Gaspard Abraham André est né à Lyon le 16 mars 1840, au domicile de ses parents 13 rue Juiverie, de François Abraham André (Bassins [Suisse] 1809-Lyon 1882), menuisier, et de sa première épouse, Charlotte Isaline Chanson (Le Locle [Suisse] 1806-Lyon 1855). Déclarants : Jean François Louis André né à Burtigny en Suisse en 1801, menuisier, 13 Juiverie, oncle de l’enfant, et François Berthod, chocolatier, 7 place d’Albon (Louis André avait épousé Françoise Berthod). Son père et son oncle, d’origine huguenote, de menuisiers associés, deviendront des entrepreneurs importants de la ville.
Gaspard suit les cours de l’école des beaux-arts de Lyon de 1856 à 1861. Élève de Claude Bonnefond* en 1857, d’Antoine Marie Chenavard* en 1858, de Charles Jourdeuil en 1859, il remporte le premier prix de la classe d’art décoratif. En 1862, il rejoint l’atelier de Charles Auguste Questel, avant de réussir le concours d’entrée de l’école des beaux-arts de Paris, avec le n° 2. En 1865 il reçoit la grande médaille d’émulation, obtient le premier accessit au concours pour le Grand prix de Rome, et fonde le journal Les Croquis d’architecture. En 1866-1867, il séjourne six mois en Italie. De retour à Lyon, il travaille au cabinet d’architecte de Louis Bresson*. Il prépare à nouveau le prix de Rome en 1870 et obtient un rappel du premier accessit (formulation de l’époque, entre 1865 et 1870, pour le « second grand prix »).
Gaspard épouse à Uzès (Gard) le 10 avril 1871 Alix Clotilde Blanche Vincent (Uzès 21 juin 1849-Lhuis [Ain] 16 août 1918), fille de Jacques Frédéric Vincent et de Clotilde Cécile Chastanier. Ils emménagent 11 rue de la Charité et auront deux fils : François Frédéric Henri (Lyon 24 novembre 1872-Alger 1913), ingénieur des arts et métiers, et Charles (24 novembre 1875-Lhuis 15 septembre 1960), médecin.
Il s’installe définitivement à Lyon en 1871, expose à divers salons, obtient une médaille d’or à l’exposition internationale de Lyon en 1872, remporte de nombreux prix à Genève, Lausanne (université, château), Lyon, Aix-les-Bains (casino), Neuilly (hôtel de ville, premier prix), etc. En 1882 il demeure 82 avenue de Saxe.
En 1884 il est accueilli à l’académie du Gourguillon créée par Clair Tisseur*, sous le nom – par antiphrase de son activité débordante – de Joannès Mollasson. On lui doit le dessin du singulier et foisonnant diplôme d’appartenance à l’académie « fondée à seule fin de préserver toute vieille bonne tradition lyonnaise. Les imbéciles ne s’y complairaient pas », et quelques articles satiriques et parodiques.
Membre de la Société académique d’architecture de Lyon (1872), secrétaire, président (1893-1894) ; membre de la Société centrale des architectes français (1883), vice-président de l’Association provinciale des architectes français (1890). Il participe à la Société d’enseignement professionnel du Rhône, à la Société des amis des arts, au conseil d’administration de l’école des beaux-arts de Lyon dont il devient le président en 1891.
D’une grande indépendance d’esprit, artiste de talent, après la commande de la construction du théâtre des Célestins en 1873 alors qu’il n’a que 33 ans, il s’est cantonné à des programmes de prestige et à des œuvres originales et de qualité. On lui connaît quelque cent cinquante projets, avant-projets, esquisses et relevés, dont plus de trente ont été réalisés (fonds G. André, AML, p. 167-171). Félix Mangini, François et Joseph Gillet, Édouard Aynard* ont été ses amis et ses commanditaires.
