Marius Antoine Horand naît le 23 juillet 1839 à Lyon, 26 rue Tupin, fils d’Antoine Fleury (Lyon, 22 mai 1803-27 septembre 1886) docteur en médecine, et d’Andrée Pierrette Joséphine, dite Adrina, Prémillieux (Lyon, 29 décembre 1812–14 mars 1893). Témoins : Antoine Joseph Pierre Prémillieux, légiste, et Sébastien Jean Nicolas Prémillieux, architecte, ses oncles maternels. Son grand-père Pierre Horand (Lyon, 1761-1823) était fabriquant d’étoffes de soie, 179 Grand-Côte. Il eut cinq frères et sœurs dont deux périrent accidentellement. Il fut victime, comme son frère décédé, d’un mouvement de panique un jour de fête sur le pont Nemours (qui fut par la suite pont du Change, disparu en 1974) ; il en résulta un strabisme qui l’empêchera, quelques années plus tard, d’être admis à l’École militaire de Strasbourg ! Son frère François Denis Horand (Lyon, 10 novembre 1846-2 novembre 1911) est pharmacien à Lyon, sa jeune sœur, Françoise, mère-abbesse des Clarisses. Son oncle l’abbé Denis Horand (décédé le 26 septembre 1857, alors prêtre desservant Mornant) est son premier éducateur à Lyon ; puis il poursuit ses études au petit séminaire de l’Argentière (Aveize) pour les terminer au lycée de Lyon (lauréat en 1858). Il commence ses études de médecine à Lyon en 1859. La même année, il est médecin « sous-aide-major » de l’armée impériale d’Italie, à vingt ans, attaché aux hôpitaux et ambulances du 8 juillet 1859 au 20 mai 1860. Reçu major au concours de l’internat des hôpitaux de Lyon en 1861, il soutient sa thèse de doctorat en médecine : Du lupus, à Montpellier le 23 décembre 1865.
Nommé sur concours chirurgien-major de l’hôpital de l’Antiquaille de Lyon en 1868, il prend ses fonctions de 1870 à 1887, succédant à Antoine Gailleton. Il fait partie des onze chirurgiens-majors de la célèbre École dermato-vénéréologique de l’Antiquaille. Ses cours sont très suivis et ses recherches de laboratoire importantes. Son oeuvre est peu volumineuse, faite de travaux publiés dans les revues surtout lyonnaises. Son sujet de prédilection est la pelade et son origine ; elle était considérée alors comme une maladie parasitaire contagieuse du cuir chevelu, notamment par l’école parisienne de l’hôpital Saint-Louis avec le célèbre Ernest Bazin (1808-1878). Horand, dès 1875, soutient que la pelade n’est pas contagieuse et le prouve en cherchant en vain à se l’inoculer sur lui-même ! « C’était peut-être un peu hardi de notre part que d’attaquer les théories professées alors et consacrées par l’autorité incontestée de l’éminent dermatologiste de Saint-Louis, mais nous avions pour nous le courage que donne une conviction ferme ». Il confirme cette théorie en 1894 puis en 1898, en précisant que la pelade est la conséquence d’une trophonévrose. « Des milliers d’enfants lui sont redevables de la suppression des mesures prophylactiques, vexatoires et inutiles, auxquelles ils étaient soumis. » Citons aussi ses travaux sur la cicatrice du chancre syphilitique, sur la tumeur blennorragique des bourses (un suspensoir ouaté, qui porte son nom, est commercialisé par la maison Jules et Léon Rainal Frères), sur la transmissibilité de la syphilis chez les animaux. Mais son activité et ses publications s’étendent à toute la médecine générale : sur le chloral, les bains froids dans la typhoïde, la vaccination anti-variolique, la protection des enfants du premier âge et l’intérêt de l’allaitement maternel. Au plan social, il s’occupe de la tuberculose chez les indigents, participe à l’organisation de la gratuité et de la régularité des visites sanitaires chez les prostituées et surtout au fonctionnement bénévole du Dispensaire général de Lyon. Son père y avait été chirurgien accoucheur. Il l’administre de 1888 à sa mort, y crée des consultations de spécialités dont une clinique pour les maladies de la peau et du cuir chevelu, institue une école de garde-malades, fonde le Bulletin médical et administratif du Dispensaire, dont il est rédacteur en chef pendant quinze ans. Il est secrétaire général de la Société nationale de Médecine et des sciences médicales de Lyon pendant dix-sept ans et membre du Comité de secours aux blessés militaires. En 1899, il fonde la première école laïque d’infirmières.
