Dictionnaire historique des académiciens de Lyon

Préface
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La recherche est faite par sous chaîne, insensible à la casse et aux accents.

BOISSIEU Alphonse de (1807-1886)

par Paul Feuga.

 Jean-Jacques-Marie dit Alphonse de Boissieu est né à Lyon, 9 rue du Plat, le 11 décembre 1807, de Jean Louis Marie de Boissieu (Lyon, 1777-1855), écuyer, seigneur de Cruzols (Lentilly, Rhône), et de Marie Louise Zoé Bertaud de Taluyers (Lyon, 1783-1834), elle-même fille de Claude Bertaud de Taluyers (1741-1816), conseiller à la cour des Monnaies. Son grand-père paternel, Jean Jacques de Boissieu*, et son arrière-grand-père maternel, Pierre Bertaud de la Vaure*, ont appartenu à l’Académie. Il est l’oncle de Maurice de Boissieu*.

 Élève des jésuites de Saint-Acheul (Somme), il suit des études de droit à Paris, puis est employé comme secrétaire de Victor de Chantelauze*, député de la Loire en 1828, ensuite garde des sceaux de Charles X. L’incarcération de son maître, en 1830, rend Boissieu à la vie privée. Dès lors, il investit dans les chemins de fer du Grand-Duché de Luxembourg, puis dans les opérations immobilières à Lyon, en particulier dans la société de la Rue Impériale, dont il est l’un des fondateurs. Ses goûts le portent à solliciter son admission au Cercle littéraire où il est admis de 1831 à 1839, puis de 1846 à 1886, date de son décès. Il en est secrétaire-adjoint pour les années 1832 et 1833. Le 30 août 1832, à l’académie de Lyon, il avait reçu le prix Christin et de Ruolz, une médaille d’or de 600 fr, pour son Éloge de l’abbé Rozier, ainsi que le prix Baboin de la Barolière, une médaille d’or de 500 fr, pour son travail sur le thème : Déterminer la meilleure organisation à donner à l’école de la Martinière, destinée aux arts et métiers, et principalement à ceux qui ont des rapports avec les manufactures lyonnaises.

 Le 12 février 1833, il épouse à Lyon Antoinette Marie Simone Boulard de Gatellier (Lyon 11 juin 1808-Varambon [Ain] 12 juillet 1897), fille de François Boulard de Gatellier et de Françoise Fourgon de Maisonforte. Il habitait alors rue Vaubecour avec ses parents. Ils ont deux enfants : Louis François Marie Amédée (Lyon 10 décembre 1834-château de Varambon 18 juin 1906), compositeur de musique amateur, lié à Ch. M. Widor, et Vital Marie Gustave (né à Lyon 10 juin 1837), sorti de Saint-Cyr le 1er octobre 1857, capitaine d’infanterie tué le 11 octobre 1870 à Ormes dans le Loiret (inhumé à Varambon) : il a laissé un intéressant journal sur ses campagnes en Chine (sac de Pékin), au Japon, au Cambodge, en Italie (légion d’Antibes pour la défense de la papauté) et en Alsace (Sedan, Reichshoffen) : Vie et souvenirs d’un officier de chasseurs à pied, Paris : J.Albanel, 1873, 387 p. Sa notice a été donnée par C-J. Dufaÿ, Biographie des personnages notables du département de l’Ain. Galerie militaire de l’Ain, Bourg : Grandin, 1874, p. 98-99.

 Alphonse de Boissieu développe ses talents dans diverses activités culturelles. Archéologue et épigraphiste de talent, il publie ses recherches sur les inscriptions antiques de Lyon. Engagé au service de l’église il participe à la Commission de Fourvière qu’il préside, mais sa mort ne lui a pas permis de voir le chantier de la basilique. À la fin de son existence, il publie un catalogue raisonné de l’œuvre de son grand-père, Jean-Jacques de Boissieu, dont il avait conservé un nombre considérable de dessins, de sanguines et de lavis à l’encre de Chine dans son château de Varambon.

 Correspondant de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres en 1855, ainsi que des académies de Rome, Turin, Berlin et Zurich. Officier de l’ordre des Saints Maurice et Lazare et commandeur de l’ordre de Saint-Grégoire le Grand.

 Alphonse de Boissieu est décédé à Lyon, à son domicile 21 rue Sala, le 29 décembre 1886, d’une congestion pulmonaire.


