Dictionnaire historique des académiciens de Lyon

Préface
A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z

La recherche est faite par sous chaîne, insensible à la casse et aux accents.

PRAVAZ Charles Gabriel (1791-1853)

par Michel Dürr.

 Né et baptisé au Pont-de-Beauvoisin (Isère), le 24 mars 1791, fils de Guillaume Pravaz (Pont-de-Beauvoisin, 1763-1845) – docteur en médecine, maire du Pont-de-Beauvoisin 1815-1818 –, et de sa seconde épouse Françoise Élisabeth Montfalcon (Novalaise ca 1760-Pont-de-Beauvoisin 1806), sœur du général d’Empire Jean Montfalcon (Pont-de-Beauvoisin 1767-Genève 1845) ; parrain : Charles Montfalcon, bourgeois de Chambéry, grand-père maternel ; marraine : Marguerite Charbonnel Pravaz (1745-1818), grand-mère de l’enfant. À 3 ans, il est interné à Grenoble avec ses parents jusqu’au 9 thermidor.

 Son père oriente ses études vers sa profession et lui fait étudier le latin dans les ouvrages de médecine. Il étudie ensuite la philosophie au petit séminaire de Chambéry puis, pendant deux ans, les mathématiques à Grenoble. Il enseigne un an les mathématiques au collège du Pont-de-Beauvoisin, puis sur la recommandation de son parent Guillaume Dode de la Brunerie (Saint-Geoire-en-Valdaine [Isère] 1775-Paris 1851), alors général du génie, futur maréchal de France – fils de la grand-tante de Pravaz, Catherine Charbonnel (1748-1815), sœur de Marguerite Charbonnel –, il intègre au milieu de 1811 le 4e régiment du génie à Metz. Il y prépare le concours de l’École polytechnique où il entre en 1813. Sorti en 1815, il démissionne presqu’immédiatement et postule sans succès auprès du capitaine de frégate Freycinet, souhaitant suivre comme géomètre l’expédition de 1817 dans les terres australes. Déçu, il se range aux vœux de sa famille, et se rend à Paris pour étudier la médecine, subvenant à ses besoins en donnant des leçons de mathématiques. Il obtient le titre de docteur en médecine de la faculté de Paris le 6 avril 1824.

 Il est alors nommé médecin de l’Asile royal de la Providence où il reste jusqu’en 1835. En 1825, il devient le médecin d’un pensionnat de jeunes filles, l’institution Gambès, tenue par la grand-mère de son épouse. Il y voit de nombreux cas de scoliose, ce qui l’amène à s’intéresser à l’orthopédie, et il crée avec Jules Guérin en 1829-1830 l’institut orthopédique du château de la Muette à Passy où il met en œuvre les procédés qu’il a imaginés. La méthode de Pravaz repose sur la correction dynamique par la mobilisation des muscles déficients : la gymnastique est donc essentielle ; pour certains exercices, il crée une machine à mouvements oscillatoires. L’extension continue n’est admise que comme moyen accessoire, quelques heures la nuit. En 1835, il se rend à Lyon, habite 5 montée Saint-Laurent ; il fonde dans la maison de Montfleuri, 195 chemin de Fontanières / 37bis quai Jean-Jacques-Rousseau (alors à Sainte-Foy-lès-Lyon ; La Mulatière depuis 1885) l’institut orthopédique et pneumatique de Bellevue, d’importance nationale. Il fait construire un pavillon destiné aux bains d’air comprimé : cette thérapeutique curieuse était censée soigner des états pathologiques variés ! Après le traitement des scolioses, son second sujet orthopédique de prédilection était la luxation congénitale de hanche. Sa première tentative de réduction date de 1834 ; il dessine et fait réaliser un « lit modèle ortho-gymnastique », l’enfant devait rester plusieurs mois en traction avant de pouvoir réduire la tête fémorale. Le premier cas traité fut un échec par récidive en raison d’un arrêt précoce de la traction ; le second cas réussit ! Au total seize cas sur dix-neuf furent des succès, mais il fallait dix-huit à vingt mois d’hospitalisation. Il a laissé son nom à la seringue de Pravaz, appareil permettant pour soigner les anévrismes, d’injecter une quantité contrôlée de perchlorure de fer en vissant un piston dans une canule en argent. Les seringues existaient avant Pravaz, mais son apport essentiel a été de les miniaturiser et de les perfectionner, ainsi que l’aiguille creuse faite d’une feuille d’argent repliée, soudée puis étirée. Lui-même utilisa peu cet instrument.

 Chevalier de la Légion d’honneur en 1847 (LH/2221/11).