En mauvaise santé, il est mort à Cannes le 12 février 1896, à 56 ans. Il est inhumé au cimetière de la Guillotière (allée 25, L4, Bertin p. 85) dans le tombeau de famille qu’il avait réalisé avec le sculpteur Jules Comparat.
Chevalier de la Légion d’honneur par décret du 29 décembre 1886 ; remise par Édouard Aynard* (LH/34/61). Un monument à sa mémoire, érigé en 1905 dans la galerie du palais Saint-Pierre, a été plusieurs fois déplacé pour arriver dans l’escalier du théâtre des Célestins. Son nom a été attribué le 25 mars 1918 à une rue longeant le théâtre au sud.
Présenté par L. Bresson* le 28 mai 1889, Gaspard André est élu le 4 juin au fauteuil 5, section 4 Lettres, libéré par l’éméritat de M. Danguin*. Il n’y restera que sept ans. Ses interventions sont peu nombreuses : Observations suggérées par l’architecture des bâtiments de l’exposition universelle, le 20 mai 1890. – Rapports pour le prix Dupasquier, lus le 23 décembre 1890 et le 24 juillet 1894. – Présentations des candidatures des architectes Échernier* le 28 novembre 1893 et Sainte-Marie Perrin* le 26 novembre 1895. Le 15 février 1896, Raoul de Cazenove* prononce le discours aux funérailles de G. André.
Œuvres d’architecture. Son œuvre est foisonnante. L’Œuvre de Gaspard André, paru entre 1897 et 1898, réunit un choix d’une quarantaine des principaux projets et réalisations. Le catalogue du fonds G. André publié par les Archives municipales de Lyon en 1996 en dresse la liste chronologique complète, p. 167-171. Nous n’en retiendrons qu’une faible partie : à Lyon, l’église Saint-Joseph 1872-1888, le temple protestant 1872-1884, le théâtre des Célestins 1873-1881, la fontaine des Jacobins 1877-1886, le groupe scolaire de la rue Tronchet 1880-1888, l’hôtel Balaÿ 1894-1896. L’hôtel de ville de Neuilly-sur-Seine 1880. La villa la Pérollière pour Félix Mangini à Saint-Pierre-la-Palud 1883-1891. Des villas à Tassin 1880, Morestel 1880, Écully 1883-1887, Izieux 1887, Lamalou-les-Bains 1892, Cannes 1891. Des projets pour les casinos d’Aix-les-Bains et d’Évian 1892-1894, pour l’Opéra-Comique à Paris 1893. Un théâtre pour Genève 1871, l’université et la restauration du château de Lausanne 1889-1896. Les usines Gillet à Lyon 1883-1885, et à Izieux 1889. De nombreux tombeaux de 1874 à 1880.
Charvet, p. 2-6, portrait [notice copieuse]. – Audin et Vial, p. 12-13. – DHL (G. Corneloup), p.47. – Catherine Pellissier, « André Gaspard, architecte protestant », DMR 6, 1994, p. 27-28. – Clair Tisseur*, « Gaspard André », La Revue du siècle, février 1896, p. 61-71. – Édouard Bissuel, « Gaspard André, architecte : notice biographique », L’Architecture, 5 décembre 1896 et 30 janvier 1897, p. 369-370 et 42-43 ; Ann. SAAL 12, Lyon, Mougin-Rusand, 1896. – R. de Cazenove*, « Discours prononcé aux funérailles de G. André, le 15 février 1896 », Ac. Rapports 1892-1896, p. 231-235. – A. Vachez*, « Allocution prononcée à l’inauguration du monument érigé à M. Gaspard André, le 19 novembre 1905 », Ac. Rapports 1905-1908. – L’œuvre de Gaspard André, introd. d’Édouard Aynard, portrait, Lyon : A. Storck, 1897-1898, 188 p., 100 pl. – Archives municipales de Lyon, Gaspard André, architecte lyonnais, 1940-1896, 1996, Exposition du centenaire de la mort, palais Saint-Jean, 25 p., 36 fig. – Archives municipales de Lyon, Gaspard André, architecte lyonnais, 1840-1896, 1996, catalogue du fonds G. André, 228 pages, 36 fig., 2 photos, fresque de J.