Dictionnaire historique des académiciens de Lyon

Préface
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La recherche est faite par sous chaîne, insensible à la casse et aux accents.

DAUPHIN Étienne (1806-1882)

par Dominique Saint-Pierre.

 Né à Crozet, alors hameau de La Pacaudière (Loire), le 10 novembre 1806, fils de Pierre Dauphin (Ciry-le-Noble [Sâone-et-Loire] 18 novembre 1762-Le Crozet 20 juin 1833), tonnelier, aubergiste, et de sa première épouse Madeleine Laprais – Lapray sur l’acte – (Le Crozet, 23 juin 1779-25 mars 1824). Déclaration le 11 en présence d’Étienne Lapray, propriétaire, et d’Anne Belland, sa grand-mère, femme (en réalité veuve) de François Lapray, chapelier à Crozet, tous deux illettrés.

 Entré au séminaire de Verrières (Loire) jusqu’à sa rhétorique, il suit le cours de philosophie à Alix (Rhône), et intègre le grand séminaire de Lyon en 1826, où il est reçu au diaconat. Interrompant ses études en 1929, il devient précepteur des deux fils de Delphin. Ordonné prêtre en 1833 à la Trinité, il met en application son désir de se consacrer à l’éducation. Il visite les principaux établissements scolaires de l’époque : Juilly, Stanislas et le petit séminaire de Saint-Nicolas. Avec d’autres confrères – Lassalle, Lacuria, Gandy et Pierre Chaîne – il ouvre au Petit Perron, le 4 novembre 1833, un établissement avec douze élèves, dont les fils Delphin, provisoirement dans une habitation voisine, appelée la Maison Flageolet. Dès le printemps suivant, il installe l’établissement au Grand Perron loué aux Hospices. Victor de Laprade* aide au recrutement. Enfin, à la rentrée du 20 octobre 1836, cent élèves prennent place dans le château d’Oullins, que les directeurs avaient pu acheter grâce à l’entremise de Delphin ; ce bâtiment, acquis en 1761, avait été la propriété personnelle du cardinal de Tencin, qui l’avait fait élever, puis de Mgr Malvin de Montazet, qui l’avait rénové. Avec l’aide de Lamartine et du recteur Jean Joseph Soulacroix*, beau-père d’Ozanam, le collège, baptisé Saint-Thomas-d’Aquin, reçoit le rare privilège du «plein exercice», c’est-à-dire du droit d’avoir une classe de philosophie et de présenter ses élèves au baccalauréat.

 La conception éducative de Dauphin est contenue dans les discours de distribution des prix de chaque année. Dauphin pensait que l’esprit de sa maison ne durerait qu’au sein d’une congrégation. « Déjà, plusieurs de ses professeurs s’étaient agrégés au Tiers-Ordre dominicain, auprès du P. Hue qui s’occupait de fonder une branche dominicaine féminine enseignante. Lacordaire fut averti. Il connaissait Oullins pour y avoir été reçu lors du carême qu’il avait prêché à Lyon en 1845 ; il sauta sur l’occasion. En 1852, il put acheter l’établissement aux prêtres directeurs et, du même coup, fonder le Tiers-Ordre enseignant auquel il pensait. Quatre professeurs d’Oullins en furent les premiers membres. A la rentrée de 1853, la direction passa aux nouveaux religieux. Cela n’alla pas sans quelques moments douloureux, le P. Lacordaire était impulsif, et l’abbé Dauphin se retire au diocèse de Paris. Mais finalement la maison, sous la nouvelle direction, notamment du P. Captier, ancien élève et ancien professeur d’Oullins, garda la ligne tracée par son fondateur : respect de la dignité de la personne, confiance dans les institutions destinées à aider l’enfant à devenir lui-même, confiance dans la raison. Le tout, bien entendu, sur une foi totale. L’esprit de Dauphin et de Lacordaire devait rester à Oullins, et il n’est pas indifférent pour l’historien, quand il rencontre au cours de ses recherches tel ou tel notable lyonnais, de savoir qu’il passa par Saint-Thomas d’Aquin » (Henri Hours*, Église à Lyon, 1993, n° 14).

 À Paris, Dauphin est nommé par Mgr Sibour doyen de l’église Sainte-Geneviève. En 1862, il prêche à la chapelle des Tuileries devant la cour. En 1864, il devient chanoine du chapitre impérial de Saint-Denis. En 1870, il se retire à Crozet. En 1872, il est nommé directeur adjoint de l’Œuvre des écoles d’Orient, fondée en 1856 par des professeurs laïcs de la Sorbonne pour venir en aide aux enfants du Liban, puis directeur en 1873, succédant à Mgr Soubiranne (1861-1872) devenu évêque auxiliaire de Mgr Lavigerie à Alger. En 1874, il est nommé prélat de la Maison pontificale.

