Jacques Romain Camille Latreille naît le 8 août 1870 à Saint-Georges-d’Espéranche (Isère) au foyer de Romain Latreille, charcutier (Saint-Georges-d’Espéranche, 1845-1924), et Françoise Rigollier (Luzinay 1849-Saint-Georges-d’Espéranche 1937, d’une famille de cultivateurs), mariés le 27 août 1868 à Luzinay. Déclarants : Jean-Baptiste Sauzet, agent d’assurance, et Jean François Bourson, cultivateur. Les Latreille viennent de Montpellier où ils sont présents à la fin du xviiie siècle avec Jean (1791-Cournonterral [Hérault] 1888), colporteur puis fabricant de chandelles ; son fils Jacques (Montpellier 1816-Saint-Georges-d’Espéranche 1888), maré-chal-ferrant puis marchand de vin en gros, se marie le 14 août 1838 à Saint-Georges-d’Espéranche avec Marie Chenavier, fille de cultivateurs.
Camille Latreille semble avoir été enfant unique. Après des études à l’institution Robin à Vienne, il entre au lycée Ampère où il reçoit le 1er prix de physique au Concours général. Ayant obtenu une bourse, il se rend à Paris, au lycée Janson-de-Sailly, pour préparer l’École normale (en sciences physiques). Son échec le ramène à Lyon, où il prépare une licence de lettres, obtient l’agrégation en 1893, suivie d’un prix de la faculté des lettres ; puis il enseigne quelques semaines au lycée de Pontivy (Morbihan). Il est nommé professeur de rhétorique au lycée du Puy en 1895, y reste deux années, revient à Lyon pour enseigner au lycée Ampère. En 1899, il soutient sa thèse sur François Ponsard*, originaire de Vienne.
Mais ce qui l’intéresse, c’est l’histoire des idées et du sentiment religieux. Grâce à ses liens d’amitié avec Claudius Prost, il a accès aux archives de la Petite Église de Lyon, dont il se fera l’historien, avant de travailler à une réconciliation avec l’Église officielle, qui n’aboutira pas. En 1907, l’Académie française couronne son ouvrage sur Joseph de Maistre ; en 1912 il devient maître de conférences et l’année suivante professeur à la faculté des lettres de Lyon. Il a été membre de la Société historique, archéologique et littéraire de Lyon de 1902 à 1917, et membre de l’académie delphinale.
Camille Latreille s’est marié en janvier 1897 à Vienne, en l’église Saint-André-le-Haut, avec Julie Burle (Vienne 11 décembre 1873-Lyon 6 mai 1962), qui lui a donné six enfants : Marie-Louise (née en 1898, religieuse) ; Jacques (Génelard [Saône-et-Loire], 1899-Mâcon 1946) ; André* (1901-1984) ; Henri (Lyon 1902-Saint-Genis-Laval 1985) – scientifique, il a fait une conférence à l’académie en 1975 sur Le Brésil – ; Jeanne (Lyon 6e 1907-Mâcon 2001) épouse Piffaut ; et Madeleine (Lyon 6e 1909-Écully 1991). Les quatre premiers enfants sont nés 16 quai de la Guillotière (act. quai Victor-Augagneur). La famille s’est installée entre 1902 et 1907 au 6 place Morand, où sont nées Jeanne et Madeleine.
Camille Latreille y décède le 2 janvier 1927. Après une cérémonie à l’église de la Rédemption le 5 janvier, il est inhumé à Saint-Georges-d’Espéranche, dont il était maire.
Le 19 mai 1903, Latreille, professeur au lycée, est autorisé à faire une conférence sur Chateaubriand à Lyon en 1802 et 1803. Son ouvrage, Chateaubriand ; études biographiques et littéraires : Le romantisme à Lyon, reçoit le prix Honoré Pallias en 1904. Le 6 février 1906, il lit un chapitre de son livre : Joseph de Maistre et la papauté, et le 5 février 1907 présente son livre Francisque Bouillier, le dernier des cartésiens, avec des lettres inédites de Victor Cousin. Ayant renouvelé sa candidature le 4 février 1908, il est élu le 2 juin 1908 au fauteuil 4, section 1 Lettres, après un rapport d’Auguste Bléton*. Il assure la présidence de 1915 à 1919, période au cours de laquelle il rédige les comptes rendus d’activité, et devient émérite en 1926. Le 18 mai 1909, il présente une étude expliquant pourquoi plusieurs évêques refusèrent leur démission au moment de la négociation du Concordat de 1801. Le 22 juin 1909, il présente une étude critique de L’idée de la Souveraineté de Joseph de Maistre. Il prononce le 1er novembre 1909 son discours de réception sur Un poète lyonnais, Clair Tisseur. De nombreuses interventions vont suivre, que l’on retrouve dans ses publications et les manuscrits. En 1912, communication sur Un témoin de la Restauration et la Monarchie de Juillet, le marquis de Coriolis, lettres à Lamennais, 1825-1867 (MEM 1912) ; en 1915, sur Le romantisme en Provence, souvenirs d’étudiants lyonnais, Barthélemy Tisseur et Victor de Laprade (MEM 1915, et Lyon : A. Rey, 1914, 159 p.), et sur Ponsard et Madame de Solms (MEM 1915, et Revue bleue, 7 et 14 juillet 1917, p. 399‑402). En 1919, il a rédigé les éloges funèbres de J. Baudrier*, de P. Aubert*, du Pr. Ch. Bouchard. J. Guiart* prononce un discours lors de ses obsèques (MEM 1927). Son ami Buche* se charge de son éloge funèbre (MEM 1931).
