Dictionnaire historique des académiciens de Lyon

Préface
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La recherche est faite par sous chaîne, insensible à la casse et aux accents.

CAZENOVE Raoul de (1833-1910)

par Paul Feuga, Dominique Saint-Pierre.

 Quirin Jules Raoul de Cazenove est né à Lyon, 8 place Saint-Clair (cours d’Herbouville, puis quai André-Lassagne) le 14 décembre 1833. Son père est Arthur Paul Théophile de Cazenove – né à Lausanne, mais déclaré à Lyon pour être citoyen français, 1795-1841), lieutenant par ordonnance du roi du 10 octobre 1815, entré comme tel dans les gardes du corps du roi, attaché par ordre du ministère de la Guerre du 8 mai 1819 à la commission de délimitation des frontières de l’Est, démissionnaire de l’armée en 1820, officier de la garde nationale de Lyon de 1830 à 1848, membre du conseil municipal de Lyon le 4 septembre 1830, adjoint au maire le 20 juillet 1831, membre du conseil général du Rhône le 30 avril 1831, chevalier de la Légion d’honneur en 1832. La mère de Raoul est la seconde épouse d’Arthur, cousine germaine de la première femme, Julie Françoise Clémentine de Devillas d’Arnal (Lyon 1810-Vaise 1888), remariée à Lyon 1er le 18 mai 1833 à Jean Alphonse Gilardin*. À la révocation de l’édit de Nantes les Cazenove, originaires d’Anduze en Languedoc, émigrent en Angleterre, puis à Genève dont ils sont reçus bourgeois en 1703. D’autres partent en Angleterre, en Prusse, aux Pays-Bas et tous continuent à correspondre. Les Devillas, protestants d’origine cévenole, sont chassés de Genève par la Révolution, puis s’installent comme négociants à Lyon. Clémentine de Villas, mère de Cazenove, est la fille de Jean Élysée Devillas*, longtemps trésorier de l’Académie.

 Raoul est le cousin germain de Léonce Quirin Arthur de Cazenove (Petit Saconnex 1824-Lyon 1892), auteur de Considérations sur les Sociétés protectrices des animaux (1865) et de La guerre et l’humanité au xixe siècle (1869), qui a participé à la fondation de la Croix-Rouge. Il est aussi l’arrière-petit-neveu de Louise Constance Cazenove d’Arlens (1755-1825), née de Constant de Rebecque, épouse (Lausanne 1785) du suisse Marc Antoine de Cazenove (Amsterdam 1748-Lausanne 1822). Ce couple fut ami de Mme de Staël ; poussée par celle-ci, Louise Constance écrivit plusieurs romans, puis son journal en février-avril 1803, Deux Mois à Paris et à Lyon sous le Consulat, publié par la Société d’histoire contemporaine (Paris : Picard).

 Bachelier ès lettres en 1850, licencié en sciences en 1863, Raoul de Cazenove entreprend de 1857 à 1859 une suite de voyages en Allemagne, en Bretagne, en Angleterre et en Italie. Puis, il se partage entre sa maison de « La Roquette » à Vaise, et le château du Solier près d’Alès. Il s’adonne à un grand nombre d’œuvres intellectuelles ou pieuses. L’activité culturelle de Cazenove s’exerce au sein d’une multitude de sociétés savantes : société d’histoire de France, société des agriculteurs de France, société d’archéologie de Maurienne, société scientifique d’Alais (6 novembre 1869). À Lyon, il collabore à la commission des Richesses d’art du département du Rhône et à la commission du Vieux-Lyon dont il est devient vice-président. Il appartient à la société des Amis des arts dont il est le secrétaire, à la société des Bibliophiles, à la commission des musées et au comité d’inspection des bibliothèques. Sa candidature à la Société historique est présentée en avril 1869, par Paul Saint-Olive, Vital de Valous et Georges de Soultrait, ce qui en soi est une référence. Vingt ans après, il passe à l’éméritat jusqu’à son décès. Dans cette société, il est secrétaire (1872), vice-président (1880), puis président (1881).

