Dictionnaire historique des académiciens de Lyon

Préface
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La recherche est faite par sous chaîne, insensible à la casse et aux accents.

SERVAN de SUGNY Édouard (1799-1860)

par Dominique Saint-Pierre.

 Jean Pierre Marie Édouard est né à Simandres [commune passée de l’Isère au Rhône en 1968] le 1er floréal an VII [20 avril 1799]. Présents : Jean Pierre Desugny et Maurice Servan. Il est le frère cadet de Jules Servan de Sugny*.

 Après avoir fréquenté le lycée impérial de Lyon, il fait des études juridiques à Paris. Recommandé par le duc de La Rochefoucauld-Liancourt et par son oncle maternel, Charles Adrien Meaudre (1755-1834), membre du Conseil des Cinq-Cents pour la Loire, il est nommé par ordonnance du 10 janvier 1827 juge-auditeur dans le ressort de la cour royale de Lyon, un arrêté ministériel l’affectant au tribunal de première instance de Gex, puis, un mois plus tard, comme juge à Saint-Étienne, ce qui lui inspire les Tribulations d’un Juge-auditeur. Substitut du procureur du roi à Roanne par ordonnance du 10 octobre 1829, il se trouve à Paris après la Révolution de Juillet et offre au nouveau roi, Louis-Philippe, son Éloge historique du duc de La Rochefoucauld-Liancourt. Deux jours plus tard, il est invité à dîner par le roi. Substitut à Montbrison au tribunal et aux assises, puis procureur du roi à Gex le 22 décembre 1832. En février 1834, il prend des mesures pour s’opposer à l’incursion du général Ramorino ; en avril, il poursuit les « meneurs d’une émeute républicaine », ferme les yeux sur le passage de la marquise de La Rochejacquelein, condamnée à mort par contumace pour sa participation à l’invasion de la Vendée, et en 1835 il laisse le prince Louis-Napoléon et sa mère la reine Hortense, réfugiés à Genève, visiter le château de Ferney. Le 24 avril 1836, ne pouvant rester à Gex pour avoir épousé la nièce du président du tribunal, incompatibilité donnée par la loi, il est nommé, avec l’appui de Paul Sauzet* son condisciple au lycée impérial, procureur du roi à Nantua. Il se présente aux élections législatives de l’Isère en 1842 dans le 4e collège de l’Isère (faubourgs de Vienne) ; mais, avec 69 voix, il est battu au premier tour par le sortant, le candidat de la majorité ministérielle, Alfred Jacquier de Terrebasse (1801-1871), battu lui-même au second tour. Le 9 novembre 1845, une ordonnance, à l’initiative de Piou, procureur général près la cour d’appel de Lyon, le rétrograde comme juge à Montbrison. On lui reprochait de ne pas poursuivre avec assez de sévérité le journal démocratique, Le Patriote devenu le Réveil de l’Ain, où écrit le futur député de l’Ain en 1848, Francisque Bouvet.

 Il refuse la mutation, démissionne et se réfugie dans l’écriture, vivant l’été à Cessy, l’hiver à Lyon, publiant en 1847 sa Vie judiciaire, pamphlet relatif à son éviction de la magistrature. Il est nommé maire de Simandres en mai 1847. En mai 1848, il publie Souvenirs, réflexions et vœux d’un Français, à l’occasion de l’établissement de la République, et il se passionne pour la poésie turque, qu’il fait connaître par ses publications et ses conférences. Il a été décoré de la croix de Métidjé de Turquie par le Sultan.

 Il est mort le 4 février 1860 à Cessy (Ain).

 Il avait épousé, le 18 janvier 1836 à Cessy, Jeanne Louise Cécile Rouph de Varicourt, née le 29 novembre 1799, fille de François Joseph Sulpice Rouph de Varicourt, maire de Cessy, et de Marie Joséphine Nicod (Prévessin 1779-23 février 1813), et nièce du président du tribunal de Gex, Gaspard Anthelme Rouph de Varicourt (Gex 1763-1848).


