Louis Antoine Augustin Pavy (l’acte de naissance donne le seul prénom d’Antoine) est né à Roanne le 27 ventôse de l’an XIII (18 mars 1805), fils de Louis Pavy, charpentier en bateaux, et de Jeanne Tardy. Sa jeune sœur, Philiberte, épousera à Digoin (Saône-et-Loire) en 1829 un chef-marinier. Son frère, Louis Claude Pavy, sera vicaire général à Alger avant d’être son légataire universel. Il avait pour grand-oncle, François Pavy, né à Roanne en 1756, vicaire à Saint-Polycarpe, monté sur l’échafaud le 16 janvier 1794. Après avoir été élève à la Manécanterie de Saint-Jean à Lyon, il continue ses études au petit séminaire de L’Argentière à Aveize (Rhône), puis au grand séminaire Saint-Irénée à Lyon.
Ordonné prêtre le 13 juillet 1829, il est nommé vicaire à la paroisse de Saint-Romain-de-Popey (Rhône), puis, l’année suivante, à celle de Saint-Bonaventure à Lyon. Il est présent à Saint-Bonaventure le 12 avril 1834 quand des ouvriers y sont massacrés lors de la répression de la révolte des Canuts. Le 18 octobre 1837, il est nommé professeur d’histoire et de discipline ecclésiastique à la toute nouvelle faculté de théologie de Lyon, par Narcisse de Salvandy, le très conservateur ministre de l’Instruction publique. Son dévouement pendant l’inondation de 1840 lui vaut d’être fait chevalier de la Légion d’honneur (décret du 28 avril 1841). En 1842, il est doyen de la faculté de théologie de Lyon. Il est alors promu officier de la Légion d’honneur (décret du 27 avril 1845).
Nommé évêque d’Alger par une ordonnance royale du 26 février 1846, il reçoit la consécration épiscopale dans la Primatiale Saint-Jean de Lyon le 24 mai suivant. En juillet 1846, il arrive à Alger dans un diocèse ruiné par les générosités excessives de Mgr Dupuch, premier évêque d’Alger, contraint de quitter l’Algérie pour échapper aux créanciers. Pavy réorganise le diocèse, crée des séminaires et de nouvelles paroisses, érige alors en abbaye la Trappe de Staouéli. Le petit séminaire est inauguré dès le 8 novembre 1846.
Mgr Pavy est fait commandeur de la Légion d’honneur par décret du 11 août 1852. Il prononce en 1853, dans la cathédrale d’Alger, un violent réquisitoire contre l’islam (Du mahométisme) : « Aux yeux du plus grand nombre, [Mahomet] est un orgueilleux imposteur. Il a conçu le plan d’une religion, et, pour l’accréditer, en présence d’un monde qui croit aux révélations du ciel, il imagine des apparitions auxquelles il ne croit pas lui-même; et, à force d’audace d’une part, et de crédulité de l’autre, il finit par fonder un système religieux, habilement proportionné à l’ignorance et à la corruption d’une trop grande partie du genre humain. ». Il protestera en 1863 quand l’empereur prendra la défense des Arabes : « Après tout, Dieu, ne faisant pas les choses à moitié, n’a pas ressuscité d’une tombe douze fois séculaire la foi de Cyprien, d’Augustin et de Fulgence, pour la replonger, après trente-deux années de gloire, de dévouement, de sacrifices et d’efforts de tous genres dans la nuit de la barbarie, et enfin, la France voudra faire comme Dieu et ne pas avoir versé sur le sol algérien le sang des braves par torrents, son or par milliards, la sueur des colons, l’influence de ses capitaux et les premiers feux de la civilisation, pour les délaisser, un jour, entre les mains de ceux qui, pendant douze siècles, avaient été la terreur et le fléau de la Chrétienté. » (Lettre aux curés, 13 février 1863). En 1858, il fait commencer la construction de la basilique Notre-Dame-d’Afrique (qui sera achevée en 1872), souhaitant édifier « un autre Fourvière, auprès d’Alger ! » (appel de Mgr Pavy en faveur de la chapelle [...]). Le 35 juillet 1866, l’évêché d’Alger est érigé en archevêché.
Mgr Pavy meurt le 16 novembre 1866 à Saint-Eugène, dans la banlieue d’Alger, où il avait fait construire le petit séminaire ; son corps est inhumé le 23 dans la cathédrale, avant d’être transféré à Notre-Dame-d’Afrique.
Élu membre titulaire le 4 juin 1839 dans la section des sciences, Antoine Pavy prononce le 14 janvier 1840 son discours de réception, qui porte sur La philosophie de l’histoire. Quand il accède à l’épiscopat en 1846, il devient titulaire émérite.
