Dictionnaire historique des académiciens de Lyon

Préface
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La recherche est faite par sous chaîne, insensible à la casse et aux accents.

HÉNON Jacques Louis (1802-1872)

par Georges Barale, Dominique Saint-Pierre.

  Né à Lyon, division de l’Ouest, rue de l’Observance (à l’école vétérinaire) le 11 prairial an X (31 mai 1802) fils de Jacques-Marie Hénon* et de Marguerite Rosalie Huzard, Déclarants le 14 prairial : « Jean Louis Raidmaupar, négociant place neuve des Carmes, et Michelle Molière, 75 ans, veuve de Jean Baptiste Huzard, qui était vétérinaire à Paris, bizaieule de l’enfant ».

  Élève à l’école vétérinaire de Lyon, professeur dans cette école (1823-1824), puis à l’école d’Alfort (1825-1833), il dirige en 1833 la pépinière royale de Lyon, devenue pépinière départementale et s’occupe activement de botanique, tout en effectuant des études médicales. Après avoir soutenu sa thèse à Montpellier en 1841, il pratique la médecine à La Guillotière, 7 cours Trocadéro [act. cours Vitton], et devient professeur suppléant de botanique à l’école préparatoire de médecine et de pharmacie de Lyon (1848-1849).

  Tout jeune il avait appris la botanique au jardin de l’école vétérinaire et aussi au contact de botanistes parisiens dont il avait suivi les enseignements, comme Bosc, Desfontaines, Thouin. Pendant cinquante ans, il fait de nombreuses herborisations dans la région lyonnaise, dans le Pilat, le Bugey, le Jura, dans les environs de Genève, dans sa propriété de Cornière (Ville-la-Grand, près d’Annemasse) au pied du Salève, dans les Alpes suisses, savoisiennes et dauphinoises.

  Ces nombreuses excursions sont faites avec sa femme et ses enfants. Il avait en effet épousé à Genève le 16 juin 1836 Péronne Aurélie Favre (Genève 16 juin 1814-Ville-la-Grand [Haute-Savoie] 19 novembre 1889), dessinatrice et peintre, fille de Jean Claude Favre (Annecy 1778-Hyères 1845) – médecin vétérinaire du département du Mont-Blanc, puis de la République et du canton de Genève, qui avait fait ses études vétérinaires à Lyon sous la direction de Jacques Marie Hénon – et de Jeanne Françoise Pépin. Elle tint un journal dont une année, 1839, a été publiée dans le Bulletin de la Société des Naturalistes de l’Ain 71, 1957, p. 183-189. Ils eurent deux enfants : Aurélien François Augustin, né à La Guillotière le 4 août 1837, docteur en médecine, et Jeanne Clémentine Aurélie, née à La Guillotière, le 30 janvier 1840, épouse en 1865 d’Émile Louis Jean Sisley (1836-1880). Participent à ces excursions des botanistes tels que Sisley, Seringe, Timeroy, Jordan. Hénon se spécialise dans l’étude des Liliacées ; il y consacre plusieurs mémoires (dont certains ont été publiés dans les Mémoires de l’Académie) et décrit des espèces nouvelles, en particulier le Narcisse des îles Glénans.

  Franc-maçon, Hénon, qui a une réputation de médecin des pauvres, affirme hautement ses opinions républicaines. Conseiller municipal de la Guillotière en 1843, il représente le quartier des Brotteaux. En 1847, il est membre du comité électoral du quai de Retz (act. quai Jean-Moulin], qui réclame l’abaissement du seuil du cens électoral. Candidat aux élections législatives d’avril 1848, il arrive en seizième position sur quarante-sept, à deux sièges du succès. Il n’est pas élu non plus lors d’une partielle le 21 septembre 1848. Candidat de l’opposition républicaine, il est élu député du Rhône à la Croix-Rousse (2e circ.) le 29 février 1852, avec 10 642 voix sur 21 478 votants contre 9 623 à Goujon ; mais refusant de prêter serment à la Constitution de l’Empire, à l’instar de Carnot et Cavaignac, les seuls autres membres de l’opposition démocratique élus, il est déclaré démissionnaire le 26 septembre et remplacé par le candidat officiel, Auguste Pierre Cabias (1802-1875).