Alors qu’il est domicilié 3 rue de Jussieu, il épouse le 30 août 1869, à Lyon 2e, Catherine Joséphine Rose Bailly-Béchet, née à Lyon le 17 août 1846, fille de Jean Aimé Bailly-Béchet (Morbier [Jura] 1819-Lyon 1881), horloger 19 quai de l’Hôpital, et de Marie Joséphine Mouchet (Lyon, 1824-1846). Parmi les témoins figure le Pr. François Peuch* de l’école vétérinaire de Lyon. Ils auront six enfants, nés 6 rue de la Barre : Jeanne Rose Marie (Lyon 2e 5 mars 1871-Lyon 8e 8 novembre 1966), épouse Cuilleret ; Fleury Joseph (Lyon 2e, 7 juillet 1872-Paris 8 avril 1943) ; René Denis (Lyon 2e 12 août 1873-Lyon 5e 2 septembre 1959) qui sera docteur ès sciences, chef de clinique chirurgicale à la faculté de médecine de Lyon, et auteur de Syphilis et cancer en 1908 ; Marthe Joséphine (Lyon 2e 6 juillet 1875-Oullins 11 janvier 1958), épouse Long ; Élise Fanny (Lyon 2e 4 décembre 1877-Lyon 3e 30 octobre 1972), épouse Hopital ; et Jeanne Aimée (Lyon 2e 15 avril 1883-?)
En 1914, Horand prend la direction de l’ambulance des blessés à l’hôpital Sainte-Claire, annexe de l’Hôtel-Dieu. En 1915, à l’âge de 76 ans, sur la proposition du Conseil des Hospices civils, il accepte de reprendre son ancien service des Chazeaux (hôpital annexe de l’Antiquaille), augmenté de cent lits de médecine générale, soit un ensemble de 350 malades ! Il passe chaque matinée dans son service, mais il est terrassé au retour d’une de ces visites. Il décède quarante-huit heures plus tard le 18 décembre 1917, à son domicile lyonnais, rue de l’Hôtel de Ville. Il est inhumé le 21 au cimetière de la Guillotière.
Une rue du 9e arr. de Lyon porte son nom.
Il est élu membre titulaire le 3 décembre 1895, au fauteuil 4, section 3 Sciences, succédant à Joseph Rollet*. Secrétaire général de 1910 à 1917. Communications : Considérations sur l’état sanitaire de Lyon pendant ces six dernières années, de 1890 à 1895 (Lyon : Mougin-Rusand, 1896, 34 p.) ; 25 janvier 1898, L’état actuel de la science relativement à la nature et à la contagion de la pelade ; 24 mai 1898, dépôt de son discours de réception : Des maladies des pauvres au point de vue de leur prophylaxie ; 7 février 1899, À propos de la pelade (MEM 1901 et Lyon : impr. A. Rey, s.d., 16 p.) ; 16 mai 1899, Le fonctionnement médical du dispensaire général de Lyon en 1898 ; 2 juillet 1901, brochure de son fils Altérations microbiennes des plaques photographiques ; 24 juin 1902, Réflexions sur la tuberculose chez les indigents et sa prophylaxie (MEM, 1903, et Lyon : impr. A. Rey, 1903, 28 p.) ; 26 mai et 2 juin 1903, lecture des premiers chapitres de sa Contribution à la protection de l’enfance à Lyon, contre la mortalité infantile (Lyon : impr. Waltener, 1903, 50 p.) ; 29 mai 1906, Rapport sur la candidature du docteur Clément ; 5 mars 1907, La pelade n’est pas contagieuse ; 29 mai 1917, Les progrès réalisés en médecine par les nouveaux sels arsénicaux organiques.
Charles Jacquier* a prononcé un discours à ses funérailles. Le 15 janvier 1918, Pierre-Just Navarre a traité : Le docteur Horand et le dispensaire général. Le 30 avril 1918, François Leclerc a lu une notice : Le docteur Horand, le médecin et le philosophe (Ac. Rapports, 1915-1918, 1919, p. 299-320).
A. Croze, M. Colly, M ; Carle, J. Lacassagne : Histoire de l’hôpital de l’Antiquaille de Lyon, Lyon : Audin, 1937, p. 201-203. – Jacques Chevallier*, Deux mille ans d’histoire de la pelade, Nouv Dermatol 30, 2011, p. 292-295.