-B. Poncet à la chapelle de la villa de Sain-Bel (Saint-Pierre-la-Palud) où saint Thomas est représenté sous les traits de G. André. L’ouvrage de référence, exhaustif. – Chaon Grattepierre [Louis David], Histoire de l’alme et inclyte Académie du Gourguillon et des Pierres plantées, Lyon : ELAH, 1996, p. 24 et 28. – Gilbert Richaud, « Genève terre d’expérience ou ville idéale ? Les projets de Gaspard André (1840-1896) pour la rive gauche », Genava 45, 1997, p. 83-94. – G. Richaud, « Composer autour du Léman à la fin du xixe siècle. Les derniers projets de l’architecte Gaspard André (1840-1896) », in Leïla el-Wakil et Pierre Vaisse (dir.), Genève-Lyon-Paris. Relations artistiques, réseaux, influences, voyages, Genève : 2004, p. 115-129. – G. Richaud, « L’architecte Gaspard André (1840-1896) et la reconstruction du théâtre des Célestins », in Les Célestins du couvent au théâtre, Catalogue d’exposition, Lyon : Théâtre des Célestins, 1er juin-18 septembre 2005, p. 70‑133. – G. Richaud, « Antagonismes et connivences artistiques à Lyon au début de la IIIe République. Les cercles culturels autour de l’architecte Gaspard André et d’Édouard Aynard », in Bruno Benoît et Gilbert Gardes (dir.), Identité et régionalité. Être Lyonnais. Hommage à Aimé Vingtrinier, colloque Lyon 14-15 novembre 2003, Lyon, 2005, p. 173-179, 260. – G. Richaud, « Les chemins de la simplicité : l’architecture de la villa dans l’œuvre de Gaspard André (1840-1896) », Bull. SHALL 37, 2010-2011, Lyon, paru 2013, p. 101-121.
Fonds Gaspard André, déposé aux archives municipales en 1970 (série 33ii), enrichi et publié en 1996, et papiers de l’architecte (série 212ii) déposés en 1990. – Nombreux dessins à la Société académique d’architecture de Lyon.
Le catalogue du fonds G. André donne une chronologie des publications comptant 118 numéros, de 1866 à 1899. – L’Œuvre de Gaspard André réunit une quarantaine de textes. Nous ne citerons ici que : « Compte rendu des travaux en 1877-1878 », Ann. SAAL 6, p. 75-93. – « Autour de Sainte-Blandine », Lyon-Revue 3, 1882, p. 55‑59 et 158-167. – « Nos vieux monuments : notes historiques sur la fontaine des Jacobins » (signé J. Mollasson), RLY 1, 1886, p. 106-118, 208-220, 273-286 ; repris dans L’œuvre de Gaspard André, p. 17-44. – « Le dernier mot sur l’étymologie de Lugdunum » (signé Mollasson), Rev. du Gourguillonnais, Lyon : A. Storck, 1887, p. 31-36 et 62-63. – La véritable et bien définitive étymologie de Lugdunum (signé Mollasson), Lyon : Storck, 1887, 11 p. – « Temple protestant des Brotteaux à Lyon », Rev. Génér. Archit. Trav. Publics 45, 1888, passim de 33 à 124, 5 pl. ; repris dans L’œuvre de Gaspard André, p. 173-182. – Mme Leroudier et la broderie artistique ; Les vitraux de M. Lucien Bégule, dans Lyon à l’exposition universelle de 1889, Lyon : Storck, 1890, p. 261-268. – Réponse […] au questionnaire […] de l’Association provinciale des architectes français, Lyon : Mougin-Rusand, 1891, p. 1-45. – « Allocution aux obsèques de L. Bresson », L’Architecture, 13 mai 1893, p. 198-199.