  Lors des élections du 22 juin 1857, les électeurs de la Croix-Rousse l’élisent de nouveau député avec 11 969 voix contre 10 349 à Cabias, et, cette fois, sur les instances de ses amis politiques, il consent à accepter le mandat législatif. Il fait alors partie de ce petit noyau d’opposition, connu sous le nom de Groupe des Cinq, avec Jules Favre, Louis Darimon, Émile Ollivier et Ernest Picard. Il est réélu lors des élections du 1er juin 1863 avec 20 884 voix contre 8 980 à Cabias (1re circ.). À la Chambre, il intervient peu, mais s’attache surtout à traiter des questions intéressant l’agglomération lyonnaise, dont il est en même temps un des conseillers généraux. Il a été, en 1859, un des participants à la création du Progrès, et en 1868, il est l’un des fondateurs, avec Favre et Picard, du journal républicain, l’Électeur libre, qu’il dirige de juin 1868 à, mars 1869.

  Au renouvellement de 1869, avec 6 936 voix, républicain modéré, il est battu dans la 2e circonscription par le républicain radical Désiré Bancel (1822-1871), dont la candidature est plus accentuée que la sienne, et qui obtient 16 953 voix. Hénon rentre dans la vie privée. À la proclamation de la République, le 4 septembre 1870, il est membre du Comité de salut public qui investit la mairie de Lyon. Élu aux élections municipales du 15 septembre, il est maire de Lyon le 21. Il est aussitôt confronté à l’insurrection de Michel Bakounine : le 28 septembre Hénon échappe à un coup de baïonnette à l’hôtel de ville envahi par les émeutiers, arrive à s’échapper du bâtiment, rallie les bataillons de gardes nationaux de la Croix-Rousse et fait échouer le coup d’État. Au milieu d’une population essentiellement démocratique, profondément agitée par le sentiment des désastres militaires et par l’ardent désir de fonder la république, il fait de suprêmes efforts pour maintenir le calme, pour apaiser les esprits, tout en satisfaisant aux besoins de l’opinion. Son caractère affable, sa sollicitude à l’égard des malheureux, le rendent vite populaire. Dans une proclamation adressée aux Lyonnais, après la fin de la guerre, il leur disait : « Groupons-nous autour de la république, qui seule peut nous sauver. Régénérons notre patrie par le travail, l’étude et la pratique des mâles vertus républicaines ». Dans ces quelques mots, Hénon se peint tout entier. Candidat aux législatives du 8 février 1871, mais trop modéré pour l’opinion, il est battu avec 6 936 voix contre 16 953 au radical Bancel, et 5 433 à Mathevon. Après les élections municipales du 30 mars 1871, le conseil communal de Lyon, sans attendre la décision du pouvoir exécutif, confirme le chef de l’administration dans ses fonctions de maire. Cependant fatigué par les évènements et une maladie cardiaque, il s’éloigne au printemps 1871 de son poste et laisse son premier adjoint, Désiré Barodet (1823-1873), gérer les affaires courantes. Celui-ci lui succédera le 23 avril 1872.

  Hénon est mort à Montpellier dans la soirée du 28 mars 1872. Il a été inhumé au cimetière protestant de cette ville, dans une tombe toute simple, aux frais de sa famille selon ses volontés expresses (RLY 13, 1872, p. 326).

  Une rue, depuis le 8 janvier 1895, et par la suite une station de métro portent son nom à la Croix-Rousse, Lyon 4e. Par délibération du conseil municipal du 2 avril 2012 la « rue Hénon » a été rebaptisée « Rue Jacques-Louis Hénon ».


Académie 

Il a été membre, de la Société d’agriculture de Lyon (en assure le secrétariat général en 1833) et de la Société Linnéenne de Lyon (1833). Sur un rapport de Viricel* et Mulsant* (Ac.Ms279-II pièce 38), il est élu membre de l’Académie de Lyon le 15 juin 1841, et présente le 31 mai 1842 son discours de réception : Étude des plantes. Il est secrétaire général-adjoint pour la classe des sciences en 1857, et président en 1870. Dans cette dernière enceinte, il fait part du résultat de ses excursions : ainsi à la séance du 9 juin 1863, il traite du Narcissus reflexus et apporte des échantillons. Ses autres interventions se retrouvent dans les publications et les manuscrits.