 Dans le domaine civique, Cazenove est administrateur de la Caisse d’épargne ainsi que du Dispensaire. Ces activités diverses sont nourries par une foi profonde. Secrétaire du synode général des églises réformées de France, en 1872, il est membre de sa commission permanente. Bibliophile et collectionneur, il est un vrai connaisseur, comme le montre son discours de réception à l’Académie sur le peintre Adrien Van der Kabel, dont il avait acquis un tableau (son premier achat) une quarantaine d’années plus tôt.Raoul de Cazenove avait épousé, le 14 juin 1859, au château de Calviac à Lasalle (Gard), Henriette Antoinette Lucie Jeanne Dumas de Marveille (Montpellier 13 février 1839-1927), fille d’Henri Maurice Dumas de Marveille (1810-1890), maire de Lasalle, conseiller général, et d’Henriette Louise des Hours de Calviac (1815-1879). Elle lui donnera six enfants. Il habite alors 66 rue Impériale (act. rue de la République). Ce mariage avec une jeune fille étrangère à Lyon donne lieu à un très intéressant document de 97 pages, dans lequel il présente à sa fiancée la société protestante lyonnaise et décrit les personnes qu’elle devra rencontrer. Un sens aigu de l’observation, une plume alerte, caustique sans méchanceté, font de ce document un plaisant tableau.

 Raoul de Cazenove est mort dans son château du Solier près d’Alès, le 19 mai 1910. Aux Brotteaux, le passage Cazenove attesté dès 1846 honore un autre personnage que lui, probablement un membre de sa famille propriétaire d’une parcelle avoisinante.


Académie

Sa candidature à l’académie est présentée par Henry Morin-Pons*, le 27 novembre 1883. Il est décrit comme historien, archéologue, critique d’art, bibliophile, et surtout comme l’auteur d’un ouvrage sur le pasteur Rappin-Thoiras. Il est élu le 4 décembre au fauteuil 1, section 1 Lettres. Son discours de réception, le 20 décembre 1877, est titré Le peintre Adrien van der Kabel et ses contemporains. Cazenove préside l’académie en 1894-1895. Le 6 août 1901, il communique sur La graphologie.

Bibliographie

W. Poidebard, J. Baudrier et L. Galle, Armorial des bibliophiles lyonnais, t. 1, Lyon, 1907. – Arthur de Cazenove, Quatre siècles, Nîmes : La Laborieuse, 1908. – Dr Artaud, Notice sur Raoul de Cazenove (lu à la société littéraire le 15 juin 1910), Bull. Soc. Litter. Lyon, 1911. – Abbé Vachet, Nos lyonnais d’hier, Lyon, s.d. – Roman d’Amat, DBF.

Manuscrits

Notes sur la société lyonnaise. 1858 (à l’usage exclusif de Lucie de Marveille), écrit au château de Champollon, chez son beau-père, Alphonse de Girardin, le 14 octobre 1858 (Bull. Soc. Hist. Protestantisme français 39, 3e trim. 1992, annoté par Jacques de Labouchère).