Académie

Sur un rapport de Jean-Charles de Grégory* (Grégorj), il est élu au fauteuil 5, section 1 Lettres, le 20 juin 1848. Par lettre du 8 juillet, alors qu’il est réfugié près de Grenoble, à Bresson, il écrit au secrétaire de l’Académie : « Je n’ai reçu qu’aujourd’hui la lettre que vous m’aviez fait l’honneur de m’écrire pour annoncer ma nomination […]. Après avoir payé pendant trois mois le tribut de zèle et le dévouement que notre pauvre ville était en droit d’exiger de tous ses enfants, dans les circonstances critiques qu’elle vient de traverser, j’ai cherché dans la solitude le calme et la liberté d’esprit dont j’avais besoin pour remplir envers le public des engagements sacrés… ». Dès le 18 juillet, il se trouve en séance et intervient régulièrement : le 25 juillet, il donne de très longues explications sur les inscriptions antiques découvertes dans le voisinage du télégraphe à Saint-Just. Le 14 décembre 1852, il lit une Notice sur la vie et les travaux de Jean-Charles Grégorj (MEM L 2, 1853). Membre émérite en 1870.

Arnould Locard*, président de l’Académie, prononce un discours à ses funérailles le 31 décembre 1886, et son éloge est publié par l’académie l’année suivante.

Bibliographie

Arnould Locard, « M. Alphonse de Boissieu », Lyon-Revue, nos 73 et 74, 1887, p. 53 à 56 ; et plus complet MEM L 24, 1887, p. 293-303. – William Poidebard*, Julien Baudrier* et Léon Galle, Armorial des Bibliophiles, Lyon : Soc. Bibliophiles lyonnais, 1907, 771 p. – Edmond Roche, La famille Fourgon de Maisonforte, mémorial de Lyon 93, Lyon : ELAH, 1904, p. 141. – André Steyert* (dans Alphonse de Boissieu [1807-1886], esquisse biographique, Montbrison : Brassart, 1897) dit de lui : « Pour mieux dépeindre cet homme remarquable, il faudrait pouvoir le montrer dans sa physionomie extérieure qui reflétait parfaitement sa personnalité morale. De taille moyenne, de corpulence vigoureuse, il avait le port noble, les traits réguliers, le regard assuré et intelligent, la tête haute, l’attitude droite, la démarche calme, ferme et présentait un ensemble de gravité, de force et d’énergie et quelque chose de militaire. Il était ainsi dans son extérieur ce qu’il était en réalité, ce qu’il annonçait par son style ample, sobre et vigoureux et tenant toute son élégance, non d’ornements étrangers, mais de la beauté des pensées qui, servies par les expressions propres, [...] se déroulaient en phrases limpides et harmonieuses.»

Iconographie

Un médaillon en cuivre (diamètre 17 cm) présentant son buste de profil, par Paul Émile Millefaut, daté de décembre 1881, a été offert par le comte Amédée de Boissieu, son fils, à Henry Morin-Pons, qui l’a remis à l’académie le 21 juillet 1903 (Bruyère, in Le palais Saint-Jean, p. 174 ; voir aussi Morin-Pons, p. 119-121 et pl. XIX, photographie en couleur dans David 2000, p. 183, et dans le dossier Donné et David).

Publications

Inscriptions antiques de Lyon reproduites d’après les monuments, ou recueillies dans les auteurs, Lyon : Perrin, 1846-1854, couronné par l’Académie des Inscriptions en 1850. – Ainay, son amphithéâtre, ses martyrs, Lyon : Scheuring, 1864, 135 p., ill. – Vie de G. V. M. G. de Boissieu, tué le 11 octobre 1870 [Gustave de Boissieu, son fils, mort pour la France], s.l., s.n. – J.J. de Boissieu, catalogue raisonné de son œuvre, Paris : Rapilly, Lyon : A. Brun, 1878, 182 p. – Notice sur la vie et les travaux de J.J. De Boissieu, Paris : Rapilly, Lyon : A. Brun, 1879, 2 vol., IV+458 p. et 460 p. – Articles divers dans la Revue du Lyonnais ou la Revue provinciale, et dans la Gazette de Lyon (sous le pseudonyme de Jules Raimbaut). Au total plus de 50 publications, en partie répertoriées par Arnould Locard dans son éloge funèbre.