 Il meurt le 24 juin 1853 à Sainte-Foy-lès-Lyon ; déclarants : son frère Jules (1805-1891), pharmacien au Pont-de-Beauvoisin, et Laurent Jacquet, légiste. Il est inhumé au cimetière de Sainte-Foy-lès-Lyon.

 Il avait épousé en 1825, à Paris, Rose Henriette Joséphine Gambès (Paris ca 1805-Lyon 2e 25 avril 1891), fille d’Alexandre Henri Gambès et de Pierrette Marie Adélaïde Amet. Ils ont eu six enfants : Jean Charles, dit Joanny (1831-1892), médecin, interne en chirurgie des hôpitaux de Lyon, qui prendra la succession de son père à la tête de l’Institut orthopédique et pneumatique, il a eu quinze enfants ; Adèle, née à Paris en 1834, épouse Foltz, médecin ; Rose (Lyon, 1836-12 janvier 1898) ; Anne (1838-1892) ; Henriette (née à Lyon 1840) ; Léon (Lyon 1842-1883, témoin à la naissance : Claude Louis Grandperret*), élève de l’École polytechnique, officier d’artillerie.


Académie

Élu le 15 juin 1841 (en 1847, il occupera le fauteuil 5, section 3 Sciences), il prononce son discours de réception lors de la séance publique du 31 mai 1842, intitulé : De l’influence de la respiration sur la santé et la vigueur de l’homme et des moyens de favoriser le développement des organes de cette fonction. Il en remet une version imprimée le 29 novembre 1842. Le 14 juin 1842, il est nommé secrétaire adjoint de la classe des sciences. Le 8 août 1843, il dépose son mémoire sur l’emploi de la compression au moyen de l’air condensé dans les hydarthroses, et sur la possibilité de réduire certaines luxations spontanées de la hanche. Le 26 mai 1846, après la lecture du mémoire du docteur Dupasquier* sur l’influence des émanations phosphorées sur les ouvriers travaillant dans les fabriques de phosphore, Pravaz intervient et obtient de l’académie que celle-ci envoie ce mémoire au ministre compétent. Son éloge funèbre est prononcé le 11 juillet 1854 par le docteur Louis Auguste Rougier* (MEM L, 3 1853). Pravaz a présidé en 1845 et 1846 la Société d’agriculture de Lyon, dont il était membre depuis son arrivée à Lyon en 1836. Membre de la Société médicale de Lyon, il était correspondant de l’Académie royale de médecine (1836), de la Société de chirurgie de Paris (1851), de la Société médicale du canton de Genève et de celle de Dijon (1836), de la société médico-chirurgicale de Turin (1842).

Bibliographie

Éloge historique de Charles Pravaz, lu à l’association des Médecins du Rhône, séance 18 mai 1854, par le docteur Munaret, Lyon : impr. Aimé Vingtrinier, 1854, IV + 60 p. – Éloge de M. le docteur Charles Gabriel Pravaz par le docteur Louis Auguste Rougier*, discours de réception à l’Académie de Lyon, lu le 2 mai 1854 et prononcé en séance publique le 15 mai suivant (MEM L, 1853). – Edmond Blaessinger, Un médecin lyonnais ancien polytechnicien, Charles-Gabriel Pravaz (1791-1853), Lyon : Assoc. typogr., 1941, 15 p. – A. P. Isidore de Polinière*, Discours aux obsèques de Charles Pravaz, s.l. : s.n., 1854. – Daniel Champeau, Un novateur, Charles-Gabriel Pravaz (1791-1853), Paris : M. Vigné, 1931, 53 p., portr. – Jean Rousset, « La contribution de Ch. Pravaz à la thérapeutique sclérosante vasculaire (1828-1853) », Rev. lyonnaise de médecine, 1956, p. 945-951. – Myriam Tochon La Ruaz, Un orthopédiste méconnu : Charles Gabriel Pravaz 1791-1853, thèse méd., Lyon, 1982, 47 p. – Philippe Lépine et Jacques Voinot, « Une brève histoire de la seringue », Histoire des sciences médicales, 2010, XLIV, 1, p. 49-53. – Jacques Voinot, « D’Anel à Pravaz, une histoire de seringues mal attribuées », Université Lyon-1, Histoire de la médecine, [2010].

Iconographie

Photographie reproduite dans le Progrès médical, 1931, supplément p. 21. Id. dans la Presse médicale 1927, XXXV, p. 79, dans Paris-Médical, LX, p. 334-337. Une rue porte son nom à Lyon, 3e (23 mai 1910). Une rue du docteur Pravaz existe à Sainte-Foy-lès-Lyon, une rue Charles-Pravaz à Chambéry et une avenue Charles-Gabriel-Pravaz au Pont-de-Beauvoisin (Isère), de même qu’un lycée Charles-Gabriel Pravaz dans cette localité.