Le Moniteur Viennois, 8 janvier 1927. – J. Buche, Camille Latreille 1870-1928, Lyon : Rey, 1928.
« Lamartine et Ponsard », Rev. d’hist. de la France, 15 janvier 1898, p. 117-124. – De Petro Boessatio (1603-1662) ac de conditione litteratorum virorum in Delphinatu eadem aetate, thesim Facultati litterarum parisiensi proponebat C. Latreille, Vienne : Ogeret et Martin, 1899, III + 86 p. – Molière à Vienne, Paris : Colin, 1899, 14 p. - La fin du théâtre romantique et Francois Ponsard, d’après des documents inédits, Paris ; Hachette, 1899, 435 p., portrait. – Pierre de Boissat (1603-1662) et le mouvement littéraire en Dauphiné, Grenoble : Allier Frères, 1900, 156 p. – « Un poète du premier cénacle romantique Michel Pichat », Rev. d’hist. litt. de la France, juillet-septembre 1901, p. 408-424. – George Sand et Shakespeare, Mâcon : Protat, 1901, 17 p. – « Un salon littéraire à Lyon (1830-1860) : Madame Yemeniz », RLY 2, fasc. I, 1903, et Lyon : Rey, 1903, 63 p., portrait. – Un membre de la Petite Église de Lyon, Claudius Prost, Lyon : Rey, 1903, 19 p. portrait ; et RLY 2, fasc. III, 1903. – C. Latreille et L.Vignon, « Les grammairiens lyonnais et le français parlé à Lyon à la fin du xviiie siècle », Mélanges de philologie offerts à M. F. Brunot, Paris : Soc. nouv. de libr. et d’éd., 1904. – Chateaubriand, études biographiques et littéraires, le Romantisme à Lyon, Paris : A. Fontemoing, 1904, III + 262 p. (ouvrage couronné par l’Académie [...] de Lyon et plusieurs fois réédité, la dernière en 2014). – Avec M. Roustan, Lyon contre Paris après 1830 : le mouvement de décentralisation littéraire et artistique , Paris : Champion, 1905, 71 p. – Joseph de Maistre et la papauté, Paris : Hachette, 1906, XIX + 359 p. – Francisque Bouillier*, le dernier des cartésiens, avec des lettres inédites de Victor Cousin, Paris : Hachette, 1907, 256 p. – L’Opposition religieuse au Concordat, de 1792 à 1803, Paris : Hachette, 1910, XX + 290 p. – Après le Concordat : l’opposition de 1803 à nos jours, Paris : Hachette, 1910, 284 p. – L’opposition religieuse au Concordat. La Petite Église de Lyon, Lyon : Lardanchet, 1911, XII + 290 p. – Introd. et notes à : Charles Sainte-Foi, Souvenirs de jeunesse, 1828-1835, Lamennais et son école. Le mouvement catholique en France et en Allemagne après la révolution de 1930, Paris : Perrin, 1911, 447 p. – La lutte scolaire en France au xixe siècle, Le Parti catholique et la liberté d’enseignement après 1830, Paris : F. Alcan, 1912, XIX + 214 p. – « L’application des ordonnances de 1828 dans le diocèse de Lyon », RLY, 1912. – Victor de Laprade, 1812-1882, Lyon : Lardanchet, 1912, 151 p., portrait. – Un témoin de la Restauration et de la Monarchie de Juillet. Le marquis de Coriolis. Lettres à Lamennais 1825-1837, Paris : Champion, 1912, 233 p. – Un ouvrier de l’influence française à Jérusalem, le père Marie-Alphonse Ratisbonne, Trévoux : Jeanin, 1915, 50 p. – CR des travaux de l’Académie […] de Lyon, pendant l’année 1915, Lyon : Rey, 1916. – Les poètes et la guerre, Conférence 19 juin 1915, Trévoux : Jeannin, 31 p. – Avec Charles Bourgarel (et préface), Un an à Hambourg. 1912-1913, Lyon : Vitte, 1917, XLII + 303 p., portr. – Un ami de Victor de Laprade, le poète polonais Constantin Gaszyński, Paris : Agence Polonaise de Presse, 1918, 43 p. – Avec Eugène Pic (et préface), Figures et choses du front, Paris : Sirey, 1918. – « Lamartine. Les années de détresse et d’héroïsme », Le Correspondant, 10 février 1919, p. 429-453. – « La Poésie élégiaque à la veille des Méditations », Mercure de France, 15 mars 1920, p. 721-735. – Lamartine poète politique, Paris : Picard, 1924, 119 p. - Les dernières années de Lamartine, Paris : Perrin, 1925, XII + 279 p. – La mère de Lamartine, d’après des documents inédits, Mâcon : Protat frères ; Paris et Bruxelles : Van Oest, 1925, 89 p. – Les dernières années de Lamartine, 1852-1869, Paris: Perrin, 1925. – « Lettres inédites de Chateaubriand et Victor Hugo à Lamartine », Rev. de France, 1er décembre 1926, p. 576-582. – « Lettres inédites de Lamartine », Le Correspondant, 25 juin-10 juillet 1926, p. 812-834 et 22-45. – « Lamartine en 1848 », La Revue de Paris, 1er mai 1930, p. 196-208.