Académie

Par lettre du 31 juillet 1831 (Ac.Ms 276 f°138), alors qu’il est avocat du roi à Montbrison, il demande le titre de correspondant, et adresse à l’appui de sa demande un exemplaire de l’Éloge historique du duc de La Rochefoucauld-Liancourt. Sont nommés commissaires pour un rapport : Laprade*, Achard* et Péricaud*. Achard rend son rapport le 16 août 1831 (Ac.Ms123ter f°376), qui permet à Servan de Sugny d’être élu correspondant le 20 décembre 1831 ; il remercie le 18 janvier 1832 (Ac.Ms277 f°174). Lettre du 24 avril 1837 demandant que l’Académie sollicite du gouvernement une subvention de 3 à 4 000 francs pour subventionner M. Garon, ancien magistrat, qui fait des fouilles à Sainte-Colombe (Ac.Ms277-I). Un rapport est fait, probablement en 1836 ou 1837, par Achard-James, Péricaud et Grandperret, sur plusieurs de ses œuvres (Ac.Ms279-III, pièce 37). Le 20 janvier 1846, Boullée* fait un rapport sur un ouvrage de Servan de Sugny, intitulé Confession d’un malheureux ou vie de Jean-Claude Romand, forçat libéré, écrite par lui-même. Le 5 mai 1846, Servan de Sugny écrit pour demander une place de titulaire (Ac.Ms277-IV). Le 12 mai 1846, Montherot*, organe de la commission chargée d’examiner ses titres, cite avec éloges un bon nombre de pièces qui font partie de la Gerbe poétique, et demande son inscription sur la liste des candidats aux places des titulaires. L’inscription est ordonnée, mais il ne sera élu titulaire que le 5 juin 1849 au fauteuil 9, 3e section Lettres (remerciements par lettre du 6 juin, Ac.Ms277-V). Le 9 mars 1847, il adresse sa Vie judiciaire (Ac.Ms277-IV). Le 5 novembre 1849, il transmet ses travaux et demande une date pour son discours de réception, car sa femme est malade (Ac.Ms277-V). Le 16 décembre 1850, il fait déposer son discours et demande qu’il soit lu par un tiers, car la maladie d’un parent nécessite sa présence (Ac.Ms277-V). Son discours : La vie littéraire (publié en 1851, s.l., s.n., 15 p.) est lu le 18 mars 1851 par Charles Antoine Fraisse*. Servan de Sugny avait poursuivi ses lectures en vers dans de nombreuses séances : Une journée de la vie d’Auguste, 30 mars 1847 ; Une résurrection, 27 avril 1847 ; Une nuit à Ferney, 11 mai 1847 ; Une fleur d’hiver, 25 janvier 1848 ; Une trahison, épisode de la conquête de la Franche-Comté ; d’autres vers les 21 mars, 28 mars et 4 avril 1848 ; Ode d’un Français à l’occasion de l’établissement de la République, 2 mai 1848 ; 29 février 1848 ; 6 mars 1849 ; communication au sujet d’une paysanne de Cessy, 15 mars 1849 ; Le tombeau d’un chien, 17 avril 1849 ; Abrégé de l’Histoire littéraire de France, 15 mai 1849 ; quelques pièces de vers traduites du turc, 18 août 1850. Le 29 avril 1851, il présente la 1re livraison des recherches de M. Martin ; le 6 mai il lit une pièce de vers, ouvrage d’un poète de 16 ans ; le 17 juin, il communique une étude sur les poètes orientaux ; le 9 et le 16 mars 1852, il donne lecture de poésies traduites de l’arabe ; le 27 avril il fait un rapport sur M. Pontet ; le 12 avril 1853 il fait une lecture sur l’histoire de la poésie en Turquie, le 26 avril il traite d’un livre qu’il veut publier La sagesse de l’Orient ; le 22 juin il offre la Muse ottomane qui vient de paraître ; le 23 mai1854 il lit une traduction d’une poésie turque ; le 30 mai il rappelle les titres de M. Martin-Daussigny* ; le 17 avril 1855 il lit un ouvrage en vers (Ode chinoise extraite du Chou-king) ; le 8 janvier 1856 il demande qu’un rapport soit fait sur les titres de M. Philibert Leduc ; le 15 et le 22 janvier il lit une pièce (Rajeunissement de Lyon) ; le 4 mars il fait des citations d’un ouvrage en vers (Chi-king ou livre des vers) ; le 16 décembre il lit un extrait de son ouvrage (Génie politique de l’Orient) ; le 20 avril 1858, il étudie la poésie de la Chine.