Publications

Recherches pour servir à l’histoire de la phtisie laryngée, suivie d’une proposition de mécanique animale, thèse de médecine soutenue à Paris le 6 avril 1824, Paris, 64 p. – Considérations sur quelques anomalies de la vision, extrait des Archives générales de médecine, Paris : impr. Meiguerès, 1827, 28 p. – Méthode nouvelle pour le traitement des déviations de la colonne vertébrale, précédée d’un examen critique des divers moyens employés par les orthopédistes modernes, Paris : Gabon, 1827, 217 p. – Mémoire sur l’orthopédie présenté à l’Académie royale de médecine en 1828, Paris : Baillière, 1829, 28 p. – Note sur l’orthopédie, 1828, Paris, 18 p., extrait des Archives générales de médecine. – Mémoire sur les moyens mécaniques propres à prévenir l’absorption des virus, lu à l’Académie de médecine le 9 septembre 1828, Paris : impr. de Thuau, 1828, 20 p. – « De la gymnastique appliquée au traitement de quelques maladies constitutionnelles », Gazette médicale, 1833. – « Bassin (difformités du bassin, considérées sous le rapport orthopédique) », Dict. de médecine en 25 volumes, t. V, p 93, 1833, Paris. – « Mémoire sur la somascétique dans ses rapports avec l’orthopédie », Mémoires de l’Académie de médecine 3, 1834, 20 p. – « Note sur les anomalies de conformation que présente le bassin chez les sujets affectés de luxation congénitale du fémur », lue à la Société de médecine de Lyon le 11 mai 1833, Journal de médecine. – « Note sur de nouveaux moyens de rétablir la régularité du thorax dans le cas de déviation latérale du rachis », Mémoires de l’académie royale de médecine, t. IV, Paris, 1835, 16 p., pl. – Mémoire sur le traitement des luxations congénitales du fémur lu à l’académie royale de médecine le 7 mars 1835, Paris, 21 p. Gymnastique (De l’application de la gymnastique à l’orthopédie), Dict. de médecine en 25 volumes, t. 14, 1836, Paris. – Mémoire sur l’application de la gymnastique au traitement des affections lymphatiques et nerveuses, et au redressement des difformités, discours de réception à la société de médecine de Lyon, Paris : Germer Baillière et Lyon : Savy jeune, 64 p. – Rapport sur l’ouvrage de M. Humbert, présenté à la société de médecine de Lyon, le 22 janvier 1838, Lyon : Barret, 24 p. – « Orthopédie », article du Dict. de médecine, t. 22, 1840. – Mémoire sur l’emploi des bains d’air comprimé associé à la gymnastique dans le traitement du rachitisme, des affections strumeuses et des surdités catarrhales, Paris : Félix Locquin, 1840, 67 p., extrait du journal L’expérience du 19 mars 1840. – P. N. Gerdy, Rapport sur deux mémoires du docteur Pravaz relatifs aux causes et au traitement des luxations congénitales du fémur, Lyon : Barret, 1840, VIII-1840. – Mémoire sur l’emploi médical du bain d’air comprimé, présenté à la Société de médecine de Lyon le 19 juillet 1841, Lyon : C. Savy, 32 p. – De l’influence de la respiration sur la santé et la vigueur de l’homme et des moyens de favoriser le développement des organes de cette fonction, Discours de réception […], Lyon : Barret, 40 p. – Mémoire sur l’emploi de la compression au moyen de l’air condensé : dans les hydarthroses, et sur la possibilité de réduire certaines luxations spontanées de la hanche, 1843, lu à la société de Médecine de Lyon le 8 mai 1843, Lyon : impr. de Marie, 23 p. [extrait Journ. méd. Lyon]. – Mémoire sur la réalité de l’art orthopédique et de ses relations nécessaires avec l’organoplastie, lu à la Société de médecine de Lyon le 26 août 1844, Lyon : impr. de Marie, 1845, 76 p., 5 pl. – Traité théorique et pratique des luxations congénitales du fémur, suivi d’un appendice sur la prophylaxie des luxations spontanées, Lyon : Guilbert, 1847, VIII + 264 p., 23 ill. – Essai sur l’emploi médical de l’air comprimé, Lyon : Savy ; 1850, XI + 377 p. – Institut orthopédique et pneumatique de Lyon, dirigépar le Dr Pravaz…, Lyon : impr. L. Perrin, 1851, 5 p.