Philibert Barthélemy Félix Garcin naît le 13 juillet 1879 à Saint-Cyr-au-Mont-d’Or, lieu-dit les Charbottes, où la famille se trouve en villégiature. Il est le fils de Pierre Louis Garcin, avoué à la cour d’appel de Lyon, et de Julie Roche, née le 4 septembre 1844 à Vienne (Isère), fille de Dominique Roche (1796-1870), propriétaire et greffier de la justice de paix. Pierre Louis Garcin, né le 21 décembre 1828 à la Croix-Rousse, est le fils d’un fabricant d’étoffes de la rue Dumenge, Barthélemy Garcin, et de Philiberte Bosson ; il décède le 4 février 1895, 5 place Saint-Jean. Il a un jeune frère, Louis Philibert, né le 10 juin 1843, sous-bibliothécaire au Palais des Arts de Lyon et membre de la Société historique, archéologique et littéraire de Lyon de 1903 à 1908. Pierre Louis Garcin et Julie Roche se marient à Vienne le 27 août 1873.
Ayant perdu son père à l’âge de 16 ans, Félix Garcin bénéficie probablement du soutien de son oncle Étienne Marie Cottet (1828-1907), époux d’Anne Roche (1835-1915), directeur de la banque Cottet et Cie, 8 rue de la Bourse, et qui sera son témoin lors de son mariage. Il fait sa scolarité au collège de Mongré à Villefranche-sur-Saône, puis il suit des cours de droit aux facultés catholiques de Lyon. Il termine ses études à l’université de Grenoble, où il soutient en 1902 une première thèse : La mainmorte, le pouvoir et l’opinion de 1749 à 1901, et en 1904 une seconde thèse : La question de l’impôt sur le revenu en France. Entre-temps, le 16 février 1903, il se marie à Saint-Étienne avec Marie Louise Ida Bastide. Née le 20 juin 1875, 42 rue Saint-Louis à Saint-Étienne, décédée le 16 novembre 1974 à Lyon 5e, elle est la fille de Théodore Bastide, rentier, et de Marie Joséphine Bénévent, et la sœur de Marie Anthelme Charlotte Bastide épouse de Ludovic Chapuys de Montlaville, petit-fils de l’académicien et député Alceste Chapuys de Montlaville*. Félix Garcin a fait un riche mariage. Son beau-père, membre depuis 1884 de la Société d’agriculture, industrie, sciences, arts et belles-lettres de la Loire est propriétaire de deux domaines, le Roule à La Talaudière, et le Châtelet à Saint-Régis-du-Coin (Loire), dont Garcin hérite en 1910 ce qui va conditionner son engagement dans le syndicalisme agricole. Il sera maire de Saint-Régis-du-Coin de 1919 à 1944. De ce mariage naissent Juliette (Lyon 1904), Louis (Saint-Cyr-au-Mont-d’Or 1906), Charlotte (Saint-Régis-du-Coin, 1908), Marie (Saint-Régis-du-Coin, 1912) et Madeleine (Lyon, 1919).
En 1906, Félix Garcin devient l’assistant aux facultés catholiques de Lyon de Joseph Rambaud, qui y a créé une chaire d’économie politique. Il lui succède à ce poste en 1919. C’est sans doute grâce à l’entremise de Rambaud, dont il partage les convictions et l’intérêt pour le catholicisme social, que Félix Garcin devient en 1908 membre de la très fermée Congrégation des messieurs et de la confrérie de Saint-Vincent-de-Paul. En 1910, il fonde le Syndicat agricole de Saint-Régis-du-Coin. Nommé en 1912 auditeur au conseil de l’USESA (Union du Sud-Est des syndicats agricoles), il en devient administrateur en février 1920, puis en assure la présidence de 1923 à 1944, ce qui lui permet de mettre en place des innovations importantes dans le domaine de la mutualité : caisse régionale accidents en 1923, assurance grêle l’année suivante. Ayant été pendant la guerre officier d’administration du service de santé puis des services d’état-major et du recrutement de la 13e région, il reçoit le 30 mai 1924 la Légion d’honneur des mains du général Joba. En 1926, il devient président de la chambre d’agriculture de la Loire et il est fait chevalier de l’ordre de Saint-Grégoire-le-Grand. En 1928 il crée une section féminine (coopérative du travail des femmes à la montagne, avec la revue Femmes de chez nous) et il devient vice-président de l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture (APCA). Président et fondateur de la caisse nationale agricole des assurances sociales et de la caisse centrale agricole des accidents du travail, il est également membre du conseil national économique et membre du conseil supérieur des chemins de fer. Le ministre de l’Agriculture, considérant qu’il est appelé « à rendre les plus grands services à l’agriculture française », le fait officier de la Légion d’honneur le 7 août 1931. En 1932 il préside le conseil d’administration du Nouvelliste, succédant à Rambaud, tout en continuant son enseignement aux facultés catholiques ; il se politise de plus en plus face à la montée du Front populaire, durcit son anticommunisme et se tourne vers l’Ordre moral. Son engagement pétainiste de 1940 à 1945 – il est nommé en 1941 membre du Conseil national – et surtout son rôle de dirigeant du Nouvelliste, dont le dernier numéro paraît le 24 août 1944, lui vaut d’être condamné le 3 mai 1946, par la cour de justice de Lyon à 10 ans d’emprisonnement, 120 000 francs d’amende et à la dégradation nationale à vie, pour attitude démoralisante favorable à la collaboration antirépublicaine, diffamation contre la résistance, injure contre le général de Gaulle, appel au châtiment des patriotes, ce qui entraîne le 22 août sa radiation des matricules de la Légion d’honneur. Dès lors, Félix Garcin partage sa vie entre l’appartement familial 5 rue Saint-Jean, où il décède le 15 avril 1969, et son domaine du Châtelet de Saint-Régis-du-Coin.