Dans la séance publique du 18 décembre 1866, Ariste Potton* évoque son décès : « Sa haute position dans l’Église l’avait éloigné de nous ; l’Académie à laquelle, malgré son absence, il était étroitement uni, n’en porte pas moins le deuil de l’un de ses membres les plus illustres. »
[Charles Loyer], Mgr Louis-Antoine-Augustin Pavy, évêque d’Alger : simple esquisse, par un ancien curé de Laghouat, Paris : Challamel, 1867, 47 p. – Louis-Claude Pavy [son frère, pour répondre aux critiques des républicains], Monseigneur Pavy, sa vie et ses œuvres, ou La Nouvelle Église d’Afrique, Paris : Lecoffre, 1870, 2 vol. – Félix Compte-Calix, Oraison funèbre de Sa Grandeur Monseigneur L.-A.-A Pavy, évêque d’Alger, prononcée le 20 décembre 1866 dans l’église cathédrale, 1866. – F.Z. Collombet, « M. l’Abbé Pavy », RLY 9, 1839, p. 177-192. – « Monseigneur Pavy, évêque d’Alger », L’Écho de Fourvière, 1866, p. 391-394. – Jacques Gadille, notice in DMR [il ne souffle mot du violent anti-islamisme de Pavy, indiquant simplement que les conciliabules avec les musulmans n’eurent apparemment pas de succès]. – LH/2074/30.
Grand portrait par François-Claudius Compte-Calix, 260 x 137 cm, musée Déchelette, Roanne. – Buste par Louis Fulconis (1869), archevêché d’Alger. – Tableau par Régis représentant les célébrations de la Fête-Dieu à Alger en mars 1848, avec Pavy et le gouverneur Cavaignac : ce tableau a longtemps figuré à la cathédrale d’Alger. – Photographie en pied par P. Petit-Leveque, Alger. – Photo de Mgr Pavy, évêque d’Alger, en conseil (Cl. Moulin). – Mgr Pavy, évêque d’Alger en son conseil, gravure sur bois. Morin-Pons (p. 18-119, pl. XVIII) signale un médaillon (ø 131 mm) modelé par Emmanuel Mouterde vers 1846 pour les professeurs de la faculté de théologie.
AcMs270 f°232 : Document relatif à l’Histoire de l’Académie de Dumas. – AcMs279-I pièce 48 : Rapport sur le musée d’antiquités de M. Rosay, 5 août 1845.
Les Grands Cordeliers de Lyon ou l’église et le couvent de Saint-Bonaventure depuis leur fondation jusqu’à nos jours, Lyon : Sauvignet, 1835, 280 p. – Les Cordeliers de l’Observance à Lyon, ou l’église et le couvent de ce nom, Lyon : Sauvignet, 1836, 84 p. – Règle de foi catholique. Commonitoire de St Vincent de Lérins, et Lettre sur l’usage de l’Écriture sainte, précédés d’un Tableau des hérésies, Lyon-Paris : Périsse frères, 1838. – « Rapport fait à l’Académie sur Théodore Grandperret, De l’état politique de la ville de Lyon depuis le dixième siècle jusqu’à l’année 1789 (Lyon : Marle, 1843) », publié en annexe du mémoire, p. 123-139. – Lettres sur le célibat ecclésiastique à M. le comte d’Hautpoul, gouverneur-général de l’Algérie, Alger : Bastide, 1851. – Du célibat ecclésiastique, 2e éd., Paris : Lecoffre, 1852, 474 p. – « Du mahométisme », discours prononcé à la cathédrale d’Alger, 1853, in J.-P. Migne, Collection intégrale et universelle des orateurs sacrés, vol. 84, col. 1257-1287, 1856. – Catéchisme du diocèse d’Alger, Alger : Bastide, 1re éd., 1849 ; 2e éd., 1855. – Appel en faveur de la chapelle de Notre-Dame d’Afrique, Alger : Bastide, 1858, 73 p. – Histoire critique du culte de la sainte Vierge en Afrique, 1858. – Mandements, instructions, lettres pastorales et discours, Paris : Poussielgue-Rusand, 1858, 2 vol., LXIV + 543 et 499 p. – Allocution, prononcée par Mgr l’évêque d’Alger [L.-A.-A. Pavy] pour la bénédiction de la première pierre de la gare du chemin de fer de Blidah [11 décembre 1859], s.n., s. d. – Esquisse d’un traité sur la souveraineté temporelle du pape, Alger : Bastide, et Paris : Challamel, 1860, 395 p. – Le Mois de Marie, Paris : Repos, 1862, 315 p. – Observations de Mgr l’évêque d’Alger sur le roman intitulé Vie de Jésus par M. Ernest Renan, Alger : Bastide, 1863, 90 p. – Mémoire à consulter sur la création des évêchés d’Oran et de Constantine, Alger : Bastide, 1864, 34 p. – Court exposé des preuves de la divinité de N.-S. Jésus-Christ, 2e éd., Paris : Repos, [1864]. – Appel en faveur de l’œuvre de N.-D. d’Afrique, 26 janvier 1864. – Affranchissement des esclaves, publié en réponse à Louis Blanc, Germain Casse, J. Simon, etc., Lyon : Briday, 1875, 280 p. – Les Recluseries, Lyon : Briday, 1875, 280 p.