Bibliographie 

A. Hénon, Notice sur J.-L. Hénon, Lyon : Rey et Sézanne, 1874, 100 p. – A. Magnin, « Prodrome d’une histoire des botanistes lyonnais », Bull. Soc. Bot de Lyon 31, 1906, p. 11‑13. – C. Meyer, DBF. – Bruno Benoît, DBL.

Manuscrits 

Carnets de J. L. Hénon 2-37, Ms Société Linnéenne de Lyon, 1830-1870. – Description du safran printanier, variété subalpine avec planche en couleurs, Ac.Ms292 f°185, 1er mai 1837. – Helianthus maximiliani, Ac.Ms292 f°251, 26 mai 1840. – Rapport sur le Mémoire sur les nouveaux papiers de sûreté présentés par M. Lacour-Laplaque, ministre des Finances, par M. Tissier, Paris, Ms279-II- pièce n° 8, 1843, 1 p. – Seringe, Hénon, Mulsant, Rapport sur les ouvrages et la candidature de M. Alexis Jordan, Ac.Ms293 f°431, 1850, 5 p. – Rapport sur la candidature de M. Lecoq, Ac.279-III pièce 71, 1er mars 1852. – Rapport sur un champignon trouvé par M. Fournet dans les mines de Champ de Prat, vallée d’Aoste en Piémont, Ms356 chemise 10 f°719, 5 juin 1855. – Planches pédagogiques d’Aurélie Hénon, Ms Herbier de Lyon LY, 10 volumes, 1860.

Dans la correspondance académique 1831-1856 : Hénon, secrétaire de la Société d’Agriculture, d’Histoire naturelle et Arts utiles de Lyon : Réception du mémoire de M. Vangeheur, Ac.Ms277-I 1er septembre 1838, 1 p. – Lettre sur une plante rare avec demande de candidature à l’Académie, Ac.Ms277-II 4 février 1840, 1 p. – Lettre de remerciement pour son admission à l’Académie de Lyon, Ac.Ms277-III, Montpellier, 19 juin 1841, 1 p. – Lettre accusant réception d’une livraison des Mémoires de l’Académie Royale, Ac.Ms277, IV, 11 février 1845, 1 p.

