Dictionnaire historique des académiciens de Lyon

Préface
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La recherche est faite par sous chaîne, insensible à la casse et aux accents.

DUMORTIER Eugène (1802-1876)

par Jean Burdy.

 Vincent Eugène Dumortier est né à Lyon, division du Midi, le 12 frimaire an XI [3 décembre 1802], fils de Jean Baptiste Dumortier, fabricant-marchand de dorure 26 rue Tupin, et de Jeanne Marie Daniel. Premier témoin : Étienne, le grand-père, 72 ans, passementier rue Tupin ; second témoin : Étienne Clair, 33 ans, négociant, rue des Quatre Chapeaux. Il succède dans la profession de son père. Passant l’été dans une campagne de Saint-Cyr-au-Mont-d’Or, s’intéressant tout jeune aux fossiles et à la géologie, il suit, la cinquantaine arrivée, les cours de Fournet* et de Jourdan* à la Faculté, et se lie d’amitié à Victor Thiollière*. Tous quatre seront, dans leur spécialité, des membres éminents de l’Académie de Lyon.

 Dans ses dernières années, aveugle, il cherche encore à déterminer des échantillons avec ses doigts. En 1875 sa signature est jointe à celle de son disciple et ami F. Fontannes, pour une étude très complète et richement illustrée des ammonites de Crussol.

 Ses travaux sur les fossiles jurassiques du bassin du Rhône lui ont valu une médaille d’or à la Sorbonne et font encore autorité. Dans le but de distinguer les différentes assises d’un même étage afin d’établir une stratigraphie détaillée, il a décrit 250 espèces nouvelles dans une collection de plus de 5 000 échantillons, collection qu’il a léguée au Museum de Lyon. Officier d’Académie, il a été président de la Société d’agriculture de Lyon (où il a publié huit articles dans les Annales, 1857-1863) et vice-président de la Société géologique de France en 1875 (neuf articles dans le Bulletin, 1860-1873). « Ce savant passionné et désintéressé est le prototype de l’amateur éclairé qui, à force de ténacité, se hausse au niveau des meilleurs professionnels », a-t-on écrit de lui.

 Eugène Dumortier est mort à Lyon à son domicile, 97 avenue de Saxe, le 12 août 1876. Présents à l’acte : François Antoine Rondelet, professeur de philosophie à l’Institut catholique de Paris, chevalier de la Légion d’honneur, officier de l’instruction publique, 53 ans, son neveu, et Jean Baptiste Louis Girerd, négociant, 57 ans, cousin. Il a été inhumé au cimetière de Loyasse. Par erreur, l’officier d’état civil l’a prénommé Jean Baptiste Eugène.

 En hommage le nom de dumortiérite a été attribué à une nouvelle espèce minérale, un borosilicate naturel d’aluminium d’un beau bleu, découvert près de Chaponost en novembre 1879 et décrit en 1881 par le minéralogiste F. Gonnard (Mém. Sc. 25, p. 165-172). Plusieurs gisements inédits de dumortiérite ont été repérés par Jacques Gastineau dans les environs de Lyon.


Académie

En 1853 Dumortier est admis à la Société d’Agriculture de Lyon où il présente ses premières communications, entre autres sur les fossiles du Lias, de l’Aalénien et du Bajocien dans le Mont d’Or et dans les mines de fer de Saint-Quentin-Fallavier. Élu le 1er décembre 1863 contre Chauveau* au fauteuil 6, section 2 Sciences, il prononcera le 19 décembre 1865 son discours de réception : Du temps dans les périodes géologiques (Bull. des séances, t. 1, 1865, p. 216-240). Assidu, mais d’une grande discrétion, il intervient peu et son nom apparaît rarement, à propos des blocs erratiques en 1868, de la nomination du naturaliste Agassiz comme correspondant en 1869, et sur les mérites de Perrache en 1874.

Bibliographie

A. Falsan*, « Notice sur la vie et les travaux de V.-E. Dumortier », Ann. SAHAL, 1877, 31 p. – B. Teissier*, « Éloge de Dumortier », MEM S 22, 1877-1878, p. 169-172. – J. Burdy*, « Eugène Dumortier, géologue », MEM 4, 2004, p. 288-291. – J. Burdy*, « La dumortiérite », BMO, 18 septembre 2006. – L. David* et N. Mongereau*, « Biographie sommaire », in L’exploration géologique du fossé rhodanien, 2014, p. 296.

Iconographie

Le médaillon en bronze conservé à l’Académie, le figurant en buste, a été recueilli sur sa tombe abandonnée (Lettre de l’Académie 14, déc. 2004)

Publications

De la liste des 24 ouvrages de Dumortier donnée dans la Notice de Falsan, nous retiendrons : Études paléontologiques sur les dépôts jurassiques du bassin du Rhône, 4 vol., Paris, 1864-1874 ; puis, avec F. Fontannes, Description des ammonites de la zone à ammonites tenuilobatus de Crussol (Ardèche) et de quelques autres fossiles jurassiques nouveaux ou peu connus, MEM S 21, 1875-1876.