Publications

Rappin-Thoyras, sa famille, sa vie et ses œuvres : étude historique suivie de généalogies, Lyon : Perrin, Paris : Aubry, 1866 ; 2e éd. abrégée à Toulouse : Société des livres Religieux, 1874. – Notes sur deux bibliophiles lyonnais : 1572-1867 [Nicolas, Yemeniz]. – Recherches sur Jean Grolier, sur sa vie et sa bibliothèque, Lyon : Vingtrinier, 1867. – Procès-verbaux du Synode particulier de la 20e circonscription synodale, Lyon : Lepagnez, 1872. – Notes sur le Salon, tableaux et artistes protestants, Paris : C. Meyrueis, 1874. – Les vallées de Félix Neff (Hautes-Alpes). Leur état présent. Rapport de la Commission d’enquête, 1873-1874, Lyon : Georg, 1875. – Mémoires de Samuel de Pechels, Montauban, 1685-Dublin, 1692), Toulouse : Soc. Livres Religieux, 1878. – Les criées faites en la Citée [sic] de Genève l’an mil cinq cent soixante, Montpellier : Coulet, 1879. – Notes sur l’île de Chypre : souvenirs et impressions d’un voyage à travers les livres, Lyon : La Roquette-Balmont, 1880. – Le Sallon [sic] des Arts à Lyon. Catalogue des objets d’arts qui y furent exposés le 25 août 1786, Lyon : Pitrat, 1883. – Les tableaux d’Albert Dürer au Musée de Lyon, Lyon, Pitrat, 1883. – Les ruines de Montségur, Toulouse : Chauvin, 1883. – Émigration des Vaudois français en Algérie : rapport présenté aux souscripteurs par le comité protestant de Lyon, Lyon : Georg, Paris : Grassart, 1883. – Premiers voyages aériens à Lyon, Lyon : Pitrat, 1887. – Les Crès de Bouscardon, Paris : Dumont, Lyon : Bernoux et Cumin, 1898. – Le peintre Adrien Van der Kabel et ses contemporains. Avec le catalogue de son œuvre peintre et gravée, 1631-1705, Paris : Rapilly, Lyon : Georg, 1888. – Rapport sur le concours pour le prix Louis Dupasquier (lu dans la séance publique du 17 décembre 1889), Lyon : Assoc. Typogr., 1889 (extr. MEM L 27). – Notes sur le salon de la Société lyonnaise des beaux-arts (lu à l’Académie dans la séance du 25 mars 1890), Lyon : Mougin-Rusand, 1890, et dans CR Ac. Lyon 1895, lu en séance publique du 23 décembre 1895, Lyon : A. Rey, 1895. – Discours prononcé aux funérailles de M. Antoine Mollière le 19 mars 1895, Lyon : Rey, 1895, et Ac Rapports I 1897, p. 201-210). – Discours prononcé aux funérailles de Gaspard André le 15 février 1896, s.l. : s.n., 1896. – Les Crès de Bouscardon, mœurs et paysages cévenols, Paris : Dumont, 1898 (signé d’un pseudonyme, René de Colavazou). – La maison d’Artaud de Varey en rue Grenette 1487, Lyon : s.n., 1902.

Cazenove est encore l’auteur de nombreux articles publiés dans la Revue du Lyonnais (RLY) : Recherches sur Jean Grolier, sur sa vie et sa bibliothèque, 3 n° 4, 1867, p. 29-48. – Les Stoïques, par Mlle Siefert, 3, n° 10, 1870, p. 263-267. – La comédie moderne par Flotard, 3, n° 10, 1870, p. 400-408. – Une note sur Jacquard, 4, n° 1, 1876, p. 158-159. – L’intermédiaire lyonnais, 4, n° 6, 1878, p. 313-316. – Lettre autographe de Dupont de Nemours à M. Boucher, n° 1, 1881, p. 72. – Notice nécrologique sur Jean-Marie Feugère et Hubert Jacquet, n° 3, 1882, p. 70-73. – Une chanson de P. Révoil, peintre lyonnais, n° 4, 1882, p. 24-26. – Les tableaux d’Albert Dürer au musée de Lyon, n° 4, 1882, p. 241-246, 321-329. – Troisième voyage aérien Lyon 1784, n° 7, 1884, p. 27-33. – Ascension du ballon Le Gustave à Lyon, 4 juin 1784, n° 7, 1884, p. 165. – Lettre à M. Morel de Voleine sur un poème intitulé : « La Lubinade », n° 9, 1885, p. 193-197. – Notes rétrospectives sur le salon de 1888 à Lyon, n° 5, 1888, p. 380-393. – Une vieille maison lyonnaise, 5, n°32, 1901, p. 433-449. – Notes sur le Salon, 5, n° 9, 1890, p. 204-224.