Remarques sur l’opération de la fistule vésico-vaginale par la méthode américaine, suture moniliforme, Paris : impr. Hennuyer, 1863, 30 p. (extr. du Bull. général de thérapeutique). – Du lupus, thèse n° 75, Montpellier : impr. typogr. de Gras, 1865, 95 p. – Considérations sur la pulvérisation de l’éther, Lyon : Vingtrinier, 1867, 32 p. – Supériorité du chloroforme sur la saignée dans le traitement de l’éclampsie, Paris : A. Delahaye, 1867. – Recherches expérimentales pour servir à l’histoire des maladies vénériennes chez les animaux (avec F. Peuch*). Lyon : impr. Jevain et Bourgeon, 1870, 61 p. – Avec F. Peuch*, Du chloral, études cliniques et expérimentales, recherches de ses antidotes, couronné par la Société nationale de médecine de Lyon, Paris : G. Masson, 1872, 142 p. – Note pour servir à l’histoire du pemphigus aigu fébrile (extrait du Lyon Médical). Lyon : Vingtrinier, 1873, 22 p. – Recherches expérimentales sur l’action physiologique de l’hématosine, Lyon : impr. de H. Storck, 1874, 15 p. – Considérations sur la nature et le traitement de la pelade, Ann. Derm. Syph., 1874-1875, t. 6, p. 408-426 ; 1875-1876, t. 7, p. 5-19. – Compte rendu du service chirurgical des enfants traités à l’Antiquaille, de 1869 à 1876, Lyon : Assoc. typogr., 1876, 71 p. – Notes pour servir à l’histoire du pityriasis circiné, Paris : G. Masson, 1876, 20 p. – Nouveau traitement de la tumeur blennorragique des bourses, 1877. – De la nécessité de multiplier les visites sanitaires (extrait des Annales de dermatologie et de syphiligraphie), Clichy : impr. de P. Dupont, (1879), 14 p. – Rapport fait à la Société de médecine de Lyon au nom de la commission des prix (extrait du Lyon médical), Lyon : Assoc. typogr., 1881, 16 p. – Essai de la transmission de la syphilis au porc (avec Ch. Cornevin*) (extrait des Ann. de derm. et de syphil.), Paris : Masson, 1884, 10 p. – Syphilide acnéique du nez, Lyon Médical, 1887, t. 56, 42, p. 201-210. - Cours de médecine professé aux hospitalières de l’hospice de l’Antiquaille, 1884-188, Lyon : impr. de A. Waltener, 1888, 341 p. (2e éd. 1890). – Notes pour servir à l’étude de la blennorragie chez la femme : communication faite à la société des sciences médicales le 18 juillet 1888, Lyon : Assoc. typogr., 1888, 20 p. et Lyon Médical, 1888, t. 59, 43, p. 251-266. – Des bienfaits de la vaccination et de la revaccination, au point de vue de la repopulation de la France, Alliance scientifique universelle, 1892. – De la contagion de la pelade, Lyon : impr. de Mougin-Rusand, 1894, 12 p. – Le Dispensaire général de Lyon (œuvre d’assistance à domicile pour les indigents malades), son passé, son présent, son avenir, Lyon : impr. de Mougin-Rusand, 1894, 16 p. – Notice biographique sur J. Rollet*. Lyon : Assoc. typogr., 1897, 39 p. – Quel est l’état actuel de la science relativement à la nature et à la contagion de la pelade ?, Lyon : Assoc. typogr., 1898, 30 p. – Dispensaire général de Lyon... Bull. médical et administratif 1re[-11e] année, Lyon, 1890-1900. – Le professeur Gayet (un des discours), s.l. : [s.n.], [1904?], 47 p. – Allocution prononcée aux funérailles du docteur Achille Dron (extrait du Lyon Médical). Lyon : Assoc. typog, 1906, 4 p. – La pelade n’est pas contagieuse. Communication faite à la Société de médecine de Lyon, Lyon : Assoc. typogr., 1907, 8 p. – Rapport sur le service médical du dispensaire général, [Brignais] : impr. de l’École professionnelle de Sacuny, 1908, 25 p. – Bonaparte (Napoléon) philosophe. Lyon : Rey, 1911, 3 p.