Membre de la Société littéraire en 1846. Son éloge historique a été prononcé par Antoine Gaspard Bellin à la séance du 1er août 1860 (RLY 21, 1860, p. 238-249, 325-332, 469-487), et Lyon : Vingtrinier, 1861, 41 p.

Membre de la Société orientale de France, correspondant de la Société impériale d’émulation de l’Ain, de la Société académique du Puy, de la Société industrielle de Saint-Étienne, de la Société d’émulation de Nantua.

Bibliographie

Dufay, Gal. Civile de l’Ain. – Vachet. – Garcin de Tassy, « M. Servan de Sugny », Rev. de l’Orient de l’Algérie et des Colonies, Bull. de la société orientale 12, 1860, p. 241-245. –Nécrologie, Le Moniteur Viennois, 12 février 1860, reproduction d’un article de Milliet dans le Journal de l’Ain.

Publications

Odes au Roi, sur la bonté, la sagesse et la fermeté qui ont inspiré le discours prononcépar Sa Majesté,l’ouverture de la session de 1816, sujet mis au concours par la Réunion des amis des muses et du Roi, de Lyon [par Éd. Servan, B. Gonod et l’abbéRendu], Lyon : impr. J. B. Kindelem, 1817, 32 p. – Les Tribulations d’un juge-auditeur, Saint-Étienne : impr. de Gaudelet, 1830 (repris p. 59-65 dans Gerbe littéraire), 7 p. – Éloge historique de François-Alexandre-Frédéric, duc de la Rochefoucauld, Paris : Pichon et Didier, 1830. – D’après Barbier, Victor, poème en cinq chants, par M***, Paris : Amyot, 1835, VIII + 111 p. – Le Pays de Gex, croquis poétique, Lyon : Rossary, 1836, 16 p. – Stainville, ou les Deux alchimistes, comédie en 1 acte et en vers, Paris ; J. C. Blosse, 1838, VIII + 17 p. – Gerbe littéraire, Paris : C. Schwarts et A. Cagnot, 1840, 160 p. – La solitude chrétienne, ou cent ans au désert. Tableau religieux et historique en quatre parties et en vers suivi de mélanges poétiques, Paris : Madeleine et Dezobry, et Lyon : Giberton et Brun, 1841, XXIII + 307 + p. – « A MM. les électeurs du 3e arr. de l’Isère », signé avec la date 20 juin 1842, Vienne : impr. J. C. Timon, s.d. ; « A ceux de MM. les électeurs du 3e arrondissement... de l’Isère qui ont voté pour moi », signé le 17 juillet 1842, Vienne : impr. Berthier. – Idées d’un forçat libéré au sujet de la réforme pénitentiaire, Bourg : impr. Milliet-Bottier, 1844, 20 p. – Confession d’un malheureux. Vie de J. C. Romand, forçat libéré, écrite par lui-même et publiée par E. Servan de Sugny, Paris : Comptoir des Imprimeurs-Unis, 1846, 336 p. – Ma vie judiciaire, par M. Edouard Servan de Sugny, ancien procureur du roi près le tribunal de première instance de Nantua, nommé juge à celui de Montbrison, place qu’il n’a pas acceptée, Lyon : impr. Vve Ayné, 1847, IV + 128 p. – Réponse à une attaque anonyme dirigée contre moi, s.l. : s.n., [18 juin 1847], 16 p. – Voyage impromptu de Loèche-Les-Bains à Thoune et retour, sl : sn, 1848, 34 p. – Souvenirs, réflexions et vœux d’un Français à l’occasion de l’établissement de la République, Paris, 1848. – Plaisir d’un solitaire, Lyon : Comon, Brun, 1850, 12 p. – Étude orientale : ou trois odes de [Schams od-Din Mohammed] Hafiz et une élégie de [Mutrachif al-Din] Saadi, poètes persans, Paris : Duprat ; Genève : Cherbuliez, 1852, 32 p. – Cessy, Lyon : impr. Vingtrinier, 1854, 8 p. – Cessy, épître à M. Félix Daviot, Bourg : impr. Milliet-Bottier, 1854, 7 p. – La muse ottomane ou Chefs-d’œuvre de la poésie turque traduits pour la première fois en vers français avec un précis de l’histoire de la poésie chez les Turcs, etc., Paris : Joël Cherbulliez, 1855, xxxvii, [3], 394 pages. – Le rajeunissement de Lyon, poème, Lyon : impr. A. Vingtrinier, [lue à l’Académie le 22 janvier 1856], 1856, 15 p. – L’Abbaye et la ville de Nantua, Lyon, lu à L’Académie […] de Lyon dans la séance du 20 juillet 1858, Lyon : impr. A. Vingtrinier, [1858]. – Le trône et les lettres : A Sa Majesté Frédéric-Guillaume IV, Roi de Prusse, Paris et Genève : Cherbuliez, 1858.