Candidat le 10 janvier 1933, il est élu le 6 juin 1933. L’allocution de réception est prononcée par le président Louis Rogniat* le 7 novembre 1933. Il dépose un discours de réception le 1er décembre 1936 titré : L’action moralisatrice de la presse dans le cinéma, mais il est prononcé le 29 juin 1943 sous le titre : Croisade moderne. Moralisation de l’industrie cinématographique, étrange témoignage d’une certaine conception politique et religieuse de l’époque (MEM 1945). On ne le trouve plus sur les listes de l'Académie à partir de 1945.
G. Gayet. « L’Union du Sud-Est des Syndicats agricoles. 1914-1941 », maîtrise, Université Lyon 2, et Bull. du Centre d’histoire économique et sociale de la région lyonnaise 4, 1972. – B. Dumons, « La politique sociale sous la IIIe République : une vieille tradition à l’Université catholique de Lyon », Bull. de l’Institut catholique de Lyon 87, juillet-septembre 1988. – B. Dumons, DMR. – Cl. Lévy, Un grand patron de presse entre Saône et Rhône : Félix Garcin : Presse, radio et histoire, Actes du 113e Congrès national des Sociétés savantes, Strasbourg, 1988. – Gérard Corneloup, DHL.
La Main-morte, le pouvoir et l’opinion, de 1749 à 1901, thèse pour le doctorat des sciences juridiques, Faculté de droit de Grenoble, Lyon : P. Legendre, 1902, 374 p. – La question de l’impôt sur le revenu en France, thèse pour le doctorat des sciences politiques, Faculté de droit de Grenoble, Lyon : P. Legendre, 1904, 136 p. – « La grève suspend-elle l’exécution du contrat de travail ? », Rev. catholique des institutions et du droit, décembre 1909. – « Sociétés par actions à participation ouvrière », Rev. catholique des institutions et du droit, décembre 1913. – « Le problème de l’immigration », Rev. catholique des institutions et du droit, juillet 1921. – La question des économies, où les chercher ? comment les réaliser ? : Paris : Société d’études et d’informations économiques, 1922, 34 p. – « Les Assurances sociales », Le Correspondant, avril-juin 1923. – « L’évolution de l’économie mixte », Rev. des sociétés, avril 1924. – « Les accords entre les filateurs et les sériciculteurs : exemple d’entente entre agriculteurs et industriels transformateurs de matières premières d’origine agricole », Bull. de la Société des agriculteurs de France, 1924, 6 p. – L’assurance mutuelle contre les accidents du travail agricole : Congrès national des Syndicats agricoles, Quimper, 1924. – Les assurances sociales et l’agriculture, discours 1er décembre 1928, Marseille, Assemblée générale de l’Union des syndicats agricoles des Alpes et de Provence : Marseille, 1929, 26 p. – Préface de : Henri et Hyacinthe de Gailhard-Bancel, Les syndicats agricoles aux champs et au Parlement : 1884-1924 : Paris, 1929. – Préface de : Pierre Broallier, À bâtons rompus dans les assurances sociales agricoles, Lyon, 1933. – Préface de : Pierre Broallier, Service social rural, Lyon, 1942. – Avec Jean Audry et André Cade, Éloge funèbre de M. le professeur Maurice Lanois*, 1945.