsieur (1787) ; il participa en mars et avril 1789 aux assemblées de l’ordre de la noblesse préparant les États-généraux ; il fut maire de Francheville (1808-1829), lieutenant de la garde nationale à cheval à Lyon en 1814. Il habitait en son hôtel, 4 rue du Peyrat (act. rue Saint-Exupéry) à Lyon. De cette union, outre Léopold, sont nés : Charles Marie Alfred (1802-1879), officier d’état-major, qui devint maire de Saint-Privat-du-Dragon (Haute-Loire) ; Louis Joseph Camille (1807-1887), compositeur de musique ; Marie Philiberte Anne Sophie Aimée (née en 1808), chanoinesse du chapitre de Sainte-Anne de Munich ; et François Albert Henri Ferdinand (1810-1875), élève de Polytechnique (promotion 1827), capitaine du Génie.

 Léopold de Ruolz était l’arrière-petit-fils de Charles Joseph de Ruolz* (1708-1756), héritier de Christin*, et petit-fils de François Catherin Jean Pierre marquis de Ruolz-Rochemaure (Francheville 1750-Lyon 1833) : c’est ce dernier qui reconstitua le 30 novembre 1818 en faveur de l’Académie la rente de 300 Francs, afin de permettre la distribution du prix Christin dont il demanda qu’il prit le nom de « Prix fondé par M. Christin en 1750, rétabli par M. le marquis de Ruolz en 1818 ». Léopold est le cousin germain du compositeur et chimiste Henri Catherine Camille de Ruolz-Fontenay (Paris, 5 mars 1808-Neuilly-sur-Seine, 30 septembre 1887 qui reçut le grand prix de l’Académie des Sciences et fut inspecteur général des chemins de fer, officier de la Légion d’honneur, commandeur de l’ordre de Charles III d’Espagne et chevalier-commandeur de deuxième classe de l’ordre de Sainte-Anne de Russie. Son nom est utilisé pour qualifier un métal doré ou argenté par électrolyse grâce au procédé qu’il a mis au point à partir de 1840. Léopold est aussi l’oncle de Marie Antoinette Camille de Ruolz (fille de son frère François Albert Henri Ferdinand de Ruolz) épouse du comte Hilaire de Chardonnet (1839-1924), inventeur de la soie artificielle, enterré dans la chapelle de la concession Ruolz au cimetière de Francheville.

 Léopold de Ruolz épouse à Versailles le 29 janvier 1829 Blanche Marie-Louise Thérèse Dauphin de Goursac, filleule de la duchesse d’Angoulême et du roi Louis XVIII (Versailles 1813-Lyon 2e 16 mars 1901). De cette union naissent deux enfants : Pierre Camille Octave est né à Lyon le 7 octobre 1830, déclaré par son père qui porte alors le titre de vicomte de Ruolz – acte de naissance signé par François Catherin Jean Pierre, marquis de Ruolz-Rochemaure, et César Joachim Duranc de Vitrac –, décédé à Francheville 30 juillet 1884. Le deuxième est Jean Louis Xavier (Lyon 13 octobre 1832-16 mai 1841, selon l’inscription qui figure sur la stèle de sa tombe au cimetière de Francheville [architecte : Antoine Marie Chenavard* ; sculpteur : Silvant]) ; ont signé l’acte de naissance François Xavier de Ruolz, aïeul de l’enfant, et Charles Joachim César Duranc, son cousin .

 Après une « éducation forte et sévère », Léopold Ruolz poursuit des études de droit couronnées par une thèse soutenue à Paris en 1827 [non retrouvée, bien qu’elle ait été offerte à l’Académie], avant d’être reçu avocat. Il se forme aussi à la sculpture auprès de Raymond Gayrard à Paris et de Jean-François Legendre-Héral* à l’école des beaux-arts de Lyon, ce qui lui permet de présenter en 1831 un buste à l’effigie de Jean-Jacques de Boissieu*. Dès 1833, il participe aux Salons de Lyon – en particuliers aux premiers salons de la Société des Amis des Arts –, et de Paris, ainsi qu’à l’exposition du Louvre en 1834 et 1838. Outre de nombreux bustes, il sculpte quelques bas-reliefs. Il est nommé le 18 décembre 1839 professeur de sculpture à l’école des beaux-arts de Lyon où il succède à Legendre-Héral. Mais, victime de graves crises de rhumatisme aux mains, il doit progressivement se décharger de ses responsabilités à partir de 1843, avant de cesser ses fonctions le 11 octobre 1844. Il est provisoirement remplacé par Joseph Victor Vibert*, avant la nomination, le 1er novembre 1845, de Joseph Hugues Fabisch*. Après avoir cédé son atelier à Guillaume Bonnet*, Léopold Ruolz cesse pratiquement son activité de sculpteur. Il est membre de la Société phrénologique de Paris. Il séjourne régulièrement dans la propriété familiale du Châtelard (qui appartient aujourd’hui à la Compagnie de Jésus) à Francheville, dont il fait modifier la façade dans le style néo-classique par son ami Antoine Marie Chenavard.