Interventions à la Société littéraire : Rapport sur la première livraison de l’Histoire de Lyon, par J.-B. Monfalcon (I-1, juillet 1846). – Hervier, Missionnaire en Chine, notice biographique (11 novembre). – Deux morts, poésie (25). – Stances élégiaques sur la douleur (13 janvier 1847). – Une Résurrection, Roman, forçat libéré réhabilité, poésie (10 mars). – Un jour d’Auguste, drame en un acte et en vers (24). – Premier acte d’Une trahison, drame en vers (12 mai). – Pièce de vers au curé de Cessy, à l’occasion de son départ (23 juin). – Fin de Watteville, drame en vers (5 janvier 1848). – Une nuit à Ferney (19). – Compte-rendu de l’Histoire de Lyon, par J.-B. Monfalcon (16 février). – Philosophie, poésie (1er mars). – Une heureuse fin, poésie (10 mai). – Essai sur les phases de la littérature française, depuis l’invasion des Gaules jusqu’à nos jours (7 mars 1849). — Vers à un évêque proscrit (4 août). – La Vallée de Cachemire (9 mai). – La vengeance du Pacha, traduit en vers du turc (23). – Le Printemps, L’Illusion, Le Vin, L’Arrivée, L’Aveu, La Retraite, Devoirs d’un souverain, L’Heureux Sultan, L’Absence, Les Transports et la Ferme résolution, pièces en vers traduites du turc (10 avril 1850). – Autres (8 mai). – Discours sur la littérature (19 juin). – Traduction, en prose et en vers du poète persan Hafiz (14 mai 1851). – Traduction en vers, du poète turc Mezii (24 mars 1852). – Pièce de vers à un chamois (5 mai). – Souvenirs d’un séjour aux eaux de Saint-Gervais en Savoie (2 juin). – Arnaud, légende poétique (16). – La Fête des Tulipes, Les Français, L’Amour, traductions en vers du turc (20 avril 1853). – Précis de l’histoire de la poésie chez les Turcs (4 juin). – Elégie sur la mort de Charles de Ranville (26 avril 1854). – Cessy, poésie (24 mai). – Projets d’un conquérant, par Osman I, traduit du turc, en vers (7 juin). – Le Printemps, vers adressés à M. Vincent de Saint-Bonnet (22). – Adieux à mon aigle, poésie (19 juillet). – Notice biographique sur J.-B. Idt [1766-1855], ancien professeur au Lycée, ancien membre titulaire (30 mai 1833). – Considérations sur la poésie chinoise et traduction en vers de trois pièces tirées du Chi-King (20 février). – Suite (24 décembre). — Fragments de Victor, poème en 5 chants (20 mai 1857). – Rapport sur les Mémoires de la société des sciences morales, des lettres et des arts de Seine et Oise (14 avril 1858). – Rapport oral sur Clément V et Philippe-le-Bel, par M. Rabanis, ancien membre titulaire (28). – Rapport sur L’Arpenteur, légende en vers, par Joseph Carsignol, membre correspondant (12 mai), – Génie poétique de l’Orient, fragments.