Publications 

« Compte rendu d’une excursion botanique au Mont-Pilat », RLY 2, 1835, p. 276-282. – « Compte rendu d’une excursion botanique à la Fréta », Soc. Agri., Hist. Nat. et arts utiles Lyon, 1835, p. 188. – « Note sur le Mûrier multicaule », Soc. Agri., Hist. Nat. et arts utiles Lyon, Lyon : Barret, 39 p., 1835. – « Raymond » [notice nécrologique], RLY 5, 1837, p. 391-397. – « Note sur l’Oxalis de Deppe, Oxalis Deppei », Soc. Agri., Hist. Nat. et arts utiles Lyon, Lyon : Barret, 13 p., 1838. – Notice sur Ferdinand Gensoul [par M. Hénon, secrétaire perpétuel de la Société d’Agriculture, histoire naturelle et Arts utiles de Lyon], Lyon : [propagateur de l’Industrie], 1838. – « Paul Charpentier » [notice nécrologique], RLY 7, 1838, p. 63-67. – « Rapport sur les jardins et pépinières des environs de Lyon », Soc. Agri., Hist. Nat. et arts utiles Lyon, Lyon : Barret, 31 p., 1838. – « Sur les Cytises Aubour, Adami et pourpre », Soc. Agri., Hist. Nat. et arts utiles Lyon, p. 375, 1839. – De l’influence des végétaux sur l’eau et de quelques boissons aqueuses fournies par les tiges et les feuilles des plantes, Montpellier : Gelly, 16 p., 1841. – Exposition de fruits et de légumes faite par la Société royale d’Agriculture, d’Histoire naturelle et arts utiles de Lyon le 1, 2, 3, et 4 octobre 1840 : Rapport sur les fruits et légumes, Lyon : Barret, 39 p., 1841. – « Sur le Tulipa oculus-solis, découvert près de Vienne », Soc. Agri., Hist. Nat. et arts utiles Lyon, p. 233, 1845. – « Sur une espèce inédite d’Iris, l’Iris olbiensis Hénon », Soc. Agri., Hist. Nat. et arts utiles Lyon, p. 463, 1845. – « Sur les Cyclamens », Soc. Agri., Hist. Nat. et arts utiles Lyon, 1845. – « Sur l’Orchis hanryi Jordan », Soc. Agri., Hist. Nat. et arts utiles Lyon, 1846. – Notice sur le Jardin de la marine royale à Toulon, s.n., 11 p., 1847. – Note sur la groseille-cerise, 2 p., 1848. – « Note sur le poirier Leroy-Jolimont », Soc. Agri., Hist. Nat. et arts utiles Lyon, s.l.s.n., 2 p., 1848. ]. – Notes sur les Stachytarpheta, Syringa suspensa, Ulluco et Boussingaultia, 1849. – Note sur l’échenilloir à cric de l’invention de M. Miallet, Lyon : Barret, 5 p., 1849. – « Sur le Puccinia isopyri, description », Soc. Linnéenne I, 25-28, 1849. – « Note sur le Cannabis gigantea », Soc. Agri., Hist. Nat. et arts utiles Lyon III, 1851. – « Culture du Mélilot blanc », Soc. Agri., Hist. Nat. et arts utiles Lyon IV, 1852. – « Oïdium de la vigne, culture du cotonnier », Soc. Agri., Hist. Nat. et arts utiles Lyon V, 1853. – « Maladies des végétaux », Soc. Agri., Hist. Nat. et arts utiles Lyon, VI, 1854. – « Le Sorgho à sucre », Soc. Agri., Hist. Nat. et arts utiles Lyon VII, 1855. – « Le Poirier Maude », Soc. Agri., Hist. Nat. et arts utiles Lyon VIII, 1856. – « Le Phytolacca decandra, diverses espèces tinctoriales du genre Rhamnus », Soc. Agri., Hist. Nat. et arts utiles Lyon XXIII, 1857. – « Greffe d’hiver, Mûriers, Apios tuberosa », Soc. Agri., Hist. Nat. et arts utiles Lyon II, LXXIV, 1858. – « Greffe d’hiver, Mûriers, Apios tuberosa », Soc. Agri., Hist. Nat. et arts utiles Lyon III, XLVI, XLII, LX, 1859. – Corps législatif session de 1861. Discours de M. J.-L. Hénon […] dans la discussion relative à un emprunt de 9 600 000, 1862. – Corps législatif session de 1862. Discours de M. J.-L. Hénon,... dans la discussion du budget du ministère de l’Intérieur, chap. XIII, sect. IV, sûreté publique. Séance du 18 juin, 1863. – Corps législatif session de 1862. Discours de M. J.-L. Hénon,... dans la discussion relative à l’appel des 100 000 hommes de la classe 1862 séance du 29 avril, 1862. – Corps législatif session de 1863. Discours de M. J.-L. Hénon sur l’administration municipale de Paris et de Lyon. Séance du 11 février et du 9 mars, 1863. – « Blé de Noé, Galega officinalis », Soc. Agri., Hist. Nat. et arts utiles Lyon I, CCV, CCX, 1868. – « Mûriers du Pérou », Soc. Agri., Hist. Nat. et arts utiles Lyon II, CXLIII, 1869. – « Pothos pertusa », Soc. Agri., Hist. Nat. et arts utiles Lyon III, LXXXII, LXXXIV, 1870. – « Sur une espèce de Narcisse peu commune, le Narcissus bernardi (DC. inéd.) Hénon », MEM, 1854, 13 p. – « Histoire et description d’un champignon parasite, le Merulius destruens », MEM, 1854, p. 140. – « Histoire de l’œillet superbe », MEM, 1856 p. 248. – « Promenade aux Glénans à la recherche du Narcissus reflexus Lois. », MEM, 1863, p. 177. – Le Potiron mamelonné, MEM, 1866, p. 193.

Notice sur Jean Claude Favre, Lyon : Nigon, 1845, 8 p. (le beau-père d’Hénon, membre correspondant de l’Académie de médecine de Paris en 1835, avait professé à Genève un cours d’hygiène vétérinaire et fait paraître plusieurs ouvrages dont un manuel vétérinaire).

Cette notice a été révisée.