 Chanoine honoraire de Lyon. Chevalier de la Légion d’honneur le 29 avril 1863 (LH668//29).

 Il est mort à Clamart (Seine, auj. Hauts-de-Seine), le 29 décembre 1882, où il résidait 5 rue de Sèvres. Il a été inhumé à Crozet.


Académie

Francisque Boullier* lit un rapport le 23 février 1847 sur la demande de l’abbé Dauphin, qui désire que son inscription comme candidat à une place d’académicien libre soit convertie en celle d’aspirant au titre de correspondant (Ac.Ms279 pièce 66), ce qui est accepté. Il figure néanmoins sur les listes d’académiciens libres dans les annuaires des années suivantes.

Bibliographie

L’Œuvre d’Orient, 2010, p. 170 : « Étienne Dauphin ». – Eugène Belluze, Vie de Mgr Dauphin : prélat de la maison de Leurs Saintetés Pie IX et Léon XIII : 1806-1882, J. Gervais, 1886. – L’école St-Thomas d’Aquin à Oullins de 1833-36 à 1886, par un ancien élève, Lyon : Vitte et Perrussel, 1886, 245 p, avec portrait. – R. Limouzin-Lamothe, DBF.

Iconographie

L’avers d’une médaille, gravée en 1886 par Alexandre Poncet pour le cinquantenaire du collège Saint-Thomas d’Aquin d’Oullins, présente les bustes superposés de l’abbé Dauphin et du père Captier. Le coin a été réutilisé par la maison Penin, pour célébrer les 150 ans du collège

Œuvres

Institution d’Oullins : Extrait d’un discours prononcé à la distribution des prix de 1835, (thème : Du plan d’études adopté dans l’institution d’Oullins), Lyon : Perrin, 1836, 24 p. – Discours prononcé à la distribution des prix le 20 août 1838, Lyon : Perrin (thème : De l’éducation chrétienne et des sacrifices qu’elle exige), Lyon : Perrin, 32 p. – Discours prononcé à la distribution des prix, le 20 août 1839 (thème : De l’éducation), Lyon : Perrin, s.d., 23 p. – Discours prononcé à la distribution des prix... le 17 août 1840 (thème : on s’occupe trop des méthodes d’enseignement au détriment des principes d’éducation), Lyon : Boitel, 1840, 20 p. – Discours prononcé à la distribution des prix, le 19 août 1841 (thème : Sur l’enseignement de la philosophie), Lyon : Perrin, 1841, 31 p. – De la lecture comme élément d’éducation. Discours prononcé à la distribution des prix, le 19 août 1846, Lyon : Perrin, 1846, 27 p. – Du vrai but des études. Discours prononcé à la distribution des prix, le 18 août 1847, Lyon : Perrin, 1847, 30 p. – Monopole et communisme. Discours prononcé à la distribution des prix, le 17 août 1848, Lyon : Perrin, 1848, 31 p. – Des externats et des internats, à propos de la nouvelle loi sur l’enseignement. Discours prononcé à la distribution des prix, le 20 août 1850, Lyon : Perrin, 1853, 27 p. – De l’exemple comme élément d’éducation. Discours prononcé à la distribution des prix, le 20 août 1851, Lyon : Perrin, 27 p. – De l’exemple comme fruit de l’éducation, ou Mission apostolique de la jeunesse. Discours prononcé à la distribution des prix, le 18 août 1852, Lyon : Maillet, Girard et Josserand, 1852, 20 p. – Institution de Saint-Thomas d’Aquin. Allocution de M. l’abbé Dauphin, sur le passage de l’institution d’Oullins aux mains des Dominicains. 26 juillet 1852, Lyon : Perrin, s.d., 15 p. – Des avantages de la vie religieuse appliquée à l’enseignement. Discours prononcé à la distribution des prix, le 17 août 1853, Lyon : Perrin, 1853, 24 p. – De l’Éducation. Discours prononcés aux distributions des prix du collège d’Oullins, Paris : V. Poullet, 1860, XVI + 451 p.

Souvenirs du Tyrol, Lyon : Maillet, Girard et Josserand, 1852, 24 p. – Allocution aux artistes musiciens de France prononcée le jour de la fête annuelle de sainte Cécile dans l’église de Saint-Eustache en présence de S. E. Mgr le cardinal-archevêque de Paris, Paris : J. Juteau, 1858, 8 p. –