 Il décède à son domicile, 12 rue du Peyrat Lyon 2e, le 16 mai 1879. Il est inhumé au cimetière de Francheville dans l’enclos privé de la famille Ruolz-Montchal. Dans sa notice nécrologique, un de ses confrères de l’Académie estime que : « l’art grec était son objectif préféré, mais il l’entendait en homme de son temps. Comme Chénier aspirait à faire des vers antiques avec un esprit nouveau, il tentait, lui, d’unir la belle forme hellénique aux expressions supérieures de l’esprit moderne et chrétien. C’est ce que prouvent les trop rares créations qui nous restent de lui, et notamment le Christ qui orne une des chapelles de notre église d’Ainay. » (Antoine Mollière*, La Décentralisation, 20 mai 1879).


Académie

En novembre 1834, Ruolz exprime le désir d’appartenir à l’Académie, dans une lettre accompagnant l’hommage qu’il lui fait du buste de Jean-Jacques de Boissieu*. La commission, composée de Legendre-Héral*, Rey* et Richard*, après avoir étudié le buste et tout en le considérant comme un « amateur », rend un avis favorable le 21 juillet 1835 (Ac.Ms279-III). Il est élu le 1er décembre 1835, et occupe le fauteuil 4, section 4 Lettres, lors de la création des fauteuils. Le 9 août 1836, il communique son discours de réception : Les études du Sculpteur, qu’il prononce en séance publique le 30 août. Il passe à l’éméritat en 1849.

Bibliographie

Audin et Vial – David. – Dumas. – Hours. – Alphonse Dupasquier*, « L’Art à Lyon en 1836 », Rev. critique 1re Expo. Soc. Amis Arts, Lyon, 1837, 124 p., 5 pl. – André Steyert, « Antoine Chenavard architecte », Lyon Rev. 6, 1884, p. 69-78. – É. Hardouin-Fugier, « Guillaume Bonnet (1820-1873), à propos de bustes de la série “Les Lyonnais célèbres” », Bull. des musées et monuments lyonnais 7, 4, 1982, p. 52-53. – G. Bruyère, in Le palais Saint-Jean : urbanisme, architecture, collections, Lyon : Archives municipales, 1992, p. 177. – F. Auger-Menand, « Francheville : généalogie de la famille de Ruolz », L’Araire 98, 1994, p. 3-20. – G. Bruyère, « Politique de la mémoire : la fondation Grognard ou la galerie des Lyonnais célèbres », BSHALL 29, 1999 (paru 2000), p. 213-262. – Séverine Penlou, Rôles et fonctions de la sculpture religieuse à Lyon de 1850 à 1914, thèse d’histoire de l’art, dir. François Fossier, univ. Lumière Lyon-2, 2008, 4 vol. de texte, 1991 p., 1 vol. annexe, 486 p. (inédit). – Assoc. Le Patrimoine de Francheville, Francheville, un patrimoine, Francheville, 2012.

Iconographie

Bustes de Léopold vicomte de Ruolz et de sa femme, par Raymond Gayrard (sculpté en 1831, fondu en 1845). – Buste de Léopold de Ruolz par Henri Brun (1845), cité par Desvernay, Le Vieux Lyon à l’Exposition de 1914, n° 309. – Buste de Léopold de Ruolz, en ivoire, par Jean-Antoine Cubisole, 1845 (musée Gadagne : Eugène Vial, Guide du visiteur, 1931, p. 35) [tous trois sont cités par Jean Tricou, Bull. Soc. Fr. Numismatique 8, octobre 1959]. – Têtes superposées de Léopold de Ruolz, sa femme et son fils Pierre Camille Octave, par Guillaume Bonnet (1849), cliché Fonds Camille Couvert, reproduit dans Élisabeth Hardouin-Fugier, « Guillaume Bonnet (1820-1873), à propos de bustes de la série Les Lyonnais célèbres” », BMML 7, n° 4, 1982, p. 43‑63.

Œuvres

Parmi ses œuvres, pour la plupart recensées par Audin et Vial, on retiendra une sélection.

1. Bustes, dont certains furent acquis pour la Galerie des Lyonnais célèbres (GLC) : Jean Jacques de Boissieu*, 1831, moulage en plâtre bronzé [daté de 1834] (collection de l’Académie).Frédéric Charassin, 1832 (collection de l’Académie). – Le maréchal Louis-Gabriel Suchet, 1839, marbre, (GLC, MBAL). – Claude Antoine Bouchet (1839, marbre, cimetière de Loyasse). – Le baron Claude Antoine Bouchet, 1842, marbre (GLC, MBAL, et une reproduction au cimetière de Loyasse). – Cicéron, marbre, n.s., mais avec le blason des Ruolz au dos (mairie de Francheville).

2. Bas-reliefs : Le docteur Gall adressant ses découvertes aux Sciences et aux Arts (Bas-relief exposé au Louvre en 1834 ; on peut noter que Ruolz est membre de la Société de Phrénologie de Paris). – Le Christ donnant les sacrements à l’Église (exposé au Louvre en 1838, chapelle du château de Ruolz à Francheville). – Christ bénissant (basilique Saint-Martin d’Ainay). – Antoine Chenavard, 1852, médaillon, accompagné d’un revers allégoriques décrit et analysé par Steyert dans sa notice sur Chenavard, accompagnée d’une gravure par Joanny Séon).